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Succès de la prime à la casse en Allemagne

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  • Succès de la prime à la casse en Allemagne

    En Allemagne, la prime à la casse profite aux constructeurs automobiles français

    Les clients vont et viennent entre les véhicules présentés dans le hall d'exposition. En cette matinée du 5 mars, les locaux de ce concessionnaire Volkswagen, dans le quartier de Kreuzberg à Berlin, ne désemplissent pas. Le vendeur Ronny Vitt s'accorde une courte pause entre deux rendez-vous. "Nos affaires ont complètement redémarré avec la prime à la casse, au-delà de ce que l'on espérait", se réjouit-il. Parmi les modèles qui marchent le mieux : la Golf. "Les délais de livraison ont doublé", indique M. Vitt. Quant à la petite citadine Polo, "nous sommes en rupture de stock, comme tous les concessionnaires de la marque".

    Entrée en vigueur fin janvier dans le cadre du plan de relance concocté par le gouvernement allemand, la prime à la casse connaît un succès exceptionnel. Via ce dispositif, l'Etat verse 2 500 euros à tout propriétaire d'un véhicule d'au moins neuf ans qui souhaite le remplacer par une voiture neuve ou de moins d'un an. Plus de 180 000 demandes ont déjà été déposées. "Nous enregistrons une moyenne de 10 000 requêtes par jour", précise-t-on au Bafa, l'organisme du ministère de l'économie chargé de traiter les demandes.

    Berlin a prévu une enveloppe totale de 1,5 milliard d'euros, qui doit encourager l'achat de quelque 600 000 voitures. Près d'un tiers du budget a déjà été utilisé et certains prédisent qu'il sera épuisé dès la fin du printemps.

    Du coup, après six mois consécutifs de recul, les ventes de voitures neuves ont bondi de 21 % en février. "Nous pouvons atteindre les 3 millions de véhicules cette année, malgré l'environnement difficile", veut croire le président de la fédération de l'industrie automobile (VDA), Matthias Wissman. Il tablait jusqu'ici sur 2,9 millions de véhicules.

    Non sans amertume, certains font pourtant remarquer que la prime à la casse profite d'abord aux petites voitures. Donc, surtout, aux constructeurs étrangers, comme Renault, PSA, Toyota ou Fiat. Leur part de marché outre-Rhin a atteint 45 % en février, contre 35 % pour l'ensemble de l'année 2008. La fédération des importateurs (VDIK) a d'ailleurs appelé le gouvernement à une rallonge du programme. "Depuis le début de la prime, les commandes clients ont plus que triplé en Allemagne", confirme Jacques Rivoal, patron de la filiale allemande de Renault.

    Au Salon automobile de Genève, Patrick Pelata, le directeur général du groupe, a reconnu avoir un problème, celui de livrer les voitures. "La croissance de la demande est énorme. Nous avons dû augmenter les cadences chez Dacia à Pitesti (en Roumanie, où sont fabriquées les Logan) et à Flins (Yvelines)." Chez Peugeot, la production n'a pas été augmentée mais le constructeur dit réaffecter le stock là où "il y a de la demande". Par rapport à la même période, Peugeot a constaté une augmentation "de plus de 100 % des commandes depuis l'instauration de la prime à la casse en Allemagne", indique Jean Philippe Collin, le directeur général de la marque.

    A l'exception de Volkswagen ou Opel, les fabricants allemands excellent davantage dans les gros modèles aux moteurs puissants. Un marché sur lequel la prime à la casse n'a pas d'impact. Au contraire. En février, les ventes de BMW ont dégringolé de 25 % sur un an et celles de Mercedes de presque 27 %. Dans son ensemble, le secteur du haut de gamme a plongé de 28 %.

    "Les interventions étatiques pour gérer la crise que traverse l'automobile ne doivent pas déséquilibrer la compétition entre les marques, a critiqué Dieter Zetsche, le patron de Daimler à Genève. Ce type d'aide ne peut toucher que des voitures pour les petits budgets. Une vieille Mercedes, c'est une voiture de collection. Vous n'allez pas vous en débarrasser pour avoir 2 500 euros !"

    Beaucoup d'experts du secteur restent sceptiques sur la mesure. "A court terme, elle provoque une impulsion considérable", reconnaît Stefan Bratel, directeur du Center of Automotive de Bergisch-Gladbach. Mais un contrecoup brutal sur le marché est à redouter." Le président de Peugeot lui-même qualifie la mesure de "dangereuse" : "Quand elle prendra fin, les temps ne seront pas faciles", prévient M. Streiff dans une interview parue vendredi dans la Süddeutsche Zeitung. "La situation générale de l'industrie automobile reste très préoccupante", rappelle M. Bratel. L'Allemagne n'a-t-elle pas vu ses exportations de voitures s'effondrer de 51 % en février ?

    Par Le Monde
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