- Les recettes du tourisme et des MRE n’arrivent plus à colmater le trou
- Les phosphates et dérivés maintiennent le cap
Leconomiste du 2011/12/29
Parmi les difficultés immédiates auxquelles va être confronté le gouvernement dès son installation, figure la situation plus qu’inquiétante du commerce extérieur. Le déficit de la balance commerciale, qui entraîne avec lui, celui des échanges extérieurs, atteint des niveaux plus qu’alarmants : 166,5 milliards de dirhams (données arrêtées à fin novembre, le dernier mois de l’année ne devant pas modifier la tendance). En un an, il se sera aggravé de 24%. Cela ne tient ni à la vigueur de l’investissement, ni à celle de la croissance. Ni même à la faiblesse du moteur de l’export. Au contraire, les exportations sont en hausse de 15,4% depuis le début de l’année. Et c’est la troisième année consécutive que l’export affiche une croissance.
Fait nouveau, le trou des échanges commerciaux dépasse désormais la valeur totale des exportations (154, 8 milliards de dirhams). Et il ne peut plus être comblé par les recettes touristiques (55 milliards de dirhams) et les envois des fonds des Marocains du monde (54,6 milliards de DH) comme par le passé. Même en y ajoutant les rentrées en devises des investissements directs étrangers (20,4 milliards de dirhams), le compte n’y est pas.
L’impact du redressement de l’export, tiré il est vrai, par l’OCP, est neutralisé par la progression des importations avec une forte incidence des produits pétroliers. Résultat, sur les 321 milliards de dirhams d’achat à l’étranger, le pétrole et dérivés représentent un peu plus de 20% et la moitié du déficit commercial. En gros, le Maroc importe plus de deux fois qu’il n’exporte.
Comment en est-on arrivé là ? Essentiellement, la combinaison de deux facteurs, expliquent les analystes. D’un côté, une offre exportable très faible en contenu et en valeur ajoutée. De l’autre, la croissance de la demande des ménages qui alimente l’importation des biens de consommation durables et la part toujours plus importante des importations incompressibles. Dans ce dernier cas, les produits pétroliers et les céréales.
Et le constat est valable pour les principaux produits qui font exploser le solde commercial. Energie et lubrifiants, produits finis de consommation et alimentation représentent en effet plus de la moitié des importations, à 170 milliards de DH. A elle seule, la facture énergétique s’est élevée à 81, 5 milliards de DH en hausse de 34% en glissement annuel. Dopée surtout par les achats de gasoil et fuel dont la valeur a grimpé de 60,7% à 29 milliards de DH (+10,9 milliards de DH). Sous le double effet de la hausse du volume qui a augmenté de 25,3% et du prix de la tonne importée qui s’est apprécié de 28,3%. Les acquisitions du gaz de pétrole et autres hydrocarbures ont coûté 15,1 milliards de DH. En revanche, le volume du pétrole brut importé a accusé une baisse de 4,9%, à 4,4 millions de tonnes. Mais en raison de la hausse des cours internationaux du baril du pétrole, il a fallu débourser 5,6 milliards de dirhams en plus malgré la baisse des volumes importés.
Hors énergie, les importations ont augmenté de 15,6%, atteignant 239,7 milliards de DH. Ainsi, les achats des produits alimentaires, ont atteint 33,4 milliards de dirhams, sous l’effet de l’approvisionnement en céréales et sucre : 17,4 milliards de DH. Montant promis à l’augmentation avec les achats des blés réalisés durant le mois de décembre, soit 1,2 million de tonnes. Pour leur part, les importations de biens de consommation ont crû de 10,8%, s’élevant à 55,8 milliards de DH.
Autre grand poste de dépenses de devises, les acquisitions de demi-produits qui ont porté sur 69,2 milliards de DH, en hausse de 22,6%. Mais ces achats sont à mettre à l’actif de l’outil de production et donc des investissements. Par contre ceux des produits d’équipement n’ont évolué que 2,5% à 61,8 milliards de DH.
Parallèlement, les exportations ont enregistré une amélioration de 15,4% ou 20,7 milliards de DH. Elle est imputable surtout à la progression de 35,8% des ventes de phosphates et dérivés. Hors ces derniers, les exportations ont cru de 8,9% d’une période à l’autre. Dans le détail, les ventes des sous produits des phosphates ont grimpé de 36,1% à 32,8 milliards de DH alors que celles de phosphates ont bondi de 35,5% à 11,3 milliards de DH.
Les autres produits phares restent le textile/habillement, les composants électriques, les articles de bonneterie et le matériel de transport. La reprise constatée vers la fin du premier semestre dernier pour les articles d’habillement s’est confirmée en effet à fin novembre dernier. Les exportations ont en effet, marqué une croissance de 5% à 17 milliards de DH. Mais l’embellie risque d’être de courte durée. La baisse de consommation sur les principaux marchés comme la France et l’Espagne est annonciatrice de difficultés pour ce secteur.
En revanche, l’activité des composants électriques et électroniques reste sur sa lancée. Les fils et câbles ont rapporté 13, 3 milliards de DH et les composants électroniques environ 4,6 milliards. Il en est de même des articles de bonneterie dont les ventes ont atteint 6,7 milliards de DH. A l’opposé, les produits agricoles, halieutiques et les conserves d’origines animale et végétale se sont inscrits en baisse. Seule la tomate fraîche a enregistré une croissance des ventes à 1,8 milliard de DH. Ce qui a aggravé le déficit de la balance alimentaire alors qu’elle affichait un excèdent il y a trois années.
A.G.
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