Les expatriés qui accompagnent une multinationale en Algérie sont souvent loin d’être les meilleurs profils pour les responsabilités qu’ils viennent occuper. C’est un recoupement régional de CV auprès d’agences conseils RH à Alger qui le révèle. «Révéler» n’est d’ailleurs pas le bon mot. A Alger, dans le microcosme, la décote de la RH étrangère est connue.
Ceux qui, dans le cadre de leur travail, ont eu, par exemple, à croiser le patron de la filiale d’une grande marque française d’automobile, ont dû se poser des questions sur le casting des têtes pour un marché aussi appréciable. Un bon vendeur qui suit la promotion interne en France peut devenir roi à Alger.
DP World El Djazaïr s’est rendu compte qu’il avait joué petit bras dans le management du terminal à containers d’Alger. Deux ans de perdus, ou presque. Les étrangers envoient rarement les meilleurs d’entre eux sur le territoire DZ.
«Deux fois sur trois ce sont «les cas sociaux» qui finissent par venir en Algérie», explique un publiciste algérien qui travaille beaucoup avec les expatriés. Ce qui est en question, ce ne sont pas les revenus des expatriés et les avantages liés à leurs fonctions. Le rapport salaires-prix intérieurs en Algérie vaut bien celui de la Tunisie ou du Maroc.
Les week-ends en famille à la source sont garantis. Les vols pleins du jeudi soir vers l’Europe et le Moyen-Orient en témoignent. L’Algérie n’a pas d’économie du temps de loisirs. Voilà le problème. Une qualité de vie urbaine désastreuse. Le patron d’une grande marque de boisson gazeuse, leader mondial, qui vient d’être nommé à la tête de l’Algérie a préféré s’installer à Tunis pour diriger les deux opérations depuis qu’on lui a ajouté la responsabilité de la Tunisie en plus de celle de l’Algérie.
Le doux chaos révolutionnaire tunisien est encore plus attractif pour vivre et travailler que la lugubre tombée de nuit algéroise sur des commerces fermés et des rues désertées. Dans les deux plans quinquennaux du président Bouteflika, la part consacrée à la production du spectacle culturel est la dernière. Le chantier du cinéma Afrique à Alger centre est vieux de… dix ans. La numérisation des salles de cinéma commence à ressembler au projet du métro d’Alger.
Le seul business qui n’a pas pu démarrer au Centre commercial de Bab Ezzouar est le multiplex cinéma. Le gouvernement combat la sortie nocturne. Disperse le vivre ensemble hors les figures imposées du lieu de travail, ou d’éducation. La politique des festivals est étranglée par l’indigence des grandes salles. La pénurie des lieux de loisirs. La grande mosquée d’Alger va être réalisée sur fonds publics tandis que Dounya Parc a attendu cinq ans durant la bonne résolution du fonds émirati EIIC.
Et ses conditions. Le ministre du tourisme parle de reconstruire de la destination Algérie, dans la semaine même ou l’ANP s’empare du meilleur bout de littoral de l’est jijellois entre la ferme Andreu et El Aouana.
49 ans après l’indépendance, les autorités réduisent les citoyens algériens aux trois premières cases des IDH (développement humain); l’alimentation, l’éducation, la santé. Au milieu des années 80, une enquête sociologique avait montré que les chaînes de télévision italiennes, déjà en partie privées, étaient plus florissantes que les chaînes françaises. A cause du mode de vie italien moins noctambule, plus «familial».
Les français, avant les 35 heures, avaient déjà pour eux le temps de loisir extérieur ; les italiens le divertissement télévisuel, incarnait par la montée en puissance de l’empire Berlusconi. 30 années après, l’Algérie n’a ni l’un ni l’autre. Au même niveau de revenu par habitant, c’est-à-dire plus de 5000 dollars par an, l’Algérie est un des pays du monde ou les jeunes, et les moins jeunes, s’ennuient le plus.
Le sinistre du temps loisirs profite aux passeurs de Beni Saf et d’El Kala. Autant que les sert le chômage ou la précarité sociale. Le week end à l’envers, enfant monstrueux de l’irrésolution présidentielle dans la réforme, fait avorter la naissance d’une économie du loisir de fin de semaine. Le premier jour du week-end en est aussi le dernier jour. «L’Algérie est un pays triste» dit un des câbles de l’ambassade US à Alger dévoilé par Wilkileaks. Ils importent des expatriés un peu désespérés, en phase de reconstruction.
Et exportent des harragas à la recherche des lampions de la ville. Sans préjudice économique patent ? Demandons-le aux gardes côtes qui patrouillent au large et aux cadres algériens qui «souffrent» dans les multinationales d’être trop souvent barrés par des expatriés hors de prix et moins compétents.
Pour ne pas parler du point de croissance de PIB perdu en moyenne chaque année à cause du provincialisme des gouvernants, souvent des gouvernés aussi, qui décrètent ensemble, l’extinction des lumières du grand dortoir national a la dernière cuillère du dîner.
El Kadi Ihsane
El Watan
Ceux qui, dans le cadre de leur travail, ont eu, par exemple, à croiser le patron de la filiale d’une grande marque française d’automobile, ont dû se poser des questions sur le casting des têtes pour un marché aussi appréciable. Un bon vendeur qui suit la promotion interne en France peut devenir roi à Alger.
DP World El Djazaïr s’est rendu compte qu’il avait joué petit bras dans le management du terminal à containers d’Alger. Deux ans de perdus, ou presque. Les étrangers envoient rarement les meilleurs d’entre eux sur le territoire DZ.
«Deux fois sur trois ce sont «les cas sociaux» qui finissent par venir en Algérie», explique un publiciste algérien qui travaille beaucoup avec les expatriés. Ce qui est en question, ce ne sont pas les revenus des expatriés et les avantages liés à leurs fonctions. Le rapport salaires-prix intérieurs en Algérie vaut bien celui de la Tunisie ou du Maroc.
Les week-ends en famille à la source sont garantis. Les vols pleins du jeudi soir vers l’Europe et le Moyen-Orient en témoignent. L’Algérie n’a pas d’économie du temps de loisirs. Voilà le problème. Une qualité de vie urbaine désastreuse. Le patron d’une grande marque de boisson gazeuse, leader mondial, qui vient d’être nommé à la tête de l’Algérie a préféré s’installer à Tunis pour diriger les deux opérations depuis qu’on lui a ajouté la responsabilité de la Tunisie en plus de celle de l’Algérie.
Le doux chaos révolutionnaire tunisien est encore plus attractif pour vivre et travailler que la lugubre tombée de nuit algéroise sur des commerces fermés et des rues désertées. Dans les deux plans quinquennaux du président Bouteflika, la part consacrée à la production du spectacle culturel est la dernière. Le chantier du cinéma Afrique à Alger centre est vieux de… dix ans. La numérisation des salles de cinéma commence à ressembler au projet du métro d’Alger.
Le seul business qui n’a pas pu démarrer au Centre commercial de Bab Ezzouar est le multiplex cinéma. Le gouvernement combat la sortie nocturne. Disperse le vivre ensemble hors les figures imposées du lieu de travail, ou d’éducation. La politique des festivals est étranglée par l’indigence des grandes salles. La pénurie des lieux de loisirs. La grande mosquée d’Alger va être réalisée sur fonds publics tandis que Dounya Parc a attendu cinq ans durant la bonne résolution du fonds émirati EIIC.
Et ses conditions. Le ministre du tourisme parle de reconstruire de la destination Algérie, dans la semaine même ou l’ANP s’empare du meilleur bout de littoral de l’est jijellois entre la ferme Andreu et El Aouana.
49 ans après l’indépendance, les autorités réduisent les citoyens algériens aux trois premières cases des IDH (développement humain); l’alimentation, l’éducation, la santé. Au milieu des années 80, une enquête sociologique avait montré que les chaînes de télévision italiennes, déjà en partie privées, étaient plus florissantes que les chaînes françaises. A cause du mode de vie italien moins noctambule, plus «familial».
Les français, avant les 35 heures, avaient déjà pour eux le temps de loisir extérieur ; les italiens le divertissement télévisuel, incarnait par la montée en puissance de l’empire Berlusconi. 30 années après, l’Algérie n’a ni l’un ni l’autre. Au même niveau de revenu par habitant, c’est-à-dire plus de 5000 dollars par an, l’Algérie est un des pays du monde ou les jeunes, et les moins jeunes, s’ennuient le plus.
Le sinistre du temps loisirs profite aux passeurs de Beni Saf et d’El Kala. Autant que les sert le chômage ou la précarité sociale. Le week end à l’envers, enfant monstrueux de l’irrésolution présidentielle dans la réforme, fait avorter la naissance d’une économie du loisir de fin de semaine. Le premier jour du week-end en est aussi le dernier jour. «L’Algérie est un pays triste» dit un des câbles de l’ambassade US à Alger dévoilé par Wilkileaks. Ils importent des expatriés un peu désespérés, en phase de reconstruction.
Et exportent des harragas à la recherche des lampions de la ville. Sans préjudice économique patent ? Demandons-le aux gardes côtes qui patrouillent au large et aux cadres algériens qui «souffrent» dans les multinationales d’être trop souvent barrés par des expatriés hors de prix et moins compétents.
Pour ne pas parler du point de croissance de PIB perdu en moyenne chaque année à cause du provincialisme des gouvernants, souvent des gouvernés aussi, qui décrètent ensemble, l’extinction des lumières du grand dortoir national a la dernière cuillère du dîner.
El Kadi Ihsane
El Watan
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