Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Gilles Perrault: « Zine Ben Ali, un voyou de sous Préfecture ».

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Gilles Perrault: « Zine Ben Ali, un voyou de sous Préfecture ».

    Gilles Perrault: « Zine Ben Ali, un voyou de sous Préfecture ».

    By
    La redaction de Mondafrique
    -
    11 août 2023

    Dans la préface du livre qu’il avait signé en 1999 pour le livre de Jean Pierre Tuquoi et Nicolas Beau « Notre ami Ben Ali », Gilles Perrault, écrivain et journaliste, qui vient de disparaitre, décrivait admirablement la réalité de ce que fut le régime de l’ancien dictateur tunisien, Zine Ben Ali, décédé le 19 septembre 2019 en Arabie Saoudite

    « La botte de Hitler et le sabot de Mussolini », disait de

    Gaulle à Londres. Passer de Hassan II à Ben Ali, c’est aussi

    descendre de l’aristocratie du crime à la médiocrité lugubre

    d’un voyou de sous-préfecture. Les pays ne sont pas ici en

    cause, mais les hommes. Hassan avait une tête ; Ben Ali n’a

    que des mains. Le premier, avec tous ses vices, possédait des

    qualités, dont l’intelligence. Le second, surnommé « président bac

    moins trois » par ses sujets, ne se distingue que par ces réflexes

    expéditifs qu’on acquiert dans les casernes.


    Un flic morose


    L’un fut roi jusque dans ses pires excès ; l’autre n’est qu’un

    flic morose imposant à l’un des peuples les plus civilisés du

    monde l’encagement dans une dictature gorille.

    L’histoire commence par l’avilissement pitoyable et prévisible

    («La vieillesse est un naufrage ») d’un destin hors du commun.

    Au terme de trente ans de pouvoir, Bourguiba, le « Combattant suprême »,

    Très amoindri, finissait dans un ridicule qui n’excluait pas

    l’odieux. « Qui nous délivrera du gâteux ? », soupirait une

    Tunisie partagée entre la reconnaissance pour les éminents

    services rendus et une compréhensible exaspération. Ce fut

    le général Zine el-Abidine Ben Ali, formé à l’école du

    renseignement américain, expert en répression policière et

    ministre de l’Intérieur avant d’être nommé Premier ministre

    par un Bourguiba auquel le grand âge avait fait perdre ses

    prudences.


    La révolution du jasmin


    Le coup d’État en douceur (la « révolution du jasmin »)

    se déroule le 7 novembre 1987. Il est accueilli dans la liesse

    populaire. Trop longtemps sénile par procuration, la Tunisie

    retrouve une adolescence. Rosée bienfaisante de mesures

    libérales, prisons vidées, ralliement unanime et enthousiaste

    au nouveau régime, le bonheur et la démocratie au

    programme : l’avenir est bleu.

    Comment ne le serait-il pas ?

    Au contraire d’un Maroc, immergé dans l’analphabétisme, rongé par la

    misère et devenu au fil des décennies une véritable poudrière sociale

    (tel est l’héritage véritable légué à Mohammed VI et le

    formidable défi qu’il devra relever), la Tunisie est relativement prospère.

    Elle le doit à la sagesse de Bourguiba, qui

    sut, dès l’indépendance, opérer les bons choix et ne pas

    céder, par exemple, à la tentation de la surindustrialisation

    où se perdit sa voisine algérienne. Avec un revenu par tête de

    2 000 dollars enconstante augmentation, la Tunisie est sans

    doute le pays d’Afrique où la population vit le mieux. »

    Ce n’est pas rien.


    Le déchainement de la répression


    L’état de grâce dure deux ans. Alors que les urnes ne

    pouvaient que délivrer un verdict pour lui des plus flatteurs,

    Ben Ali verrouille les élections de 1989. Grâce à une fraude

    dont la démesure étonne les observateurs les plus rassis, son

    parti obtient la totalité des sièges. Lui-même se proclame

    élu président de la République avec 99,20 % des suffrages.

    « La Tunisie compte donc 0,80 % d’ingrats », s’étonnent les

    auteurs. Et, plus sérieusement : « Une occasion historique a

    été ainsi ratée. A jamais. » Puis la répression policière

    se déchaîne contre les islamistes.

    Suspects raflés par milliers, plusieurs dizaines de morts

    sous la torture, prisons surpeuplées, familles des détenus

    harcelées. Une traque implacable utilisant tous les moyens,

    même les pires. Si le remède permettait d’éviter à la

    Tunisie l’horreur qui faisait sombrer l’Algérie dans la

    barbarie, le macabre jeu n’en valait-il pas la chandelle ?

    Ben Ali, bouclier efficace contre l’extrémisme,

    ne méritait-il pas absolution ? Les extrémistes

    existent, assurément, disposés à l’affrontement armé

    avec Bourguiba, mais aussi, dans ce pays de tradition

    laïque, où les femmes se virent reconnaître leurs droits dès

    1957, une masse de militants prêts à rejoindre une démarche

    démocratique. On en trouvait, nombreux,

    à la Ligue tunisienne des droits de l’homme, qui n’est pas

    exactement une école d’intolérance. L’immense espérance née de

    l’escamotage de Bourguiba convainquit la plupart des dirigeants

    islamistes de jouer le jeu. À ce moment crucial, , la Tunisie semble

    pouvoir devenir le laboratoire d’une intégration possible

    d’une partie des islamistes

    qui rejettent la violence . Les élections truquées de 1989

    puis la répression aveugle font du laboratoire un abattoir

    et une geôle. Là encore, une occasion historique a été

    manquée. Eût-elle été saisie et réussie que son écho aurait

    retenti bien au-delà des frontières du pays.


    Le « rempart » contre l’intégrisme


    Quant à un Ben Ali acceptant douloureusement de se salir

    les mains pour préserver son peuple des fureurs intégristes

    — image d’Epinal affichée dans toutes les chancelleries et

    acceptée, il faut le dire, par la quasi-unanimité de ceux qui

    s’intéressent au Maghreb —, on put en tester l’authenticité

    lorsque les démocrates tunisiens furent happés à leur tour

    par la machine tortionnaire qu ‘il avait mise en place.

    Il n’y a plus l’ombre d’un quelconque péril intégriste,

    mais la dictature continue de

    tourner à son régime de croisière: presse

    asservie, culte de la personnalité porté à un degré que n’eût

    pas osé un Ceausescu (40 % du journal télévisé sont

    consacrés aux faits et gestes du général-président, selon

    l’étude d’un organisme officiel tunisien), police omniprésente,

    torture institutionnalisée, justice aux ordres, anéantissement

    des libertés publiques, corruption au sommet et

    enrichissement scandaleux du clan au pouvoir, harcèlement

    des opposants qui ont pu trouver asile en Europe.


    Un peuple admirable


    Traiter de la sorte un peuple tunisien dont la finesse d’esprit

    et le sens de l’humour font l’admiration de tous ceux qui ont

    le privilège de le fréquenter, c’est plus qu’un crime : une

    faute de goût. Mais le crime existe. Sa trace sanglante constitue le fil

    rouge de ce livre terrible. Puisse le lecteur comprendre que

    sa responsabilité citoyenne est engagée ! Car le crime

    perdure à cause d’une complicité internationale où la

    France joue, comme naguère pour le Maroc, un rôle

    prépondérant. «Notre ami Ben Ali». Vieille histoire… Au

    nom d’un réalisme à courte vue, en vertu d’un économisme

    qui sacrifie la liberté des hommes au libéralisme

    pour les entreprises, les dirigeants politiques français, de

    gauche comme de droite, tolèrent, encouragent et même

    subventionnent une dictature des plus crasseuses. Faut-il

    répéter, avec les auteurs, que le totalitarisme et la

    corruption sont le fumier sur lequel prospère l’extrémisme,

    comme on a pu le vérifier en Iran et en Algérie ?

    Comment si souvent a-t-on pu dire ici en France, du sommet de l’État au

    simple citoyen : « Je ne savais pas. »?


    ...
    ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

  • #2
    Est ce qu'il mérite un livre ce voyou de Tunisie ?

    Le seul intérêt est peut-être de décortiquer le comportement de certaines classes politiques avec ce voyou

    Commentaire

    Chargement...
    X