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Découverte historique de pétrole au large de la Guyane française

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    Pétrole au large de la Guyane : « historique » ?
    Oui, la découverte de pétrole à 150 km au large de la Guyane annoncée hier est bien « historique ». Historique pour la population du plus pauvre des départements français. Historique sans doute pour la France, qui pourrait acquérir ― quelle aubaine ! ― un statut de producteur pétrolier de troisième voire de second rang d'ici une quinzaine d'années, le temps que le brut soit mis en production et que d'autres découvertes soient certainement faites dans les parages.

    Historique à l'échelle de l'un des problèmes posés sur ce blog, celui de l'imminence du pic pétrolier ? Bof.


    Regardons les chiffres, encore très hypothétiques, avancés par Tullow Oil, la compagnie britannique qui opère le forage exploratoire de Zaedyus au large de la Guyane française, en partenariat avec Total (25 %) et surtout avec Shell (45 %).

    Le montant le plus optimiste des réserves avancé pour ce champ offshore profond était de 700 millions de barils avant le début du forage. C'est l'équivalent des réserves de tout petits pays producteurs tels que l'Ouzbékistan ou Trinidad-et-Tobago.

    Il s'agit sans doute d'une première estimation prudente. Le champ de Zaedyus a été découvert grâce à une hypothèse géologique audacieuse. D'après Tullow Oil, il s'agit d'un « miroir » du champ de Jubilee, découvert en 2007 au large du Ghana, en Afrique. Les bassins auxquels chacun de ces champs appartient se seraient séparés il y a une centaine de millions d'années, lorsque l'Afrique et l'Amérique se sont éloignés.

    Le champ de Jubilee recèle 1,4 milliard de barils, selon l'estimation moyenne. Admettons que le champ de Zaedyus, au large de la Guyane, en contienne autant. Cela représenterait alors 0,1 % des réserves mondiales prouvées de la planète.

    Mais l'existence même du champ de Zaedyus montre qu'autour de lui existe un bassin d'hydrocarbures plus vaste, inconnu jusqu'ici.

    Tullow Oil et ses partenaires espèrent bien découvrir d'autres champs aux alentours, au nord-est de l'Amérique du Sud : au large de la Guyane française mais également au large du Surinam, précise la direction du pétrolier britannique indépendant. Un analyste de la firme spécialisée Sanford Bernstein souligne :

    « C'est très très significatif. [Cette découverte] marque l'ouverture d'un nouveau bassin pétrolier d'importance mondiale qui sera foré pendant les 20 prochaines années. »

    Par ailleurs, la démonstration du jumelage du nouveau bassin de Guyane et de celui de Jubilee, dans le golfe de Guinée, pourrait préfigurer de nouvelles découvertes au large de la Côte d'Ivoire et de la Sierra Leone, selon Tullow Oil.

    Six autres forages sont en cours au large des côtes guyanaises, pour lesquels Tullow Oil se montre désormais optimiste : il est possible que d'autres découvertes soient bientôt annoncées.

    Combien cela pourrait-il représenter au total ? Plusieurs analystes cités dans la presse spécialisée avancent une fourchette de 1 à 5 milliards de barils, quelque part entre 0,1 et 0,4 % des réserves prouvées mondiales. Imaginons que la Guyane française (et demain peut-être le Surinam) s'avèrent aussi gâtés que le Brésil avec son bassin ultra profond de Santos, découvert en 2007 au large de Rio. Ce bassin recèle peut-être plus de 30 milliards de barils. Cela ferait monter le pactole à 2 % des réserves mondiales. C'est à la fois gigantesque et peu.

    L'hypothèse haute mentionnée pour l'instant, 5 milliards de barils, placerait les réserves du nouveau bassin de Guyane au niveau des celles de producteurs de second rang tels que la Malaisie, l'Indonésie ou le sultanat d'Oman. Les extractions de ces pays se situent un peu en dessous du million de barils par jour (Mb/j).

    L'industrie pétrolière mondiale extrait chaque jour 82 Mb. La production des champs de pétrole conventionnel existants devrait chuter de 20 Mb/j d'ici 2020, soit le double de la production de l'Arabie Saoudite, d'après l'Agence internationale de l'énergie.

    Un facteur limitera la capacité de production future du bassin de Guyane : la profondeur à laquelle le brut est situé.

    Le pétrole a été trouvé à quelque 2000 mètres sous la surface des flots, puis à 5711 mètres encore sous le plancher océanique. Pour des raisons techniques, la production d'un champ offshore profond ne peut être aussi rapide que celle d'un champ de taille équivalente situé sur la terre ferme. Comme l'explique Fatih Birol, économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie, « ce qui compte, ce n'est pas la taille du verre, c'est la taille de la paille que l'on peut mettre dedans ». Le puits de Zaedyus est plus profond que celui à l'origine de la marée noire du golfe du Mexique du printemps 2010. Deapwater Horizon, la plateforme qui a explosé le 20 avril 2010, forait sous 1500 mètres d'eau.

    Quelle que devienne son importance, la découverte d'un bassin d'hydrocarbures au large de la Guyane française montre à nouveau que l'avenir de la production pétrolière se jouera dans les conditions les plus extrêmes. En 2009, le principal expert du marché pétrolier au sein de l'administration Obama, Glen Sweetnam, déclarait que les découvertes de pétrole ultra-profond au large du Brésil constituaient « en quelque sorte le seul point positif (...) en attendant que nous allions dans l'Arctique ». Pas sûr que le nouveau bassin de Guyane change de beaucoup cet état de fait.
    m a
    Dernière modification par nacer-eddine06, 21 septembre 2011, 00h28.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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