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MAROC : SNI continue son désengagement et cède le contrôle de Centrale laitière à Danone

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  • MAROC : SNI continue son désengagement et cède le contrôle de Centrale laitière à Danone

    Danone débourse 6 milliards de DH et monte de 29% à 67% du capital du fabricant laitier local. L'opération sera concrétisée au second semestre 2012 et sera accompagnée par un élargissement du flottant de la société en Bourse. Prochaine filiale dont le contrôle sera cédé : Cosumar, Sotherma ou Bimo ?
    C’était certes prévu dans le cadre de la réorganisation expliquée dans nos colonnes, il y a deux ans , mais rien ne laissait en effet présager ni le timing ni les conditions. Mercredi 27 juin, SNI demandait la suspension de la cotation de Centrale laitière et, parallèlement, annonçait, la cession du contrôle de l’entreprise au groupe Danone. Ce sont donc 38% du capital qui ont été cédés au partenaire industriel historique du fabricant laitier local, sachant que Danone possédait déjà 29% des parts avant cette opération. Après la finalisation du deal, qui devrait intervenir au second semestre 2012, SNI ne détiendra plus que 25% du capital et Danone aura la majorité absolue avec 67%. Le groupe français deviendra ainsi l’opérateur industriel de la société et s’occupera de sa gestion et son pilotage opérationnel. Cette cession s’accompagnera dans un second temps d’un élargissement du flottant en Bourse de la Centrale Laitière, qui représentait jusqu’à présent quelque 6% du capital.

    Les 38% cédés rapporteront à SNI un montant de plus de 6 milliards de DH. Plus précisément, le prix de cession a été de 1 700 DH par action, ce qui valorise Centrale laitière à 16 milliards. La transaction fait ressortir une prime de 34% par rapport au dernier cours de bourse (1 268 DH) avant sa suspension le 27 juin, un PER (rapport entre prix et bénéfice par action) de 35 et un multiple valeur d’entreprise/EBITDA (excédent brut d’exploitation) de 14,5.

    Une valorisation relativement supérieure aux dernières opérations mondiales dans le secteur

    Cette opération est le deuxième désengagement de SNI de ses filiales matures, après la cession de Lesieur Cristal annoncée en juillet 2011. Attendue depuis mars 2010, elle intervient dans un contexte très difficile en termes d’investissement à l’international. En effet, les volumes d’investissement ont chuté de 30% par rapport à 2011 en raison d’un resserrement des liquidités et d’inquiétudes des investisseurs internationaux. Cette tendance est encore plus marquée dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord avec 60% de baisse sur la même période en raison des troubles politiques et sociaux dans la région. Un contexte qui a impacté les multiples de transaction VE/EBITDA qui n’ont guère dépassé les 9x à 10x car les acheteurs de moins en moins nombreux se trouvaient en position de force. Par exemple, et pour faire un parallèle, le dernier deal du secteur qui a vu le français Lactalis prendre le contrôle de l’italien Parmalat, en juin 2011, qui s’est fait à un multiple de 10,9x.
    D’ailleurs cette même situation difficile à l’international a alimenté, ces dernières semaines, les rumeurs d’un éventuel changement de cap du programme de cession de SNI, surtout que les filiales touchées par le programme de cession réalisent de bonnes performances. Cette transaction vient donc confirmer la poursuite du déploiement de la stratégie de réorganisation de SNI. A noter, toutefois, que le timing ainsi que les multiples induits par la transaction démontrent que le Maroc, où le marché local de consommation s’est fortement développé au cours des dernières années, reste attractif sur le plan industriel auprès des investisseurs internationaux. Le groupe Danone ne s’y est pas trompé en misant sur une Centrale laitière qui maintient le cap, dans un secteur où la concurrence est vive, mais qui reste en plein essor (voir encadré). Des fondamentaux, récompensés par le marché, puisque la valeur, dans une bourse plutôt déprimée valait, au 26 juin 2012, 1 268 DH alors qu’il y a deux ans elle était à 840 DH environ, soit 51% de plus !

    112 000 éleveurs partenaires, 77 000 points de vente approvisionnés

    Rappelons que Centrale laitière, fondée dans les années 1940, a été le précurseur en matière de production de lait au Maroc ? En 1953, elle est devenue le premier partenaire international du groupe Danone. L’ONA (devenue SNI depuis 2010) est entrée dans le capital en 1981, suivie par Danone en 1996 avec la conclusion d’un partenariat capitalistique entre les deux sociétés répartissant le capital à hauteur de 64% pour SNI et 29% pour Danone. Aujourd’hui, en dépit de l’existence de 4 concurrents industriels, sans compter les coopératives, Centrale laitière continue de dominer le marché des produits laitiers au Maroc avec 60% de parts et une relation avec 112 000 éleveurs partenaires. Elle a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 6,6 milliards de dirhams sur un marché en forte croissance.

    Elle dispose également d’un portefeuille de marques phare bien connues des Marocains tels que Yawmy, raibi Jamila, Activia ainsi que de la plus importante plateforme de distribution du Maroc servant 77 000 points de vente. Quant à Danone, la marque reste fortement emblématique chez les Marocains, à tel point que l’on continue à appeler de manière générique «Danone», les yaourts quels que soient leurs fabricants, et ce, malgré le fait que ces dernières années, le logo de la marque, apposé sur les produits de Centrale laitière, avait progressivement diminué de taille au profit d’appellations locales. Gageons que les Marocains ne seront pas trop dépaysés. Danone is back.




    Réorganisation de la SNI : Quelle sera la prochaine filiale sur la liste ?

    Annoncé en mars 2010, le projet de réorganisation de SNI se traduit par l’évolution de la vocation de groupe multi-métier opérationnel vers celle de holding de portefeuille et d’investissement s’accompagnant d’un programme de cessions conséquent. La période où l’ex-ONA s’impliquait dans le management opérationnel des participations classées en domaines d’activités stratégiques est donc révolue, et fait place à une gestion sur le modèle des fonds d’investissement actifs dans la stratégie de leurs participations.
    Quid de la prochaine entreprise à céder ? Jointe au téléphone par La Vie éco, dans la journée du mercredi 27 juin, une source autorisée chez SNI nous renvoyant au communiqué de pressé de mars 2010. A la lecture de ce communiqué et de la liste qui y est comprise, la prochaine cible sera logiquement Cosumar, Bimo ou Sotherma. Mais encore ?

    Maroc : Un secteur laitier dynamique et concurrentiel

    Le secteur laitier marocain ne connaît pas la crise. Au cours des dix dernières années, les volumes de lait conditionné et de yaourt ont progressé en moyenne annuelle respectivement de 6% et 11%. Un dynamisme qui n’est pas sans aiguiser l’appétit d’investisseurs ou de nouveaux entrants sur le marché, malgré une barrière capitalistique plutôt importante. Ainsi, en est-il du fonds d’investissement MPEF II dans la Société centrale laitière du nord, propriétaire de la marque Saïss en 2010, ou encore l’engagement de Fipar dans Safilait, propriétaire de la marque Jibal en 2011).

    Centrale laitière était jusqu’au début des années 1990 le principal opérateur industriel de ces marchés et le seul opérateur vendant ses produits sur tout le territoire marocain avec 80% de part de marché. L’arrivée de la concurrence a surtout profité à Copag avec sa marque Jaouda dont la part de marché est passée en peu d’années de 3 à 20%, et plus récemment à Safilait avec sa marque Jibal qui a pu s’adjuger 6% de parts en trois ans.

    Aujourd’hui, le marché comporte une dizaine d’acteurs : trois à empreinte nationale (Centrale laitière, Jaouda et Jibal), et plusieurs opérateurs à caractère régional (Colainord,...).




    Salim El Harhouri. La Vie éco
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