1. La transformation
La première façon est la transformation : une langue est assez fortement modifiée, au cours d’un processus qui peut être long, pour qu’à un certain moment, on puisse considérer qu’une nouvelle est apparue ; telle est l’histoire de la transformation du latin en diverses langues romanes ; un autre cas est celui, illustré plus haut par le russe, le turc ... etc., des langues modernes dont certaines langues classiques représentent l’état ancien ; on a vu que la continuité historique est alors assez étroite ; dans ce cas comme dans celui qu’illustre le latin, on ne peut parler strictement de disparition au sens d’élimination totale, même s’il est vrai que le portugais ne peut que par abus être appelé du latin et que le français moderne est fort loin d’être du français médiéval. La transformation ne sera donc pas retenue ici comme cas pertinent de mort d’une langue.
2. La substitution
On peut dire qu’une langue venue de l’extérieur se substitue à une autre, précédemment seule attestée dans un groupe humain, lorsque cette dernière, après avoir, durant une période très variable, coexisté avec la langue nouvelle, finit par s’absorber en elle ; il s’agit d’un processus de fusion croissante, au terme duquel ni les structures, ni les mots de la langue d’origine ne restent d’usage général, ne survivant, au mieux, que dans une faible minorité d’emplois.
3. L’extinction
La notion d’extinction, plus métaphorique que celle de disparition, évoque adéquatement, pour l’imagination, ce que peut signifier le phénomène. Il s’agit d’un retrait total de la scène, concomitant, par définition, de celui des derniers locuteurs, qui s’éteignent sans descendance. L’extinction d’une langue est donc celle des derniers vieillards qui la balbutiaient encore, ou parfois celle de toute la communauté qui la parlait, quels que soient les âges. L’extinction s’achève en substitution lorsque, ainsi qu’il arrive très fréquemment, les générations suivantes abandonnent complètement la langue dont il s’agit, et en adoptent une autre.
On peut donc dire qu’une langue est éteinte quand elle n’a plus de locuteurs de naissance, c’est-à-dire d’utilisateurs qui l’apprennent depuis le début de leur vie dans le milieu familial et social, et auxquels cet apprentissage confère ce qu’on peut appeler une compétence native ; cette dernière est elle-même définie comme une connaissance complète et une capacité d’usage spontané, qui font de la langue considérée un instrument de communication propre à toutes les circonstances de la vie quotidienne. Dans une telle perspective, une langue vivante sera définie comme celle d’une communauté qui renouvelle d’elle-même ses locuteurs de naissance ; et une langue morte, si l’on choisit de conserver ce terme, sera celle d’une communauté où la compétence native a totalement disparu, dans la mesure où les locuteurs de naissance n’ont transmis qu’imparfaitement leur savoir, leurs descendants transmettant à leur tour une aptitude de plus en plus faible à parler et à comprendre l’idiome du groupe.
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La première façon est la transformation : une langue est assez fortement modifiée, au cours d’un processus qui peut être long, pour qu’à un certain moment, on puisse considérer qu’une nouvelle est apparue ; telle est l’histoire de la transformation du latin en diverses langues romanes ; un autre cas est celui, illustré plus haut par le russe, le turc ... etc., des langues modernes dont certaines langues classiques représentent l’état ancien ; on a vu que la continuité historique est alors assez étroite ; dans ce cas comme dans celui qu’illustre le latin, on ne peut parler strictement de disparition au sens d’élimination totale, même s’il est vrai que le portugais ne peut que par abus être appelé du latin et que le français moderne est fort loin d’être du français médiéval. La transformation ne sera donc pas retenue ici comme cas pertinent de mort d’une langue.
2. La substitution
On peut dire qu’une langue venue de l’extérieur se substitue à une autre, précédemment seule attestée dans un groupe humain, lorsque cette dernière, après avoir, durant une période très variable, coexisté avec la langue nouvelle, finit par s’absorber en elle ; il s’agit d’un processus de fusion croissante, au terme duquel ni les structures, ni les mots de la langue d’origine ne restent d’usage général, ne survivant, au mieux, que dans une faible minorité d’emplois.
3. L’extinction
La notion d’extinction, plus métaphorique que celle de disparition, évoque adéquatement, pour l’imagination, ce que peut signifier le phénomène. Il s’agit d’un retrait total de la scène, concomitant, par définition, de celui des derniers locuteurs, qui s’éteignent sans descendance. L’extinction d’une langue est donc celle des derniers vieillards qui la balbutiaient encore, ou parfois celle de toute la communauté qui la parlait, quels que soient les âges. L’extinction s’achève en substitution lorsque, ainsi qu’il arrive très fréquemment, les générations suivantes abandonnent complètement la langue dont il s’agit, et en adoptent une autre.
On peut donc dire qu’une langue est éteinte quand elle n’a plus de locuteurs de naissance, c’est-à-dire d’utilisateurs qui l’apprennent depuis le début de leur vie dans le milieu familial et social, et auxquels cet apprentissage confère ce qu’on peut appeler une compétence native ; cette dernière est elle-même définie comme une connaissance complète et une capacité d’usage spontané, qui font de la langue considérée un instrument de communication propre à toutes les circonstances de la vie quotidienne. Dans une telle perspective, une langue vivante sera définie comme celle d’une communauté qui renouvelle d’elle-même ses locuteurs de naissance ; et une langue morte, si l’on choisit de conserver ce terme, sera celle d’une communauté où la compétence native a totalement disparu, dans la mesure où les locuteurs de naissance n’ont transmis qu’imparfaitement leur savoir, leurs descendants transmettant à leur tour une aptitude de plus en plus faible à parler et à comprendre l’idiome du groupe.
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