Les délégués à la Conférence ministérielle de l'OMC s'opposent aux mesures restrictives. La tentation protectionniste est plus forte en période de ralentissement. Un article de nos partenaires suisses du Temps.
La mise en garde contre «le protectionnisme et son impact comme dans les années 30» lancée jeudi soir par Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international, a trouvé un grand écho vendredi à la 8e Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève.
La veille, l'organisation avait donné un chiffre qui n'avait laissé personne indifférent: le nombre de mesures protectionnistes initiées par divers pays, malgré leur promesse de s'en abstenir, en 2011, s'élève à 340, contre 220 l'an dernier. Et Pascal Lamy, directeur de l'OMC, avait, lors de la séance d'ouverture, affirmé que le protectionnisme pourrait coûter 800 milliards de dollars à l'économie mondiale.
«Si la crise s'installe, il y aura une vague de protectionnisme qui va s'installer qui sera pire que la crise de 2008-2009, a déclaré Karel de Gucht, le commissaire européen au Commerce. Il y aura des augmentations des droits de douane, des taxes à l'exportation ou encore des restrictions à l'exportation. Ce serait très dangereux dans une situation économique qui s'aggrave déjà.»
Le commissaire européen a rappelé que les pays du G20 ont promis de lutter contre le protectionnisme. «J'aimerais que les dirigeants assis autour de cette table sacro-sainte fassent ce qu'ils ont dit. Certains participants ne respectent pas leurs promesses. Il faudrait un peu de logique... Quand on s'engage à ce niveau-là, il faut que les faits suivent les promesses.»
Pour Olusegun Aganga, ministre du Commerce du Nigeria, des mesures protectionnistes ne viendraient qu'aggraver la crise. «Certains pays, notamment en Afrique, continuent à croître depuis quelques années et résistent encore au ralentissement qui prévaut notamment en Europe et aux Etats-Unis. Notre dynamisme ne doit pas être brisé par des mesures unilatérales de certains pays. Ces derniers doivent reconnaître qu'ils ont des obligations. Les pays les moins avancés ne doivent pas faire les frais de la crise dans d'autres régions du monde.»
Selon le ministre nigérian, la conclusion du cycle de Doha et une augmentation des échanges commerciaux, et non le protectionnisme, sont nécessaires pour relancer l'économie mondiale.
La décision de la Chine d'imposer une surtaxe sur certaines voitures américaines en début de semaine a été largement commentée à la Conférence de l'OMC. Pour certains délégués, cette mesure contredit la volonté affichée de Pékin de ne pas ériger de nouvelles barrières commerciales.
Pour le ministre chinois du Commerce, Chan Deming, cette surtaxe ne contredit pas les règles de l'OMC; elle a été instituée à la suite d'une enquête sérieuse. «Selon les procédures établies, c'est à l'OMC maintenant de conduire sa propre enquête; nous suivrons ses recommandations», a-t-il promis. Chan Deming a par ailleurs affirmé que le nombre d'enquêtes antidumping demandées par les Etats-Unis a augmenté de 400% en 2011 par rapport à l'an dernier. Du côté chinois, il a baissé de 50%.
Le ministre a enfin réfuté les allégations de protectionnisme, faites notamment par les Etats-Unis à l'égard de la Chine. Selon lui, les élections présidentielles américaines de l'an prochain, non seulement empêcheront toute négociation sérieuse sur le cycle de Doha, mais seront aussi l'occasion de prendre des mesures protectionnistes.
L'OMC continuera à surveiller tout dérapage et publiera un rapport sur les mesures restrictives deux fois par an. Pour Pascal Lamy, celles-ci mettraient encore en péril le commerce mondial qui a déjà commencé à ralentir. «Le système commercial multilatéral est un point d'ancrage dans la tempête. Une grosse mer est en train de le déstabiliser et de décrocher l'ancre», a-t-il averti.
source: La Tribune.fr
La mise en garde contre «le protectionnisme et son impact comme dans les années 30» lancée jeudi soir par Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international, a trouvé un grand écho vendredi à la 8e Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève.
La veille, l'organisation avait donné un chiffre qui n'avait laissé personne indifférent: le nombre de mesures protectionnistes initiées par divers pays, malgré leur promesse de s'en abstenir, en 2011, s'élève à 340, contre 220 l'an dernier. Et Pascal Lamy, directeur de l'OMC, avait, lors de la séance d'ouverture, affirmé que le protectionnisme pourrait coûter 800 milliards de dollars à l'économie mondiale.
«Si la crise s'installe, il y aura une vague de protectionnisme qui va s'installer qui sera pire que la crise de 2008-2009, a déclaré Karel de Gucht, le commissaire européen au Commerce. Il y aura des augmentations des droits de douane, des taxes à l'exportation ou encore des restrictions à l'exportation. Ce serait très dangereux dans une situation économique qui s'aggrave déjà.»
Le commissaire européen a rappelé que les pays du G20 ont promis de lutter contre le protectionnisme. «J'aimerais que les dirigeants assis autour de cette table sacro-sainte fassent ce qu'ils ont dit. Certains participants ne respectent pas leurs promesses. Il faudrait un peu de logique... Quand on s'engage à ce niveau-là, il faut que les faits suivent les promesses.»
Pour Olusegun Aganga, ministre du Commerce du Nigeria, des mesures protectionnistes ne viendraient qu'aggraver la crise. «Certains pays, notamment en Afrique, continuent à croître depuis quelques années et résistent encore au ralentissement qui prévaut notamment en Europe et aux Etats-Unis. Notre dynamisme ne doit pas être brisé par des mesures unilatérales de certains pays. Ces derniers doivent reconnaître qu'ils ont des obligations. Les pays les moins avancés ne doivent pas faire les frais de la crise dans d'autres régions du monde.»
Selon le ministre nigérian, la conclusion du cycle de Doha et une augmentation des échanges commerciaux, et non le protectionnisme, sont nécessaires pour relancer l'économie mondiale.
La décision de la Chine d'imposer une surtaxe sur certaines voitures américaines en début de semaine a été largement commentée à la Conférence de l'OMC. Pour certains délégués, cette mesure contredit la volonté affichée de Pékin de ne pas ériger de nouvelles barrières commerciales.
Pour le ministre chinois du Commerce, Chan Deming, cette surtaxe ne contredit pas les règles de l'OMC; elle a été instituée à la suite d'une enquête sérieuse. «Selon les procédures établies, c'est à l'OMC maintenant de conduire sa propre enquête; nous suivrons ses recommandations», a-t-il promis. Chan Deming a par ailleurs affirmé que le nombre d'enquêtes antidumping demandées par les Etats-Unis a augmenté de 400% en 2011 par rapport à l'an dernier. Du côté chinois, il a baissé de 50%.
Le ministre a enfin réfuté les allégations de protectionnisme, faites notamment par les Etats-Unis à l'égard de la Chine. Selon lui, les élections présidentielles américaines de l'an prochain, non seulement empêcheront toute négociation sérieuse sur le cycle de Doha, mais seront aussi l'occasion de prendre des mesures protectionnistes.
L'OMC continuera à surveiller tout dérapage et publiera un rapport sur les mesures restrictives deux fois par an. Pour Pascal Lamy, celles-ci mettraient encore en péril le commerce mondial qui a déjà commencé à ralentir. «Le système commercial multilatéral est un point d'ancrage dans la tempête. Une grosse mer est en train de le déstabiliser et de décrocher l'ancre», a-t-il averti.
source: La Tribune.fr
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