Citation:
Qui veut la peau de Dubai ?
On a assisté ces dernières semaines à une tempête médiatico-financière sur Dubai où la faillite de l’émirat était omniprésente même à la télé. Or ce fut une tempête (pas de sable) dans un verre d’eau, le Président du Comité budgétaire de Dubaï, a pourtant exhorté les médias à ne pas confondre la dette de Dubai World concernant notamment la partie immobilière Nakheel et celle du gouvernement de Dubaï, précisant que les dettes de ce dernier étaient pratiquement nulles. Le ministre émirati du Commerce Sultan ben Saïd al-Mansouri a assuré que les dettes du conglomérat Dubai World n’allaient pas ébranler l’économie de l’émirat et a déploré la "campagne médiatique" visant la fédération des Émirats arabes unis.
Étrange que Dubai ne laisse pas indifférent et soit le creuset de toutes les critiques. La majorité des médias reprenaient en cœur les mêmes mots, les mêmes expressions ; " démesure", "pharaonique", " projets fous" , "émirat de sable, " mirage dans le désert", "un empire qui s’écroule " etc ... sans avoir même pris parfois la peine d’en savoir plus. Qui en veut en Dubai ? et pourquoi ?
Certains milieux cherchent clairement à fragiliser l’émirat et le succès qu’il a bâti comme centre de la finance et du commerce au Moyen-Orient, véritable pôle d’attraction d’investissements étrangers. « Beaucoup sont envieux de la réussite Dubai ses dernières années » précise un haut responsable du groupe Arabtec.
Même les Bourses de Dubaï et d’Abou Dhabi se sont ressaisies dimanche après des pertes en début de semaine, clôturant en hausse pour la première fois depuis l’annonce des difficultés financières de Dubaï World. « Il est surprenant que la Bourse de Dubaï remonte. Le marché ne s’attendait pas à une reprise rapide à Dubaï. Cela montre que nombre d’investisseurs sont désormais convaincus que la campagne médiatique sur la dette de Dubai était exagérée » a commenté l’analyste financier d’Al-Fajr Securities, Houmam al-Shamaa.
En moins d’une décennie, Dubai a su ériger une ville du futur avec des infrastructures haut de gamme ; métro, aéroport et des pôles universitaires qui attirent les plus grandes universités internationales. Rare sont les médias qui parlent des zones franches qui font le succès de l’émirat ; Dubai Duty Free, Emirates, qui dessert les principales capitales de la planète , le port de Jebel Ali qui draine 20 % du trafic mondial de conteneurs, Dubai Internet City, Dubai Media City, Dubai Maritim City, Dubai Biotech City et Dubai Sicilicon Oasis future Sicilon Valley du monde arabe.
Certes Dubai a voulu aller trop vite et vu trop grand parfois et la crise de septembre 2008 a fait explosé la bulle immobilière. Oui avec la dette de Dubai World, des projets comme The World ou Dubai Waterfront, Palm Deira vont passer à la trappe et c’est tant mieux. Mais on oubli qu’en moins de 10 ans, Dubai a su sortir de terre une véritable Manhattan du désert le long de l’autoroute Skheih Zayed road. Là où l’on crie au génie architecturale comme les grattes ciels de New york, là où l’on loue la croissance chinoise avec certaine hyprocrisie alors que des milliers travailleurs chinois sont payés moins de 100 euros par mois , on critique encore et encore le Burj Dubai pour sa démesure et l’exploitation faite des ouvriers pakistanais pourtant bien mieux payés qu’ailleurs. Dubai n’a fait que s’inspirer des modèles déjà existant que sont les villes mondes New York, Hong Kong, Singapour. Or, point de critique sur ces villes ultralibérales !
Le 4 janvier 2010, Cheikh Mohamed l’émir de Dubai devrait inaugurer Burj Dubai, le plus haut gratte-ciel habité au monde symbole de la renaissance arabe, tout un symbole ! En février 2010, la ligne du métro sera totalement ouverte et le second aéoport international Al maktoum situé à Jebel Ali pourra accueillir les cohortes d’ A380 venus du monde entier.
Finances saines
Je tiens à rassurer tout le monde : notre économie est saine", a déclaré solennellement le président de la fédération des Émirats, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, dans un discours à la nation à la veille de la célébration du 38e anniversaire de la fête nationale du pays. Alors que les analystes reprochent à Dubaï le manque de transparence dans la gestion de la crise, son souverain, cheikh Mohammad ben Rached Al-Maktoum, est sorti de son silence, faisant écho au chef de l’Etat en affirmant que Dubaï était "fort et persévérant", tout en dénonçant une campagne "médiatique tendancieuse". "La crise financière mondiale ne nous poussera pas à hésiter, à reculer ou à désespérer car nous sommes confiants en la capacité de notre peuple et en nos ressources", a affirmé le président émirati.
Un éditorial du quotidien dubaïote, Al-Bayan, relève qu’il « suffirait à Abu Dhabi de réduire sa production pétrolière de 10% pendant deux semaines, pour provoquer une hausse immédiate du baril à 90 dollars qui épongerait la dette en un mois de production ». A cela s’ajoute l’ADIA, le fonds souverain d’Abu Dhabi, considéré comme le plus important du monde et qui, selon l’agence de notation financière Moody’s, « dépasse considérablement à lui seul la dette extérieure du pays ». « Au total, les réserves d’Abu Dhabi sont estimées à au moins 500 milliards de dollars », note un diplomate occidental. Selon des statistiques officielles, le PIB émirati était de 253 milliards de dollars en 2008.
Dans un communiqué, Moody’s estime que l’annonce d’une restructuration de Dubai World et d’une demande d’un moratoire sur sa dette ne devrait "pas menacer" la solidité des finances d’Abou Dhabi et du gouvernement fédéral. "La stabilité macro-économique (des Emirats) est protégée par le statut du pays comme un solide créancier net, réconforté par la richesse pétrolière cumulée d’Abou Dhabi", écrit Tristan Cooper, analyste en chef à Moody’s.
La finance islamique convoitée
La finance islamique attire aussi toutes les convoitises, son domaine couvre quasiment tous les métiers de la banque et gèrent des capitaux d’un montant total estimé à 700 milliards de dollars. Ce gisement immense de liquidités, essentiellement dans les pays pétroliers du Moyen- Orient, grâce notamment à l’envolée du prix de l’or noir, cherche des placements rémunérateurs, mais dans le respect des valeurs et de l’éthique de la loi islamique tirée du Coran et de la charia. Les économies des pays développés, surtout dans le contexte de la crise de la finance mondiale, ont plus que jamais besoin de financements si elles veulent maintenir un certain niveau de croissance dans leurs pays, préserver les emplois dans leurs entreprises et continuer à investir dans les infrastructures de demain. Après Londres, New -York et Paris c’est au tour de Dubai, Manama et Riyad de devenir les places financières mondiales de demain.
Le centre de gravité du monde est en train de basculer vers le Moyen-Orient, véritable interface entre une Europe vieillissante et l’Asie conquérante. En 2020, avec un baril de pétrole plus de 100 dollars, les pays du Golfe auront une puissance financière capable d’impacter l’Europe et les État-Unis ....et c’est cela qui fait peur !
Publié le 7 décembre 2009
Qui veut la peau de Dubai ?
On a assisté ces dernières semaines à une tempête médiatico-financière sur Dubai où la faillite de l’émirat était omniprésente même à la télé. Or ce fut une tempête (pas de sable) dans un verre d’eau, le Président du Comité budgétaire de Dubaï, a pourtant exhorté les médias à ne pas confondre la dette de Dubai World concernant notamment la partie immobilière Nakheel et celle du gouvernement de Dubaï, précisant que les dettes de ce dernier étaient pratiquement nulles. Le ministre émirati du Commerce Sultan ben Saïd al-Mansouri a assuré que les dettes du conglomérat Dubai World n’allaient pas ébranler l’économie de l’émirat et a déploré la "campagne médiatique" visant la fédération des Émirats arabes unis.
Étrange que Dubai ne laisse pas indifférent et soit le creuset de toutes les critiques. La majorité des médias reprenaient en cœur les mêmes mots, les mêmes expressions ; " démesure", "pharaonique", " projets fous" , "émirat de sable, " mirage dans le désert", "un empire qui s’écroule " etc ... sans avoir même pris parfois la peine d’en savoir plus. Qui en veut en Dubai ? et pourquoi ?
Certains milieux cherchent clairement à fragiliser l’émirat et le succès qu’il a bâti comme centre de la finance et du commerce au Moyen-Orient, véritable pôle d’attraction d’investissements étrangers. « Beaucoup sont envieux de la réussite Dubai ses dernières années » précise un haut responsable du groupe Arabtec.
Même les Bourses de Dubaï et d’Abou Dhabi se sont ressaisies dimanche après des pertes en début de semaine, clôturant en hausse pour la première fois depuis l’annonce des difficultés financières de Dubaï World. « Il est surprenant que la Bourse de Dubaï remonte. Le marché ne s’attendait pas à une reprise rapide à Dubaï. Cela montre que nombre d’investisseurs sont désormais convaincus que la campagne médiatique sur la dette de Dubai était exagérée » a commenté l’analyste financier d’Al-Fajr Securities, Houmam al-Shamaa.
En moins d’une décennie, Dubai a su ériger une ville du futur avec des infrastructures haut de gamme ; métro, aéroport et des pôles universitaires qui attirent les plus grandes universités internationales. Rare sont les médias qui parlent des zones franches qui font le succès de l’émirat ; Dubai Duty Free, Emirates, qui dessert les principales capitales de la planète , le port de Jebel Ali qui draine 20 % du trafic mondial de conteneurs, Dubai Internet City, Dubai Media City, Dubai Maritim City, Dubai Biotech City et Dubai Sicilicon Oasis future Sicilon Valley du monde arabe.
Certes Dubai a voulu aller trop vite et vu trop grand parfois et la crise de septembre 2008 a fait explosé la bulle immobilière. Oui avec la dette de Dubai World, des projets comme The World ou Dubai Waterfront, Palm Deira vont passer à la trappe et c’est tant mieux. Mais on oubli qu’en moins de 10 ans, Dubai a su sortir de terre une véritable Manhattan du désert le long de l’autoroute Skheih Zayed road. Là où l’on crie au génie architecturale comme les grattes ciels de New york, là où l’on loue la croissance chinoise avec certaine hyprocrisie alors que des milliers travailleurs chinois sont payés moins de 100 euros par mois , on critique encore et encore le Burj Dubai pour sa démesure et l’exploitation faite des ouvriers pakistanais pourtant bien mieux payés qu’ailleurs. Dubai n’a fait que s’inspirer des modèles déjà existant que sont les villes mondes New York, Hong Kong, Singapour. Or, point de critique sur ces villes ultralibérales !
Le 4 janvier 2010, Cheikh Mohamed l’émir de Dubai devrait inaugurer Burj Dubai, le plus haut gratte-ciel habité au monde symbole de la renaissance arabe, tout un symbole ! En février 2010, la ligne du métro sera totalement ouverte et le second aéoport international Al maktoum situé à Jebel Ali pourra accueillir les cohortes d’ A380 venus du monde entier.
Finances saines
Je tiens à rassurer tout le monde : notre économie est saine", a déclaré solennellement le président de la fédération des Émirats, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, dans un discours à la nation à la veille de la célébration du 38e anniversaire de la fête nationale du pays. Alors que les analystes reprochent à Dubaï le manque de transparence dans la gestion de la crise, son souverain, cheikh Mohammad ben Rached Al-Maktoum, est sorti de son silence, faisant écho au chef de l’Etat en affirmant que Dubaï était "fort et persévérant", tout en dénonçant une campagne "médiatique tendancieuse". "La crise financière mondiale ne nous poussera pas à hésiter, à reculer ou à désespérer car nous sommes confiants en la capacité de notre peuple et en nos ressources", a affirmé le président émirati.
Un éditorial du quotidien dubaïote, Al-Bayan, relève qu’il « suffirait à Abu Dhabi de réduire sa production pétrolière de 10% pendant deux semaines, pour provoquer une hausse immédiate du baril à 90 dollars qui épongerait la dette en un mois de production ». A cela s’ajoute l’ADIA, le fonds souverain d’Abu Dhabi, considéré comme le plus important du monde et qui, selon l’agence de notation financière Moody’s, « dépasse considérablement à lui seul la dette extérieure du pays ». « Au total, les réserves d’Abu Dhabi sont estimées à au moins 500 milliards de dollars », note un diplomate occidental. Selon des statistiques officielles, le PIB émirati était de 253 milliards de dollars en 2008.
Dans un communiqué, Moody’s estime que l’annonce d’une restructuration de Dubai World et d’une demande d’un moratoire sur sa dette ne devrait "pas menacer" la solidité des finances d’Abou Dhabi et du gouvernement fédéral. "La stabilité macro-économique (des Emirats) est protégée par le statut du pays comme un solide créancier net, réconforté par la richesse pétrolière cumulée d’Abou Dhabi", écrit Tristan Cooper, analyste en chef à Moody’s.
La finance islamique convoitée
La finance islamique attire aussi toutes les convoitises, son domaine couvre quasiment tous les métiers de la banque et gèrent des capitaux d’un montant total estimé à 700 milliards de dollars. Ce gisement immense de liquidités, essentiellement dans les pays pétroliers du Moyen- Orient, grâce notamment à l’envolée du prix de l’or noir, cherche des placements rémunérateurs, mais dans le respect des valeurs et de l’éthique de la loi islamique tirée du Coran et de la charia. Les économies des pays développés, surtout dans le contexte de la crise de la finance mondiale, ont plus que jamais besoin de financements si elles veulent maintenir un certain niveau de croissance dans leurs pays, préserver les emplois dans leurs entreprises et continuer à investir dans les infrastructures de demain. Après Londres, New -York et Paris c’est au tour de Dubai, Manama et Riyad de devenir les places financières mondiales de demain.
Le centre de gravité du monde est en train de basculer vers le Moyen-Orient, véritable interface entre une Europe vieillissante et l’Asie conquérante. En 2020, avec un baril de pétrole plus de 100 dollars, les pays du Golfe auront une puissance financière capable d’impacter l’Europe et les État-Unis ....et c’est cela qui fait peur !
Publié le 7 décembre 2009
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