La récession économique vient à bout de la logique commercialeLe projet Renault au Maroc tombe à l’eau
Par Mahmoud Tadjer
L’ambitieux programme d’investissement au Maroc du constructeur français Renault tombe à l’eau. La firme automobile française, après avoir fait le choix de Tanger-Med, a décidé d’«ajourner son projet», selon le très sérieux magazine industriel l’Usine nouvelle.
Ainsi donc, la fameuse usine qui devrait monter 200 000 véhicules à partir de fin 2010 et 400 000 véhicules dans un second temps «ne verra pas le jour», tant que cette récession perdure.
Le projet de l’usine de Tanger est donc sérieusement menacé ainsi que les 6 000 emplois directs et les 30 000 emplois de la sous-traitance qui étaient prévus.
Or, la crise ne fait que commencer. L’ajournement du projet Renault à Tanger fait suite aux 4 autres projets Renault renvoyés aux calendes grecques.
Renault, via Tanger-Med, s’apprêtait à investir au Maroc près de 1 milliard d’euros d’ici à 2015. Les Marocains avaient misé sur les «arguments politiques» et ont fait entendre (à la partie algérienne) que les «nationalistes ont peu de place dans des logiques économiques d’entreprises privées, qui plus est multinationales». A leurs yeux, seule la «logique financière et industrielle compte». En donnant l’exemple du secteur aéronautique, ils avancent que beaucoup de sociétés dans le domaine aéronautique mettent en concurrence la Tunisie et le Maroc : « On n’a pas vu l’un des deux pays demander des comptes aux opérateurs privés ayant choisi l’un ou l’autre. L’émulation internationale consiste justement à faire son autocritique afin d’améliorer l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.»
Aujourd’hui et selon un scénario optimiste qui s’appuie sur une logique financière, si Renault maintient son projet, elle pourrait produire peut-être 100 000 véhicules au Maroc, mais pas avant 2015, et si la récession prend une tournure plus sévère, le scénario pessimiste donnerait carrément l’annulation de ce projet au profit des pays de l’Est, notamment la Pologne.
En effet, Renault a désormais une contrainte supplémentaire qui s’ajoute à la récession économique. Cette contrainte n’a pas été prise en compte, semble-t-il, par Renault quand elle avait décidé le lancement de son projet à Tanger.
Elle est de type concurrentiel et qui a pris forme depuis l’annonce de la production de la voiture chinoise en Algérie.
Fini donc le temps où le ministre marocain s’extasiait devant les caméras en disant «le projet Renault-Nissan a mis le Maroc sur la carte automobile mondiale». Renault a annoncé l’abaissement de ses objectifs commerciaux, prenant en compte la dégradation du marché automobile mondial.
En Bourse, l’action souffre alors que l’automobile est un secteur particulièrement touché. Le constructeur français va réduire d’environ 25 % sa production dans le monde au 4e trimestre, selon son P-DG.
Interrogé dernièrement sur l’avenir des constructeurs français en Algérie dont Renault, Abdelhamid Temmar, le ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements, a regretté le choix du constructeur Renault d’implanter son usine au Maroc. Diplomate, le ministre n’a pas souhaité commenter la décision du constructeur français. Il a toutefois confirmé que l’Algérie était intéressée par le projet et a proposé des conditions avantageuses à Renault.
Le ministre a lancé un ultime appel aux équipementiers automobiles à venir s’implanter en Algérie.
Lors de la foire iranienne de l’industrie, le ministre du Commerce, El-Hachemi Djaâboub, avait affirmé que son département «est en discussion avec la partie iranienne sur la possibilité de mettre en place un partenariat algéro-iranien dans le secteur automobile». Le but étant de lancer une véritable industrie automobile en Algérie. Son homologue iranien, Massoud Mirkazemi, a clairement affiché la disponibilité de son pays à aider l’Algérie à rattraper le retard dans ce domaine : «Les firmes iraniennes activant dans ce secteur sont cotées en Bourse (…) Il a été convenu, a-t-il dit, de dépêcher une délégation algérienne en Iran pour rencontrer l’entreprise qui sera en mesure de développer un tel projet en Algérie.» Le constructeur automobile Iran Khodro semble le mieux placé pour mener à bien l’installation d’une usine automobile en Algérie. Les Chinois, de leur côté, s’intéressent également et de très près à ce secteur.
Une importante caravane automobile avait sillonné le territoire le mois dernier et les échos parvenus laissent à penser que la Chine, qui compte plus de 140 groupes automobiles et produit près de 9 millions de véhicules par an, serait le partenaire idéal pour accompagner la jeune industrie automobile algérienne à se lancer. Trois usines chinoises verront le jour en 2009 en Algérie, en partenariat avec des sociétés privées locales. Ces trois usines devraient produire 100 000 véhicules de divers types (berlines, 4x4...) et des dizaines de milliers de bus et de camions.
Par Mahmoud Tadjer
L’ambitieux programme d’investissement au Maroc du constructeur français Renault tombe à l’eau. La firme automobile française, après avoir fait le choix de Tanger-Med, a décidé d’«ajourner son projet», selon le très sérieux magazine industriel l’Usine nouvelle.
Ainsi donc, la fameuse usine qui devrait monter 200 000 véhicules à partir de fin 2010 et 400 000 véhicules dans un second temps «ne verra pas le jour», tant que cette récession perdure.
Le projet de l’usine de Tanger est donc sérieusement menacé ainsi que les 6 000 emplois directs et les 30 000 emplois de la sous-traitance qui étaient prévus.
Or, la crise ne fait que commencer. L’ajournement du projet Renault à Tanger fait suite aux 4 autres projets Renault renvoyés aux calendes grecques.
Renault, via Tanger-Med, s’apprêtait à investir au Maroc près de 1 milliard d’euros d’ici à 2015. Les Marocains avaient misé sur les «arguments politiques» et ont fait entendre (à la partie algérienne) que les «nationalistes ont peu de place dans des logiques économiques d’entreprises privées, qui plus est multinationales». A leurs yeux, seule la «logique financière et industrielle compte». En donnant l’exemple du secteur aéronautique, ils avancent que beaucoup de sociétés dans le domaine aéronautique mettent en concurrence la Tunisie et le Maroc : « On n’a pas vu l’un des deux pays demander des comptes aux opérateurs privés ayant choisi l’un ou l’autre. L’émulation internationale consiste justement à faire son autocritique afin d’améliorer l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.»
Aujourd’hui et selon un scénario optimiste qui s’appuie sur une logique financière, si Renault maintient son projet, elle pourrait produire peut-être 100 000 véhicules au Maroc, mais pas avant 2015, et si la récession prend une tournure plus sévère, le scénario pessimiste donnerait carrément l’annulation de ce projet au profit des pays de l’Est, notamment la Pologne.
En effet, Renault a désormais une contrainte supplémentaire qui s’ajoute à la récession économique. Cette contrainte n’a pas été prise en compte, semble-t-il, par Renault quand elle avait décidé le lancement de son projet à Tanger.
Elle est de type concurrentiel et qui a pris forme depuis l’annonce de la production de la voiture chinoise en Algérie.
Fini donc le temps où le ministre marocain s’extasiait devant les caméras en disant «le projet Renault-Nissan a mis le Maroc sur la carte automobile mondiale». Renault a annoncé l’abaissement de ses objectifs commerciaux, prenant en compte la dégradation du marché automobile mondial.
En Bourse, l’action souffre alors que l’automobile est un secteur particulièrement touché. Le constructeur français va réduire d’environ 25 % sa production dans le monde au 4e trimestre, selon son P-DG.
Interrogé dernièrement sur l’avenir des constructeurs français en Algérie dont Renault, Abdelhamid Temmar, le ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements, a regretté le choix du constructeur Renault d’implanter son usine au Maroc. Diplomate, le ministre n’a pas souhaité commenter la décision du constructeur français. Il a toutefois confirmé que l’Algérie était intéressée par le projet et a proposé des conditions avantageuses à Renault.
Le ministre a lancé un ultime appel aux équipementiers automobiles à venir s’implanter en Algérie.
Lors de la foire iranienne de l’industrie, le ministre du Commerce, El-Hachemi Djaâboub, avait affirmé que son département «est en discussion avec la partie iranienne sur la possibilité de mettre en place un partenariat algéro-iranien dans le secteur automobile». Le but étant de lancer une véritable industrie automobile en Algérie. Son homologue iranien, Massoud Mirkazemi, a clairement affiché la disponibilité de son pays à aider l’Algérie à rattraper le retard dans ce domaine : «Les firmes iraniennes activant dans ce secteur sont cotées en Bourse (…) Il a été convenu, a-t-il dit, de dépêcher une délégation algérienne en Iran pour rencontrer l’entreprise qui sera en mesure de développer un tel projet en Algérie.» Le constructeur automobile Iran Khodro semble le mieux placé pour mener à bien l’installation d’une usine automobile en Algérie. Les Chinois, de leur côté, s’intéressent également et de très près à ce secteur.
Une importante caravane automobile avait sillonné le territoire le mois dernier et les échos parvenus laissent à penser que la Chine, qui compte plus de 140 groupes automobiles et produit près de 9 millions de véhicules par an, serait le partenaire idéal pour accompagner la jeune industrie automobile algérienne à se lancer. Trois usines chinoises verront le jour en 2009 en Algérie, en partenariat avec des sociétés privées locales. Ces trois usines devraient produire 100 000 véhicules de divers types (berlines, 4x4...) et des dizaines de milliers de bus et de camions.
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