Conscientes que les réserves en hydrocarbures ne sont pas éternelles, les autorités du Qatar entendent profiter de l’aisance financière apportée par les exportations de pétrole et de gaz naturel (80 % des recettes extérieures et 60 % des revenus de l’émirat) pour diversifier l’économie. Fin 2008, elles ont donc lancé un plan de développement à long terme intitulé National Vision 2030.
Ce programme stratégique a officiellement commencé en mars 2011, avec une première tranche étalée sur cinq ans, et se déclinera autour de quatre axes : des pôles à vocation mondiale autour de l’économie de la connaissance ; un hub (plate-forme) de transport aérien, mais aussi terrestre et maritime ; un centre régional financier ; et, pour finir, un tourisme centré sur les séjours d’affaires et l’organisation de colloques et de conférences.
Cette volonté de diversification se traduit aussi par un ambitieux programme d’industrialisation, notamment dans le domaine de la pétrochimie, de l’industrie chimique, de l’aluminium, de l’aciérie, du papier et de la fibre, de l’agroalimentaire et de la liquéfaction du gaz naturel (lire L’atout gazier). Au total, et d’ici à 2016, le Qatar va donc consacrer en moyenne entre 15 et 18 milliards de dollars par an, soit 40 % de ses dépenses annuelles, à financer des investissements en infrastructures et des projets de diversification économique. Déjà, entre 2005 et 2010, le pays avait dépensé près de 100 milliards de dollars pour son plan d’investissement quinquennal.
Sur un plan macroéconomique, et pour soutenir le développement des activités hors hydrocarbures, le Qatar veut à la fois attirer les investisseurs étrangers et encourager la création de petites et moyennes entreprises (PME) locales. La Qatar Industrial Manufacturing Company (QIMC), composée de six filiales, a ainsi pour mission de promouvoir les PME, au besoin par le financement d’une partie de leur capital de départ, et de les aider à exporter le « made in Qatar ».
Pour cela, elle contribue à identifier les débouchés dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), mais aussi du Machrek et du Maghreb. Les autorités ont lancé un programme d’assurance-crédit, Al-Dhameen, pour améliorer l’accès au financement des PME. Enfin, une nouvelle agence chargée de celles-ci devrait être créée en 2011 sous la houlette du Conseil suprême pour les investissements et les affaires économiques.
Vers l’excellence universitaire
Concernant les investisseurs étrangers, le gouvernement a réformé en profondeur la législation, jusque-là protectionniste. Depuis le 1er janvier 2010, l’impôt sur le revenu des sociétés a été ramené à un taux unique de 10 %, alors qu’il en existait auparavant plusieurs dont le plus élevé atteignait 35 %. De même, depuis le 1er février 2011, les investisseurs étrangers peuvent détenir 100 % du capital d’une entreprise enregistrée au Qatar, sauf dans des secteurs tels que les banques, les assurances, l’immobilier et l’importation de produits de consommation, dont la majorité du capital doit rester détenue par des opérateurs locaux.
Enfin, Doha a multiplié les efforts pour contrer l’inflation, dont les niveaux record en 2007 (+ 13,8 %) et en 2008 (+ 15 %), dus à la hausse simultanée du cours des hydrocarbures, des denrées alimentaires et de l’immobilier, ont pénalisé l’attractivité du pays. Signe d’une meilleure maîtrise des prix, leur hausse n’a été que de 1 % en 2010 et devrait plafonner à 3 % en 2011.
L’attribution au Qatar, en décembre 2010, de l’organisation de la Coupe du monde de football 2022 est considérée comme un événement majeur qui va doper l’activité économique. De fait, l’émirat s’est engagé à construire neuf nouveaux stades, ainsi qu’à rénover et à agrandir les trois déjà existants. Le coût total de ce programme s’élève à 4 milliards de dollars. Les autorités ont décidé qu’il serait mené par des entreprises locales associées à des opérateurs étrangers ; elles espèrent que cela dynamisera le secteur de la sous-traitance locale en matière de génie civil et d’équipements immobiliers.
L’un des axes majeurs de l’ambition qatarie pour les vingt prochaines années reste l’économie du savoir. L’émirat a achevé la construction, menée par la Fondation du Qatar, de la Cité de l’éducation, qui ambitionne de devenir un pôle régional de formation universitaire de haut niveau. D’ores et déjà, plusieurs universités nord-américaines et européennes ainsi que des écoles de commerce — dont les Hautes études commerciales (HEC) françaises — s’y sont implantées.
Outre ce projet-phare, la Fondation du Qatar contribue également au développement du Parc pour les sciences et la technologie (Qatar Science and Technology Park, QSTP), qui a pour objectif d’attirer les centres de recherche et développement de grandes entreprises, qu’il s’agisse de compagnies pétrolières (Total, ExxonMobil) ou de sociétés technologiques et informatiques (European Aeronautic Defence and Space [EADS], Apple, Microsoft...).
Des entreprises qataries ont aussi commencé à investir le secteur de la recherche et développement. Ainsi, Pragmatech, filiale récemment créée par United Development Company (UDC), est en train de se faire connaître sur le plan international pour ses produits logiciels dédiés à l’analyse des textes, à leur résumé et à leur référencement. Pragmatech a aussi reçu en juin 2011 un prix décerné par la Pan Arab Web Awards Academy, associée aux entreprises Microsoft et Business Software Alliance (BSA), pour la qualité des sites Internet qu’elle a développés.
Outre l’économie du savoir, le tourisme, dans toutes ses déclinaisons, est l’une des priorités du pays, et cela malgré la concurrence d’autres émirats proches comme Dubaï et Abou Dhabi. En matière d’hôtellerie, le Qatar veut mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard vis-à-vis de ses voisins et pour préparer la Coupe du monde de football. Actuellement, le pays compte 11 000 chambres de standing réparties dans 72 hôtels, dont 17 cinq-étoiles et 13 quatre-étoiles. Pour les autorités, l’objectif est d’atteindre un total de 90 000 chambres d’ici à 2022.
Le développement du tourisme s’accompagne de celui du secteur aérien. Outre la construction à Doha, pour un coût de 15 milliards de dollars, d’un nouvel aéroport qui doit accueillir 24 millions de passagers en 2012 (et 50 millions en 2015), l’émirat déploie une stratégie commerciale afin de devenir un passage obligé pour les touristes occidentaux se rendant en Extrême-Orient.
La suite...
Ce programme stratégique a officiellement commencé en mars 2011, avec une première tranche étalée sur cinq ans, et se déclinera autour de quatre axes : des pôles à vocation mondiale autour de l’économie de la connaissance ; un hub (plate-forme) de transport aérien, mais aussi terrestre et maritime ; un centre régional financier ; et, pour finir, un tourisme centré sur les séjours d’affaires et l’organisation de colloques et de conférences.
Cette volonté de diversification se traduit aussi par un ambitieux programme d’industrialisation, notamment dans le domaine de la pétrochimie, de l’industrie chimique, de l’aluminium, de l’aciérie, du papier et de la fibre, de l’agroalimentaire et de la liquéfaction du gaz naturel (lire L’atout gazier). Au total, et d’ici à 2016, le Qatar va donc consacrer en moyenne entre 15 et 18 milliards de dollars par an, soit 40 % de ses dépenses annuelles, à financer des investissements en infrastructures et des projets de diversification économique. Déjà, entre 2005 et 2010, le pays avait dépensé près de 100 milliards de dollars pour son plan d’investissement quinquennal.
Sur un plan macroéconomique, et pour soutenir le développement des activités hors hydrocarbures, le Qatar veut à la fois attirer les investisseurs étrangers et encourager la création de petites et moyennes entreprises (PME) locales. La Qatar Industrial Manufacturing Company (QIMC), composée de six filiales, a ainsi pour mission de promouvoir les PME, au besoin par le financement d’une partie de leur capital de départ, et de les aider à exporter le « made in Qatar ».
Pour cela, elle contribue à identifier les débouchés dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), mais aussi du Machrek et du Maghreb. Les autorités ont lancé un programme d’assurance-crédit, Al-Dhameen, pour améliorer l’accès au financement des PME. Enfin, une nouvelle agence chargée de celles-ci devrait être créée en 2011 sous la houlette du Conseil suprême pour les investissements et les affaires économiques.
Vers l’excellence universitaire
Concernant les investisseurs étrangers, le gouvernement a réformé en profondeur la législation, jusque-là protectionniste. Depuis le 1er janvier 2010, l’impôt sur le revenu des sociétés a été ramené à un taux unique de 10 %, alors qu’il en existait auparavant plusieurs dont le plus élevé atteignait 35 %. De même, depuis le 1er février 2011, les investisseurs étrangers peuvent détenir 100 % du capital d’une entreprise enregistrée au Qatar, sauf dans des secteurs tels que les banques, les assurances, l’immobilier et l’importation de produits de consommation, dont la majorité du capital doit rester détenue par des opérateurs locaux.
Enfin, Doha a multiplié les efforts pour contrer l’inflation, dont les niveaux record en 2007 (+ 13,8 %) et en 2008 (+ 15 %), dus à la hausse simultanée du cours des hydrocarbures, des denrées alimentaires et de l’immobilier, ont pénalisé l’attractivité du pays. Signe d’une meilleure maîtrise des prix, leur hausse n’a été que de 1 % en 2010 et devrait plafonner à 3 % en 2011.
L’attribution au Qatar, en décembre 2010, de l’organisation de la Coupe du monde de football 2022 est considérée comme un événement majeur qui va doper l’activité économique. De fait, l’émirat s’est engagé à construire neuf nouveaux stades, ainsi qu’à rénover et à agrandir les trois déjà existants. Le coût total de ce programme s’élève à 4 milliards de dollars. Les autorités ont décidé qu’il serait mené par des entreprises locales associées à des opérateurs étrangers ; elles espèrent que cela dynamisera le secteur de la sous-traitance locale en matière de génie civil et d’équipements immobiliers.
L’un des axes majeurs de l’ambition qatarie pour les vingt prochaines années reste l’économie du savoir. L’émirat a achevé la construction, menée par la Fondation du Qatar, de la Cité de l’éducation, qui ambitionne de devenir un pôle régional de formation universitaire de haut niveau. D’ores et déjà, plusieurs universités nord-américaines et européennes ainsi que des écoles de commerce — dont les Hautes études commerciales (HEC) françaises — s’y sont implantées.
Outre ce projet-phare, la Fondation du Qatar contribue également au développement du Parc pour les sciences et la technologie (Qatar Science and Technology Park, QSTP), qui a pour objectif d’attirer les centres de recherche et développement de grandes entreprises, qu’il s’agisse de compagnies pétrolières (Total, ExxonMobil) ou de sociétés technologiques et informatiques (European Aeronautic Defence and Space [EADS], Apple, Microsoft...).
Des entreprises qataries ont aussi commencé à investir le secteur de la recherche et développement. Ainsi, Pragmatech, filiale récemment créée par United Development Company (UDC), est en train de se faire connaître sur le plan international pour ses produits logiciels dédiés à l’analyse des textes, à leur résumé et à leur référencement. Pragmatech a aussi reçu en juin 2011 un prix décerné par la Pan Arab Web Awards Academy, associée aux entreprises Microsoft et Business Software Alliance (BSA), pour la qualité des sites Internet qu’elle a développés.
Outre l’économie du savoir, le tourisme, dans toutes ses déclinaisons, est l’une des priorités du pays, et cela malgré la concurrence d’autres émirats proches comme Dubaï et Abou Dhabi. En matière d’hôtellerie, le Qatar veut mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard vis-à-vis de ses voisins et pour préparer la Coupe du monde de football. Actuellement, le pays compte 11 000 chambres de standing réparties dans 72 hôtels, dont 17 cinq-étoiles et 13 quatre-étoiles. Pour les autorités, l’objectif est d’atteindre un total de 90 000 chambres d’ici à 2022.
Le développement du tourisme s’accompagne de celui du secteur aérien. Outre la construction à Doha, pour un coût de 15 milliards de dollars, d’un nouvel aéroport qui doit accueillir 24 millions de passagers en 2012 (et 50 millions en 2015), l’émirat déploie une stratégie commerciale afin de devenir un passage obligé pour les touristes occidentaux se rendant en Extrême-Orient.
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