Dans tous leurs discours, les dirigeants arabes parlent d’intégration invoquant, souvent, un mot contraire à la pratique des affaires où n’existent pas de sentiments, un entrepreneur arabe, occidental ou chinois investissant dans un espace et segment donné à l’ère de la mondialisation, là ou le taux de profit est maximum, tenant compte des contraintes politiques et socio-économiques. Business, business comme aiment à le dire franchement les américains.
Les dirigeants Algériens, privilégiant parfois le sentimentalisme pour des raisons historiques, ont eu à le subir souvent à leurs dépens, comme le montre, d’ailleurs, la récente déclaration de l’ambassadeur chinois, qui annonce un montant dérisoire d’investissement de 800 millions de dollars et espérant un 1 milliard de dollars, montant en décalage tant par rapport aux investissements réalisés dans d’autres pays d’Afrique (Angola, Soudan par exemple) que par rapport aux nombreux marchés accordés par le gouvernement Algérien sur fonds publics, se chiffrant à des dizaines de milliards de dollars. D’ailleurs, il serait intéressant de calculer le solde de la balance entre ce montant d’investissement déclaré et la sortie des bénéfices.
L’intégration des économies arabes : entre le rêve et la réalité, tel est l’objet de cette modeste contribution.
1.- La superficie du monde arabe est de 15 434 156 km2, soit presque 3,53 fois la superficie de l’Union européenne, et 3,02% de la surface du monde. Le monde Arabe couvre des musulmans, sunnites et chiites, qui suivent quatre écoles juridiques : malékite, shafîte, hanbalite et jafarite. Le monde arabe se divise en pays du Machrek et les pays du Maghreb.
La population a évolué de 92 millions, en 1960, à 236 millions en 1994 et à 272 millions en 2000, et selon les statistiques récentes, qui ne sont pas toujours fiables, est évaluée à plus de 380 millions d’habitants sur plus d’un milliard et demi (1,5 de musulmans, la population totale allant fin 2008 vers 7 milliards), dont le nombre est surtout localisé en Iran, Indonésie, Pakistan, Bengla Desh.
2.- Le PIB des 22 pays membres de la Ligue arabe, qui n’était en 1998 que de 531,2 milliards de dollars (était inférieur à celui de l’Espagne), de 1 050 en 2005, dépasse pour la moyenne 2005/2006 1 400 milliards de dollars sous réserve d’un calcul correct du PIB, qui omet souvent dans les pays arabes la sphère informelle prépondérante, le sous évaluant.
Par rapport au PIB mondial, qui approche moyenne 2007/2008 les 50 000 milliards de dollars, cela représente moins de 3% et si l’on soustrait les hydrocarbures, ce taux est moins de 1%. Cependant, ce PIB global voile d’importantes disparités avec à la fois des richesses disparates (pouvant les diviser entre ceux qui ont du pétrole et ceux qui n’en ont pas, ou très peu) et des pays ayant une population élevée (Soudan Egypte, Algérie, Maroc ) et des micro- populations, avec 700 000 à 2 millions d’habitants, pas plus, notamment certains pays du Golfe.
3.- Mais l’indicateur PIB global, même calculé par pays, peut voiler d’importantes disparités socio- professionnelles et des déficiences en matière d’éducation, de santé et l’indice du développement humain élaboré par le PNUD me semble plus fiable.
Le rapport 2007 classe les pays arabes à développement humain élevé Bahrein ; Emirats Arabes Unis ; Koweit ; Libye : Qatar ; les pays arabes à développement humain moyen Arabie Saoudite ; -Algérie ; Egypte; Irak ; Jordanie ; Liban ; Maroc ; Oman ; Palestine ; Syrie ; Tunisie. Et enfin les pays arabes à faible développement humain Comores ; Djibouti ; Mauritanie ; Somalie ; Soudan et le Yémen. Ainsi ce rapport, l’IDH par habitant établi en 2007 est le suivant pour les 42 premiers au classement : 1er. Islande ; 2ème . Norvège ; 3ème Australie ; 4ème le Canada ; la France 10ème et les USA 12ème. Pour les pays arabes, nous avons 33ème le Koweit ; 35ème le Qatar ; 39ème les Emirats Arabes Unis et enfin 41ème le Bahrein.
Selon un communiqué publié le 7 janvier 2008 à Tunis par l’Organisation pour l’éducation, la culture et la science de la Ligue arabe (ALECSO), le nombre d’analphabètes dans les pays arabes est de 99,5 millions de personnes, ce qui représente 29,7% de la population du monde arabe. Ce sont les personnes âgées entre 15 et 45 ans qui sont les plus touchées par l’analphabétisme (75 millions), selon l’ALECSO, qui l’exode massif de cerveaux, et que les femmes sont le plus touchées par le taux d’analphabétisme : sur le taux global, 2 sur 3 sont des femmes et la moitié de cette population féminine étant maintenue à l’écart de la vie sociale.
Par ailleurs, la population urbaine dépassera 400 millions d’individus vers l’année 2020, généralement pauvre (1 Arabe sur 5 vit avec moins de 2 dollars par jour) et souvent sous-employée (12 millions de chômeurs estimés en 1995, soit 15% de la population active, et cette urbanisation est extrapolée à 25 millions en 2010, si les tendances actuelles se poursuivent.
4.- Dans ces conditions, peut-on parler d’une zone de libre échange arabe ? La Ligue Arabe a souvent abordé ce sujet important, celui de la zone de libre-échange arabe et, notamment, l’homogénéité des accords bilatéraux arabes avec les dispositions de la zone de libre-échange arabe, la coopération douanière arabe, le parachèvement du système de transit entre les pays de la région et la finalisation du processus de libéralisation du commerce, ainsi que les retombées de la hausse des prix des produits de large consommation sur le niveau de vie du citoyen arabe.
Lié à ces aspects non moins important l’examen du plan de développement de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche scientifique dans le monde arabe, dans le cadre du suivi de l’application de la décision afférente du sommet arabe de Ryadh.
Or, force est de constater que ce sont des discours et qu’il n’y a pas de vision commune, à l’instar de ce qui se passe au Moyen-Orient, concernant la question du conflit israléo -palestinien ou le conflit du Darfour.
5.- Aussi, l’intégration des économies arabes, pour le moment, n’est qu’un vœu pieux dans la mesure où les échanges inter-arabes représentant moins de 9% de leurs échanges globaux, préférant, selon leurs affinités politiques, les USA et la Grande Bretagne, pour les pays du Moyen- Orient, l’Europe pour les pays du Maghreb.
Pour preuve, selon les données d’avant la crise d’octobre 2008, environ 1 200 milliards de dollars de capitaux arabes étaient entreposés au niveau des banques se trouvant à l’étranger (et personne ne peut donner de leçon de nationalisme à l’autre au sein des pays arabes, y compris l’Algérie, qui a déposé une grande part de ses fonds à l’étranger) et que les premières estimations donnent une perte de plus de 500 milliards de dollars.Un chiffre qui trouve son explication principalement par le fait que les pays arabes détiennent des réserves importantes de pétrole et, accessoirement, de gaz, excepté le Qatar (plus de 10%, et 3% pour l’Algérie, contre plus de 55% l’Iran et la Russie).
Aussi, dans leur grande majorité, les économies des pays arabes ne sont pas complémentaires mais, souvent, concurrentes, en reconnaissant que l’existence du cartel OPEP, qui représente actuellement moins de 40% de la production commercialisée mondiale (moyenne 2008/2009), mais dont l’influence entre 2015/2020 ira en déclinant, permet d’atténuer pour le moment le choc. Pour ma part, je pense qu’il faille commencer par le commencement, l’intégration du Maghreb Arabe, qui est au point mort, malgré de beaux discours, pourrait être le prélude à une dynamisation, dans une seconde phase, des autres économies arabes.
Par Dr Abderrahmane Mebtoul,Expert international en management stratégique, La Nouvelle République
Les dirigeants Algériens, privilégiant parfois le sentimentalisme pour des raisons historiques, ont eu à le subir souvent à leurs dépens, comme le montre, d’ailleurs, la récente déclaration de l’ambassadeur chinois, qui annonce un montant dérisoire d’investissement de 800 millions de dollars et espérant un 1 milliard de dollars, montant en décalage tant par rapport aux investissements réalisés dans d’autres pays d’Afrique (Angola, Soudan par exemple) que par rapport aux nombreux marchés accordés par le gouvernement Algérien sur fonds publics, se chiffrant à des dizaines de milliards de dollars. D’ailleurs, il serait intéressant de calculer le solde de la balance entre ce montant d’investissement déclaré et la sortie des bénéfices.
L’intégration des économies arabes : entre le rêve et la réalité, tel est l’objet de cette modeste contribution.
1.- La superficie du monde arabe est de 15 434 156 km2, soit presque 3,53 fois la superficie de l’Union européenne, et 3,02% de la surface du monde. Le monde Arabe couvre des musulmans, sunnites et chiites, qui suivent quatre écoles juridiques : malékite, shafîte, hanbalite et jafarite. Le monde arabe se divise en pays du Machrek et les pays du Maghreb.
La population a évolué de 92 millions, en 1960, à 236 millions en 1994 et à 272 millions en 2000, et selon les statistiques récentes, qui ne sont pas toujours fiables, est évaluée à plus de 380 millions d’habitants sur plus d’un milliard et demi (1,5 de musulmans, la population totale allant fin 2008 vers 7 milliards), dont le nombre est surtout localisé en Iran, Indonésie, Pakistan, Bengla Desh.
2.- Le PIB des 22 pays membres de la Ligue arabe, qui n’était en 1998 que de 531,2 milliards de dollars (était inférieur à celui de l’Espagne), de 1 050 en 2005, dépasse pour la moyenne 2005/2006 1 400 milliards de dollars sous réserve d’un calcul correct du PIB, qui omet souvent dans les pays arabes la sphère informelle prépondérante, le sous évaluant.
Par rapport au PIB mondial, qui approche moyenne 2007/2008 les 50 000 milliards de dollars, cela représente moins de 3% et si l’on soustrait les hydrocarbures, ce taux est moins de 1%. Cependant, ce PIB global voile d’importantes disparités avec à la fois des richesses disparates (pouvant les diviser entre ceux qui ont du pétrole et ceux qui n’en ont pas, ou très peu) et des pays ayant une population élevée (Soudan Egypte, Algérie, Maroc ) et des micro- populations, avec 700 000 à 2 millions d’habitants, pas plus, notamment certains pays du Golfe.
3.- Mais l’indicateur PIB global, même calculé par pays, peut voiler d’importantes disparités socio- professionnelles et des déficiences en matière d’éducation, de santé et l’indice du développement humain élaboré par le PNUD me semble plus fiable.
Le rapport 2007 classe les pays arabes à développement humain élevé Bahrein ; Emirats Arabes Unis ; Koweit ; Libye : Qatar ; les pays arabes à développement humain moyen Arabie Saoudite ; -Algérie ; Egypte; Irak ; Jordanie ; Liban ; Maroc ; Oman ; Palestine ; Syrie ; Tunisie. Et enfin les pays arabes à faible développement humain Comores ; Djibouti ; Mauritanie ; Somalie ; Soudan et le Yémen. Ainsi ce rapport, l’IDH par habitant établi en 2007 est le suivant pour les 42 premiers au classement : 1er. Islande ; 2ème . Norvège ; 3ème Australie ; 4ème le Canada ; la France 10ème et les USA 12ème. Pour les pays arabes, nous avons 33ème le Koweit ; 35ème le Qatar ; 39ème les Emirats Arabes Unis et enfin 41ème le Bahrein.
Selon un communiqué publié le 7 janvier 2008 à Tunis par l’Organisation pour l’éducation, la culture et la science de la Ligue arabe (ALECSO), le nombre d’analphabètes dans les pays arabes est de 99,5 millions de personnes, ce qui représente 29,7% de la population du monde arabe. Ce sont les personnes âgées entre 15 et 45 ans qui sont les plus touchées par l’analphabétisme (75 millions), selon l’ALECSO, qui l’exode massif de cerveaux, et que les femmes sont le plus touchées par le taux d’analphabétisme : sur le taux global, 2 sur 3 sont des femmes et la moitié de cette population féminine étant maintenue à l’écart de la vie sociale.
Par ailleurs, la population urbaine dépassera 400 millions d’individus vers l’année 2020, généralement pauvre (1 Arabe sur 5 vit avec moins de 2 dollars par jour) et souvent sous-employée (12 millions de chômeurs estimés en 1995, soit 15% de la population active, et cette urbanisation est extrapolée à 25 millions en 2010, si les tendances actuelles se poursuivent.
4.- Dans ces conditions, peut-on parler d’une zone de libre échange arabe ? La Ligue Arabe a souvent abordé ce sujet important, celui de la zone de libre-échange arabe et, notamment, l’homogénéité des accords bilatéraux arabes avec les dispositions de la zone de libre-échange arabe, la coopération douanière arabe, le parachèvement du système de transit entre les pays de la région et la finalisation du processus de libéralisation du commerce, ainsi que les retombées de la hausse des prix des produits de large consommation sur le niveau de vie du citoyen arabe.
Lié à ces aspects non moins important l’examen du plan de développement de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche scientifique dans le monde arabe, dans le cadre du suivi de l’application de la décision afférente du sommet arabe de Ryadh.
Or, force est de constater que ce sont des discours et qu’il n’y a pas de vision commune, à l’instar de ce qui se passe au Moyen-Orient, concernant la question du conflit israléo -palestinien ou le conflit du Darfour.
5.- Aussi, l’intégration des économies arabes, pour le moment, n’est qu’un vœu pieux dans la mesure où les échanges inter-arabes représentant moins de 9% de leurs échanges globaux, préférant, selon leurs affinités politiques, les USA et la Grande Bretagne, pour les pays du Moyen- Orient, l’Europe pour les pays du Maghreb.
Pour preuve, selon les données d’avant la crise d’octobre 2008, environ 1 200 milliards de dollars de capitaux arabes étaient entreposés au niveau des banques se trouvant à l’étranger (et personne ne peut donner de leçon de nationalisme à l’autre au sein des pays arabes, y compris l’Algérie, qui a déposé une grande part de ses fonds à l’étranger) et que les premières estimations donnent une perte de plus de 500 milliards de dollars.Un chiffre qui trouve son explication principalement par le fait que les pays arabes détiennent des réserves importantes de pétrole et, accessoirement, de gaz, excepté le Qatar (plus de 10%, et 3% pour l’Algérie, contre plus de 55% l’Iran et la Russie).
Aussi, dans leur grande majorité, les économies des pays arabes ne sont pas complémentaires mais, souvent, concurrentes, en reconnaissant que l’existence du cartel OPEP, qui représente actuellement moins de 40% de la production commercialisée mondiale (moyenne 2008/2009), mais dont l’influence entre 2015/2020 ira en déclinant, permet d’atténuer pour le moment le choc. Pour ma part, je pense qu’il faille commencer par le commencement, l’intégration du Maghreb Arabe, qui est au point mort, malgré de beaux discours, pourrait être le prélude à une dynamisation, dans une seconde phase, des autres économies arabes.
Par Dr Abderrahmane Mebtoul,Expert international en management stratégique, La Nouvelle République
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