Les prévisions les plus pessimistes en matière d’emploi viennent d’être largement dépassées au Canada. En février 2009, pas moins de 82.600 emplois ont été perdus, ce qui a fait bondir le taux de chômage de 7,2% à 7,7%, selon la plus récente enquête sur la population active de Statistique Canada.
Par Abdelkader Djebbar
Et en l’espace de six mois à peine, le Canada est passé d'un surplus commercial mensuel de 5,7 milliards à un déficit s'approchant du milliard de dollars en raison de l'effondrement du secteur automobile, bien que GM ait réussi à calmer ses travailleurs avec la dernière entente prévoyant le gel des salaires pour éviter de grossir davantage les rangs des sans-emplois. Il s'agit de la quatrième baisse consécutive de l'emploi recensée par l'agence fédérale. En janvier, Statistique Canada avait annoncé la suppression de 129.000 emplois, portant le nombre d'emplois perdus à 295.000 depuis octobre dernier. La situation aurait été plus grave encore si les saisonniers n’avaient pas sauvé les meubles.
Les baisses les plus importantes sont observées en Ontario (-35.000), en Alberta (-4.000) et au Québec (-18.000). «Je ne veux pas faire du pessimisme économique. Je suis pour le Canada et je suis pour nos travailleurs, mais ce que je n'aime pas, c'est quand le Premier ministre nous chante des histoires. Nous sommes dans une crise de chômage qui grandit chaque jour», déclare le chef de l'opposition officielle à la Chambre des communes en réaction au dévoilement des chiffres qui décrivent, à eux seuls, la descente en enfer, compte tenu de l’envolée du chômage. Au cours des quatre derniers mois, l'économie canadienne a perdu 295.000 emplois, dont 129.000 en janvier seulement. Selon le chef de l’opposition officielle, pour 10 pertes d'emploi aux États-Unis, le Canada en perd 15 en ce moment. «On perd plus de gens maintenant au Canada qu'aux États-Unis ».
«Il sera plus difficile de trouver du travail»
Cette déclaration vient encore une fois de confirmer que lorsque les États-Unis s’enrhument, le Canada éternue. Et on affirme de plus en plus que les pertes d’emplois sont loin d’être terminées au Canada. D’autres soulignent qu’il faut s’attendre à des bilans peu reluisants au cours des prochains mois. C'est «le pire one-two punch de l'histoire moderne pour le marché du travail au pays, affirme Millan Mulraine, stratège de la firme TD Securities. Après avoir bien résisté lors du début de l'année dernière, il est maintenant clair que le marché canadien de l'emploi est entré dans une période de chute libre». M. Mulraine trouve que les nouvelles récentes sont dramatiques.
«De plus, alors que l'économie continue de se détériorer, nous ne nous attendons pas seulement à ce que le rythme des pertes demeure rapide, mais nous prévoyons que les rangs des chômeurs continueront à croître alors qu'il sera de plus en plus difficile de trouver du travail». Les spécialistes s'attendent à ce que le taux de chômage grimpe à 9% tant au Canada qu'aux États-Unis d'ici la fin de 2009, mais il y a pire. Les pertes d'emplois durant la récession actuelle seront plus importantes que lors des récessions des années 1980 et 1990. Le taux de chômage dans la plus grande province du pays (l'Ontario) devrait, par ailleurs, atteindre 10% d'ici 2010, même si le plan de restructuration du secteur de l'automobile fonctionne».
Espoirs
Mais, tout un chacun souhaite et espère que les plans de relance, annoncés des deux côtés de la frontière, prendront effet le plus rapidement possible pour limiter le glissement encore plus sévère de l'économie et du marché du travail. Par exemple, les Ontariens sont les plus pénalisés par la récession en février alors que 35.000 travailleurs ont perdu leur gagne-pain. Les deux autres provinces les plus touchées sont l'Alberta- le Hassi Messaoud du Canada- (24.000 postes disparus) et le Québec (18.000 postes). Ce dernier a maintenant un taux de chômage en hausse de 0,2 point à 7,9%.Le taux de chômage masculin était de 7,3% en février, contre 5,5% chez les femmes. Surprise, la fabrication a gagné 25.000 travailleurs en raison des gains de l'industrie alimentaire.
L'agriculture est le seul autre secteur gagnant. Mais une perte d’emploi s’accompagne inévitablement de tout un train de mesures «privatives». D’abord une perte de revenu durant le premier mois qui suit la mise à pied et ensuite une diminution de l’ordre de 45% sur la moyenne des revenus cumulés durant les six mois. L’allocation «emploi chômage» n’a une durée de vie que d’une quarantaine de semaines et ensuite la personne «tombe» sur l’aide gouvernementale de dernier recours si, entre temps, il n’y a pas eu de retour au travail. D’un autre côté, une personne sans emploi se retrouve du jour au lendemain non admissible à un prêt bancaire. Et c’est à partir de là que la récession pénètre les foyers. L’étau commence à se resserrer sur les dépenses qualifiées de superflues : on réduit les sorties et les achats secondaires pour se consacrer à l’inconditionnel : payer l’hypothèque de la maison, honorer les termes de la voiture. Bref, parer à l’essentiel devient alors le maître-mot de circonstance. Conséquences directes : la crise commerciale montre le bout du nez et se répercute sur la consommation de tous les jours, entraînant les faillites. Le cercle vicieux prend le pas sur la planification et on va de crise en crise. Ce qui justifie les reprises de faillite, principalement dans le secteur de l’immobilier qui, sans être criard au Canada, est devenu un fait presque courant aux États-Unis où, quand le mal frappe, il cogne dur et même très dur. Alors cela devient tout simplement la descente en enfer.
A.D. (Le Financier)
Par Abdelkader Djebbar
Et en l’espace de six mois à peine, le Canada est passé d'un surplus commercial mensuel de 5,7 milliards à un déficit s'approchant du milliard de dollars en raison de l'effondrement du secteur automobile, bien que GM ait réussi à calmer ses travailleurs avec la dernière entente prévoyant le gel des salaires pour éviter de grossir davantage les rangs des sans-emplois. Il s'agit de la quatrième baisse consécutive de l'emploi recensée par l'agence fédérale. En janvier, Statistique Canada avait annoncé la suppression de 129.000 emplois, portant le nombre d'emplois perdus à 295.000 depuis octobre dernier. La situation aurait été plus grave encore si les saisonniers n’avaient pas sauvé les meubles.
Les baisses les plus importantes sont observées en Ontario (-35.000), en Alberta (-4.000) et au Québec (-18.000). «Je ne veux pas faire du pessimisme économique. Je suis pour le Canada et je suis pour nos travailleurs, mais ce que je n'aime pas, c'est quand le Premier ministre nous chante des histoires. Nous sommes dans une crise de chômage qui grandit chaque jour», déclare le chef de l'opposition officielle à la Chambre des communes en réaction au dévoilement des chiffres qui décrivent, à eux seuls, la descente en enfer, compte tenu de l’envolée du chômage. Au cours des quatre derniers mois, l'économie canadienne a perdu 295.000 emplois, dont 129.000 en janvier seulement. Selon le chef de l’opposition officielle, pour 10 pertes d'emploi aux États-Unis, le Canada en perd 15 en ce moment. «On perd plus de gens maintenant au Canada qu'aux États-Unis ».
«Il sera plus difficile de trouver du travail»
Cette déclaration vient encore une fois de confirmer que lorsque les États-Unis s’enrhument, le Canada éternue. Et on affirme de plus en plus que les pertes d’emplois sont loin d’être terminées au Canada. D’autres soulignent qu’il faut s’attendre à des bilans peu reluisants au cours des prochains mois. C'est «le pire one-two punch de l'histoire moderne pour le marché du travail au pays, affirme Millan Mulraine, stratège de la firme TD Securities. Après avoir bien résisté lors du début de l'année dernière, il est maintenant clair que le marché canadien de l'emploi est entré dans une période de chute libre». M. Mulraine trouve que les nouvelles récentes sont dramatiques.
«De plus, alors que l'économie continue de se détériorer, nous ne nous attendons pas seulement à ce que le rythme des pertes demeure rapide, mais nous prévoyons que les rangs des chômeurs continueront à croître alors qu'il sera de plus en plus difficile de trouver du travail». Les spécialistes s'attendent à ce que le taux de chômage grimpe à 9% tant au Canada qu'aux États-Unis d'ici la fin de 2009, mais il y a pire. Les pertes d'emplois durant la récession actuelle seront plus importantes que lors des récessions des années 1980 et 1990. Le taux de chômage dans la plus grande province du pays (l'Ontario) devrait, par ailleurs, atteindre 10% d'ici 2010, même si le plan de restructuration du secteur de l'automobile fonctionne».
Espoirs
Mais, tout un chacun souhaite et espère que les plans de relance, annoncés des deux côtés de la frontière, prendront effet le plus rapidement possible pour limiter le glissement encore plus sévère de l'économie et du marché du travail. Par exemple, les Ontariens sont les plus pénalisés par la récession en février alors que 35.000 travailleurs ont perdu leur gagne-pain. Les deux autres provinces les plus touchées sont l'Alberta- le Hassi Messaoud du Canada- (24.000 postes disparus) et le Québec (18.000 postes). Ce dernier a maintenant un taux de chômage en hausse de 0,2 point à 7,9%.Le taux de chômage masculin était de 7,3% en février, contre 5,5% chez les femmes. Surprise, la fabrication a gagné 25.000 travailleurs en raison des gains de l'industrie alimentaire.
L'agriculture est le seul autre secteur gagnant. Mais une perte d’emploi s’accompagne inévitablement de tout un train de mesures «privatives». D’abord une perte de revenu durant le premier mois qui suit la mise à pied et ensuite une diminution de l’ordre de 45% sur la moyenne des revenus cumulés durant les six mois. L’allocation «emploi chômage» n’a une durée de vie que d’une quarantaine de semaines et ensuite la personne «tombe» sur l’aide gouvernementale de dernier recours si, entre temps, il n’y a pas eu de retour au travail. D’un autre côté, une personne sans emploi se retrouve du jour au lendemain non admissible à un prêt bancaire. Et c’est à partir de là que la récession pénètre les foyers. L’étau commence à se resserrer sur les dépenses qualifiées de superflues : on réduit les sorties et les achats secondaires pour se consacrer à l’inconditionnel : payer l’hypothèque de la maison, honorer les termes de la voiture. Bref, parer à l’essentiel devient alors le maître-mot de circonstance. Conséquences directes : la crise commerciale montre le bout du nez et se répercute sur la consommation de tous les jours, entraînant les faillites. Le cercle vicieux prend le pas sur la planification et on va de crise en crise. Ce qui justifie les reprises de faillite, principalement dans le secteur de l’immobilier qui, sans être criard au Canada, est devenu un fait presque courant aux États-Unis où, quand le mal frappe, il cogne dur et même très dur. Alors cela devient tout simplement la descente en enfer.
A.D. (Le Financier)
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