Cadhi Nooman : L’Architecte de la Justice Fatimide et Promoteur du Chiisme en Algérie
En Algérie, l’évocation de Cadhi Nooman devrait Être incontournable. En effet, ce juriste exceptionnel du Xᵉ siècle a servi quatre souverains successifs tout en consacrant du temps à la rédaction de vingt ouvrages. Son héritage a permis aux historiens d'obtenir des informations essentielles sur les Fatimides, la seule dynastie chiite algérienne. Contrairement à la perception courante, Cadhi Nooman ne considérait pas l’opposition entre Sunnites et Chiites comme irréconciliable. Il a ainsi déployé de nombreuses initiatives pour tenter d’harmoniser les principes de ces deux grandes branches de l’Islam.
Comment imaginer qu’un missionnaire chiite originaire du Yémen, tel qu’Abou Abdallah, puisse renverser la dynastie Aghlabide vieille de cent ans ? Abou Abdallah, qui suivait les pèlerins berbères Kutama en Algérie, ne doutait pas qu'un prédicateur aussi influent puisse envisager d'installer sur le trône algérien Obeid Allah, descendant d'Ali, le gendre du Prophète Muhammad. Certaines controverses sur l'origine d'Obeid Allah vont jusqu'à affirmer qu'il était un Juif, fils de Mimoun Ben Dissan. Abou Abdallah s’identifie à l’ismaélisme, une branche minoritaire du chiisme, issue de l’imam Ismaël, septième descendant d’Ali et Fatima. Aujourd'hui, cette croyance est toujours présente parmi les Druzes et les adeptes de l'Agha Khan.
Fuyant les persécutions des Abbassides, les Ismaéliens se cachent, tout comme les autres Chiites. Des missionnaires, venus de Koufa en Irak, parcourent l'Orient arabe pour annoncer la venue du Mahdi. Abou Abdallah, accompagné des combattants Kutamas d’Algérie, lance une campagne militaire en Afrique du Nord. L'émirat aghlabide, confiant en sa force, ne réagit guère aux actions de ce fervent prédicateur. Pourtant, quelques années plus tard, Abou Abdallah écrase l'armée aghlabide à Arbous, et Zyadat Allah Ibn Aghlab est contraint à l'exil en Égypte.
Le 25 mars 909, Abou Abdallah retourne triomphalement à Kairouan et s’installe au Palais de Rakkada. Obeid Allah Mahdi, qui se trouvait en refuge à Sijilmassa (ville encore algérienne avant le 20Ème siècle), regagne Kairouan, où Abou Abdallah lui offre un royaume. Le premier acte d'Obeid Allah sera de faire assassiner Abou Abdallah et son frère Abou Abbès pour affirmer son pouvoir absolu.
C’est ainsi qu’émerge ce que l’on pourrait appeler l’« exception chiite », une période de plus de 60 ans durant laquelle l'Algérie, majoritairement sunnite, est gouvernée par une dynastie chiite. Cadhi Nooman occupe une place déterminante dans ce chapitre historique.
Les détails sur la naissance d’Abou Hanifa Nooman restent flous. Il est cependant largement reconnu qu’il est né en 896 à Kairouan, dans une famille chiite, bien avant l’arrivée des Fatimides. Bien que minoritaire, le chiisme était présent en Algérie, avec des missionnaires tels qu’Abou Sofiane et Halwani qui parcouraient déjà le Maghreb au IXᵉ siècle.
Formé par les savants de Kairouan, Abou Hanifa Nooman rejoint l’administration fatimide en 924, plus précisément le Diwan des lettres. Ce rôle, modeste en apparence, lui permet de se familiariser avec les arcanes du pouvoir. Ce n'est qu'avec le troisième calife fatimide, Mansour, que Cadhi Nooman embrasse la magistrature. Il apprend le droit à Tripoli, alors province d'Ifriqiya, et est ensuite rappelé à Mansouria, capitale récemment fondée par le calife Mansour près de Mahdia.
Son accession au poste de Grand Cadhi (Grand Juge) surprend, car il atteint ainsi le sommet de la hiérarchie judiciaire et devient un des dignitaires les plus influents de la cour fatimide. Les responsabilités du Grand Cadhi sont énormes : il choisit les juges dans toutes les provinces de l’empire algérien des fatimide, encore restreint au Maghreb À cette époque, y compris en Sicile dès le IXᵉ siècle. Il surveille l’action des gouverneurs et peut punir les abus de pouvoir. Ce rôle diffère de celui des juges sous les Aghlabides. Mais ce qui fait de Cadhi Nooman une figure centrale, c'est sa mission doctrinale, celle de défendre le système fatimide.
Sa maîtrise du droit chiite fait de lui un des plus grands promoteurs de la foi ismaélienne, en rédigeant des ouvrages populaires, comme Le livre du Dinar, un traité doctrinal chiite. Bien que le peuple algérien reste majoritairement attaché au sunnisme, particulièrement au malékisme, Cadhi Nooman ne se laisse pas décourager par les oppositions et poursuit sa mission de diffusion des principes du chiisme. Les savants malékites, fidèles à Kairouan et à l’imam Sahnoun, s’opposent fermement à ce qu’ils considèrent comme une hérésie, parfois au prix de leur vie. Parmi les martyrs de cette lutte figurent Ibn Abi Zid, Ibn Khairoun, Ibn Houdhail et Abou Jaafar Maafir.
Malgré cette hostilité, Cadhi Nooman persiste dans son travail de prosélytisme, que ce soit à travers ses prêches du vendredi ou ses écrits. Il devient l'un des grands maîtres de l'interprétation chiite du Coran. Avec une dévotion égale, Cadhi Nooman s’emploie à faire respecter la justice. Initialement, il rend ses jugements dans le patio du palais de Mansouria, mais l'afflux de la foule gêne bientôt le calife Moez. Il fait donc construire une vaste cour extérieure.
Les affaires traitées par Cadhi Nooman concernent principalement les successions et le droit de la famille. Les questions liées aux Awkaf (biens religieux) et à Beit Al-Mal (trésor public) ne relèvent pas de sa juridiction. Il introduit également le rôle de juge des souks, chargé de superviser les marchés et garantir le respect des prix et des règles locales. D’un point de vue légal, le juge chiite se distingue peu de son homologue sunnite : sans assistants ni fastes, il applique une procédure simplifiée. La seule différence réside dans son rôle de prosélytisme religieux et son statut officiel au sein de l’État.
L’oppression exercée par les Chiites sur les Sunnites durant la période fatimide a souvent été exagérée par les historiens arabes, du fait de leur aversion pour le chiisme, selon Farhat Dachraoui. En tout cas, Cadhi Nooman n'a jamais été accusé de coercition religieuse. Conscient de la profonde implantation du malékisme en Afrique du Nord, il s'assure de maintenir l’importance des Sunnites, notamment à Kairouan, où les Cadhis sont toujours choisis parmi eux.
L'hagiographe des rois
Derrière cet éminent magistrat se cache un historien raffiné. Grâce à ses œuvres, la dynastie fatimide est mieux comprise.
Cadhi Nooman consacre une grande partie de son œuvre à l'insurrection d’Abou Yazid, un berbère zénète d’Algérie. Abou Yazid terrorise les Fatimides pendant plus d’une décennie, assiégeant Mahdia et pillant les villes du Maghreb. Bien que Kharijite, il reçoit le soutien des Sunnites désireux d’éradiquer ce qu’ils considèrent comme une hérésie. En 947, Abou Yazid est vaincu et son corps exposé sur les murs de Mahdia.
Au cours de cette révolte, une nouvelle tribu berbère algérienne, les Sanhajas de grande Kabylie, devient de plus en plus influente et remplacera les Kutamas au sein des Fatimides. Cette tribu deviendra plus tard la famille des Zirides en Algérie.
Mansour, calife victorieux, peut désormais se tourner vers l’expansion. Le calife Moez, qui accède au pouvoir en 953, affiche une ambition impérialiste.Cadhi Nooman loue les exploits de ce conquérant érudit.
L’apogée de l’empire algérien : un territoire allant de Fès à Damas
L’Algérie dépasse alors ses frontières historiques. Moez Secure Din Allah El Fatimi règnera sans partage de Fès à Damas. Il est fasciné par la rivalité entre Moez et les califes de Bagdad et Cordoue. Moez, descendant du Prophète et de Fatima, se considère comme le seul apte à guider l’Umma.
Les affrontements deviennent rapidement militaires : Moez attaque l’Andalousie et détruit le port d’Alméria. La réponse des califes de Cordoue ne se fait pas attendre : ils attaquent les côtes algériennes. Le calife Moez, tout en menant des combats en Méditerranée, assiège Taormine, dernier bastion chrétien en Sicile, qu’il baptise Moezia.
La guerre sainte fait aussi partie de ses priorités : Moez inflige une défaite décisive aux Byzantins en Sicile et en Calabre, et prête son soutien à la dynastie des Balouti en Crète. Mais Moez sait que l’Égypte, terre des Abbassides, est un objectif stratégique majeur. Le rêve de Moez de faire de l’Égypte un centre chiite se réalise en 969, lorsqu’El Jawhar El Sikilli prend Fustat et renverse les Ichkidiens.
Trois ans plus tard, le calife Moez quitte définitivement l'Algérie pour fonder Le Caire. Ses troupes continuent à propager le chiisme dans les territoires nouvellement conquis.
Cadhi Nooman accompagne son calife au Caire, où il occupera les plus hautes fonctions judiciaires et participera à l'organisation de la justice en Égypte. En 974, Cadhi Nooman meurt au Caire, mais son héritage judiciaire perdure pendant deux siècles au sein des Fatimides. Tout au long de sa vie, Cadhi Nooman prouve que loyauté envers le souverain et justice impartiale peuvent coexister. Ses écrits insistent sur l'intégrité et la compétence du juge, valeurs qui guideront son œuvre tout au long de son parcours.
Ainsi, bien que Cadhi Nooman soit reconnu, il demeure insuffisamment célébré. Cet intellectuel algérien d’exception, quel que soit son appartenance religieuse, reste l’une des figures majeures de notre histoire intellectuelle.
En Algérie, l’évocation de Cadhi Nooman devrait Être incontournable. En effet, ce juriste exceptionnel du Xᵉ siècle a servi quatre souverains successifs tout en consacrant du temps à la rédaction de vingt ouvrages. Son héritage a permis aux historiens d'obtenir des informations essentielles sur les Fatimides, la seule dynastie chiite algérienne. Contrairement à la perception courante, Cadhi Nooman ne considérait pas l’opposition entre Sunnites et Chiites comme irréconciliable. Il a ainsi déployé de nombreuses initiatives pour tenter d’harmoniser les principes de ces deux grandes branches de l’Islam.
Comment imaginer qu’un missionnaire chiite originaire du Yémen, tel qu’Abou Abdallah, puisse renverser la dynastie Aghlabide vieille de cent ans ? Abou Abdallah, qui suivait les pèlerins berbères Kutama en Algérie, ne doutait pas qu'un prédicateur aussi influent puisse envisager d'installer sur le trône algérien Obeid Allah, descendant d'Ali, le gendre du Prophète Muhammad. Certaines controverses sur l'origine d'Obeid Allah vont jusqu'à affirmer qu'il était un Juif, fils de Mimoun Ben Dissan. Abou Abdallah s’identifie à l’ismaélisme, une branche minoritaire du chiisme, issue de l’imam Ismaël, septième descendant d’Ali et Fatima. Aujourd'hui, cette croyance est toujours présente parmi les Druzes et les adeptes de l'Agha Khan.
Fuyant les persécutions des Abbassides, les Ismaéliens se cachent, tout comme les autres Chiites. Des missionnaires, venus de Koufa en Irak, parcourent l'Orient arabe pour annoncer la venue du Mahdi. Abou Abdallah, accompagné des combattants Kutamas d’Algérie, lance une campagne militaire en Afrique du Nord. L'émirat aghlabide, confiant en sa force, ne réagit guère aux actions de ce fervent prédicateur. Pourtant, quelques années plus tard, Abou Abdallah écrase l'armée aghlabide à Arbous, et Zyadat Allah Ibn Aghlab est contraint à l'exil en Égypte.
Le 25 mars 909, Abou Abdallah retourne triomphalement à Kairouan et s’installe au Palais de Rakkada. Obeid Allah Mahdi, qui se trouvait en refuge à Sijilmassa (ville encore algérienne avant le 20Ème siècle), regagne Kairouan, où Abou Abdallah lui offre un royaume. Le premier acte d'Obeid Allah sera de faire assassiner Abou Abdallah et son frère Abou Abbès pour affirmer son pouvoir absolu.
C’est ainsi qu’émerge ce que l’on pourrait appeler l’« exception chiite », une période de plus de 60 ans durant laquelle l'Algérie, majoritairement sunnite, est gouvernée par une dynastie chiite. Cadhi Nooman occupe une place déterminante dans ce chapitre historique.
Les détails sur la naissance d’Abou Hanifa Nooman restent flous. Il est cependant largement reconnu qu’il est né en 896 à Kairouan, dans une famille chiite, bien avant l’arrivée des Fatimides. Bien que minoritaire, le chiisme était présent en Algérie, avec des missionnaires tels qu’Abou Sofiane et Halwani qui parcouraient déjà le Maghreb au IXᵉ siècle.
Formé par les savants de Kairouan, Abou Hanifa Nooman rejoint l’administration fatimide en 924, plus précisément le Diwan des lettres. Ce rôle, modeste en apparence, lui permet de se familiariser avec les arcanes du pouvoir. Ce n'est qu'avec le troisième calife fatimide, Mansour, que Cadhi Nooman embrasse la magistrature. Il apprend le droit à Tripoli, alors province d'Ifriqiya, et est ensuite rappelé à Mansouria, capitale récemment fondée par le calife Mansour près de Mahdia.
Son accession au poste de Grand Cadhi (Grand Juge) surprend, car il atteint ainsi le sommet de la hiérarchie judiciaire et devient un des dignitaires les plus influents de la cour fatimide. Les responsabilités du Grand Cadhi sont énormes : il choisit les juges dans toutes les provinces de l’empire algérien des fatimide, encore restreint au Maghreb À cette époque, y compris en Sicile dès le IXᵉ siècle. Il surveille l’action des gouverneurs et peut punir les abus de pouvoir. Ce rôle diffère de celui des juges sous les Aghlabides. Mais ce qui fait de Cadhi Nooman une figure centrale, c'est sa mission doctrinale, celle de défendre le système fatimide.
Sa maîtrise du droit chiite fait de lui un des plus grands promoteurs de la foi ismaélienne, en rédigeant des ouvrages populaires, comme Le livre du Dinar, un traité doctrinal chiite. Bien que le peuple algérien reste majoritairement attaché au sunnisme, particulièrement au malékisme, Cadhi Nooman ne se laisse pas décourager par les oppositions et poursuit sa mission de diffusion des principes du chiisme. Les savants malékites, fidèles à Kairouan et à l’imam Sahnoun, s’opposent fermement à ce qu’ils considèrent comme une hérésie, parfois au prix de leur vie. Parmi les martyrs de cette lutte figurent Ibn Abi Zid, Ibn Khairoun, Ibn Houdhail et Abou Jaafar Maafir.
Malgré cette hostilité, Cadhi Nooman persiste dans son travail de prosélytisme, que ce soit à travers ses prêches du vendredi ou ses écrits. Il devient l'un des grands maîtres de l'interprétation chiite du Coran. Avec une dévotion égale, Cadhi Nooman s’emploie à faire respecter la justice. Initialement, il rend ses jugements dans le patio du palais de Mansouria, mais l'afflux de la foule gêne bientôt le calife Moez. Il fait donc construire une vaste cour extérieure.
Les affaires traitées par Cadhi Nooman concernent principalement les successions et le droit de la famille. Les questions liées aux Awkaf (biens religieux) et à Beit Al-Mal (trésor public) ne relèvent pas de sa juridiction. Il introduit également le rôle de juge des souks, chargé de superviser les marchés et garantir le respect des prix et des règles locales. D’un point de vue légal, le juge chiite se distingue peu de son homologue sunnite : sans assistants ni fastes, il applique une procédure simplifiée. La seule différence réside dans son rôle de prosélytisme religieux et son statut officiel au sein de l’État.
L’oppression exercée par les Chiites sur les Sunnites durant la période fatimide a souvent été exagérée par les historiens arabes, du fait de leur aversion pour le chiisme, selon Farhat Dachraoui. En tout cas, Cadhi Nooman n'a jamais été accusé de coercition religieuse. Conscient de la profonde implantation du malékisme en Afrique du Nord, il s'assure de maintenir l’importance des Sunnites, notamment à Kairouan, où les Cadhis sont toujours choisis parmi eux.
L'hagiographe des rois
Derrière cet éminent magistrat se cache un historien raffiné. Grâce à ses œuvres, la dynastie fatimide est mieux comprise.
Cadhi Nooman consacre une grande partie de son œuvre à l'insurrection d’Abou Yazid, un berbère zénète d’Algérie. Abou Yazid terrorise les Fatimides pendant plus d’une décennie, assiégeant Mahdia et pillant les villes du Maghreb. Bien que Kharijite, il reçoit le soutien des Sunnites désireux d’éradiquer ce qu’ils considèrent comme une hérésie. En 947, Abou Yazid est vaincu et son corps exposé sur les murs de Mahdia.
Au cours de cette révolte, une nouvelle tribu berbère algérienne, les Sanhajas de grande Kabylie, devient de plus en plus influente et remplacera les Kutamas au sein des Fatimides. Cette tribu deviendra plus tard la famille des Zirides en Algérie.
Mansour, calife victorieux, peut désormais se tourner vers l’expansion. Le calife Moez, qui accède au pouvoir en 953, affiche une ambition impérialiste.Cadhi Nooman loue les exploits de ce conquérant érudit.
L’apogée de l’empire algérien : un territoire allant de Fès à Damas
L’Algérie dépasse alors ses frontières historiques. Moez Secure Din Allah El Fatimi règnera sans partage de Fès à Damas. Il est fasciné par la rivalité entre Moez et les califes de Bagdad et Cordoue. Moez, descendant du Prophète et de Fatima, se considère comme le seul apte à guider l’Umma.
Les affrontements deviennent rapidement militaires : Moez attaque l’Andalousie et détruit le port d’Alméria. La réponse des califes de Cordoue ne se fait pas attendre : ils attaquent les côtes algériennes. Le calife Moez, tout en menant des combats en Méditerranée, assiège Taormine, dernier bastion chrétien en Sicile, qu’il baptise Moezia.
La guerre sainte fait aussi partie de ses priorités : Moez inflige une défaite décisive aux Byzantins en Sicile et en Calabre, et prête son soutien à la dynastie des Balouti en Crète. Mais Moez sait que l’Égypte, terre des Abbassides, est un objectif stratégique majeur. Le rêve de Moez de faire de l’Égypte un centre chiite se réalise en 969, lorsqu’El Jawhar El Sikilli prend Fustat et renverse les Ichkidiens.
Trois ans plus tard, le calife Moez quitte définitivement l'Algérie pour fonder Le Caire. Ses troupes continuent à propager le chiisme dans les territoires nouvellement conquis.
Cadhi Nooman accompagne son calife au Caire, où il occupera les plus hautes fonctions judiciaires et participera à l'organisation de la justice en Égypte. En 974, Cadhi Nooman meurt au Caire, mais son héritage judiciaire perdure pendant deux siècles au sein des Fatimides. Tout au long de sa vie, Cadhi Nooman prouve que loyauté envers le souverain et justice impartiale peuvent coexister. Ses écrits insistent sur l'intégrité et la compétence du juge, valeurs qui guideront son œuvre tout au long de son parcours.
Ainsi, bien que Cadhi Nooman soit reconnu, il demeure insuffisamment célébré. Cet intellectuel algérien d’exception, quel que soit son appartenance religieuse, reste l’une des figures majeures de notre histoire intellectuelle.
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