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L'Europe va être confrontée au Mur de la dette

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  • L'Europe va être confrontée au Mur de la dette

    La sphère économique et financière s'interroge sur le moment où l'économie mondiale sortira de la crise, mais personne ne s'émeut des centaines de milliards d'euros de dettes émises en Europe par les entreprises, les institutions publiques et les gouvernements et qui vont arriver à échéance.

    Pourtant, "on s'attend à un véritable "mur de dette" qu'il faudra bien refinancer entre 2011 et 2013", s'alarme Philippe Henry, directeur des grands clients chez HSBC France. Ainsi, les crédits syndiqués (les sommes empruntées auprès de plusieurs banques) que les sociétés ont souscrits en masse avant la crise financière à des taux attractifs - pour la plupart sur une durée de cinq à sept ans - arriveront à échéance entre 2011 et 2013.

    Entre 2005 et 2007, les firmes européennes ont émis plus de 3 000 milliards d'euros de crédits syndiqués. Ce segment de marché s'est considérablement réduit avec la crise, car les banques ont préféré mobiliser leur bilan pour conserver les crédits bilatéraux accordés à leurs meilleurs clients. "Le volume de crédits syndiqués accordés à des entreprises européennes a diminué de 40 % entre 2007 et 2008, et de 38 % entre 2008 et 2009", constate Pierre Palmieri, responsable adjoint des activités de marchés de capitaux, financements et couvertures à la Société générale.

    Dans le "mur de dette", il y aura aussi l'endettement que les banques vont contracter pour rembourser les crédits qui leur ont été octroyés par la Société de financement de l'économie française (SFEF). Cette structure, mise en place pour débloquer le crédit interbancaire en octobre 2008 et dont la durée de vie maximum est de cinq ans, avait levé, fin juin, 68 milliards d'euros (sur un maximum autorisé de 265 milliards), qu'elle a reprêtés à 13 banques.

    Selon un rapport de la Cour des comptes de juin, "fin 2009, le total des prêts consentis depuis sa mise en place devrait atteindre 93 milliards d'euros". Le rapport poursuivait que "les refinancements de la SFEF sont très attractifs, du fait de la garantie de l'Etat : ils amélioreraient le coût de refinancement pour les banques d'au minimum 40 points de base (0,40 point de pourcentage). Dans la mesure où le marché donne des signes de reprise, il est important que les établissements anticipent l'arrêt du dispositif, en se mettant en position d'émettre directement sans la garantie de l'Etat."

    Enfin, dans le "mur de dette", il y a les émissions des Etats européens, dont une partie est destinée à financer la relance. De nombreux pays ont émis des titres qui arrivent à échéance dans trois à cinq ans, là où les taux de financement étaient les plus intéressants. Ainsi, 1 378 milliards d'euros d'obligations émises par les Etats européens arriveront à échéance entre 2011 et 2013, selon les calculs de Aro Razafindrakola, stratège sur les taux à la Société générale.

    Or au moment où les entreprises, les banques et les Etats vont devoir commencer à réémettre des emprunts pour rembourser ceux arrivant à échéance, les taux d'intérêt seront probablement remontés, renchérissant le coût de financement. De plus, rien ne dit que les investisseurs privés seront aussi bien disposés à acheter des titres de dette obligataire comme ils l'ont fait au premier semestre de cette année.

    Les 120 milliards d'euros de dette à moyen et long terme (plus d'un an) émis depuis le début de l'année par l'Etat français ont trouvé preneur. Et 190 milliards d'euros de dette d'entreprises non financières européennes (contre 114 milliards sur toute l'année 2008) ont été placés sans difficulté depuis le 1er janvier, dont 45 milliards par les seules sociétés françaises (contre 33 milliards en 2008). Cet engouement pourrait ne pas durer face à des investissements plus attractifs.

    En France, "on est loin d'avoir mesuré l'ampleur de l'ajustement nécessaire en termes de diminution de l'endettement global pour permettre un redémarrage de la croissance, estime Karine Berger, directeur des études chez Euler Hermes. La dette des entreprises représente 70 % du produit intérieur brut (PIB), ce qui est inquiétant, mais moins que dans certains pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) comme le Royaume-Uni, où elle s'élève à 120 % du PIB, et l'Espagne, où elle atteint 130 % du PIB".

    Plus inquiétant pour les sociétés françaises est le poids relatif des fonds propres par rapport à leur dette. "Ils ne représentent plus que 40 % du bilan des entreprises de plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires - et la dette totale (y compris fiscale et sociale) 60 % contre 50 % outre-Rhin, constate Mme Berger. Or l'équilibre entre fonds propres et dette est l'un des éléments que les banques retiennent de plus en plus pour décider si elles renouvellent leurs crédits à une firme ou si elles lui demandent de les rembourser."

    Par Le Monde
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