Confirmer la position de leader sur toutes les activités
· Mettre en place de nouveaux standards de gestion des risques
· Ex-Banque du Sud: Les premiers fruits du toilettage
Compte tenu de ses bons résultats semestriels, le groupe Attijariwafa bank, qui, rappelons-le, finance près d’un tiers de l’économie marocaine, a revu ses objectifs stratégiques à la hausse. Ces chiffres ont été notamment dopés par le bon comportement des filiales spécialisées, l’international et la réorganisation du réseau. Dans cet entretien, Boubker Jaï, directeur général du groupe AWB, analyse la conjoncture ainsi que la portée des chantiers en cours.
- L’Economiste: Comment expliquez-vous les performances enregistrées par Attijariwafa bank au niveau des dépôts à la clientèle et encours de crédit?
- Boubker Jaï: Il faut dire qu’aussi bien les équipes, l’organisation que les moyens sont sans cesse mobilisés pour permettre à la banque d’avoir une position de leader dans pratiquement l’ensemble de ses activités. Parallèlement, nous tirons pleinement profit de notre politique d’extension du réseau d’une part, et de notre business model qui favorise les synergies au sein du groupe de l’autre. Ces synergies se situent dans plusieurs domaines, particulièrement au niveau des filiales parabancaires, à l’exemple des crédits aux particuliers que nous développons à travers Wafasalaf, les crédits immobiliers grâce à Wafa Immobilier ou la bancassurance via Wafa assurance. C’est dans ce cadre que nous enregistrons une croissance soutenue depuis quelques années déjà et particulièrement depuis 2006.
Pour le premier semestre de l’année en cours, les dépôts de la clientèle de la banque se sont appréciés de pratiquement 20% et notre part de marché atteint 27%, et s’agissant des crédits, ils ont progressé de 36% avec une part de 26%.
- Comment se sont comportées vos différentes filiales à l’international?
- Chacune a eu un comportement différent en fonction de sa propre situation.
Attijari bank en Tunisie, ex-Banque du Sud, qui a été acquise en 2005, a nécessité de gros efforts d’assainissement de son bilan. Ainsi, la revue exhaustive du portefeuille des crédits a nécessité la constitution de provisions importantes afin de couvrir l’ensemble des créances en souffrance, qui a été accompagnée par le renforcement des fonds propres en augmentant le capital de 50 millions de dinars tunisiens (324 millions de DH) et en procédant à une émission obligataire convertible en actions pour 80 millions de dinars (519 millions de DH). Cet effort financier s’est accompagné aussi par le lancement d’un véritable chantier de transformation de la banque pour ce qui est de son organisation sur les plans commercial, administratif et informatique. Ce travail, très lourd et nécessitant l’adhésion de l’ensemble des équipes sur place, est aujourd’hui en très bonne voie et les résultats enregistrés par cette banque sont très prometteurs. A cet égard, le premier semestre 2008 a été édifiant puisque le résultat net s’est élevé à plus de 100 millions de DH avec des progressions significatives des principaux indicateurs d’activité. Nos implantations au Sénégal, Attijari bank Sénégal et CBAO, ont enregistré de bonnes performances, conformes aux prévisions malgré, là aussi, le travail important mené par les équipes sur place pour fusionner ces deux entités comme nous nous sommes engagés lors de l’acquisition de CBAO.
- Est-ce que la dimension politique ne compromet pas votre projet d’implantation en Algérie? Qu’en est-il de la Mauritanie et de la Libye?
- L’Algérie est un acteur incontournable de la région nord-africaine. Nous avions déposé, il y a 2 ans, une demande d’agrément. Celle-ci est restée sans réponse pendant quelques mois. Récemment, nous avons été sollicités pour un complément d’informations et la réactualisation de notre dossier. C’est un signal positif, et nous espérons une réponse dans un avenir proche. En réponse à votre interrogation sur la dimension politique entre les deux pays, vous savez, en tant que professionnels de la banque, nous pensons que les intérêts économiques sont tellement évidents et forts qu’un jour ou l’autre, les réticences et les blocages finiront par céder pour la construction d’un Maghreb financier ouvert et prospère.
Pour le cas du marché libyen, nous sommes convaincus du potentiel qu’il représente au vu de la complémentarité qui existe entre le Maroc mais aussi la Tunisie d’une part, et la Libye de l’autre. De ce fait, nous avons demandé et obtenu les autorisations des autorités libyennes pour l’ouverture d’une représentation de la banque à Tripoli. Ce projet est aujourd’hui quasiment terminé et le bureau de représentation sera prêt pour opérer avant la fin de l’année en cours.
S’agissant de la Mauritanie, nous avons obtenu l’autorisation de démarrer une activité bancaire, il y a quelques mois, et la préparation des équipes ainsi que la mobilisation des moyens suivent leur cours, les derniers événements intervenus en Mauritanie ces derniers temps ne compromettent pas ce projet.
- Est-ce que vos activités avec les banques internationales vous exposent au risque des crédits «subprimes»?
- Il faut préciser que l’activité des banques marocaines est orientée vers le financement de l’économie réelle du pays. La quasi-totalité des ressources qui permettent ce financement est constituée de l’épargne des Marocains. Il n’y a, de ce fait, aucune connexion directe du système financier marocain avec les crédits subprimes. D’ailleurs, à travers la réglementation de notre activité, les autorités de tutelle suivent les banques d’une manière permanente et exhaustive sur l’ensemble de l’activité bancaire.
Les dernières déclarations de ces mêmes autorités ont clairement indiqué que le système marocain est à l’abri de la crise financière internationale générée par les subprimes. S’agissant de nos relations avec les banques internationales, notre exposition reste cantonnée sur des maturités à court terme et nous restons très attentifs à l’évolution quotidienne de ces institutions pour limiter nos risques et orienter nos flux vers les banques les plus solides.
- Concernant le financement de l’immobilier, quel bilan faites-vous?
- Dans le domaine des crédits immobiliers aux particuliers, nous avons assisté à une progression fulgurante ces deux dernières années. Elle provient d’une très forte demande de la population et non de la simple volonté des établissements de crédit qui souhaitent augmenter leurs encours comme cela s’est vu dans la crise de l’immobilier aux Etats-Unis. Les critères qui président à l’octroi de ces crédits relèvent de la capacité de l’acquéreur à rembourser son crédit mais jamais de la valeur du bien uniquement! Aujourd’hui, le niveau de contentialité des crédits acquéreurs reste à un niveau assez bas et nous oriente à un changement de notre politique en matière de distribution de ce type de crédit. En revanche, je dirai qu’il y a encore un potentiel de développement très important de ce type de crédit, et je donne pour preuve entre l’offre et la demande de 1 million de logements annoncé récemment par le ministre de l’Habitat.
Attijari Wafa 2012
- Quelles sont les déclinaisons du plan AW 2012?
- Le plan stratégique Attijari Wafa 2012 comporte deux volets, le renforcement du précédent plan et le lancement d’une douzaine de nouvelles initiatives. Concernant le premier volet, Attijari Wafa 2012 revoit à la hausse les objectifs de progrès en tirant profit de la dynamique née du succès total de la fusion des ex-BCM et ex-Wafabank. Il s’agit de continuer à développer massivement la banque de détail en capturant le tiers des volumes additionnels entre 2008 et 2012 tout en consolidant le leadership sur les métiers du corporate et de la banque des marchés et d’investissement. Pour ce qui est du second volet, il vise trois objectifs: positionner le groupe en tant que vecteur de progrès économique et social, notamment en repoussant les limites du système bancaire et en offrant des services financiers adaptés pour tous. Etablir de nouveaux standards de qualité de service et de contrôle des risques. S’ériger en tant qu’acteur de référence sur le continent africain. En termes de chiffres, les principaux indicateurs du plan sont d’atteindre plus de 6 millions de clients à fin 2012, disposer d’un réseau de points de vente d’environ 2.350 unités au Maroc, à l’international, dans la banque ou dans les filiales spécialisées.
Propos recueillis par
My Ahmed BELGHITI
· Mettre en place de nouveaux standards de gestion des risques
· Ex-Banque du Sud: Les premiers fruits du toilettage
Compte tenu de ses bons résultats semestriels, le groupe Attijariwafa bank, qui, rappelons-le, finance près d’un tiers de l’économie marocaine, a revu ses objectifs stratégiques à la hausse. Ces chiffres ont été notamment dopés par le bon comportement des filiales spécialisées, l’international et la réorganisation du réseau. Dans cet entretien, Boubker Jaï, directeur général du groupe AWB, analyse la conjoncture ainsi que la portée des chantiers en cours.
- L’Economiste: Comment expliquez-vous les performances enregistrées par Attijariwafa bank au niveau des dépôts à la clientèle et encours de crédit?
- Boubker Jaï: Il faut dire qu’aussi bien les équipes, l’organisation que les moyens sont sans cesse mobilisés pour permettre à la banque d’avoir une position de leader dans pratiquement l’ensemble de ses activités. Parallèlement, nous tirons pleinement profit de notre politique d’extension du réseau d’une part, et de notre business model qui favorise les synergies au sein du groupe de l’autre. Ces synergies se situent dans plusieurs domaines, particulièrement au niveau des filiales parabancaires, à l’exemple des crédits aux particuliers que nous développons à travers Wafasalaf, les crédits immobiliers grâce à Wafa Immobilier ou la bancassurance via Wafa assurance. C’est dans ce cadre que nous enregistrons une croissance soutenue depuis quelques années déjà et particulièrement depuis 2006.
Pour le premier semestre de l’année en cours, les dépôts de la clientèle de la banque se sont appréciés de pratiquement 20% et notre part de marché atteint 27%, et s’agissant des crédits, ils ont progressé de 36% avec une part de 26%.
- Comment se sont comportées vos différentes filiales à l’international?
- Chacune a eu un comportement différent en fonction de sa propre situation.
Attijari bank en Tunisie, ex-Banque du Sud, qui a été acquise en 2005, a nécessité de gros efforts d’assainissement de son bilan. Ainsi, la revue exhaustive du portefeuille des crédits a nécessité la constitution de provisions importantes afin de couvrir l’ensemble des créances en souffrance, qui a été accompagnée par le renforcement des fonds propres en augmentant le capital de 50 millions de dinars tunisiens (324 millions de DH) et en procédant à une émission obligataire convertible en actions pour 80 millions de dinars (519 millions de DH). Cet effort financier s’est accompagné aussi par le lancement d’un véritable chantier de transformation de la banque pour ce qui est de son organisation sur les plans commercial, administratif et informatique. Ce travail, très lourd et nécessitant l’adhésion de l’ensemble des équipes sur place, est aujourd’hui en très bonne voie et les résultats enregistrés par cette banque sont très prometteurs. A cet égard, le premier semestre 2008 a été édifiant puisque le résultat net s’est élevé à plus de 100 millions de DH avec des progressions significatives des principaux indicateurs d’activité. Nos implantations au Sénégal, Attijari bank Sénégal et CBAO, ont enregistré de bonnes performances, conformes aux prévisions malgré, là aussi, le travail important mené par les équipes sur place pour fusionner ces deux entités comme nous nous sommes engagés lors de l’acquisition de CBAO.
- Est-ce que la dimension politique ne compromet pas votre projet d’implantation en Algérie? Qu’en est-il de la Mauritanie et de la Libye?
- L’Algérie est un acteur incontournable de la région nord-africaine. Nous avions déposé, il y a 2 ans, une demande d’agrément. Celle-ci est restée sans réponse pendant quelques mois. Récemment, nous avons été sollicités pour un complément d’informations et la réactualisation de notre dossier. C’est un signal positif, et nous espérons une réponse dans un avenir proche. En réponse à votre interrogation sur la dimension politique entre les deux pays, vous savez, en tant que professionnels de la banque, nous pensons que les intérêts économiques sont tellement évidents et forts qu’un jour ou l’autre, les réticences et les blocages finiront par céder pour la construction d’un Maghreb financier ouvert et prospère.
Pour le cas du marché libyen, nous sommes convaincus du potentiel qu’il représente au vu de la complémentarité qui existe entre le Maroc mais aussi la Tunisie d’une part, et la Libye de l’autre. De ce fait, nous avons demandé et obtenu les autorisations des autorités libyennes pour l’ouverture d’une représentation de la banque à Tripoli. Ce projet est aujourd’hui quasiment terminé et le bureau de représentation sera prêt pour opérer avant la fin de l’année en cours.
S’agissant de la Mauritanie, nous avons obtenu l’autorisation de démarrer une activité bancaire, il y a quelques mois, et la préparation des équipes ainsi que la mobilisation des moyens suivent leur cours, les derniers événements intervenus en Mauritanie ces derniers temps ne compromettent pas ce projet.
- Est-ce que vos activités avec les banques internationales vous exposent au risque des crédits «subprimes»?
- Il faut préciser que l’activité des banques marocaines est orientée vers le financement de l’économie réelle du pays. La quasi-totalité des ressources qui permettent ce financement est constituée de l’épargne des Marocains. Il n’y a, de ce fait, aucune connexion directe du système financier marocain avec les crédits subprimes. D’ailleurs, à travers la réglementation de notre activité, les autorités de tutelle suivent les banques d’une manière permanente et exhaustive sur l’ensemble de l’activité bancaire.
Les dernières déclarations de ces mêmes autorités ont clairement indiqué que le système marocain est à l’abri de la crise financière internationale générée par les subprimes. S’agissant de nos relations avec les banques internationales, notre exposition reste cantonnée sur des maturités à court terme et nous restons très attentifs à l’évolution quotidienne de ces institutions pour limiter nos risques et orienter nos flux vers les banques les plus solides.
- Concernant le financement de l’immobilier, quel bilan faites-vous?
- Dans le domaine des crédits immobiliers aux particuliers, nous avons assisté à une progression fulgurante ces deux dernières années. Elle provient d’une très forte demande de la population et non de la simple volonté des établissements de crédit qui souhaitent augmenter leurs encours comme cela s’est vu dans la crise de l’immobilier aux Etats-Unis. Les critères qui président à l’octroi de ces crédits relèvent de la capacité de l’acquéreur à rembourser son crédit mais jamais de la valeur du bien uniquement! Aujourd’hui, le niveau de contentialité des crédits acquéreurs reste à un niveau assez bas et nous oriente à un changement de notre politique en matière de distribution de ce type de crédit. En revanche, je dirai qu’il y a encore un potentiel de développement très important de ce type de crédit, et je donne pour preuve entre l’offre et la demande de 1 million de logements annoncé récemment par le ministre de l’Habitat.
Attijari Wafa 2012
- Quelles sont les déclinaisons du plan AW 2012?
- Le plan stratégique Attijari Wafa 2012 comporte deux volets, le renforcement du précédent plan et le lancement d’une douzaine de nouvelles initiatives. Concernant le premier volet, Attijari Wafa 2012 revoit à la hausse les objectifs de progrès en tirant profit de la dynamique née du succès total de la fusion des ex-BCM et ex-Wafabank. Il s’agit de continuer à développer massivement la banque de détail en capturant le tiers des volumes additionnels entre 2008 et 2012 tout en consolidant le leadership sur les métiers du corporate et de la banque des marchés et d’investissement. Pour ce qui est du second volet, il vise trois objectifs: positionner le groupe en tant que vecteur de progrès économique et social, notamment en repoussant les limites du système bancaire et en offrant des services financiers adaptés pour tous. Etablir de nouveaux standards de qualité de service et de contrôle des risques. S’ériger en tant qu’acteur de référence sur le continent africain. En termes de chiffres, les principaux indicateurs du plan sont d’atteindre plus de 6 millions de clients à fin 2012, disposer d’un réseau de points de vente d’environ 2.350 unités au Maroc, à l’international, dans la banque ou dans les filiales spécialisées.
Propos recueillis par
My Ahmed BELGHITI
Commentaire