Les Nations unies ont fait de 2013 l'année internationale de la coopération dans le domaine de l'eau. La Journée mondiale qu'elles lui consacrent vendredi en est un temps fort. Les grandes envolées sur le nécessaire partage de cette ressource essentielle au développement, ainsi que les appels à l'apaisement entre les Etats ne manqueront pas. La répartition des eaux d'un lac ou d'un fleuve demeure, en effet, un sujet de fortes tensions dans certaines régions du globe.
Au Proche-Orient, la Syrie et l'Irak redoutent que la Turquie, en multipliant les barrages en amont du Tigre et de l'Euphrate pour son agriculture, ne les assoiffe. En Asie, la Chine, pour les mêmes raisons, est montrée du doigt par ses voisins du Sud. Le Vietnam a le regard braqué sur le débit du Mékong, qui irrigue ses rizières. En Amérique du Nord, le Rio Grande risque d'être un « oued » dans sa partie mexicaine.
A l'intérieur même de certains pays émergents, les relations se durcissent entre les populations des « mégalopoles » et les masses paysannes de leur « hinterland » que des conflits d'usage de l'eau opposent. Comme à Mexico, Delhi et Shanghai. « Il faut capter toujours plus loin et malgré les efforts déployés pour améliorer l'accès à l'eau, la situation se dégrade dans les villes. Elles en manquent toujours, à la différence des campagnes », observe Gérard Payen, conseiller pour l'eau de Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU. « Les crises de l'eau sont d'ailleurs bien plus souvent locales que transfrontalières », estime-t-il.
Une convention restée lettre morte
Les instruments de coopération infra-étatiques et interétatiques existent un peu partout, mais leur application laisse à désirer. « Seulement 16 des 103 pays signataires de la convention des Nations unies sur le droit relatif à l'utilisation des cours d'eaux internationaux à d'autres fins que la navigation, adoptée en mai 2007, l'ont ratifiée. Or, il en faut 35 pour que ce document puisse entrer en vigueur », signale Lucien Chabason, directeur délégué de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). La Chine et la Turquie ne veulent pas jouer le jeu.
Que dit son texte ? Que tous les « pays d'amont » doivent gérer l'eau des fleuves de façon raisonnée et en laisser suffisamment aux « pays d'aval ». A eux de s'entendre sur la répartition des volumes prélevés et/ou sur les engagements à prendre pour restituer une eau de bonne qualité et en quantité suffisante. En Afrique, les divergences entre les 10 pays de l'Initiative du bassin du Nil (IBN), parmi les premiers pourtant à s'organiser (lire ci-dessous), se creusent dangereusement. La coopération est bien plus développée sur le fleuve Sénégal. Tous les choix, tous les projets d'ouvrages et leurs financements sont portés par une structure interétatique unique, l'OMVS (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal). Chaque pays (Sénégal, Mali, Mauritanie, Guinée) y a défini ses besoins secteur par secteur à l'horizon 2025 sur le modèle français des SDAGE (Schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux). Les esprits ont mûri. « A la fin des années 1980, la situation était très conflictuelle entre la Mauritanie et le Sénégal à propos de la pêche dans le delta. Elle aurait pu dégénérer s'il n'y avait pas eu ce cadre institutionnel », estime Lionel Goujon, expert sur les questions d'eau à l'Agence française de développement (AFD).
La paix règne sur les fleuves internationaux d'Europe, où la question de la pollution pourrait être la plus litigieuse. « La convention sur la protection du Rhin qui associe cinq pays est un modèle du genre et celle sur le Danube fonctionne assez bien », considère Lucien Chabason.
Reste que si le Vieux Continent est à l'abri des tensions, celles que l'on observe ailleurs ne tournent jamais très mal. Aucun pays n'est entré en guerre pour l'eau, pas même au Proche-Orient et dans le bassin du Jourdain. « Il n'y aurait que des perdants, estime Lionel Goujon. En fait, la question de l'eau révèle l'existence de conflits, elle n'en génère pas. »
les échos fr
Au Proche-Orient, la Syrie et l'Irak redoutent que la Turquie, en multipliant les barrages en amont du Tigre et de l'Euphrate pour son agriculture, ne les assoiffe. En Asie, la Chine, pour les mêmes raisons, est montrée du doigt par ses voisins du Sud. Le Vietnam a le regard braqué sur le débit du Mékong, qui irrigue ses rizières. En Amérique du Nord, le Rio Grande risque d'être un « oued » dans sa partie mexicaine.
A l'intérieur même de certains pays émergents, les relations se durcissent entre les populations des « mégalopoles » et les masses paysannes de leur « hinterland » que des conflits d'usage de l'eau opposent. Comme à Mexico, Delhi et Shanghai. « Il faut capter toujours plus loin et malgré les efforts déployés pour améliorer l'accès à l'eau, la situation se dégrade dans les villes. Elles en manquent toujours, à la différence des campagnes », observe Gérard Payen, conseiller pour l'eau de Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU. « Les crises de l'eau sont d'ailleurs bien plus souvent locales que transfrontalières », estime-t-il.
Une convention restée lettre morte
Les instruments de coopération infra-étatiques et interétatiques existent un peu partout, mais leur application laisse à désirer. « Seulement 16 des 103 pays signataires de la convention des Nations unies sur le droit relatif à l'utilisation des cours d'eaux internationaux à d'autres fins que la navigation, adoptée en mai 2007, l'ont ratifiée. Or, il en faut 35 pour que ce document puisse entrer en vigueur », signale Lucien Chabason, directeur délégué de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). La Chine et la Turquie ne veulent pas jouer le jeu.
Que dit son texte ? Que tous les « pays d'amont » doivent gérer l'eau des fleuves de façon raisonnée et en laisser suffisamment aux « pays d'aval ». A eux de s'entendre sur la répartition des volumes prélevés et/ou sur les engagements à prendre pour restituer une eau de bonne qualité et en quantité suffisante. En Afrique, les divergences entre les 10 pays de l'Initiative du bassin du Nil (IBN), parmi les premiers pourtant à s'organiser (lire ci-dessous), se creusent dangereusement. La coopération est bien plus développée sur le fleuve Sénégal. Tous les choix, tous les projets d'ouvrages et leurs financements sont portés par une structure interétatique unique, l'OMVS (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal). Chaque pays (Sénégal, Mali, Mauritanie, Guinée) y a défini ses besoins secteur par secteur à l'horizon 2025 sur le modèle français des SDAGE (Schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux). Les esprits ont mûri. « A la fin des années 1980, la situation était très conflictuelle entre la Mauritanie et le Sénégal à propos de la pêche dans le delta. Elle aurait pu dégénérer s'il n'y avait pas eu ce cadre institutionnel », estime Lionel Goujon, expert sur les questions d'eau à l'Agence française de développement (AFD).
La paix règne sur les fleuves internationaux d'Europe, où la question de la pollution pourrait être la plus litigieuse. « La convention sur la protection du Rhin qui associe cinq pays est un modèle du genre et celle sur le Danube fonctionne assez bien », considère Lucien Chabason.
Reste que si le Vieux Continent est à l'abri des tensions, celles que l'on observe ailleurs ne tournent jamais très mal. Aucun pays n'est entré en guerre pour l'eau, pas même au Proche-Orient et dans le bassin du Jourdain. « Il n'y aurait que des perdants, estime Lionel Goujon. En fait, la question de l'eau révèle l'existence de conflits, elle n'en génère pas. »
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