Salah Eddine Mezouar, ministre marocain de l'économie, est revenu du sommet France-Afrique organisé à Nice, le 31 mai, plus convaincu que jamais : l'horizon est africain. "La France doit changer son approche, soulignait le ministre vendredi 11 juin, devant des journalistes français. L'Afrique est de plus en plus convoitée, les enjeux sont sérieux, il faut se battre." Face à une Europe en crise, le Maroc, qui a toujours privilégié sa relation avec le nord, lorgne de plus en plus vers le sud et ses promesses de croissance.
"L'Europe est notre partenaire stratégique et le restera, mais nous voulons être des acteurs actifs face à une mutation qui est en train de se faire, affirme M. Mezouar. Rendez-vous compte, d'ici à 2040, l'Afrique comptera 600 millions de citadins nouveaux, et la plupart des pays connaîtront une croissance de 4 % à 6 % par an. Tout cela nous interpelle." Certes, les affaires sont modestes. L'Afrique ne représente que 1,7 % des échanges du Maroc, mais le pays s'est fixé pour objectif de doubler ce chiffre à moyen terme.
Nombre d'entreprises marocaines se développent sur le continent. Royal Air Maroc a ouvert de nouvelles destinations en Afrique, une région du monde qui représente désormais 41 % de son trafic. Des entreprises de BTP se sont installées au Sénégal, en Mauritanie, en Guinée. Et les banques multiplient les implantations. "Nous sommes en train de faire nos premiers pas", déclare Mohamed El Kettani, président d'Attijariwafa, premier groupe financier marocain qui a ouvert une dizaine de succursales en Afrique subsaharienne.
La concurrence est forte. "La Chine a compris avant tout le monde l'intérêt stratégique de l'Afrique", observe le ministre de l'économie. Dans l'impossibilité de s'opposer au dynamisme chinois, dépourvu de ressources énergétiques qui le rendrait incontournable, le Maroc s'est créé un emploi sur mesure, celui d'intermédiaire pour investisseurs étrangers. "Nous voulons jouer le rôle de hub régional", plaide Mohamed Horani, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). D'où le soin du gouvernement apporté au développement des infrastructures routières, portuaires et ferroviaires.
Ces ambitions sont toutefois contrariées par ses relations avec le voisin algérien. Non seulement, le conflit qui oppose depuis des années les deux pays sur le Sahara occidental prive le Maroc d'un vaste marché, mais il nourrit aussi une compétition acharnée. "L'Algérie a besoin d'un ennemi, lâche durement M. Mezouar. Et plus le temps avance, plus elle se replie sur elle-même. Les derniers développements ne sont pas très rassurants." Depuis plus de trois ans, la banque Attijariwafa attend un agrément pour ouvrir une succursale algérienne. "Nous réactualisons la demande chaque année, précise son président. Mais on ne nous dit toujours ni oui ni non." Le conflit du Sahara coûterait chaque année 2 points de croissance au Maghreb.
Isabelle Mandraud - LE MONDE
"L'Europe est notre partenaire stratégique et le restera, mais nous voulons être des acteurs actifs face à une mutation qui est en train de se faire, affirme M. Mezouar. Rendez-vous compte, d'ici à 2040, l'Afrique comptera 600 millions de citadins nouveaux, et la plupart des pays connaîtront une croissance de 4 % à 6 % par an. Tout cela nous interpelle." Certes, les affaires sont modestes. L'Afrique ne représente que 1,7 % des échanges du Maroc, mais le pays s'est fixé pour objectif de doubler ce chiffre à moyen terme.
Nombre d'entreprises marocaines se développent sur le continent. Royal Air Maroc a ouvert de nouvelles destinations en Afrique, une région du monde qui représente désormais 41 % de son trafic. Des entreprises de BTP se sont installées au Sénégal, en Mauritanie, en Guinée. Et les banques multiplient les implantations. "Nous sommes en train de faire nos premiers pas", déclare Mohamed El Kettani, président d'Attijariwafa, premier groupe financier marocain qui a ouvert une dizaine de succursales en Afrique subsaharienne.
La concurrence est forte. "La Chine a compris avant tout le monde l'intérêt stratégique de l'Afrique", observe le ministre de l'économie. Dans l'impossibilité de s'opposer au dynamisme chinois, dépourvu de ressources énergétiques qui le rendrait incontournable, le Maroc s'est créé un emploi sur mesure, celui d'intermédiaire pour investisseurs étrangers. "Nous voulons jouer le rôle de hub régional", plaide Mohamed Horani, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). D'où le soin du gouvernement apporté au développement des infrastructures routières, portuaires et ferroviaires.
Ces ambitions sont toutefois contrariées par ses relations avec le voisin algérien. Non seulement, le conflit qui oppose depuis des années les deux pays sur le Sahara occidental prive le Maroc d'un vaste marché, mais il nourrit aussi une compétition acharnée. "L'Algérie a besoin d'un ennemi, lâche durement M. Mezouar. Et plus le temps avance, plus elle se replie sur elle-même. Les derniers développements ne sont pas très rassurants." Depuis plus de trois ans, la banque Attijariwafa attend un agrément pour ouvrir une succursale algérienne. "Nous réactualisons la demande chaque année, précise son président. Mais on ne nous dit toujours ni oui ni non." Le conflit du Sahara coûterait chaque année 2 points de croissance au Maghreb.
Isabelle Mandraud - LE MONDE
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