Les matières premières flambent, créant inflation... et sortie de devises
[Les matières premières flambent, créant inflation... et sortie de devises]
C’est comme si la hausse inconsidérée des prix des fruits, légumes, viandes, matériaux de construction et produits de grande consommation, générée par l’augmentation du coût du transport ne suffisait pas (voir article en page 10), la surchauffe sur les marchés internationaux des matières premières menace également l’économie marocaine. Depuis le mois de juin, tous les produits de base, qu’ils soient agricoles, énergétiques ou métalliques, se sont inscrits dans une tendance fortement haussière. Le blé tendre, par exemple, a vu son cours s’apprécier de 60% entre début juin et le 30 septembre. Celui du sucre a, lui, grimpé de 31%. Le pétrole brut, dont l’évolution a été relativement modérée depuis le début de l’année, a lui aussi cédé au contexte haussier général pour augmenter de 13% en quatre mois, alors que sur le marché de l’acier, le rond à béton affiche une hausse de plus de 20%.
Que s’est-il passé, sachant qu’au cours du premier semestre de l’année la tendance était globalement baissière ? Le fait est que durant les premiers mois de l’année, les craintes relatives à la reprise de l’économie mondiale pesaient sur l’ensemble des marchés financiers, dont ceux des matières premières. Les indicateurs macroéconomiques 2009 publiés par les principales économies, notamment les Etats-Unis et l’Allemagne, faisaient état d’une reprise très molle, et les prévisions des banques centrales indiquaient que, même en 2010, la croissance économique resterait faible. Mais, à partir du mois de juin, la situation sur le marché a complètement changé.
Les cours de toutes les matières premières sont repartis à la hausse, et les variations en une seule séance pouvaient dépasser les 20%. A l’origine de ce bouleversement, l’annonce de récoltes beaucoup moins bonnes que prévu concernant plusieurs cultures (céréales, thé, sucre...), à cause notamment des mauvaises conditions climatiques. Ceci alors que la demande mondiale sur ces produits reste stable, voire haussière sur certaines matières.
Mais ce n’est pas tout. Au début du second semestre 2010, la Réserve fédérale américaine (fed) a décidé, tout en maintenant son taux d’intérêt directeur proche de zéro, d’adopter une politique monétaire plus expansionniste. Des milliards de dollars ont été injectés dans le système bancaire afin de racheter les bons du Trésor américain et les créances hypothécaires détenues par les banques. L’objectif était de leur permettre de redémarrer la machine du crédit pour sortir l’économie américaine de la récession.
L’effet de cette politique ne s’est pas fait attendre, et le dollar a entamé une chute ininterrompue face aux principales devises, notamment l’euro. Dans ces conditions, le billet vert est devenu peu intéressant pour les investisseurs en tant que valeur refuge. Ils se sont donc tournés vers le marché des matières premières, et la spéculation a commencé à battre son plein. N’importe quelle annonce, qu’il s’agisse de l’état des stocks d’un pays, du déclenchement d’un ouragan ou des propos pessimistes d’un dirigeant politique, était exploitée par les banques londoniennes ou par les fonds de pension américains, ce qui faisait grimper les cours à des niveaux inimaginables. Aucune matière première n’a été épargnée, et les conséquences sur les pays importateurs, dont le Maroc, seront de taille.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a même fini par tirer la sonnette d’alarme, en publiant un rapport sur l’impact de la flambée des prix des denrées alimentaires et sur les décisions que les pouvoirs publics doivent prendre pour y faire face.
Commençons par les céréales. Le plus gros des importations du Maroc est constitué de blé tendre et de maïs, avec plus de 4 millions de tonnes en 2009 sur un total de 4,36 millions de tonnes. Le prix de la première denrée (cours du blé meunerie coté à Paris) est passé de 131 euros la tonne fin 2009 à 208 euros la tonne le 30 septembre 2010, soit une hausse de 60% ! L’essentiel de cette augmentation a été réalisé entre juin et septembre. Pour sa part, le cours du maïs, coté également à Paris, s’est établi à 197 euros la tonne au 30 septembre, alors qu’il a démarré l’année à 135 euros, soit une appréciation de 46%.
Les raisons de cette flambée sont à la fois techniques et fondamentales. «Les fonds spéculatifs soutenaient avec force des prix des céréales déjà trop élevés et les grands producteurs faisant de la rétention après avoir goûté au cours de 300 euros la tonne en 2008», affirme un minotier à Casablanca. Ce dernier précise toutefois qu’une partie de la hausse est justifiée, car la situation de l’offre et de la demande sur le marché des céréales ne plaide pas pour une détente des cours.
- La hausse est due à la situation de l'offre et de la demande sur chaque produit, mais la spéculation a amplifié le phénomène.
- Sucre, pétrole, blé, les produits subventionnés vont induire une hausse sensible des charges de compensation pour l'Etat.
- Thé, café, maïs, bois, beurre, coton, les produits à base de ces intrants vont connaître une hausse des prix importante.
[Les matières premières flambent, créant inflation... et sortie de devises]
C’est comme si la hausse inconsidérée des prix des fruits, légumes, viandes, matériaux de construction et produits de grande consommation, générée par l’augmentation du coût du transport ne suffisait pas (voir article en page 10), la surchauffe sur les marchés internationaux des matières premières menace également l’économie marocaine. Depuis le mois de juin, tous les produits de base, qu’ils soient agricoles, énergétiques ou métalliques, se sont inscrits dans une tendance fortement haussière. Le blé tendre, par exemple, a vu son cours s’apprécier de 60% entre début juin et le 30 septembre. Celui du sucre a, lui, grimpé de 31%. Le pétrole brut, dont l’évolution a été relativement modérée depuis le début de l’année, a lui aussi cédé au contexte haussier général pour augmenter de 13% en quatre mois, alors que sur le marché de l’acier, le rond à béton affiche une hausse de plus de 20%.
Que s’est-il passé, sachant qu’au cours du premier semestre de l’année la tendance était globalement baissière ? Le fait est que durant les premiers mois de l’année, les craintes relatives à la reprise de l’économie mondiale pesaient sur l’ensemble des marchés financiers, dont ceux des matières premières. Les indicateurs macroéconomiques 2009 publiés par les principales économies, notamment les Etats-Unis et l’Allemagne, faisaient état d’une reprise très molle, et les prévisions des banques centrales indiquaient que, même en 2010, la croissance économique resterait faible. Mais, à partir du mois de juin, la situation sur le marché a complètement changé.
Les cours de toutes les matières premières sont repartis à la hausse, et les variations en une seule séance pouvaient dépasser les 20%. A l’origine de ce bouleversement, l’annonce de récoltes beaucoup moins bonnes que prévu concernant plusieurs cultures (céréales, thé, sucre...), à cause notamment des mauvaises conditions climatiques. Ceci alors que la demande mondiale sur ces produits reste stable, voire haussière sur certaines matières.
Mais ce n’est pas tout. Au début du second semestre 2010, la Réserve fédérale américaine (fed) a décidé, tout en maintenant son taux d’intérêt directeur proche de zéro, d’adopter une politique monétaire plus expansionniste. Des milliards de dollars ont été injectés dans le système bancaire afin de racheter les bons du Trésor américain et les créances hypothécaires détenues par les banques. L’objectif était de leur permettre de redémarrer la machine du crédit pour sortir l’économie américaine de la récession.
L’effet de cette politique ne s’est pas fait attendre, et le dollar a entamé une chute ininterrompue face aux principales devises, notamment l’euro. Dans ces conditions, le billet vert est devenu peu intéressant pour les investisseurs en tant que valeur refuge. Ils se sont donc tournés vers le marché des matières premières, et la spéculation a commencé à battre son plein. N’importe quelle annonce, qu’il s’agisse de l’état des stocks d’un pays, du déclenchement d’un ouragan ou des propos pessimistes d’un dirigeant politique, était exploitée par les banques londoniennes ou par les fonds de pension américains, ce qui faisait grimper les cours à des niveaux inimaginables. Aucune matière première n’a été épargnée, et les conséquences sur les pays importateurs, dont le Maroc, seront de taille.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a même fini par tirer la sonnette d’alarme, en publiant un rapport sur l’impact de la flambée des prix des denrées alimentaires et sur les décisions que les pouvoirs publics doivent prendre pour y faire face.
Commençons par les céréales. Le plus gros des importations du Maroc est constitué de blé tendre et de maïs, avec plus de 4 millions de tonnes en 2009 sur un total de 4,36 millions de tonnes. Le prix de la première denrée (cours du blé meunerie coté à Paris) est passé de 131 euros la tonne fin 2009 à 208 euros la tonne le 30 septembre 2010, soit une hausse de 60% ! L’essentiel de cette augmentation a été réalisé entre juin et septembre. Pour sa part, le cours du maïs, coté également à Paris, s’est établi à 197 euros la tonne au 30 septembre, alors qu’il a démarré l’année à 135 euros, soit une appréciation de 46%.
Les raisons de cette flambée sont à la fois techniques et fondamentales. «Les fonds spéculatifs soutenaient avec force des prix des céréales déjà trop élevés et les grands producteurs faisant de la rétention après avoir goûté au cours de 300 euros la tonne en 2008», affirme un minotier à Casablanca. Ce dernier précise toutefois qu’une partie de la hausse est justifiée, car la situation de l’offre et de la demande sur le marché des céréales ne plaide pas pour une détente des cours.
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