Le matin, de bonne heure, Casa Shore (diminutif de Casanearshore) connaît un afflux massif. Les routes qui mènent vers le quartier Sidi Maârouf, où se trouve cette plate-forme, sont archi-combles. Mais, pour la majorité des 4.300 employés des 41 entreprises installées dans cette zone, une fois arrivés à destination, une ville bruyante nommée Casablanca n’existe plus. Le bruit et le stress font place à «un havre de paix», selon leur propre expression.
Aux premiers abords, Casa Shore paraît comme une ville futuriste. La population, jeune, d’une moyenne d’âge de 30 ans, est révélatrice de l’esprit de motivation et d’enthousiasme qui règne au sein de la zone. L’aménagement de l’espace est savamment étudié et crée un environnement professionnel. S’installer dans cet espace est intéressant à plusieurs égards, que ce soit en termes du coût au mètre carré, des infrastructures télécoms ou des services et de la gestion.
Plus encore, l’image moderniste du parc est à l’avantage des sociétés, surtout vis-à-vis de leurs clients. Et, même si l’aménagement des deux tranches réalisées à ce jour n’est pas encore finalisé, MedZ, le gestionnaire du site, affirme que plus de 90% des plateaux sont déjà pris. Des noms comme Dell, Bull ou Cap Gemini ont déjà une place dans ce milieu avant-gardiste. L’autre particularité de Casa Shore est la prise en charge des gens et ce, dès leur entrée au parc. Car, ce dernier est parfaitement sécurisé. Ce qui crée un environnement serein à l’intérieur. «Nos visiteurs doivent être identifiés avant d’accéder au parc», glisse un chef d’entreprise. Le parking est mis à la disposition des entreprises à leur demande. Un restaurant et un café donnent un aspect convivial, permettant un espace d’échanges entre les employés des divers horizons. Ce sont des lieux, où se montent les affaires par excellence. Assis autour d’un café ou d’un repas, des cadres de différentes entreprises discutent. On griffonne des schémas sur un bout de papier, on s’échange des cartes de visite, des informations, des indiscrétions...
Une petite ville
Bref, l’espace, conçu à l’américaine, grouille de vie et d’opportunités de business. Il y a également un certain nombre d’avantages qui peuvent paraître symboliques mais si importants. Des banques ont ouvert leur agence au sein même du parc, à l’image de la Banque Populaire, Crédit du Maroc, Attijariwafabank, BMCI et CIH. D’autres commerces et services sont en cours d’installation. «D’ici fin 2010, bureaux de tabac, espace presse, pressing, cabinet médical, fitness et crèche seront mis à la disposition des usagers du parc», affirme Hassan Tegmousse, directeur du parc. Une sorte de petite ville, où tous les besoins de travail et de bien-être seront assurés.
Casa Shore, avant et après
Nul doute, Casa Shore a grandi. Une année est passée pour ses premiers locataires. HPS, l’un des premiers à s’être installé, affiche sa satisfaction. «Nous sommes dans un environnement similaire à celui que l’on peut trouver à l’étranger. Le Maroc n’a rien à envier à des pays connus dans le secteur de l’offshoring, comme l’Inde, le Singapour ou l’Indonésie», explique Brahim Berrada, directeur du pôle administratif et financier à HPS. L’entreprise, spécialisée dans le développement de logiciels dans la monétique, tire un avantage certain à travers Casa Shore. D’abord, en termes d’espace, puisque le développement de l’activité a nécessité une augmentation de l’effectif. Installée sur deux étages, HPS offre, de ce fait, à ses collaborateurs un climat convivial pour le travail. Des salles pour la formation, des plateformes, où l’open space est de rigueur pour une communication fluide. D’autre part, de par la nature de son métier, HPS est en connexion continue avec ses clients à l’étranger. L’infrastructure télécoms, entièrement gérée par Oteo, la filiale de Wana, est, de ce fait, très avantageuse. «HPS a réussi, depuis son installation au Casa Shore, à réaliser une économie de l’ordre de 20% sur sa facture de communication», note Brahim Berrada. Cela est d’ailleurs le cas de dizaines d’autres entreprises, logées à la même enseigne.
Mais ce n’est pas tout. D’autres entreprises font part d’autres avantages, liés à l’environnement spécifique de leur travail. Ubisoft, spécialisée dans la création d’animation pour jeux vidéo, fait partie des premiers locataires. «Nos employés sont des créateurs d’animation. Leurs besoins sont différents. La convivialité, le calme, l’espace de repos et d’échanges sont vitaux pour eux», explique Nouha Bahsine, directrice administrative et financière d’Ubisoft Maroc. Et d’ajouter: «Casa Shore nous offre un environnement parfait pour exercer le métier que nous faisons».
En effet, loin du stress, en période de manque d’idées ou d’imagination, il suffit de faire un tour dehors, où verdure et ambiance jeune s’accommodent parfaitement. Les 53 hectares du parc sont entièrement boisés et, malgré la présence des engins de construction, la verdure est de rigueur. Il faut signaler, toutefois, que d’autres éléments, beaucoup plus incitatifs, expliquent le choix de bon nombre d’entreprises de s’installer dans cette zone. En premier lieu, la fiscalité. En effet, le taux effectif de l’IR est à 20% et l’IS à 0% durant les cinq premières années d’activité de l’entreprise. Au-delà, cette dernière bénéficie d’un abattement de 50%. Il y a cependant une condition. Pour bénéficier de ces mesures, l’entreprise doit réaliser 90% de son chiffre d’affaires à l’export.
Le loyer mensuel des plateaux tourne autour de 100 dirhams le mètre carré, taxes et charges locatives comprises, ce qui est fortement intéressant. D’autant plus que la superficie minimale des espaces loués est de 500 mètres carrés. Les formations sont prises en charge par le gestionnaire du parc, à hauteur de 65.000 dirhams par personne, ce qui n’est pas forcément avantageux pour les locataires. Ubisoft, par exemple, a préféré externaliser la formation de ses employés, à cause de la cherté de l’offre de Casa Shore. Et cela, bien que la première promotion ait été prise en charge au sein de Casa Shore. Cette année, la formation est assurée par un prestataire extérieur à la zone.
Des soucis d’adaptation
Si l’appréciation globale du site reste mitigée, l’enthousiasme des entreprises nouvellement installées est bien présent. Néanmoins, passer d’un univers de travail classique à un environnement tout à fait différent, n’est pas sans créer des soucis d’adaptation. «Il est prématuré, à notre niveau, de parler de l’appréciation exacte de ce nouvel environnement chez nos employés, la période de transition est toujours en cours. Ils cherchent encore leurs repères», note un directeur des Ressources Humaines d’une entreprise sur place. Mais, les premières impressions se dégagent déjà chez bon nombre d’employés, qui, semble-il, n’ont pas vécu la galère des premiers arrivants. Au moment de son lancement il y a deux ans, Casa Shore souffrait d’un manque d’infrastructures au niveau du transport, de la restauration et tous les espaces n’étaient pas à 100% aménagés. Le groupe Nestlé, qui s’est installé il y a à peine un mois, commence à s’adapter au nouveau style de travail, dû notamment à l’open space.
En effet, cette nouvelle structure n’est pas toujours facile à vivre, car l’absence d’intimité impose une nouvelle façon de travailler. «Dans notre ancien local, les espaces de travail n’étaient pas répartis équitablement, ce qui avait tendance à créer un environnement déséquilibré. Avec ce nouvel espace, nous sommes beaucoup mieux», explique Rachid Khattate, directeur d’affaires chez Nestlé Maghreb. «En emménageant à Casa Shore, on a donné forme à une entité qui existait déjà, Nestlé Maghreb. Celle-ci gère les activités BTO Maroc, Algérie et Tunisie», note Khattate. Nestlé est en effet la holding qui gère le marketing, la logistique, les ressources humaines, la stratégie de développement et même la comptabilité des entités de la marque dans les trois pays. Les trois plateaux, totalisant 2.100 m2, ont donc permis à Nestlé Maghreb de capitaliser sur ses nouvelles missions et de regrouper son effectif sur un même emplacement.
Chez Finatech, également installée depuis peu, le premier avantage est l’aisance et l’efficacité de la collaboration. «Le grand espace nous a permis de regrouper toutes les filiales. Physiquement, c’est très pratique. Cela facilite les rencontres entre les collaborateurs», note un responsable de la holding. En effet, auparavant, les filiales de Finatech étaient dispersées un peu partout. Actuellement, elles sont dans un même espace. A la tombée de la nuit, Casa Shore baigne dans la lumière, avec ses immeubles en verre. Avec les enseignes de différentes nationalités qu’elle a attirées, la zone n’a pas seulement réussi à viabiliser le projet offshore du Maroc. Elle est en train de devenir un espace de melting pot. Y travailler, c’est se frotter à toutes les cultures.
Par Sabrina Belhouari
Aux premiers abords, Casa Shore paraît comme une ville futuriste. La population, jeune, d’une moyenne d’âge de 30 ans, est révélatrice de l’esprit de motivation et d’enthousiasme qui règne au sein de la zone. L’aménagement de l’espace est savamment étudié et crée un environnement professionnel. S’installer dans cet espace est intéressant à plusieurs égards, que ce soit en termes du coût au mètre carré, des infrastructures télécoms ou des services et de la gestion.
Plus encore, l’image moderniste du parc est à l’avantage des sociétés, surtout vis-à-vis de leurs clients. Et, même si l’aménagement des deux tranches réalisées à ce jour n’est pas encore finalisé, MedZ, le gestionnaire du site, affirme que plus de 90% des plateaux sont déjà pris. Des noms comme Dell, Bull ou Cap Gemini ont déjà une place dans ce milieu avant-gardiste. L’autre particularité de Casa Shore est la prise en charge des gens et ce, dès leur entrée au parc. Car, ce dernier est parfaitement sécurisé. Ce qui crée un environnement serein à l’intérieur. «Nos visiteurs doivent être identifiés avant d’accéder au parc», glisse un chef d’entreprise. Le parking est mis à la disposition des entreprises à leur demande. Un restaurant et un café donnent un aspect convivial, permettant un espace d’échanges entre les employés des divers horizons. Ce sont des lieux, où se montent les affaires par excellence. Assis autour d’un café ou d’un repas, des cadres de différentes entreprises discutent. On griffonne des schémas sur un bout de papier, on s’échange des cartes de visite, des informations, des indiscrétions...
Une petite ville
Bref, l’espace, conçu à l’américaine, grouille de vie et d’opportunités de business. Il y a également un certain nombre d’avantages qui peuvent paraître symboliques mais si importants. Des banques ont ouvert leur agence au sein même du parc, à l’image de la Banque Populaire, Crédit du Maroc, Attijariwafabank, BMCI et CIH. D’autres commerces et services sont en cours d’installation. «D’ici fin 2010, bureaux de tabac, espace presse, pressing, cabinet médical, fitness et crèche seront mis à la disposition des usagers du parc», affirme Hassan Tegmousse, directeur du parc. Une sorte de petite ville, où tous les besoins de travail et de bien-être seront assurés.
Casa Shore, avant et après
Nul doute, Casa Shore a grandi. Une année est passée pour ses premiers locataires. HPS, l’un des premiers à s’être installé, affiche sa satisfaction. «Nous sommes dans un environnement similaire à celui que l’on peut trouver à l’étranger. Le Maroc n’a rien à envier à des pays connus dans le secteur de l’offshoring, comme l’Inde, le Singapour ou l’Indonésie», explique Brahim Berrada, directeur du pôle administratif et financier à HPS. L’entreprise, spécialisée dans le développement de logiciels dans la monétique, tire un avantage certain à travers Casa Shore. D’abord, en termes d’espace, puisque le développement de l’activité a nécessité une augmentation de l’effectif. Installée sur deux étages, HPS offre, de ce fait, à ses collaborateurs un climat convivial pour le travail. Des salles pour la formation, des plateformes, où l’open space est de rigueur pour une communication fluide. D’autre part, de par la nature de son métier, HPS est en connexion continue avec ses clients à l’étranger. L’infrastructure télécoms, entièrement gérée par Oteo, la filiale de Wana, est, de ce fait, très avantageuse. «HPS a réussi, depuis son installation au Casa Shore, à réaliser une économie de l’ordre de 20% sur sa facture de communication», note Brahim Berrada. Cela est d’ailleurs le cas de dizaines d’autres entreprises, logées à la même enseigne.
Mais ce n’est pas tout. D’autres entreprises font part d’autres avantages, liés à l’environnement spécifique de leur travail. Ubisoft, spécialisée dans la création d’animation pour jeux vidéo, fait partie des premiers locataires. «Nos employés sont des créateurs d’animation. Leurs besoins sont différents. La convivialité, le calme, l’espace de repos et d’échanges sont vitaux pour eux», explique Nouha Bahsine, directrice administrative et financière d’Ubisoft Maroc. Et d’ajouter: «Casa Shore nous offre un environnement parfait pour exercer le métier que nous faisons».
En effet, loin du stress, en période de manque d’idées ou d’imagination, il suffit de faire un tour dehors, où verdure et ambiance jeune s’accommodent parfaitement. Les 53 hectares du parc sont entièrement boisés et, malgré la présence des engins de construction, la verdure est de rigueur. Il faut signaler, toutefois, que d’autres éléments, beaucoup plus incitatifs, expliquent le choix de bon nombre d’entreprises de s’installer dans cette zone. En premier lieu, la fiscalité. En effet, le taux effectif de l’IR est à 20% et l’IS à 0% durant les cinq premières années d’activité de l’entreprise. Au-delà, cette dernière bénéficie d’un abattement de 50%. Il y a cependant une condition. Pour bénéficier de ces mesures, l’entreprise doit réaliser 90% de son chiffre d’affaires à l’export.
Le loyer mensuel des plateaux tourne autour de 100 dirhams le mètre carré, taxes et charges locatives comprises, ce qui est fortement intéressant. D’autant plus que la superficie minimale des espaces loués est de 500 mètres carrés. Les formations sont prises en charge par le gestionnaire du parc, à hauteur de 65.000 dirhams par personne, ce qui n’est pas forcément avantageux pour les locataires. Ubisoft, par exemple, a préféré externaliser la formation de ses employés, à cause de la cherté de l’offre de Casa Shore. Et cela, bien que la première promotion ait été prise en charge au sein de Casa Shore. Cette année, la formation est assurée par un prestataire extérieur à la zone.
Des soucis d’adaptation
Si l’appréciation globale du site reste mitigée, l’enthousiasme des entreprises nouvellement installées est bien présent. Néanmoins, passer d’un univers de travail classique à un environnement tout à fait différent, n’est pas sans créer des soucis d’adaptation. «Il est prématuré, à notre niveau, de parler de l’appréciation exacte de ce nouvel environnement chez nos employés, la période de transition est toujours en cours. Ils cherchent encore leurs repères», note un directeur des Ressources Humaines d’une entreprise sur place. Mais, les premières impressions se dégagent déjà chez bon nombre d’employés, qui, semble-il, n’ont pas vécu la galère des premiers arrivants. Au moment de son lancement il y a deux ans, Casa Shore souffrait d’un manque d’infrastructures au niveau du transport, de la restauration et tous les espaces n’étaient pas à 100% aménagés. Le groupe Nestlé, qui s’est installé il y a à peine un mois, commence à s’adapter au nouveau style de travail, dû notamment à l’open space.
En effet, cette nouvelle structure n’est pas toujours facile à vivre, car l’absence d’intimité impose une nouvelle façon de travailler. «Dans notre ancien local, les espaces de travail n’étaient pas répartis équitablement, ce qui avait tendance à créer un environnement déséquilibré. Avec ce nouvel espace, nous sommes beaucoup mieux», explique Rachid Khattate, directeur d’affaires chez Nestlé Maghreb. «En emménageant à Casa Shore, on a donné forme à une entité qui existait déjà, Nestlé Maghreb. Celle-ci gère les activités BTO Maroc, Algérie et Tunisie», note Khattate. Nestlé est en effet la holding qui gère le marketing, la logistique, les ressources humaines, la stratégie de développement et même la comptabilité des entités de la marque dans les trois pays. Les trois plateaux, totalisant 2.100 m2, ont donc permis à Nestlé Maghreb de capitaliser sur ses nouvelles missions et de regrouper son effectif sur un même emplacement.
Chez Finatech, également installée depuis peu, le premier avantage est l’aisance et l’efficacité de la collaboration. «Le grand espace nous a permis de regrouper toutes les filiales. Physiquement, c’est très pratique. Cela facilite les rencontres entre les collaborateurs», note un responsable de la holding. En effet, auparavant, les filiales de Finatech étaient dispersées un peu partout. Actuellement, elles sont dans un même espace. A la tombée de la nuit, Casa Shore baigne dans la lumière, avec ses immeubles en verre. Avec les enseignes de différentes nationalités qu’elle a attirées, la zone n’a pas seulement réussi à viabiliser le projet offshore du Maroc. Elle est en train de devenir un espace de melting pot. Y travailler, c’est se frotter à toutes les cultures.
Par Sabrina Belhouari
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