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Si la crise perdure, les pays émergents peineront à se financer

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  • Si la crise perdure, les pays émergents peineront à se financer

    La crise risque-t-elle d'affecter, à plus ou moins long terme, la capacité des pays émergents à se financer sur les marchés internationaux ?

    Javier Santiso: Si la crise était survenue quelques années plus tôt, ces pays auraient déjà été mis en déroute. Mais la hausse des cours des matières premières exportées a permis à nombre d'entre eux de se désendetter, de dégager des excédents budgétaires et de constituer des réserves. Ils sont aussi moins exposés au risque de change parce que la part de la dette libellée en monnaie locale s'est accrue (50 % au Brésil). Aujourd'hui, par exemple, les pays représentant 75 % du produit intérieur brut (PIB) d'Amérique latine (Brésil, Mexique, Chili, etc.) bénéficient de la meilleure note de risque, ce n'était jamais arrivé. Quant à la probabilité de voir l'inflation augmenter, elle est limitée par la récession.

    Mais il s'agit là de la situation actuelle. Que se passera-t-il quand l'énorme masse d'emprunts émis par les pays développés (jusqu'à 3 000 milliards de dollars sont déjà annoncés pour 2009) pour financer leur relance arrivera sur le marché ?


    C'est bien pour cela que certains pays, comme le Mexique ou le Pérou, ont profité de leur position favorable pour lancer sans attendre des emprunts obligataires dès le mois de décembre. Avec la baisse des taux dans les zones euro et dollar, ces Etats, qui ont conservé des taux nominaux et réels élevés, sont devenus plus attractifs.

    Mais il n'en demeure pas moins que certains pays émergents souffriront de cette concurrence, a fortiori si la crise se prolonge.

    Quels sont les pays qui peuvent s'avérer les plus fragiles ?

    A moyen terme, ce ne sont pas les plus grands - Brésil, Chine, Inde, Russie - qui possèdent encore d'importantes réserves, mais plutôt les pays de la périphérie des zones euro et dollar, dans les Balkans et l'Europe de l'Est - en particulier les pays baltes et l'Ukraine -, ou encore le Pakistan et les Philippines. Ils souffrent déjà de déficits courants et fiscaux importants qu'ils ont tenté de couvrir par des emprunts en devises fortes, ce qui les confronte maintenant à un risque de change élevé. D'autres pays fragiles sont ceux qui ont déjà fait défaut par le passé, comme l'Argentine, dont la signature souffre, aux yeux des investisseurs, d'une sorte de péché originel.

    Mais si la contraction de l'activité, le retrait des investissements directs étrangers (IDE), la diminution des transferts des émigrés, la chute des cours des matières premières et le manque de liquidités sur le marché du crédit international continuent au rythme actuel jusqu'au milieu de l'année 2009, alors ces risques pourraient se transmettre aux grands pays émergents. Leurs réserves, aussi importantes soient-elles, peuvent fondre rapidement - le Brésil n'a-t-il pas dépensé 1 milliard de dollars par jour (730 millions d'euros) en septembre pour défendre le real ? Et les réserves de la Banque centrale russe ont fondu de 25 % entre août et novembre, pour pallier la chute du rouble.

    A moins que la perspective d'une reprise fin 2009 ou début 2010 ne devienne claire pour les agents économiques au cours du premier semestre 2009, ces Etats risquent donc d'être confrontés à des difficultés de financement importantes. Les pays développés seront d'ailleurs logés à la même enseigne, mais il sera plus difficile pour les émergents d'amortir les effets de la crise sur les catégories sociales les plus pauvres, car ils ne disposent pas, contrairement aux pays occidentaux, de systèmes fiscaux et sociaux progressifs et redistributifs.


    CV
    2008 : Javier Santiso est directeur du Centre de développement de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

    2005 : Il entre au Centre de développement de l'OCDE comme chef économiste.

    2002 : Chef économiste pour l'Amérique latine et les marchés émergents à la banque espagnole BBVA, à Madrid.

    Par le Monde
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