Voici un article qui éviterai à pas mal de pseudo économistes de débiter des conneries et donner plus d'importance au choix des termes.
«Le taux de change est une variable trop importante pour être laissée aux errances du marché des changes.» M. Aglietta.
Par Djamel Benbelkacem (*)
I/ La gestion du taux de change par les banques centrales
L’horizon analytique et/ou temporel de certains intervenants, dans la presse nationale au cours du mois de janvier, sur la question du taux de change du dinar est borné au mieux par la seule problématique de la relation de court terme entre le cours de change et le marché des changes, la limitation de la croissance des importations et le gonflement artificiel des recettes fiscales des hydrocarbures, et au pire, par les intérêts partisans et immédiats liés aux importations pour la revente en l’état.
Dans l’esprit de certaines intervenants sur l’évolution du taux de change nominal en Algérie, la question de sa détermination est naïvement assimilée à celle de la détermination du prix d’équilibre de l’oignon ou d’une coupe de cheveux. Selon ces opinions, la loi de l’offre et de la demande devrait prévaloir dans le cadre d’une convertibilité totale du dinar, et la Banque d’Algérie, en tant qu’offreur de devises sur le marché interbancaire des changes, fausserait le jeu des forces du marché. A contrario, pour d’autres, le cours de change sur le marché parallèle, très marginal par ailleurs, reflèterait l’équilibre de marché et le «vrai» cours du dinar par rapport aux deux principales devises (dollar et euro). Il est utile, dès lors, de revenir succinctement à quelques enseignements fondamentaux issus des développements de la macro-économie appliquée à la question du taux de change pour mettre en perspective la politique de change de la Banque d’Algérie.
L’avènement des changes flottant au début des années 1970 (après la suspension par le président Nixon de la convertibilité or du dollar) s’est accompagné d’une forte volatilité des taux de change nominaux et corrélativement des taux de change réels et donc des possibilités de mésalignement. Or, des variations amples et rapides des cours, comme les mouvements à la hausse puis à la baisse du dollar, au cours des années quatre-vingts, ont eu des effets macro-économiques indésirables sur les économies réelles, notamment en termes d’allocation des ressources, de compétitivité et d’équilibre de balance des paiements
Dans les économies de marché ouvertes et à changes flottants (purs), le taux de change obéit à deux logiques souvent incompatibles. D’un point de vue micro-économique, le taux de change est le prix d’équilibre instantané d’un marché d’actifs, en l’occurrence celui des monnaies. Il est soumis sans inertie à une multitude d’influences qui l’affectent, dont les anticipations du taux de change futur qui alimentent la spéculation. D’un point de vue macro-économique, c’est une variable d’ajustement d’une importance cruciale en cas de déséquilibres internes et externes. A l’échelle micro-économique, «l’équilibre quotidien du marché dépend des positions prises par les spéculateurs en contrepartie du déséquilibre provenant de la résultante des besoins des autres opérateurs»(1). La versatilité des anticipations entraîne souvent un excès chronique de volatilité par rapport à ce qui résulterait des variations supposées des fondamentaux du taux de change (différentiels d’inflation, de productivité, situation de la balance courante…), ce qui provoque des distorsions des taux de change réels qui, lorsqu’elles persistent, peuvent perturber les comportements micro-économiques d’allocation des ressources (inefficacité) et les conditions macro-économiques (distorsion dans la compétitivité, déséquilibres de la balance courante…).
C’est pourquoi le taux de change est considéré par les macro-économistes comme la variable qui révèle et concentre, avec le plus d’acuité, l’incompatibilité entre les comportements individuels sur les marchés (micro- économiques) et la cohérence d’ensemble des systèmes économiques. Ce constat laisse place à des politiques de change séparées des politiques monétaires et met en avant le rôle des Banques centrales dans la définition et la mise en œuvre de ces politiques. Les Banques centrales, en fonction de la situation propre à chaque économie, adoptent alors des régimes de change intermédiaires entre les changes flexibles purs et les changes entièrement fixes. Le FMI classe les régimes de change de l’ensemble des pays membres en huit (8) catégories dont celui de l’Algérie défini comme un «flottement dirigé». Ces régimes de change intermédiaires découlent des choix effectués en la matière par chaque pays membre et ne sont en aucun cas imposés par l’institution issue des accords de Bretton woods (2).
La gestion du taux de change par une Banque centrale (lorsque cela relève de ses missions) ne se réduit donc pas à la gestion sectorielle du seul marché des changes, mais relève de la gestion macro-économique des équilibres internes et externes de l’économie. Pour beaucoup de Banques centrales des pays développés, cela a consisté à encadrer les mouvements de parité de façon à éviter des fluctuations excessives. Ce sont les «zones cibles» ; des régimes dans lesquels les taux de change varient dans des bandes prédéfinies, glissantes ou ajustables, à l’image du serpent monétaire européen des années 1972-1978. Pour la Banque d’Algérie, elle consiste en la gestion du taux de change de la monnaie nationale vis-à-vis des principales devises des pays avec lesquels le pays commerce, mais dans une problématique plus globale, celle de la détermination du taux de change réel d’équilibre ; plus précisément de la parité jugée appropriée d’un point de vue macro-économique parce que compatible avec une situation d’équilibre de moyen terme tant interne qu’externe.
«Le taux de change est une variable trop importante pour être laissée aux errances du marché des changes.» M. Aglietta.
Par Djamel Benbelkacem (*)
I/ La gestion du taux de change par les banques centrales
L’horizon analytique et/ou temporel de certains intervenants, dans la presse nationale au cours du mois de janvier, sur la question du taux de change du dinar est borné au mieux par la seule problématique de la relation de court terme entre le cours de change et le marché des changes, la limitation de la croissance des importations et le gonflement artificiel des recettes fiscales des hydrocarbures, et au pire, par les intérêts partisans et immédiats liés aux importations pour la revente en l’état.
Dans l’esprit de certaines intervenants sur l’évolution du taux de change nominal en Algérie, la question de sa détermination est naïvement assimilée à celle de la détermination du prix d’équilibre de l’oignon ou d’une coupe de cheveux. Selon ces opinions, la loi de l’offre et de la demande devrait prévaloir dans le cadre d’une convertibilité totale du dinar, et la Banque d’Algérie, en tant qu’offreur de devises sur le marché interbancaire des changes, fausserait le jeu des forces du marché. A contrario, pour d’autres, le cours de change sur le marché parallèle, très marginal par ailleurs, reflèterait l’équilibre de marché et le «vrai» cours du dinar par rapport aux deux principales devises (dollar et euro). Il est utile, dès lors, de revenir succinctement à quelques enseignements fondamentaux issus des développements de la macro-économie appliquée à la question du taux de change pour mettre en perspective la politique de change de la Banque d’Algérie.
L’avènement des changes flottant au début des années 1970 (après la suspension par le président Nixon de la convertibilité or du dollar) s’est accompagné d’une forte volatilité des taux de change nominaux et corrélativement des taux de change réels et donc des possibilités de mésalignement. Or, des variations amples et rapides des cours, comme les mouvements à la hausse puis à la baisse du dollar, au cours des années quatre-vingts, ont eu des effets macro-économiques indésirables sur les économies réelles, notamment en termes d’allocation des ressources, de compétitivité et d’équilibre de balance des paiements
Dans les économies de marché ouvertes et à changes flottants (purs), le taux de change obéit à deux logiques souvent incompatibles. D’un point de vue micro-économique, le taux de change est le prix d’équilibre instantané d’un marché d’actifs, en l’occurrence celui des monnaies. Il est soumis sans inertie à une multitude d’influences qui l’affectent, dont les anticipations du taux de change futur qui alimentent la spéculation. D’un point de vue macro-économique, c’est une variable d’ajustement d’une importance cruciale en cas de déséquilibres internes et externes. A l’échelle micro-économique, «l’équilibre quotidien du marché dépend des positions prises par les spéculateurs en contrepartie du déséquilibre provenant de la résultante des besoins des autres opérateurs»(1). La versatilité des anticipations entraîne souvent un excès chronique de volatilité par rapport à ce qui résulterait des variations supposées des fondamentaux du taux de change (différentiels d’inflation, de productivité, situation de la balance courante…), ce qui provoque des distorsions des taux de change réels qui, lorsqu’elles persistent, peuvent perturber les comportements micro-économiques d’allocation des ressources (inefficacité) et les conditions macro-économiques (distorsion dans la compétitivité, déséquilibres de la balance courante…).
C’est pourquoi le taux de change est considéré par les macro-économistes comme la variable qui révèle et concentre, avec le plus d’acuité, l’incompatibilité entre les comportements individuels sur les marchés (micro- économiques) et la cohérence d’ensemble des systèmes économiques. Ce constat laisse place à des politiques de change séparées des politiques monétaires et met en avant le rôle des Banques centrales dans la définition et la mise en œuvre de ces politiques. Les Banques centrales, en fonction de la situation propre à chaque économie, adoptent alors des régimes de change intermédiaires entre les changes flexibles purs et les changes entièrement fixes. Le FMI classe les régimes de change de l’ensemble des pays membres en huit (8) catégories dont celui de l’Algérie défini comme un «flottement dirigé». Ces régimes de change intermédiaires découlent des choix effectués en la matière par chaque pays membre et ne sont en aucun cas imposés par l’institution issue des accords de Bretton woods (2).
La gestion du taux de change par une Banque centrale (lorsque cela relève de ses missions) ne se réduit donc pas à la gestion sectorielle du seul marché des changes, mais relève de la gestion macro-économique des équilibres internes et externes de l’économie. Pour beaucoup de Banques centrales des pays développés, cela a consisté à encadrer les mouvements de parité de façon à éviter des fluctuations excessives. Ce sont les «zones cibles» ; des régimes dans lesquels les taux de change varient dans des bandes prédéfinies, glissantes ou ajustables, à l’image du serpent monétaire européen des années 1972-1978. Pour la Banque d’Algérie, elle consiste en la gestion du taux de change de la monnaie nationale vis-à-vis des principales devises des pays avec lesquels le pays commerce, mais dans une problématique plus globale, celle de la détermination du taux de change réel d’équilibre ; plus précisément de la parité jugée appropriée d’un point de vue macro-économique parce que compatible avec une situation d’équilibre de moyen terme tant interne qu’externe.
Commentaire