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Les artisans du genevrier ont disparu en Algérie

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  • Les artisans du genevrier ont disparu en Algérie

    Conifère dont les feuilles et le bois étaient jadis destinés à de nombreux usages, notamment dans la construction et la médecine traditionnelle, le genévrier est progressivement abandonné en algérie au profit de matières et de matériaux plus actuels.

    C’est le cas de la wilaya de Msila où le bois très solide de cet arbrisseau était surtout utilisé pour supporter les toitures des maisons alors recouvertes de terres argileuses imperméables.

    Les anciens expliquent que, à cet effet, des morceaux de bois -secs et épais- servaient ainsi de poteau porteur («guendass») sur lequel reposaient des traverses de pin et des planches. La structure ainsi obtenue pouvait résister à des poids considérables.

    Joignant l’utile à l’agréable, les poteaux de genévrier ou de pin, ainsi utilisés, répandent, des années durant, de bonnes senteurs à l’intérieur de l’habitation faisant l’économie de l’encens et autres parfums, et chassant du même coup mouches et moustiques, explique-t-on encore. L’une des habitations témoignant encore de cet usage séculaire bien inspiré est celle du grand plasticien orientaliste Nasr Eddine Dinet à Boussaada. Les poteaux porteurs du toit du premier étage de cette demeure, à deux niveaux et en très bon état de conservation, sont faits de genévrier.

    En plus de la construction, le genévrier figurait aussi en bonne place parmi les nombreuses plantes médicinales de la pharmacopée traditionnelle. Une infusion à base de ses feuilles aurait des effets sur les maux d’estomac et les intoxications alimentaires légères. La même infusion sert également au
    tannage de cuir brut.

    Les artisans du genévrier ont disparu


    Le bois du genévrier oxycèdre est utilisé par ailleurs pour l’obtention de l’huile de cade de qualité qui, selon la tradition, peut être utilisée dans le traitement supposé de certaines plaies, infections ou inflammatoires. Cette huile est également largement utilisée par les éleveurs pour le «traitement» de la gale animale.

    Ainsi, l’apparition des nouveaux matériaux de construction a fini par faire reculer l’emploi du bois de cet arbre dans la maçonnerie, un phénomène qui remonte déjà aux années 1950.

    Corollaire de cette évolution, les maîtres artisans spécialisés dans ce mode de construction très ancien ont fini par se retirer progressivement au point qu’il n’en existe pratiquement aucun aujourd’hui. Détenteurs d’un savoir-faire séculaire, hérité d’une génération à l’autre et éprouvé dans un milieu au climat très capricieux, ces artisans réalisaient des ouvrages dimensionnés, avec une précision mathématique, capables de durer bien longtemps, contre un minimum d’entretien.

    L’utilisation thérapeutique du goudron de genévrier a, elle aussi, cédé du terrain, y compris chez les populations des campagnes riveraines des forêts. Ainsi, à Djebel Messaad, qui renferme le plus important peuplement forestier de la wilaya, les habitants affirment préférer à l’huile de cade les médicaments modernes aux effets curatifs bien plus rapides. Un des derniers usages de cette essence végétale est son application sur l’intérieur des récipients d’eau qui s’imprègne ainsi d’un arrière-goût très rafraîchissant. Pour cette catégorie d’usagers, peu importe que cette huile essentielle soit extraite du pin ou du genévrier, l’effet étant quasiment identique et seuls les initiés peuvent distinguer l’un de l’autre.

    Par ailleurs, les spécialistes mettent en garde contre une exploitation débridée du bois de cet arbre, ce qui serait très nuisible aux écosystèmes et équilibres écologiques, et préconisent des actions de revalorisation de cette plante et une utilisation plus rationnelle de son bois. Insistant sur l’importance de cet arbre pour les biotopes locaux, les techniciens relèvent que sa préservation est d’autant plus cruciale que sa reproduction se fait selon un cycle complexe et très curieux : ses graines, pour germer, doivent obligatoirement passer par l’estomac d’animaux sauvages (renards et loups) dont les acides digestifs sont seuls capables d’en briser la coque…

    Par APS
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