En caractères arabes noir et sépia, dans un cadre de plus d'un mètre de côté, ce verset du Coran orne le bureau du président d'Investcorp, Nemir Kirdar : Il faut demander à Dieu de toujours vous maintenir dans le droit chemin .
Il rappelle au visiteur les racines de l'entreprise, qu'abrite un hôtel particulier situé dans l'élégant quartier de Mayfair, à Londres. Un groupe inconnu du grand public mais observé avec un rien d'envie par toutes les banques d'affaires internationales en raison de ses résultats - un taux de retour moyen de 28,3 % par an sur les neuf dernières années - et du contenu prestigieux de son portefeuille d'investissements : Tiffany, Gucci, Chaumet, Saks Fifth Avenue...
Tout commence il y a dix ans, quand Nemir Kirdar fonde à Bahreïn, avec trois de ses amis, The Arabian Investment Banking Corporation, devenue plus tard Investcorp. Irakien d'origine turkmène, d'une famille d'hommes politiques et d'avocats, Kirdar partage sa jeunesse entre son Irak natal et les Etats-Unis, où il étudie et fait ses premières armes dans les affaires. En 1974, après le premier choc pétrolier, la Chase Manhattan l'envoie dans le Golfe pour y diriger ses opérations : il va nouer de solides amitiés avec les autres banquiers de la place, et surtout, grâce à ses origines familiales, tisser un réseau de relations étroites avec les grandes familles locales.
Ainsi naîtra Investcorp : ces nouvelles fortunes, issues de la hausse du pétrole, cherchent à investir à moyen terme selon une stratégie cohérente - alors que la plupart des banques occidentales installées là-bas ne leur proposent que des placements au coup par coup. Kirdar met au point son système : regrouper un petit noyau d'actionnaires, prendre des participations - essentiellement dans des entreprises occidentales non cotées -, refinancer ces acquisitions en les plaçant chez des clients prêts à prendre un ticket de 1 million de dollars, et réinvestir les bénéfices réalisés.
Au départ, il engrange 50 millions de dollars, versés par tout le gotha des six pays du Golfe : 355 personnalités, dont une trentaine de membres des familles royales d'Arabie Saoudite et de Bahreïn, Cheikh Yamani, des institutions comme la Banque de Dubaï ou la Banque nationale du Qatar... La présidence de la firme sera assumée par l'ancien ministre des Finances du Koweït, Abdul Rahman Salim al-Ateeqi.
Depuis, les actionnaires se sont multipliés (ils sont aujourd'hui 11 000 environ), à la faveur d'une introduction à la Bourse de Bahreïn en 1983 et d'une augmentation de capital en 1986. Actuellement, 47,5 % du capital sont répartis dans le public, le groupe des vingt (les fondateurs) en détient 15 %, et le management 37,5 %. On a en effet, au départ, donné la possibilité d'investir aux cadres dirigeants.
Car, si l'argent ne manquait pas, l'ambitieux Irakien devait trouver et motiver des virtuoses de la finance. Il y en avait à la Chase Manhattan Bank : son patron, Bill Flanz, Michael Merritt (aujourd'hui directeur administratif d'Investcorp) et Elias Hallack (directeur financier); ou dans d'autres banques au Moyen-Orient comme Cem Cesmig (responsable des investissements en Europe), transfuge de Bankers Trust.
UNE TOUR DE BABEL. Dix ans plus tard, le groupe compte 170 personnes de par le monde, dont 65 professionnels de haut vol, connus pour leur rapidité d'action, et spécialistes des quatre champs d'activité d'Investcorp : l'investissement dans les entreprises, l'immobilier, le trading sur les marchés des changes et de capitaux (une activité lancée il y a dix-huit mois) et la gestion de fonds. Les trois bureaux d'Investcorp - à Bahreïn, à New York et à Londres - constituent de véritables tours de Babel, peuplées d'Américains, d'Anglais, de Turcs, d'Allemands, de Libanais, de Palestiniens, de Bahreïnis...
Si chacun a son domaine de prédilection, l'organisation est très collégiale : Nous sommes contre le star-system, contre la bureaucratie et la hiérarchie , explique Cem Cesmig, un Turc qui a commencé ses études à la communale de Neuilly et les a poursuivies en Suisse et à Chicago.
Nemir Kirdar a dans son bureau un mobile de métal : des hommes poussent des rouages qui font tourner inlassablement l'ensemble.
C'est le symbole de notre travail : si l'un s'arrête, toute la machine est stoppée , explique-t-il. La chaîne d'Investcorp comporte quatre temps : acheter un actif, le placer auprès des clients et le restructurer, le gérer efficacement pour en augmenter la valeur, enfin le revendre avec une plus-value substantielle. Le système a jusqu'à présent très bien fonctionné, même si la guerre du Golfe a provoqué en 1991 un fléchissement. Dans les années 80, le retour sur investissement a été de 60 à 70 %.
Dans les années 90, il sera plus modeste, aux alentours de 15 % , indique Cem Cesmig. En neuf ans, Investcorp a conclu 45 transactions, dont une trentaine dans des entreprises (80 % aux Etats-Unis, le reste en Europe), soit un investissement total de 8,5 milliards de dollars. Bilan : 241 millions de dollars de bénéfices pour les actionnaires, et 290 pour les clients.
La suite...
Il rappelle au visiteur les racines de l'entreprise, qu'abrite un hôtel particulier situé dans l'élégant quartier de Mayfair, à Londres. Un groupe inconnu du grand public mais observé avec un rien d'envie par toutes les banques d'affaires internationales en raison de ses résultats - un taux de retour moyen de 28,3 % par an sur les neuf dernières années - et du contenu prestigieux de son portefeuille d'investissements : Tiffany, Gucci, Chaumet, Saks Fifth Avenue...
Tout commence il y a dix ans, quand Nemir Kirdar fonde à Bahreïn, avec trois de ses amis, The Arabian Investment Banking Corporation, devenue plus tard Investcorp. Irakien d'origine turkmène, d'une famille d'hommes politiques et d'avocats, Kirdar partage sa jeunesse entre son Irak natal et les Etats-Unis, où il étudie et fait ses premières armes dans les affaires. En 1974, après le premier choc pétrolier, la Chase Manhattan l'envoie dans le Golfe pour y diriger ses opérations : il va nouer de solides amitiés avec les autres banquiers de la place, et surtout, grâce à ses origines familiales, tisser un réseau de relations étroites avec les grandes familles locales.
Ainsi naîtra Investcorp : ces nouvelles fortunes, issues de la hausse du pétrole, cherchent à investir à moyen terme selon une stratégie cohérente - alors que la plupart des banques occidentales installées là-bas ne leur proposent que des placements au coup par coup. Kirdar met au point son système : regrouper un petit noyau d'actionnaires, prendre des participations - essentiellement dans des entreprises occidentales non cotées -, refinancer ces acquisitions en les plaçant chez des clients prêts à prendre un ticket de 1 million de dollars, et réinvestir les bénéfices réalisés.
Au départ, il engrange 50 millions de dollars, versés par tout le gotha des six pays du Golfe : 355 personnalités, dont une trentaine de membres des familles royales d'Arabie Saoudite et de Bahreïn, Cheikh Yamani, des institutions comme la Banque de Dubaï ou la Banque nationale du Qatar... La présidence de la firme sera assumée par l'ancien ministre des Finances du Koweït, Abdul Rahman Salim al-Ateeqi.
Depuis, les actionnaires se sont multipliés (ils sont aujourd'hui 11 000 environ), à la faveur d'une introduction à la Bourse de Bahreïn en 1983 et d'une augmentation de capital en 1986. Actuellement, 47,5 % du capital sont répartis dans le public, le groupe des vingt (les fondateurs) en détient 15 %, et le management 37,5 %. On a en effet, au départ, donné la possibilité d'investir aux cadres dirigeants.
Car, si l'argent ne manquait pas, l'ambitieux Irakien devait trouver et motiver des virtuoses de la finance. Il y en avait à la Chase Manhattan Bank : son patron, Bill Flanz, Michael Merritt (aujourd'hui directeur administratif d'Investcorp) et Elias Hallack (directeur financier); ou dans d'autres banques au Moyen-Orient comme Cem Cesmig (responsable des investissements en Europe), transfuge de Bankers Trust.
UNE TOUR DE BABEL. Dix ans plus tard, le groupe compte 170 personnes de par le monde, dont 65 professionnels de haut vol, connus pour leur rapidité d'action, et spécialistes des quatre champs d'activité d'Investcorp : l'investissement dans les entreprises, l'immobilier, le trading sur les marchés des changes et de capitaux (une activité lancée il y a dix-huit mois) et la gestion de fonds. Les trois bureaux d'Investcorp - à Bahreïn, à New York et à Londres - constituent de véritables tours de Babel, peuplées d'Américains, d'Anglais, de Turcs, d'Allemands, de Libanais, de Palestiniens, de Bahreïnis...
Si chacun a son domaine de prédilection, l'organisation est très collégiale : Nous sommes contre le star-system, contre la bureaucratie et la hiérarchie , explique Cem Cesmig, un Turc qui a commencé ses études à la communale de Neuilly et les a poursuivies en Suisse et à Chicago.
Nemir Kirdar a dans son bureau un mobile de métal : des hommes poussent des rouages qui font tourner inlassablement l'ensemble.
C'est le symbole de notre travail : si l'un s'arrête, toute la machine est stoppée , explique-t-il. La chaîne d'Investcorp comporte quatre temps : acheter un actif, le placer auprès des clients et le restructurer, le gérer efficacement pour en augmenter la valeur, enfin le revendre avec une plus-value substantielle. Le système a jusqu'à présent très bien fonctionné, même si la guerre du Golfe a provoqué en 1991 un fléchissement. Dans les années 80, le retour sur investissement a été de 60 à 70 %.
Dans les années 90, il sera plus modeste, aux alentours de 15 % , indique Cem Cesmig. En neuf ans, Investcorp a conclu 45 transactions, dont une trentaine dans des entreprises (80 % aux Etats-Unis, le reste en Europe), soit un investissement total de 8,5 milliards de dollars. Bilan : 241 millions de dollars de bénéfices pour les actionnaires, et 290 pour les clients.
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