Coïncidence du calendrier ou clin d’œil de l’histoire, les deux plus grandes puissances économiques mondiales – les États-Unis et la Chine – désignent leur prochain leader la même semaine.
Les Américains auront voté démocratiquement, les Chinois ne pourront qu’enregistrer le choix de leur prochain dirigeant opéré dans une opacité totale, sans avoir eu droit à la parole.
Deux systèmes différents et deux puissances bien différentes, mais la façon dont les États-Unis et la Chine (qui concentrent à eux deux près du quart de la population mondiale et près du tiers du PIB mondial) vont s’entendre à l’avenir déterminera la nature de notre destin européen et français.
De ce que certains appellent déjà « le duel du siècle », sans nommer de vainqueur, sortira un équilibre sans cesse à surveiller, nourri de rivalité économique et militaire, mais pondéré par une interdépendance de plus en plus forte.
Le scénario d’une guerre à plus ou moins long terme est évoqué, alors que la Chine veut renforcer son hégémonie dans la région Asie-Pacifique, encore sous influence américaine. Personne n’y a intérêt. Ce face-à-face ou ce « rapport de force » au sommet relève plutôt d’une étrange équation où se joueront, pendant de longues années encore, complémentarité et rivalité.
Système politique
Les États-Unis : président, Congrès, Cour suprême, le triangle démocratique
Les pères fondateurs de l’Amérique ont créé un système politique d’équilibre des pouvoirs visant à préserver la liberté au prix de l’efficacité. Par ailleurs, les États-Unis connaissent une période de polarisation partisane depuis plusieurs décennies. Depuis la fin des années 1960, tous les présidents ont eu à se confronter à un Congrès dont la majorité leur était opposée.
Troisième pointe du triangle institutionnel américain, la Cour suprême joue un rôle de premier plan dans la vie juridique et politique. Aujourd’hui, elle tient une place d’arbitre dans le débat entre partisans d’un moindre rôle de l’état et d’une plus grande responsabilité laissée aux individus et ceux d’un état fédéral plus fort et interventionniste.
En juin 2012, la Cour suprême a ainsi reconnu la constitutionnalité d’une partie de la loi sur l’assurance-maladie, notamment le droit pour le gouvernement fédéral d’obliger chaque citoyen à obtenir une couverture santé sous peine d’amende.
La Chine : le Parti communiste chinois tout-puissant
La République populaire de Chine (RPC) est dirigée par un parti unique, le Parti communiste chinois (PCC), qui, avec plus de 80 millions de membres, constitue le plus grand parti politique du monde. La nature autoritaire du régime communiste chinois s’illustre par la structure du Parti, au sommet duquel règne le comité permanent du bureau politique, composé de neuf membres : ils pourraient passer à sept après le 18e congrès du PCC, qui s’ouvre aujourd’hui à Pékin.
En théorie, le congrès national du Parti, réuni tous les cinq ans, est censé élire les 200 membres du comité central, lequel va à son tour choisir le bureau politique (24 membres).
L’opacité de la transition communiste en Chine s’est toutefois craquelée cette année, avec des révélations publiques mettant au jour des luttes acharnées dans les coulisses au sommet du pouvoir entre « néomaoïstes » et « néolibéraux ».
Puissance militaire
La Chine : l’armée se modernise
Il y a trente ans, les soldats chinois passaient autant de temps à étudier la doctrine communiste qu’à s’entraîner.
Depuis les années 1980, l’Armée populaire de libération a opéré une professionnalisation de ses troupes, qui sont constituées aujourd’hui de 2,250 millions de soldats, avec un budget qui ne cesse de croître, pour atteindre aujourd’hui plus de 129 milliards de dollars (soit 100 milliards d’euros et 2,1 % du PIB).
Historiquement et encore aujourd’hui, l’armée chinoise est au service du Parti. La doctrine de défense chinoise se fonde plus que jamais sur la défense du territoire et se prépare à « faire face à des conflits armés dans toutes les directions » .
Avec, en première ligne, l’influence militaire américaine dans le Pacifique et l’Asie du Sud-Est, où la Chine veut imposer son hégémonie. La Chine a lancé son premier porte-avions en mer en début d’année et s’efforce de rattraper son retard dans la marine et l’armée de l’air.
Les États-Unis : la première force du monde
En 2011, les États-Unis ont consacré 711 milliards de dollars (560 milliards d’euros) à leurs dépenses militaires, soit 41 % des dépenses militaires mondiales, selon le rapport annuel du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri).
Dans les années qui viennent, le budget du Pentagone devrait tourner autour de 650 à 700 milliards de dollars, soit près de 5 % du PIB. Les États-Unis devraient donc rester la grande puissance militaire du XXIe siècle.
La seule flotte du Pacifique, déployée également dans l’océan Indien, compte plus de 180 unités, avec 2 000 avions et environ 125 000 hommes. Dans la région Asie-Pacifique, l’Amérique se repose aussi sur des accords avec des pays alliés comme le Japon, la Corée du Sud et l’Australie.
Dans le cadre de sa politique de « pivot », l’administration Obama a déplacé le centre de gravité de son outil militaire vers l’Asie, en resserrant ses liens en matière de défense avec les Philippines, le Vietnam, l’Indonésie, Singapour, la Malaisie et la Nouvelle-Zélande.
La Chine : Une suspicion internationale face à un régime dur
La jeunesse chinoise étudie l’anglais dès l’école primaire, boit du Coca-Cola et déguste des cafés dans les Starbucks, autant de marques américaines mondialisées. Mais on est loin de voir la jeunesse américaine ou européenne boire du thé chinois ou bien échanger en chinois mandarin lorsqu’elle voyage dans le monde.
Si la Chine s’est imposée dans le panorama mondial, sur la seconde place du podium, grâce à son économie et en devenant l’« usine du monde », son influence politique et culturelle est encore loin d’atteindre le monde. Son modèle de société encore moins, pas plus que son mode de vie urbain.
Le régime est dur pour ses citoyens, et il a beau ouvrir des Instituts Confucius dans le monde entier pour diffuser la langue et la culture chinoises, cela ne suffit pas.
Le doute et la méfiance existent dans l’opinion publique internationale sur la substance réelle de la culture et les valeurs que veut diffuser la Chine. Jusqu’à aujourd’hui, aucun mode de pensée chinois crédible et légitime ne s’impose vraiment dans le monde.
La Suite............
Les Américains auront voté démocratiquement, les Chinois ne pourront qu’enregistrer le choix de leur prochain dirigeant opéré dans une opacité totale, sans avoir eu droit à la parole.
Deux systèmes différents et deux puissances bien différentes, mais la façon dont les États-Unis et la Chine (qui concentrent à eux deux près du quart de la population mondiale et près du tiers du PIB mondial) vont s’entendre à l’avenir déterminera la nature de notre destin européen et français.
De ce que certains appellent déjà « le duel du siècle », sans nommer de vainqueur, sortira un équilibre sans cesse à surveiller, nourri de rivalité économique et militaire, mais pondéré par une interdépendance de plus en plus forte.
Le scénario d’une guerre à plus ou moins long terme est évoqué, alors que la Chine veut renforcer son hégémonie dans la région Asie-Pacifique, encore sous influence américaine. Personne n’y a intérêt. Ce face-à-face ou ce « rapport de force » au sommet relève plutôt d’une étrange équation où se joueront, pendant de longues années encore, complémentarité et rivalité.
Système politique
Les États-Unis : président, Congrès, Cour suprême, le triangle démocratique
Les pères fondateurs de l’Amérique ont créé un système politique d’équilibre des pouvoirs visant à préserver la liberté au prix de l’efficacité. Par ailleurs, les États-Unis connaissent une période de polarisation partisane depuis plusieurs décennies. Depuis la fin des années 1960, tous les présidents ont eu à se confronter à un Congrès dont la majorité leur était opposée.
Troisième pointe du triangle institutionnel américain, la Cour suprême joue un rôle de premier plan dans la vie juridique et politique. Aujourd’hui, elle tient une place d’arbitre dans le débat entre partisans d’un moindre rôle de l’état et d’une plus grande responsabilité laissée aux individus et ceux d’un état fédéral plus fort et interventionniste.
En juin 2012, la Cour suprême a ainsi reconnu la constitutionnalité d’une partie de la loi sur l’assurance-maladie, notamment le droit pour le gouvernement fédéral d’obliger chaque citoyen à obtenir une couverture santé sous peine d’amende.
La Chine : le Parti communiste chinois tout-puissant
La République populaire de Chine (RPC) est dirigée par un parti unique, le Parti communiste chinois (PCC), qui, avec plus de 80 millions de membres, constitue le plus grand parti politique du monde. La nature autoritaire du régime communiste chinois s’illustre par la structure du Parti, au sommet duquel règne le comité permanent du bureau politique, composé de neuf membres : ils pourraient passer à sept après le 18e congrès du PCC, qui s’ouvre aujourd’hui à Pékin.
En théorie, le congrès national du Parti, réuni tous les cinq ans, est censé élire les 200 membres du comité central, lequel va à son tour choisir le bureau politique (24 membres).
L’opacité de la transition communiste en Chine s’est toutefois craquelée cette année, avec des révélations publiques mettant au jour des luttes acharnées dans les coulisses au sommet du pouvoir entre « néomaoïstes » et « néolibéraux ».
Puissance militaire
La Chine : l’armée se modernise
Il y a trente ans, les soldats chinois passaient autant de temps à étudier la doctrine communiste qu’à s’entraîner.
Depuis les années 1980, l’Armée populaire de libération a opéré une professionnalisation de ses troupes, qui sont constituées aujourd’hui de 2,250 millions de soldats, avec un budget qui ne cesse de croître, pour atteindre aujourd’hui plus de 129 milliards de dollars (soit 100 milliards d’euros et 2,1 % du PIB).
Historiquement et encore aujourd’hui, l’armée chinoise est au service du Parti. La doctrine de défense chinoise se fonde plus que jamais sur la défense du territoire et se prépare à « faire face à des conflits armés dans toutes les directions » .
Avec, en première ligne, l’influence militaire américaine dans le Pacifique et l’Asie du Sud-Est, où la Chine veut imposer son hégémonie. La Chine a lancé son premier porte-avions en mer en début d’année et s’efforce de rattraper son retard dans la marine et l’armée de l’air.
Les États-Unis : la première force du monde
En 2011, les États-Unis ont consacré 711 milliards de dollars (560 milliards d’euros) à leurs dépenses militaires, soit 41 % des dépenses militaires mondiales, selon le rapport annuel du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri).
Dans les années qui viennent, le budget du Pentagone devrait tourner autour de 650 à 700 milliards de dollars, soit près de 5 % du PIB. Les États-Unis devraient donc rester la grande puissance militaire du XXIe siècle.
La seule flotte du Pacifique, déployée également dans l’océan Indien, compte plus de 180 unités, avec 2 000 avions et environ 125 000 hommes. Dans la région Asie-Pacifique, l’Amérique se repose aussi sur des accords avec des pays alliés comme le Japon, la Corée du Sud et l’Australie.
Dans le cadre de sa politique de « pivot », l’administration Obama a déplacé le centre de gravité de son outil militaire vers l’Asie, en resserrant ses liens en matière de défense avec les Philippines, le Vietnam, l’Indonésie, Singapour, la Malaisie et la Nouvelle-Zélande.
La Chine : Une suspicion internationale face à un régime dur
La jeunesse chinoise étudie l’anglais dès l’école primaire, boit du Coca-Cola et déguste des cafés dans les Starbucks, autant de marques américaines mondialisées. Mais on est loin de voir la jeunesse américaine ou européenne boire du thé chinois ou bien échanger en chinois mandarin lorsqu’elle voyage dans le monde.
Si la Chine s’est imposée dans le panorama mondial, sur la seconde place du podium, grâce à son économie et en devenant l’« usine du monde », son influence politique et culturelle est encore loin d’atteindre le monde. Son modèle de société encore moins, pas plus que son mode de vie urbain.
Le régime est dur pour ses citoyens, et il a beau ouvrir des Instituts Confucius dans le monde entier pour diffuser la langue et la culture chinoises, cela ne suffit pas.
Le doute et la méfiance existent dans l’opinion publique internationale sur la substance réelle de la culture et les valeurs que veut diffuser la Chine. Jusqu’à aujourd’hui, aucun mode de pensée chinois crédible et légitime ne s’impose vraiment dans le monde.
La Suite............
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