M. Karim Djoudi : “Le Nouveau Système Comptable Financier assure une plus grande transparence des états financiers”
Entré en vigueur en janvier 2010, le Nouveau Système Comptable Financier, qui s'inspire fortement des normes internationales, assure une ''plus grande transparence'' et une ''présentation plus lisible des états financiers'', selon les explications du ministre des Finances, M. Karim Djoudi, dans une interview accordée hier, à l'APS sur ce nouveau dispositif. Accordant la primauté de l'économique sur le juridique, ce système comptable sera appliqué à l'ensemble des secteurs économiques afin de permettre aux entreprises de l'utiliser et de pouvoir mesurer leur performance au niveau national et international, souligne le ministre. Voici l'intégral de l'interview :
Monsieur le Ministre, un communiqué de votre département confirme l'entrée en vigueur du nouveau Système Comptable Financier, et ce, après son report. Quelle est la portée de ce nouveau plan comptable et qu'apporte-t-il de plus à l'économie algérienne ?
Je tiens tout d'abord à rappeler que le nouveau système comptable financier avait été finalisé et validé par le Conseil National de la Comptabilité en juillet 2004. Sa mise en forme juridique puis son passage par les diverses phases requises par son adoption par le Parlement ont abouti à sa promulgation pour le Président de la République en novembre 2007 pour être appliqué à compter de janvier 2009, soit une année après sa publication au Journal Officiel.
Par ailleurs, l'ensemble des textes d'application ont été publiés et largement diffusés. Le report de son application au 1er janvier 2010 est intervenu par souci de donner plus de temps à toutes les parties concernées pour préparer le passage aux nouvelles règles dans de bonnes conditions, en organisant notamment des actions de sensibilisation et de formation au profit des personnels comptables comme des responsables.
Cette réforme, mise en œuvre à compter de janvier 2010, dépasse le cadre d'une simple actualisation du Plan comptable national En s'élargissant au développement d'un véritable système comptable financier qui traite de l'information économique et financière dans sa globalité et selon des critères qualitatifs qui devront aider les utilisateurs intéressés et les partenaires économiques dans leur prise de décisions.
Le nouveau socle conceptuel auquel est adossé ce système et qui est compatible avec les normes internationales, définit de manière plus précise les concepts, les principes comptables et les règles d'évaluation et de comptabilisation à respecter, que ce soit en matière de tenue des comptabilités ou de production et de publication d'informations de qualité, reflétant la véritable situation économique et financière des entreprises et utiles pour tous les utilisateurs des états financiers des entreprises.
Je dois ajouter enfin qu'au plan macro-économique, le nouveau système comptable devra également aider à produire des données pertinentes et qui pourront être exploitées par la comptabilité nationale et l'appareil statistique.
Avant d'aborder les questions techniques sur ce système comptable, pouvez-vous nous donner les raisons qui ont milité pour l'adoption du nouveau système conforme aux normes comptables internationales ?
Il faudrait rappeler que le système comptable mondial est fondé sur deux écoles: l'anglo-saxonne et la continentale (européenne). L'Algérie appliquait le système français de 1957 jusqu'en 1975 date de la publication du Plan Comptable National et depuis, aucun changement n'a été apporté alors que beaucoup d'opérations économiques et financières se sont développées dans notre pays.
Aujourd'hui, une réforme est devenue nécessaire et vise la modernisation et l'adaptation au nouveau contexte du système comptable régissant les entités soumises à la comptabilité ainsi que la prise en charge des changements intervenus dans la sphère économique depuis 1975. Le PCN de 1975 était caractérisé par l'absence de normalisation dans certains domaines tels que les opérations de crédit-bail, la comptabilisation des contrats à long terme, la comptabilisation des concessions de service public, la comptabilisation des régimes d'association et des opérations faites pour le compte de tiers et le retraitement des subventions publiques.
Le nouveau système comptable financier est conforme aux normes comptables internationales, était-ce un choix délibéré ou une obligation pour notre pays ?
Il faut savoir qu'aujourd'hui plus de 120 pays ont adopté les normes comptables internationales alors qu'ils ont des systèmes économiques différents. L'objectif est de promouvoir un jeu unique de normes comptables, de garantir un degré élevé de transparence et d'assurer la comparabilité de l'information financière.
D'autre part, il faut rappeler qu'en 2002, lors de la réunion du NEPAD à Durban (Afrique du Sud), tous les Chefs d'Etat et de gouvernement avaient adopté huit Codes dont celui relatif à l'application par les pays d'Afrique des Normes Comptables
Internationales et des Normes Internationales d'Audit. Lors de cette réunion avaient été approuvés les principes sur les systèmes de paiement, les recommandations pour lutter contre le blanchiment d'argent et la corruption, et les principes de base pour la surveillance des marches financiers et du secteur de l'assurance.
L'Algérie a transposé ces principes dans les lois qui viennent d'être promulguées. Dans le rapport sur l'état de mise en oeuvre du programme d'action national en matière de gouvernance pour le NEPAD de novembre 2008, l'Algérie a bien précisé que le nouveau système comptable financier conforme aux normes comptables internationales sera appliqué à compter du 1er janvier 2010. D'autres instances internationales préconisent aux pays membres l'adoption des normes comptables internationales telles que la CNUCED, l'IOSCO (organisation internationale des commissions de valeurs), l'OMC, le Comité de Bâle II.
Une enquête lancée par l'ONS a fait ressortir que 87% des entités questionnées considèrent que les états financiers auront une meilleurs lisibilité, 74% considèrent que l'information financière et comptable sera plus pertinente et enfin 89% estiment que l'information comptable sera plus adaptée aux normes internationales et, par conséquent, s'apprêtera mieux à la comparabilité internationale.
La crise financière mondiale a fait resurgir le débat sur l'application des normes comptables internationales au niveau du G20. Qu'en est-il au juste et quelles sont les conséquences sur les normes comptables algériennes ?
Effectivement, les discussions du G20 sur la crise mondiale ont traité aussi la question de la normalisation comptable et certaines recommandations ont été faites et notamment celles relatives à la réforme de la gouvernance de l'IASB (Comité des normes comptables internationales), l'amélioration de la cohérence entre les normes comptables internationales et les règles prudentielles édictées par les Banques Centrales, faire converger les normes comptables internationales et américaines et enfin faire converger les normes d'audit nationales vers les normes d'audit internationales.
Le G20, dans sa déclaration finale, a proposé de revoir les normes comptables internationales relatives à la valorisation des instruments financiers en réaffirmant le cadre de la comptabilisation à la juste valeur qui est prévue par notre nouveau système comptable financier. Le G20 demande que des efforts soient soutenus dans le monde pour parvenir à un ensemble unique des normes comptables internationales de grande qualité.
L'Algérie s'inscrit parfaitement dans les recommandations de réformes comptables mais aussi dans le cadre de Bâle II concernant les règles prudentielles.
Entré en vigueur en janvier 2010, le Nouveau Système Comptable Financier, qui s'inspire fortement des normes internationales, assure une ''plus grande transparence'' et une ''présentation plus lisible des états financiers'', selon les explications du ministre des Finances, M. Karim Djoudi, dans une interview accordée hier, à l'APS sur ce nouveau dispositif. Accordant la primauté de l'économique sur le juridique, ce système comptable sera appliqué à l'ensemble des secteurs économiques afin de permettre aux entreprises de l'utiliser et de pouvoir mesurer leur performance au niveau national et international, souligne le ministre. Voici l'intégral de l'interview :
Monsieur le Ministre, un communiqué de votre département confirme l'entrée en vigueur du nouveau Système Comptable Financier, et ce, après son report. Quelle est la portée de ce nouveau plan comptable et qu'apporte-t-il de plus à l'économie algérienne ?
Je tiens tout d'abord à rappeler que le nouveau système comptable financier avait été finalisé et validé par le Conseil National de la Comptabilité en juillet 2004. Sa mise en forme juridique puis son passage par les diverses phases requises par son adoption par le Parlement ont abouti à sa promulgation pour le Président de la République en novembre 2007 pour être appliqué à compter de janvier 2009, soit une année après sa publication au Journal Officiel.
Par ailleurs, l'ensemble des textes d'application ont été publiés et largement diffusés. Le report de son application au 1er janvier 2010 est intervenu par souci de donner plus de temps à toutes les parties concernées pour préparer le passage aux nouvelles règles dans de bonnes conditions, en organisant notamment des actions de sensibilisation et de formation au profit des personnels comptables comme des responsables.
Cette réforme, mise en œuvre à compter de janvier 2010, dépasse le cadre d'une simple actualisation du Plan comptable national En s'élargissant au développement d'un véritable système comptable financier qui traite de l'information économique et financière dans sa globalité et selon des critères qualitatifs qui devront aider les utilisateurs intéressés et les partenaires économiques dans leur prise de décisions.
Le nouveau socle conceptuel auquel est adossé ce système et qui est compatible avec les normes internationales, définit de manière plus précise les concepts, les principes comptables et les règles d'évaluation et de comptabilisation à respecter, que ce soit en matière de tenue des comptabilités ou de production et de publication d'informations de qualité, reflétant la véritable situation économique et financière des entreprises et utiles pour tous les utilisateurs des états financiers des entreprises.
Je dois ajouter enfin qu'au plan macro-économique, le nouveau système comptable devra également aider à produire des données pertinentes et qui pourront être exploitées par la comptabilité nationale et l'appareil statistique.
Avant d'aborder les questions techniques sur ce système comptable, pouvez-vous nous donner les raisons qui ont milité pour l'adoption du nouveau système conforme aux normes comptables internationales ?
Il faudrait rappeler que le système comptable mondial est fondé sur deux écoles: l'anglo-saxonne et la continentale (européenne). L'Algérie appliquait le système français de 1957 jusqu'en 1975 date de la publication du Plan Comptable National et depuis, aucun changement n'a été apporté alors que beaucoup d'opérations économiques et financières se sont développées dans notre pays.
Aujourd'hui, une réforme est devenue nécessaire et vise la modernisation et l'adaptation au nouveau contexte du système comptable régissant les entités soumises à la comptabilité ainsi que la prise en charge des changements intervenus dans la sphère économique depuis 1975. Le PCN de 1975 était caractérisé par l'absence de normalisation dans certains domaines tels que les opérations de crédit-bail, la comptabilisation des contrats à long terme, la comptabilisation des concessions de service public, la comptabilisation des régimes d'association et des opérations faites pour le compte de tiers et le retraitement des subventions publiques.
Le nouveau système comptable financier est conforme aux normes comptables internationales, était-ce un choix délibéré ou une obligation pour notre pays ?
Il faut savoir qu'aujourd'hui plus de 120 pays ont adopté les normes comptables internationales alors qu'ils ont des systèmes économiques différents. L'objectif est de promouvoir un jeu unique de normes comptables, de garantir un degré élevé de transparence et d'assurer la comparabilité de l'information financière.
D'autre part, il faut rappeler qu'en 2002, lors de la réunion du NEPAD à Durban (Afrique du Sud), tous les Chefs d'Etat et de gouvernement avaient adopté huit Codes dont celui relatif à l'application par les pays d'Afrique des Normes Comptables
Internationales et des Normes Internationales d'Audit. Lors de cette réunion avaient été approuvés les principes sur les systèmes de paiement, les recommandations pour lutter contre le blanchiment d'argent et la corruption, et les principes de base pour la surveillance des marches financiers et du secteur de l'assurance.
L'Algérie a transposé ces principes dans les lois qui viennent d'être promulguées. Dans le rapport sur l'état de mise en oeuvre du programme d'action national en matière de gouvernance pour le NEPAD de novembre 2008, l'Algérie a bien précisé que le nouveau système comptable financier conforme aux normes comptables internationales sera appliqué à compter du 1er janvier 2010. D'autres instances internationales préconisent aux pays membres l'adoption des normes comptables internationales telles que la CNUCED, l'IOSCO (organisation internationale des commissions de valeurs), l'OMC, le Comité de Bâle II.
Une enquête lancée par l'ONS a fait ressortir que 87% des entités questionnées considèrent que les états financiers auront une meilleurs lisibilité, 74% considèrent que l'information financière et comptable sera plus pertinente et enfin 89% estiment que l'information comptable sera plus adaptée aux normes internationales et, par conséquent, s'apprêtera mieux à la comparabilité internationale.
La crise financière mondiale a fait resurgir le débat sur l'application des normes comptables internationales au niveau du G20. Qu'en est-il au juste et quelles sont les conséquences sur les normes comptables algériennes ?
Effectivement, les discussions du G20 sur la crise mondiale ont traité aussi la question de la normalisation comptable et certaines recommandations ont été faites et notamment celles relatives à la réforme de la gouvernance de l'IASB (Comité des normes comptables internationales), l'amélioration de la cohérence entre les normes comptables internationales et les règles prudentielles édictées par les Banques Centrales, faire converger les normes comptables internationales et américaines et enfin faire converger les normes d'audit nationales vers les normes d'audit internationales.
Le G20, dans sa déclaration finale, a proposé de revoir les normes comptables internationales relatives à la valorisation des instruments financiers en réaffirmant le cadre de la comptabilisation à la juste valeur qui est prévue par notre nouveau système comptable financier. Le G20 demande que des efforts soient soutenus dans le monde pour parvenir à un ensemble unique des normes comptables internationales de grande qualité.
L'Algérie s'inscrit parfaitement dans les recommandations de réformes comptables mais aussi dans le cadre de Bâle II concernant les règles prudentielles.
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