Né à Tlemcen, à Derb Méliani, dans le quartier ‘’Haoumet bab el-djiad ‘’ (La porte des coursiers), vers 1650, Ahmed Ben Triqui fait partie de ce groupe qu’on appelle Kouloughlis, de sang mêlé, turco-autochtone, constituant les deux factions ethniques les plus importantes de la société tlemcenienne. Il fréquente très jeune les différentes écoles ‘’katatib’’ qu’offrait Tlemcen à cette époque. Il fréquenta particulièrement celle appelée ‘’Msid el mâada’’, à derb à Méliani, non loin du quartier des cavaliers Bab El Djiad qu’il évoque dans plusieurs de ses compositions, particulièrement dans sa complainte ‘’tâl nahbi’’ (Mes souffrances n’ont que trop duré). L’enseignement dispensé à cette époque offrait quelques disciplines tournant autour de la langue arabe, de la grammaire, du droit musulman et des sciences religieuses avec aussi, quelques personnalités qu’il cite dans ses œuvres dont Cheikh Benaissa, probablement son maitre-formateur. Ses goûts l’ont tôt porté vers la poésie. Très jeune, il va faire la connaissance de celui qui va être son véritable maitre ; le poète Said Benabdellah El Mandassi, véritable fondateur du genre poétique appelé Hawzi. Cette rencontre eut lieu probablement au début de sa carrière alors qu’il était encore jeune, au moment du retour définitif à Tlemcen du poète Said El Mandassi. Bentriqui, ce poète de la cité, est la cime lumineuse, voilée quelques fois par de magnifiques orages, de la période à laquelle nous nous arrêtons. Il est une résultante appartenant, comme héritiers des poètes qui l’ont précédé ; il résume et concentre dans tous les genres tout l’art du XVIIème siècle.
Au commencement ; un milieu fascinant, un talent prodigieux, un paradis galant.
Le XVIIème siècle a eu un éclat d’une renaissance ; il a renouvelé ce rayonnement de l’influence andalouse que nous avons si souvent observé pendant et depuis le moyen âge arabe. Il a fait du langage des sons une puissance d’expression ; que de chef d’œuvres il a produit. Cette nouvelle production sait émouvoir profondément, elle sait peindre. Elle apparait désormais comme une grande force morale et sociale ; en même temps, elle est la révélation d’une catégorie unique de la beauté. Les causes de ce renouvellement sont multiples ; des changements sociopolitiques de plus en plus profonds restent les plus marquants, et qui vont dominer cette production, laissant transparaitre dans tous les poètes de cette période des sentiments et des données socio politiques et historiques non négligeables. Le génie des compositions, en cette période, se joue sur un fond d’expérience très riche ; leur imagination a plus de champs et de liberté, leur sensibilité réagit à un flot d’impressions venues de tous les points de l’horizon. Ce changement de tendances entraine nécessairement des modifications profondes de la technique. On les observe d’abord dans la langue qui se renouvelle par l’enrichissement des modifications de timbres, dans le plan de certaines compositions, et dans ce qu’on pourrait appeler les lois de la syntaxe, c’est à dire les règles du langage poétique et de l’harmonie. Une période qui a fait naitre dans les âmes des sentiments qui semblent être du domaine propre ou préféré de l’expression musicale : une lassitude désenchantée, l’amour de la rêverie et de la nature, le gout de la solitude, une mélancolie poussée jusqu’à une tristesse poignante et au désarroi de la volonté de vivre.
C’est alors la naissance du genre poético-musical le Hawzi, un art arrivé à maturité et à la pleine conscience de sa fonction qui a pu se passer des ressources empruntées à des arts voisins en mettant en œuvre des éléments d’expression tout à fait spécifiques. En tant que genre musical, il va développer son propre rythme, ses propres pensées et sa propre fantaisie en combinant langage et musique. La dimension linguistique du contenu poétique va se manifester à travers le discours mais surtout à travers la musique. Les compositions Hawzi vont être associé par ses propres production au domaine du ‘’chant’’. Dans les œuvres enfièvreuses des maitres producteurs du Hawzi passent tous les frissons et se déchainent tous les rêves de l’âme moderne. Ce qu’on ne saurait nier, c’est la richesse éblouissante sur le plan production littéraire et poétique de cette période de l’histoire de notre pays. L’héritage poético-musical de Bentriqui est composé de poèmes d’une riche palette (descriptifs, panégyriques, printanières, complaintes et érotiques), d’une forte saveur lyrique. Sous le couvert de l’art, le ‘’hawzi’’ est l’expression d’une sincérité et d’une fantaisie enfin, d’un tempérament qui exprime un certain savoir - vivre dans la cité. Le ‘’Hawzi’’ marque le temps d’une grande époque et cela, par sa fécondité. Les nombreuses pensées contenues dans ces poésies chantées, entrées dans la tradition, ont fait font partie intégrante de l’éducation et de la morale populaire.
Dans le répertoire des chansons de Bentriqui les poèmes érotiques sont légions. Une de ses premières chansons fut sans doute ‘’fiq ya nayam ousthayqad minal manem‘’ (Réveille – toi ô endormi, sors de ton sommeil), une œuvre d’un lyrisme pur. Elle fait partie d’un ensemble de Vingt poèmes, traitant de l’amour. Elle est une peinture vivante et gracieuse de la société de son époque avec ses émotions, ses chagrins, ses blessures, sa sensibilité, ses séductions. Une narration poétique des plus belles de sa production avec une infinie délicatesse, un raffinement distingué et une finesse de la forme et du fond rendant compte des ivresses du cœur. Elle crée une atmosphère de rêve et de spleen, emplissant son œuvre de l’élégance d’une vie de joie, en cette période si particulière où les artistes-poètes semblent développer une seule et même obsession : mettre l’amour en exergue. Un grand appétit d’amour se développe alors dans la poésie.
‘’ Réveille – toi ô endormi, sors de ton sommeil,
Prête l’oreille à mes paroles, ô mon frère, et saisis en le sens.
Cœur mortifié, Je me heurte aux tourments de la vengeance,
Ne peux davantage dissimuler la pesanteur de ce secret.
O filles de la radieuse, Tlemcen, cessez la remontrance vaine,
Inclinez-vous à la grâce désirable des belles filles d’El Mechouar.
O filles de la radieuse, Tlemcen, cessez cette réprimande fugace,
La grâce d’une telle beauté ne mérite-elle pas un porte-parole!
Beauté de qui la grâce étonne la nature, en tout apaisement et sérénité,
Triomphant maintien, parures finement choisis dissimulant délicatesse et élégance.
Nulle crainte, nulle peine, les tourments se rétractent le temps d’un bonheur,
Dans des logis et cours d’eau s’offrant divertissement et ébats.
Gazelles, oies, tourterelles et pigeons,
Incessants appels lance le ramier et, autres oiseaux en émoi se livrent aux gazouillements.
Des roses, des églantines et des fleurs épanouissants, lancent des sourires,
Basilic et giroflée embaument l’univers de senteurs ensorcelantes.
O filles de la radieuse, Tlemcen, cessez la remontrance vaine,
Inclinez-vous à la grâce désirable des belles filles d’El Mechouar
Evocatrice d’admiration, d’amour passionnel, de désir ardent, la femme du XVIIème siècle y est décrite avec minutie dans toute sa splendeur, sublimée par une pléiade de poètes célèbres. Bentriqui avait l’œil de l’observation. Sa description de la femme, d’un génie tout neuf, est un habillement de mots d’une coquetterie, d’un beau au-delà du beau physique exaltant la plénitude du désir entièrement comblé par les mots et la poétique qu’elle suggère. Elle est insérée dans un procédé de stylisation où on la voit, dans sa nonchalance et dans la cadence de ses poses, dans ses ondulations et la coquetterie du geste, la grâce du visage et les heureuses fortunes du maintien, telle une peinture vivante s’offrant aux yeux des lecteurs dans des champs emplis de musique. Désirée, la femme aimée va servir à la mise en œuvre de l’amour du dire poétique qui l’a brode et la magnifie avec un désir portant sublimement la parole lyrique qui va s’accomplir dans les mots et l’écriture poétique. C’est une rêverie sur toutes les affinités électives qu’offre la nature. Elle est souvent mise en corrélation avec les éléments de la nature, le cosmos qui va impacter l’ensemble de sa production. Véritable paradis galant. Dans cette optique, Bentriqui décrit la femme, dans cette composition, la mettant dans une communion parfaire avec la nature qui inspire tant ses compositions, il dit :
‘’ O fille de la radieuse (Tlemcen), l’éclat des joues sangle mon corps tenaillé et ensanglanté.
Qui pourra décrire le coquelicot et les fleures qui illuminent ce visage? Pleine lune habitant les cieux enchantés
Ou un soleil au petit matin laissant entrevoir l’ataraxie se répand au matin et diffuse ses rayons flamboyants.
Journée limpide vide de tout nuage laissant entrevoir sa lumière et répandant ses parfums diffuses.
Des lèvres semblables à un corail rouge, ô honorable gens ou une goute de sang sur du
cristal formant un anneau
Accordez grâce aux belles gazelles’’.
Ame sensible, Il y a chez lui ce gout délicat qui sait associer l’expression de la beauté du sentiment de la nature et à l’observation, conçu avec intelligence et équilibre, avec aussi, en filigrane, souvent des hommages rendus à la femme honorée par des mots séduisants et des mélodies charmantes. Sa musique est douée de cette vertu d’entrainement et d’attraction qui fait qu’une première entrée d’idées fait attendre et presque deviner les idées qui suivront. On glisse, sans heurts de passion et sans pauses pour la rêverie, sur des pentes gazonnées et doux fleurantes. Un discours poétique d’une portée charnel émaillé d’une élégance dans le dire des mots avec une symbolique emprunte aussi, des coutumes en matière de langage et d’habillement toutes aussi chargée d’histoire pour donner plus de couleurs et d’éclat à ses productions. Il dit :
‘’ Celle aux beaux traits ornée d’un foulard sur lequel se dresse un diadème légèrement incliné sur la frange.
Une serviette ceinture sa taille aux couleurs chatoyantes, rouge et dorée, ô l’affligeante
Le poignet cristal blanchâtre et limpide, le coup orné de perles d’Alep nul commerçant n’en fit possession
Un tatouage bleuté formant de jolis motifs, œuvre de maitre, de pur indigo, ô l’affligeante’’
Les vieilles traditions d’habillement sont souvent rapportées par une riche littérature d’une poétique narrative qui décrit la société dans tous ses rapports. On y lit dans ces poésies, véritables bibliothèques culturelles, tout un ensemble d’éléments nous rappelant l’élégance féminine; le ‘’caftan’’, ‘’frimla’’, ‘’ghlila’’ , ‘’abrouk’’, ‘’Medjounah’’, ‘’chachia’’ , ‘’açaba’’, ‘’khorça’’ (pendentifs traditionnels), ‘’fouta’’, ‘’mendil’’, ‘’h’zam’’ à glands, ‘’srawal’’ , ‘’haïk’’ ou voile, ‘’bachmâk’’ et ‘’rihiya’’ ou ballerines brodées. Cette culture est, elle-même, d’une sédimentation originale, au croisement de plusieurs cultures : berbère, arabe, ottomane… et de trois aires culturelles : l’Occident, l’Afrique et l’Orient. Dans le style raffiné, les artistes et les poètes étaient certes, les arbitres de l’élégance et du bon goût. Au sujet du costume dans le royaume de Tlemcen (Trémicen) le vénitien Cesare Vecellio (1530-1601) note : ’’Les dames de ce pays s’habillent avec magnificence. Elles portent une chemise noire à larges manches avec un pantalon de toile noire ou bleu, dont les bords sont découpés en dentelures, et qui s’attache sur les épaules au moyen de boucles d’argent ou d’or d’un beau travail’’. Tel décrit, l’habit en question ressemblerait fort bien au costume de cérémonie que les tlemceniennes portent toujours du nom de ‘’R’da ‘’, littéralement en arabe ‘’ Rida’’.
par Salim el Hassar
Au commencement ; un milieu fascinant, un talent prodigieux, un paradis galant.
Le XVIIème siècle a eu un éclat d’une renaissance ; il a renouvelé ce rayonnement de l’influence andalouse que nous avons si souvent observé pendant et depuis le moyen âge arabe. Il a fait du langage des sons une puissance d’expression ; que de chef d’œuvres il a produit. Cette nouvelle production sait émouvoir profondément, elle sait peindre. Elle apparait désormais comme une grande force morale et sociale ; en même temps, elle est la révélation d’une catégorie unique de la beauté. Les causes de ce renouvellement sont multiples ; des changements sociopolitiques de plus en plus profonds restent les plus marquants, et qui vont dominer cette production, laissant transparaitre dans tous les poètes de cette période des sentiments et des données socio politiques et historiques non négligeables. Le génie des compositions, en cette période, se joue sur un fond d’expérience très riche ; leur imagination a plus de champs et de liberté, leur sensibilité réagit à un flot d’impressions venues de tous les points de l’horizon. Ce changement de tendances entraine nécessairement des modifications profondes de la technique. On les observe d’abord dans la langue qui se renouvelle par l’enrichissement des modifications de timbres, dans le plan de certaines compositions, et dans ce qu’on pourrait appeler les lois de la syntaxe, c’est à dire les règles du langage poétique et de l’harmonie. Une période qui a fait naitre dans les âmes des sentiments qui semblent être du domaine propre ou préféré de l’expression musicale : une lassitude désenchantée, l’amour de la rêverie et de la nature, le gout de la solitude, une mélancolie poussée jusqu’à une tristesse poignante et au désarroi de la volonté de vivre.
C’est alors la naissance du genre poético-musical le Hawzi, un art arrivé à maturité et à la pleine conscience de sa fonction qui a pu se passer des ressources empruntées à des arts voisins en mettant en œuvre des éléments d’expression tout à fait spécifiques. En tant que genre musical, il va développer son propre rythme, ses propres pensées et sa propre fantaisie en combinant langage et musique. La dimension linguistique du contenu poétique va se manifester à travers le discours mais surtout à travers la musique. Les compositions Hawzi vont être associé par ses propres production au domaine du ‘’chant’’. Dans les œuvres enfièvreuses des maitres producteurs du Hawzi passent tous les frissons et se déchainent tous les rêves de l’âme moderne. Ce qu’on ne saurait nier, c’est la richesse éblouissante sur le plan production littéraire et poétique de cette période de l’histoire de notre pays. L’héritage poético-musical de Bentriqui est composé de poèmes d’une riche palette (descriptifs, panégyriques, printanières, complaintes et érotiques), d’une forte saveur lyrique. Sous le couvert de l’art, le ‘’hawzi’’ est l’expression d’une sincérité et d’une fantaisie enfin, d’un tempérament qui exprime un certain savoir - vivre dans la cité. Le ‘’Hawzi’’ marque le temps d’une grande époque et cela, par sa fécondité. Les nombreuses pensées contenues dans ces poésies chantées, entrées dans la tradition, ont fait font partie intégrante de l’éducation et de la morale populaire.
Dans le répertoire des chansons de Bentriqui les poèmes érotiques sont légions. Une de ses premières chansons fut sans doute ‘’fiq ya nayam ousthayqad minal manem‘’ (Réveille – toi ô endormi, sors de ton sommeil), une œuvre d’un lyrisme pur. Elle fait partie d’un ensemble de Vingt poèmes, traitant de l’amour. Elle est une peinture vivante et gracieuse de la société de son époque avec ses émotions, ses chagrins, ses blessures, sa sensibilité, ses séductions. Une narration poétique des plus belles de sa production avec une infinie délicatesse, un raffinement distingué et une finesse de la forme et du fond rendant compte des ivresses du cœur. Elle crée une atmosphère de rêve et de spleen, emplissant son œuvre de l’élégance d’une vie de joie, en cette période si particulière où les artistes-poètes semblent développer une seule et même obsession : mettre l’amour en exergue. Un grand appétit d’amour se développe alors dans la poésie.
‘’ Réveille – toi ô endormi, sors de ton sommeil,
Prête l’oreille à mes paroles, ô mon frère, et saisis en le sens.
Cœur mortifié, Je me heurte aux tourments de la vengeance,
Ne peux davantage dissimuler la pesanteur de ce secret.
O filles de la radieuse, Tlemcen, cessez la remontrance vaine,
Inclinez-vous à la grâce désirable des belles filles d’El Mechouar.
O filles de la radieuse, Tlemcen, cessez cette réprimande fugace,
La grâce d’une telle beauté ne mérite-elle pas un porte-parole!
Beauté de qui la grâce étonne la nature, en tout apaisement et sérénité,
Triomphant maintien, parures finement choisis dissimulant délicatesse et élégance.
Nulle crainte, nulle peine, les tourments se rétractent le temps d’un bonheur,
Dans des logis et cours d’eau s’offrant divertissement et ébats.
Gazelles, oies, tourterelles et pigeons,
Incessants appels lance le ramier et, autres oiseaux en émoi se livrent aux gazouillements.
Des roses, des églantines et des fleurs épanouissants, lancent des sourires,
Basilic et giroflée embaument l’univers de senteurs ensorcelantes.
O filles de la radieuse, Tlemcen, cessez la remontrance vaine,
Inclinez-vous à la grâce désirable des belles filles d’El Mechouar
Evocatrice d’admiration, d’amour passionnel, de désir ardent, la femme du XVIIème siècle y est décrite avec minutie dans toute sa splendeur, sublimée par une pléiade de poètes célèbres. Bentriqui avait l’œil de l’observation. Sa description de la femme, d’un génie tout neuf, est un habillement de mots d’une coquetterie, d’un beau au-delà du beau physique exaltant la plénitude du désir entièrement comblé par les mots et la poétique qu’elle suggère. Elle est insérée dans un procédé de stylisation où on la voit, dans sa nonchalance et dans la cadence de ses poses, dans ses ondulations et la coquetterie du geste, la grâce du visage et les heureuses fortunes du maintien, telle une peinture vivante s’offrant aux yeux des lecteurs dans des champs emplis de musique. Désirée, la femme aimée va servir à la mise en œuvre de l’amour du dire poétique qui l’a brode et la magnifie avec un désir portant sublimement la parole lyrique qui va s’accomplir dans les mots et l’écriture poétique. C’est une rêverie sur toutes les affinités électives qu’offre la nature. Elle est souvent mise en corrélation avec les éléments de la nature, le cosmos qui va impacter l’ensemble de sa production. Véritable paradis galant. Dans cette optique, Bentriqui décrit la femme, dans cette composition, la mettant dans une communion parfaire avec la nature qui inspire tant ses compositions, il dit :
‘’ O fille de la radieuse (Tlemcen), l’éclat des joues sangle mon corps tenaillé et ensanglanté.
Qui pourra décrire le coquelicot et les fleures qui illuminent ce visage? Pleine lune habitant les cieux enchantés
Ou un soleil au petit matin laissant entrevoir l’ataraxie se répand au matin et diffuse ses rayons flamboyants.
Journée limpide vide de tout nuage laissant entrevoir sa lumière et répandant ses parfums diffuses.
Des lèvres semblables à un corail rouge, ô honorable gens ou une goute de sang sur du
cristal formant un anneau
Accordez grâce aux belles gazelles’’.
Ame sensible, Il y a chez lui ce gout délicat qui sait associer l’expression de la beauté du sentiment de la nature et à l’observation, conçu avec intelligence et équilibre, avec aussi, en filigrane, souvent des hommages rendus à la femme honorée par des mots séduisants et des mélodies charmantes. Sa musique est douée de cette vertu d’entrainement et d’attraction qui fait qu’une première entrée d’idées fait attendre et presque deviner les idées qui suivront. On glisse, sans heurts de passion et sans pauses pour la rêverie, sur des pentes gazonnées et doux fleurantes. Un discours poétique d’une portée charnel émaillé d’une élégance dans le dire des mots avec une symbolique emprunte aussi, des coutumes en matière de langage et d’habillement toutes aussi chargée d’histoire pour donner plus de couleurs et d’éclat à ses productions. Il dit :
‘’ Celle aux beaux traits ornée d’un foulard sur lequel se dresse un diadème légèrement incliné sur la frange.
Une serviette ceinture sa taille aux couleurs chatoyantes, rouge et dorée, ô l’affligeante
Le poignet cristal blanchâtre et limpide, le coup orné de perles d’Alep nul commerçant n’en fit possession
Un tatouage bleuté formant de jolis motifs, œuvre de maitre, de pur indigo, ô l’affligeante’’
Les vieilles traditions d’habillement sont souvent rapportées par une riche littérature d’une poétique narrative qui décrit la société dans tous ses rapports. On y lit dans ces poésies, véritables bibliothèques culturelles, tout un ensemble d’éléments nous rappelant l’élégance féminine; le ‘’caftan’’, ‘’frimla’’, ‘’ghlila’’ , ‘’abrouk’’, ‘’Medjounah’’, ‘’chachia’’ , ‘’açaba’’, ‘’khorça’’ (pendentifs traditionnels), ‘’fouta’’, ‘’mendil’’, ‘’h’zam’’ à glands, ‘’srawal’’ , ‘’haïk’’ ou voile, ‘’bachmâk’’ et ‘’rihiya’’ ou ballerines brodées. Cette culture est, elle-même, d’une sédimentation originale, au croisement de plusieurs cultures : berbère, arabe, ottomane… et de trois aires culturelles : l’Occident, l’Afrique et l’Orient. Dans le style raffiné, les artistes et les poètes étaient certes, les arbitres de l’élégance et du bon goût. Au sujet du costume dans le royaume de Tlemcen (Trémicen) le vénitien Cesare Vecellio (1530-1601) note : ’’Les dames de ce pays s’habillent avec magnificence. Elles portent une chemise noire à larges manches avec un pantalon de toile noire ou bleu, dont les bords sont découpés en dentelures, et qui s’attache sur les épaules au moyen de boucles d’argent ou d’or d’un beau travail’’. Tel décrit, l’habit en question ressemblerait fort bien au costume de cérémonie que les tlemceniennes portent toujours du nom de ‘’R’da ‘’, littéralement en arabe ‘’ Rida’’.
par Salim el Hassar
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