Éric Zemmour a récemment tweeté en réponse à l'eurodéputée LFI Rima Hassan, que « l’Algérie n’avait jamais été une nation. Elle n’avait jamais été un peuple. Elle n’avait jamais été un État. Elle n’avait jamais été souveraine », avant la colonisation française. Des contre-vérités, d'après la philosophe et islamologue franco-algérienne Razika Adnani, qui lui répond.
Sur son compte X, repris ensuite par certains sites, Éric Zemmour a répété des idées reçues sur l’Algérie sans les vérifier. Il a affirmé que l’Algérie n’avait jamais été une nation, qu’elle n’avait jamais été un peuple, qu’elle n’avait jamais été un État, qu’elle n’avait jamais été souveraine. Il a surenchéri en affirmant que l’Algérie avait toujours été une terre coloniale, ce qui est pourtant historiquement faux.
Le royaume de Numidie (202 av. J.C-46 av. J.C) suffit pour rappeler que, sur la terre qu’on appelle l’Algérie, il y a eu un grand État, fondé par Massinissa (vers 238 av. J.-C.- 148 av. J.-C.) un des plus grands rois berbères, dont la capitale était Cirta, l'actuelle Constantine. Le royaume de Numidie s’étendait du sud de la Tunisie à une partie du Maroc.
Massinissa a été le bâtisseur d’une grande civilisation et les pièces de monnaie représentant sa tête en sont la preuve. Gilbert Meynier rapporte dans son ouvrage, L’Algérie des origines (La découverte, 2007), que le grand historien français Stéphane Gsell a pu écrire, en parlant de Massinissa et de ses successeurs, que, « au second siècle, et même jusqu’au milieu du premier, la Numidie fait plus de progrès sous ce roi que la province sous le gouvernement de la république romaine ».
UNE NATION ANCIENNE
Si la nation, comme disait Ernest Renan, est « une grande solidarité constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore », autrement dit le sentiment d’avoir des liens communs qui crée le désir de construire un avenir ensemble, Massinissa a unifié les Massyles (Numidie orientale) et les Massaesyles (Numidie occidentale, royaume de Syphax) parce qu’il a réussi à créer cette solidarité et ce sentiment chez les populations des deux royaumes.
Prétendre que l’Algérie n’a jamais été un État est démenti par l’histoire, non seulement celle d’avant l’islam, mais aussi celle d’après l’islam. Plusieurs États fondés par le peuple autochtone, les Berbères, ont vu le jour au Maghreb de l’ouest à l’est, tel que l’État des Zianides (1235-1554) fondé par Yaghmoracen Ibn Ziane en 1235, dont la capitale était Tlemcen en Algérie et qui s'étendait sur le Maghreb central.
C’était un État musulman certes, mais berbère comme le nom de son fondateur l’indique. Le royaume des Hafsides ou « Iḥafsiyen » en berbère (1207-1574), dont la capitale était Tunis, s’étendaient jusqu’à Béjaïa (en Algérie) avant que Béjaïa ne se sépare de Tunis et fonde son propre royaume. Cela ne veut pas dire que la Tunisie avait occupé l’Algérie, car les États n’avaient pas les mêmes frontières qu’aujourd’hui. Il est absurde de vouloir regarder le monde d’hier avec les critères d’aujourd’hui.
L’ALGÉRIE N’A PAS ÉTÉ COLONISÉE PAR LES ARABES
L’Algérie n’a pas été colonisée par les Arabes ni d’ailleurs les autres pays du Grand Maghreb malgré l’arabisation des noms des différentes dynasties qui les ont occupés. La théorie selon laquelle il y eu à la fin du Xe siècle une invasion arabe dans le pays des Berbères est davantage un mythe qu’une réalité comme je le démontre dans mon ouvrage La nécessaire réconciliation (Vasca-UPblisher, 2014). Le premier facteur qui explique ce phénomène est le besoin d’accéder à la légitimité politique. Dans la pensée musulmane, les deux théories politiques, chiite et sunnite, ne reconnaissent la légitimité qu’aux Arabes : à la famille du Prophète pour les chiites et à la tribu du prophète Quraych pour les sunnites.
L’extrémisme religieux est un autre facteur qui a fait que beaucoup de populations berbères ont nié l’histoire de leur pays et ont prétendu avoir des origines arabes. Phénomène qu’Ibn Khaldûn (1332-1406) avait soulevé et qu’il a expliqué par un excès de zèle religieux qui a poussé une grande partie des Berbères à ne pas vouloir se contenter d’être musulmans, mais à vouloir être également arabes. Beaucoup étaient rongés par la honte que leurs ancêtres aient été païens, chrétiens et juifs et par la culpabilité d’avoir combattu les Arabes porteurs de la nouvelle religion. Ils voulaient effacer l’histoire qui le leur rappelait. Aujourd’hui encore plus l’individu est dans une pratique fondamentaliste de l’islam, plus il dénigre et rejette l’histoire de son pays, ses origines.
MÉCONNAISSANCE DE L'HISTOIRE
Prétendre que l’Algérie a été colonisée par les Arabes est une grande erreur qui émane d’une méconnaissance de l’histoire d’une part, et, d’autre part, c’est répéter le discours des islamistes fondamentalistes et faire même sa promotion. Il ne suffit pas, en effet, de dire qu’on est contre l’islamisme pour l’être réellement. Cependant, le dénigrement de soi n'épargne pas ceux qui ne sont pas dans l’extrémisme religieux, voire qui ont quitté l’islam, ni d’ailleurs les non-musulmans. La preuve en est qu’Éric Zemmour est juif d’origine berbère d’Algérie, comme il le revendique lui-même et comme l’indique son nom Zemmour qui veut dire olive en berbère.
Cependant, à présent, en Algérie et dans d’autres pays du monde berbère, beaucoup sont ceux qui se réconcilient avec l’histoire de leur pays et avec ce qu’ils sont, et ils ont raison de le faire, car celui qui a honte de son passé ne peut pas construire son avenir et celui qui n’a pas une bonne relation avec lui-même ne peut avoir une relation sereine avec les autres. Je suis convaincue que la réconciliation avec son histoire et avec soi-même est un moyen de lutte important contre le fondamentalisme islamique non seulement au nord de l’Afrique, mais aussi en France où vit une importante population maghrébine.
La berbérité de l’Algérie ne se limite pas aux Kabyles, comme le pensent Éric Zemmour et beaucoup d’autres. Sous-entendre ou prétendre que seuls les Kabyles sont berbères et que les autres sont des colonisateurs arabes est une erreur historique et sociologique. Quand la France est arrivée en Algérie, la majorité de la population était berbérophone et aujourd’hui encore dans beaucoup d’endroits comme à Timimoune, à Cherchell, dans les Aurès, dans le Mzab et à Tamanrasset, on parle le berbère ou la langue tamazight.
LES TURCS N’ONT PAS OCCUPÉ TOUTE L’ALGÉRIE
Quant aux Turcs, ils n’ont jamais occupé toute l’Algérie. Au nord, le royaume Koukou qui a fondé un État de 1515 à 1730 régnait sur la grande Kabylie jusqu’à la ville d’Alger. « Dès les premières décennies du XVIe siècle, les seigneurs de Koukou furent des figures importantes de la scène maghrébine, et plus précisément de l’aire méditerranéenne. Leur histoire s’inscrit dans celle du Maghreb en pleine configuration politique, dont l’historiographie européenne a essentiellement retenu qu’il fut convoité par deux grands empires, celui des Habsbourg et celui des Osmanlis », écrit Natividad Planas dans son ouvrage Koukou, le royaume enfoui (Fayard, 2023).
Le royaume des Ait Abbas, en berbère (tagelda Naït Ɛabbas), désigné dans l'historiographie espagnole comme « reino de Labes », est un autre État qui régna sur la petite Kabylie de 1510 à 1872. Ce n’est qu’après sa défaite contre la France qui a déporté beaucoup de ses membres en Nouvelle-Calédonie, que son règne a pris fin. Dans le sud, le royaume de Touggourt régnait lui aussi sur un territoire important de 1414 à 1881. Sur le plan architectural, les différentes gravures et peintures de la ville d’Alger du XVIIe siècle au début du XIXe siècle, réalisées par des Européens, prouvent qu’en Algérie il n’y avait pas que des marécages, mais aussi un urbanisme structuré.
Ce bref aperçu historique montre que l’Algérie a eu dans son passé plusieurs États souverains qui avaient leur peuple, leur territoire et leur histoire qui s’inscrit dans celle de l’Afrique du nord et de la Méditerranée. La théorie selon laquelle l’Algérie n’a aucune histoire et qu’elle était un « cloaque » (terme utilisé par Éric Zemmour sur BFM), a comme objectif de légitimer le colonialisme français. Cependant, le colonialisme a pris fin il y a 62 ans.
DES FRONTIÈRES QUI ONT BEAUCOUP CHANGÉ DEPUIS LE XIXE SIÈCLE
Certes, l’Algérie ne connaissait pas les frontières géographiques actuelles qu’elle a héritées de la France. Cependant, les pays qui avaient, au début du XIXe siècle, les frontières qu’ils ont aujourd’hui sont peu nombreux. Si l’Algérie n’a été ni un peuple ni une nation parce qu’elle n’avait pas les frontières qu’elle a aujourd’hui, les pays qui ont été un peuple et une nation seraient dans ce cas un tout petit nombre.
Rappelons que l’Allemagne était formée de plusieurs principautés jusqu’en 1871, date à laquelle elle a été unifiée par Bismarck et c’est la même chose pour l’Italie qui a été unifiée en 1861 et a annexé Rome en 1870. Quant à la Pologne, ses frontières ont beaucoup évolué au cours des siècles et le pays a même disparu politiquement à deux reprises, entre 1776 et 1919 et entre 1939 et 1945. C’est parce que les peuples et le sentiment de constituer une nation ne disparaissent pas quand leur pays est sous la domination d’un autre pays qu’ils luttent pour leur indépendance.
En conclusion, le paradoxe de l’extrême droite française est de se présenter comme celle qui veut lutter contre l’émigration, mais se comporte à l’encontre de son désir, car il n’y a pas mieux pour pousser les peuples à partir que de leur dire que leur pays est nul et qu’il n’a rien à leur offrir.
Par Razika Adnani
Publié le 17/02/2025
Marianne
Sur son compte X, repris ensuite par certains sites, Éric Zemmour a répété des idées reçues sur l’Algérie sans les vérifier. Il a affirmé que l’Algérie n’avait jamais été une nation, qu’elle n’avait jamais été un peuple, qu’elle n’avait jamais été un État, qu’elle n’avait jamais été souveraine. Il a surenchéri en affirmant que l’Algérie avait toujours été une terre coloniale, ce qui est pourtant historiquement faux.
Le royaume de Numidie (202 av. J.C-46 av. J.C) suffit pour rappeler que, sur la terre qu’on appelle l’Algérie, il y a eu un grand État, fondé par Massinissa (vers 238 av. J.-C.- 148 av. J.-C.) un des plus grands rois berbères, dont la capitale était Cirta, l'actuelle Constantine. Le royaume de Numidie s’étendait du sud de la Tunisie à une partie du Maroc.
Massinissa a été le bâtisseur d’une grande civilisation et les pièces de monnaie représentant sa tête en sont la preuve. Gilbert Meynier rapporte dans son ouvrage, L’Algérie des origines (La découverte, 2007), que le grand historien français Stéphane Gsell a pu écrire, en parlant de Massinissa et de ses successeurs, que, « au second siècle, et même jusqu’au milieu du premier, la Numidie fait plus de progrès sous ce roi que la province sous le gouvernement de la république romaine ».
UNE NATION ANCIENNE
Si la nation, comme disait Ernest Renan, est « une grande solidarité constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore », autrement dit le sentiment d’avoir des liens communs qui crée le désir de construire un avenir ensemble, Massinissa a unifié les Massyles (Numidie orientale) et les Massaesyles (Numidie occidentale, royaume de Syphax) parce qu’il a réussi à créer cette solidarité et ce sentiment chez les populations des deux royaumes.
Prétendre que l’Algérie n’a jamais été un État est démenti par l’histoire, non seulement celle d’avant l’islam, mais aussi celle d’après l’islam. Plusieurs États fondés par le peuple autochtone, les Berbères, ont vu le jour au Maghreb de l’ouest à l’est, tel que l’État des Zianides (1235-1554) fondé par Yaghmoracen Ibn Ziane en 1235, dont la capitale était Tlemcen en Algérie et qui s'étendait sur le Maghreb central.
C’était un État musulman certes, mais berbère comme le nom de son fondateur l’indique. Le royaume des Hafsides ou « Iḥafsiyen » en berbère (1207-1574), dont la capitale était Tunis, s’étendaient jusqu’à Béjaïa (en Algérie) avant que Béjaïa ne se sépare de Tunis et fonde son propre royaume. Cela ne veut pas dire que la Tunisie avait occupé l’Algérie, car les États n’avaient pas les mêmes frontières qu’aujourd’hui. Il est absurde de vouloir regarder le monde d’hier avec les critères d’aujourd’hui.
L’ALGÉRIE N’A PAS ÉTÉ COLONISÉE PAR LES ARABES
L’Algérie n’a pas été colonisée par les Arabes ni d’ailleurs les autres pays du Grand Maghreb malgré l’arabisation des noms des différentes dynasties qui les ont occupés. La théorie selon laquelle il y eu à la fin du Xe siècle une invasion arabe dans le pays des Berbères est davantage un mythe qu’une réalité comme je le démontre dans mon ouvrage La nécessaire réconciliation (Vasca-UPblisher, 2014). Le premier facteur qui explique ce phénomène est le besoin d’accéder à la légitimité politique. Dans la pensée musulmane, les deux théories politiques, chiite et sunnite, ne reconnaissent la légitimité qu’aux Arabes : à la famille du Prophète pour les chiites et à la tribu du prophète Quraych pour les sunnites.
L’extrémisme religieux est un autre facteur qui a fait que beaucoup de populations berbères ont nié l’histoire de leur pays et ont prétendu avoir des origines arabes. Phénomène qu’Ibn Khaldûn (1332-1406) avait soulevé et qu’il a expliqué par un excès de zèle religieux qui a poussé une grande partie des Berbères à ne pas vouloir se contenter d’être musulmans, mais à vouloir être également arabes. Beaucoup étaient rongés par la honte que leurs ancêtres aient été païens, chrétiens et juifs et par la culpabilité d’avoir combattu les Arabes porteurs de la nouvelle religion. Ils voulaient effacer l’histoire qui le leur rappelait. Aujourd’hui encore plus l’individu est dans une pratique fondamentaliste de l’islam, plus il dénigre et rejette l’histoire de son pays, ses origines.
MÉCONNAISSANCE DE L'HISTOIRE
Prétendre que l’Algérie a été colonisée par les Arabes est une grande erreur qui émane d’une méconnaissance de l’histoire d’une part, et, d’autre part, c’est répéter le discours des islamistes fondamentalistes et faire même sa promotion. Il ne suffit pas, en effet, de dire qu’on est contre l’islamisme pour l’être réellement. Cependant, le dénigrement de soi n'épargne pas ceux qui ne sont pas dans l’extrémisme religieux, voire qui ont quitté l’islam, ni d’ailleurs les non-musulmans. La preuve en est qu’Éric Zemmour est juif d’origine berbère d’Algérie, comme il le revendique lui-même et comme l’indique son nom Zemmour qui veut dire olive en berbère.
Cependant, à présent, en Algérie et dans d’autres pays du monde berbère, beaucoup sont ceux qui se réconcilient avec l’histoire de leur pays et avec ce qu’ils sont, et ils ont raison de le faire, car celui qui a honte de son passé ne peut pas construire son avenir et celui qui n’a pas une bonne relation avec lui-même ne peut avoir une relation sereine avec les autres. Je suis convaincue que la réconciliation avec son histoire et avec soi-même est un moyen de lutte important contre le fondamentalisme islamique non seulement au nord de l’Afrique, mais aussi en France où vit une importante population maghrébine.
La berbérité de l’Algérie ne se limite pas aux Kabyles, comme le pensent Éric Zemmour et beaucoup d’autres. Sous-entendre ou prétendre que seuls les Kabyles sont berbères et que les autres sont des colonisateurs arabes est une erreur historique et sociologique. Quand la France est arrivée en Algérie, la majorité de la population était berbérophone et aujourd’hui encore dans beaucoup d’endroits comme à Timimoune, à Cherchell, dans les Aurès, dans le Mzab et à Tamanrasset, on parle le berbère ou la langue tamazight.
LES TURCS N’ONT PAS OCCUPÉ TOUTE L’ALGÉRIE
Quant aux Turcs, ils n’ont jamais occupé toute l’Algérie. Au nord, le royaume Koukou qui a fondé un État de 1515 à 1730 régnait sur la grande Kabylie jusqu’à la ville d’Alger. « Dès les premières décennies du XVIe siècle, les seigneurs de Koukou furent des figures importantes de la scène maghrébine, et plus précisément de l’aire méditerranéenne. Leur histoire s’inscrit dans celle du Maghreb en pleine configuration politique, dont l’historiographie européenne a essentiellement retenu qu’il fut convoité par deux grands empires, celui des Habsbourg et celui des Osmanlis », écrit Natividad Planas dans son ouvrage Koukou, le royaume enfoui (Fayard, 2023).
Le royaume des Ait Abbas, en berbère (tagelda Naït Ɛabbas), désigné dans l'historiographie espagnole comme « reino de Labes », est un autre État qui régna sur la petite Kabylie de 1510 à 1872. Ce n’est qu’après sa défaite contre la France qui a déporté beaucoup de ses membres en Nouvelle-Calédonie, que son règne a pris fin. Dans le sud, le royaume de Touggourt régnait lui aussi sur un territoire important de 1414 à 1881. Sur le plan architectural, les différentes gravures et peintures de la ville d’Alger du XVIIe siècle au début du XIXe siècle, réalisées par des Européens, prouvent qu’en Algérie il n’y avait pas que des marécages, mais aussi un urbanisme structuré.
Ce bref aperçu historique montre que l’Algérie a eu dans son passé plusieurs États souverains qui avaient leur peuple, leur territoire et leur histoire qui s’inscrit dans celle de l’Afrique du nord et de la Méditerranée. La théorie selon laquelle l’Algérie n’a aucune histoire et qu’elle était un « cloaque » (terme utilisé par Éric Zemmour sur BFM), a comme objectif de légitimer le colonialisme français. Cependant, le colonialisme a pris fin il y a 62 ans.
DES FRONTIÈRES QUI ONT BEAUCOUP CHANGÉ DEPUIS LE XIXE SIÈCLE
Certes, l’Algérie ne connaissait pas les frontières géographiques actuelles qu’elle a héritées de la France. Cependant, les pays qui avaient, au début du XIXe siècle, les frontières qu’ils ont aujourd’hui sont peu nombreux. Si l’Algérie n’a été ni un peuple ni une nation parce qu’elle n’avait pas les frontières qu’elle a aujourd’hui, les pays qui ont été un peuple et une nation seraient dans ce cas un tout petit nombre.
Rappelons que l’Allemagne était formée de plusieurs principautés jusqu’en 1871, date à laquelle elle a été unifiée par Bismarck et c’est la même chose pour l’Italie qui a été unifiée en 1861 et a annexé Rome en 1870. Quant à la Pologne, ses frontières ont beaucoup évolué au cours des siècles et le pays a même disparu politiquement à deux reprises, entre 1776 et 1919 et entre 1939 et 1945. C’est parce que les peuples et le sentiment de constituer une nation ne disparaissent pas quand leur pays est sous la domination d’un autre pays qu’ils luttent pour leur indépendance.
En conclusion, le paradoxe de l’extrême droite française est de se présenter comme celle qui veut lutter contre l’émigration, mais se comporte à l’encontre de son désir, car il n’y a pas mieux pour pousser les peuples à partir que de leur dire que leur pays est nul et qu’il n’a rien à leur offrir.
Par Razika Adnani
Publié le 17/02/2025
Marianne
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