L’ALGÉRIE, LA BANQUE MONDIALE ET LE FMI
Les rapports de «farce»
20 Juin 2009
Lu 97 fois
Les institutions internationales prédisent une persistance du chômage malgré le plan d’investissement de 150 milliards de dollars.
A en croire le FMI, la volonté du gouvernement de continuer à lutter contre le chômage sera remise en cause par les effets de la crise mondiale. Et ce ne sera pas la croissance positive qui sera suffisante pour venir au secours de l’Algérie dans ce chapitre. Le FMI a reconnu, la semaine dernière, à l’occasion d’une réunion de l’Union des banques maghrébines, que la croissance du produit intérieur brut du pays sera positive.
Ce n’est pas étonnant en soi, lorsqu’on se souvient que l’Algérie a été décrite comme un pays émergent à côté de l’Egypte, du Nigeria et de l’Afrique du Sud. C’est d’ailleurs de là que provient le paradoxe puisqu’on aurait pu s’attendre à des résultats plus encourageants en matière de création d’emploi.
Or, voilà que Amor Tahari, directeur-adjoint du FMI pour l’Afrique du Nord, Moyen-Orient et Asie centrale, assène à partir de Tunis la prévision selon laquelle toute cette zone sera confrontée à une montée du chômage. L’explication pourrait être trouvée dans le fait que jusqu’à présent les analyses du FMI ainsi que de la Banque mondiale sont basées sur des données liées à des critères macroéconomiques. Le fait que l’Algérie prévoit un investissement de 150 milliards de dollars en cinq ans, a tout de suite conduit à prévoir des scénarios optimistes. S’ajoute à cela la remontée progressive des prix du pétrole. Sur la crise financière mondiale, il a toujours été soutenu que l’Algérie est épargnée par ce phénomène à cause du manque de connexion de son système financier avec celui du reste du monde.
Cette fois-ci, le FMI évoque plutôt les retombées des effets indirects de la crise. Et c’est la croissance qui s’en trouve touchée. Selon les prévisions du FMI, elle ne sera que de 2,1% en 2009. C’est insuffisant pour résorber le chômage. Cela, même les responsables algériens l’admettent. Il faut, en effet, une croissance de 7% pendant 10 ans pour que le chômage soit sensiblement réduit. Or, les projections de croissance ne sont pas du tout favorables à ce genre de performances. Il faut certes accélérer la création d’emplois pour dépasser ce cap difficile, mais les recettes préconisées même si elles sont simples en apparence peuvent, elles aussi, mettre du temps avent d’être opérationnelles. D’ores et déjà, le responsable du FMI pense que quelque 500.000 emplois seront nécessaires pour maintenir les taux de chômage à leurs niveaux actuels. Il reconnaît que c’est «un objectif difficile, sinon impossible dans le contexte de crise». Pour contourner ces difficultés, le rapport du FMI n’hésite pas à servir une nouvelle fois ses recommandations traditionnelles qu’il partage d’ailleurs avec la Banque mondiale. Il s’agit de renforcer les bases d’une croissance durable, de centrer les dépenses sur la capacité de production de l’économie, d’améliorer le climat des affaires et de renforcer le système financier.
Pour l’instant, l’Algérie est vue d’un bon oeil à cause du maintien de ses dépenses d’investissement. Mais parce que n’ayant pas pu diversifier ses exportations et ses sources de revenus, les politiques sont sous la menace de nouvelles crises ainsi que de probables chutes du prix du pétrole. Le ralentissement est aussi constaté dans les pays non producteurs de pétrole et il en résulte une baisse des exportations, des recettes du tourisme, des transferts des immigrés et du volume de l’investissement direct étranger.
Ces éléments agissent sur le taux de croissance moyen au Maghreb qui ne devrait atteindre que 2,7%: 2,1% en Algérie, 4,4% au Maroc, 1,1% en Libye et 3,2% en Tunisie. Si ces pays arrivent à unifier leurs économies, ils auront un gain de plusieurs millions de postes d’emploi.
Faute de complémentarité, chaque pays agit pour sortir de la crise comme il peut.
Ahmed MESBAH
Les rapports de «farce»
20 Juin 2009
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Les institutions internationales prédisent une persistance du chômage malgré le plan d’investissement de 150 milliards de dollars.
A en croire le FMI, la volonté du gouvernement de continuer à lutter contre le chômage sera remise en cause par les effets de la crise mondiale. Et ce ne sera pas la croissance positive qui sera suffisante pour venir au secours de l’Algérie dans ce chapitre. Le FMI a reconnu, la semaine dernière, à l’occasion d’une réunion de l’Union des banques maghrébines, que la croissance du produit intérieur brut du pays sera positive.
Ce n’est pas étonnant en soi, lorsqu’on se souvient que l’Algérie a été décrite comme un pays émergent à côté de l’Egypte, du Nigeria et de l’Afrique du Sud. C’est d’ailleurs de là que provient le paradoxe puisqu’on aurait pu s’attendre à des résultats plus encourageants en matière de création d’emploi.
Or, voilà que Amor Tahari, directeur-adjoint du FMI pour l’Afrique du Nord, Moyen-Orient et Asie centrale, assène à partir de Tunis la prévision selon laquelle toute cette zone sera confrontée à une montée du chômage. L’explication pourrait être trouvée dans le fait que jusqu’à présent les analyses du FMI ainsi que de la Banque mondiale sont basées sur des données liées à des critères macroéconomiques. Le fait que l’Algérie prévoit un investissement de 150 milliards de dollars en cinq ans, a tout de suite conduit à prévoir des scénarios optimistes. S’ajoute à cela la remontée progressive des prix du pétrole. Sur la crise financière mondiale, il a toujours été soutenu que l’Algérie est épargnée par ce phénomène à cause du manque de connexion de son système financier avec celui du reste du monde.
Cette fois-ci, le FMI évoque plutôt les retombées des effets indirects de la crise. Et c’est la croissance qui s’en trouve touchée. Selon les prévisions du FMI, elle ne sera que de 2,1% en 2009. C’est insuffisant pour résorber le chômage. Cela, même les responsables algériens l’admettent. Il faut, en effet, une croissance de 7% pendant 10 ans pour que le chômage soit sensiblement réduit. Or, les projections de croissance ne sont pas du tout favorables à ce genre de performances. Il faut certes accélérer la création d’emplois pour dépasser ce cap difficile, mais les recettes préconisées même si elles sont simples en apparence peuvent, elles aussi, mettre du temps avent d’être opérationnelles. D’ores et déjà, le responsable du FMI pense que quelque 500.000 emplois seront nécessaires pour maintenir les taux de chômage à leurs niveaux actuels. Il reconnaît que c’est «un objectif difficile, sinon impossible dans le contexte de crise». Pour contourner ces difficultés, le rapport du FMI n’hésite pas à servir une nouvelle fois ses recommandations traditionnelles qu’il partage d’ailleurs avec la Banque mondiale. Il s’agit de renforcer les bases d’une croissance durable, de centrer les dépenses sur la capacité de production de l’économie, d’améliorer le climat des affaires et de renforcer le système financier.
Pour l’instant, l’Algérie est vue d’un bon oeil à cause du maintien de ses dépenses d’investissement. Mais parce que n’ayant pas pu diversifier ses exportations et ses sources de revenus, les politiques sont sous la menace de nouvelles crises ainsi que de probables chutes du prix du pétrole. Le ralentissement est aussi constaté dans les pays non producteurs de pétrole et il en résulte une baisse des exportations, des recettes du tourisme, des transferts des immigrés et du volume de l’investissement direct étranger.
Ces éléments agissent sur le taux de croissance moyen au Maghreb qui ne devrait atteindre que 2,7%: 2,1% en Algérie, 4,4% au Maroc, 1,1% en Libye et 3,2% en Tunisie. Si ces pays arrivent à unifier leurs économies, ils auront un gain de plusieurs millions de postes d’emploi.
Faute de complémentarité, chaque pays agit pour sortir de la crise comme il peut.
Ahmed MESBAH
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