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La langue berbère

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  • La langue berbère

    Origines obscures

    Si nous savons que toutes les langues qui ont été parlées en Afrique du N. au fil des siècles ont été importées à la suite d’événements historiques connus, nous ignorons l’origine des parlers berbères – du berbère.

    [...] Les témoignages de cette antiquité sont peu nombreux. Quelques mots dans Corippe – un poète latin du 6e siècle –, 16 noms de figures géomantiques dans un manuscrit hébreu du 9e siècle, et comme le signale André Basset des phrases de Baidoq du 12e siècle. Il reste encore à exploiter la toponymie antique et une inconnue, les inscriptions libyques dont nous parlerons plus loin ; nombreuses, mais pour la plupart très courtes, elles restent indéchiffrées, malgré deux inscriptions bilingues, la plus connue étant celle de Dougga. [...] Nous ne savons pas si les parlers berbères sont les témoins résiduels d’un groupe ayant entièrement disparu. Depuis longtemps, des linguistes ont cherché à les rapprocher des langues qui l’entourent géographiquement : l’égyptien et les langues sémitiques. [...] L’hypothèse la plus vraisemblable est l’origine orientale des différents parlers berbères ; à l’origine sans doute une langue unique. La dispersion sur un vaste territoire, l’isolement des groupes, l’absence de communication des groupes ont fait le reste.

    [...] Certains linguistes, tout en rangeant le « berbère » parmi les langues sémitiques – reconnaissant ainsi implicitement la parenté avec le cananéen –, préfèrent le terme chamito-sémitique pour préciser, disent-ils, son origine. Les langues chamitiques constitueraient une famille linguistique qui s’étendrait, ou se serait étendue, sur tout le N. du continent africain, depuis le cap Guardafui jusqu’à l’Atlantique, s’avançant au S.-E. entre le lac de Victoria-Nyanza et l’océan Indien : un groupe est représenté au Soudan, par endroits, au milieu de langues très différentes. Mais, comme le remarque Stéphane Gsell, « cette parenté est évidemment très lointaine ». Depuis longtemps, en effet, l’égyptien était constitué et, comme toutes les langues, suivait sa diffusion particulière. Le libyque de son côté a développé son système grammatical d’une manière autonome.

    Selon une hypothèse rangeant le libyque, puis les parlers berbères, dans les langues chamito-sémitiques, l’origine commune serait une langue parlée, à une époque impossible à situer, quelque part en Afrique ou en Asie. De là, les deux branches de cette langue se seraient développées, chacune selon son génie propre. Quelles que soient les origines du libyque, il a dû rencontrer d’autres langues, qui ont ensuite disparu ou se sont retirées vers leurs sources. Les auteurs anciens, mis à part Hérodote, ne donnent aucune information à ce sujet.
    Dernière modification par Harrachi78, 23 avril 2022, 00h24.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

  • #2
    Les inscriptions libyques

    La première inscription libyque a été découverte en 1631 à Dougga. Une seule inscription a été datée de l’an 10 du règne de Micipsa, soit l’an 139 av. J.-C. Elles s’échelonnent, dans l’ensemble, du 1er siècle av. J.-C. au 3e après.

    En 1940, le Recueil des inscriptions libyques rédigé et publié par l’abbé Chabot donnait une bibliographie abondante : surtout d’inscriptions trouvées par des chercheurs isolés. Certaines ont été découvertes depuis. Nous possédons actuellement plus de 1.200 de ces inscriptions. Ces textes, gravés pour la plupart, emploient un alphabet spécial qui a subi lui-même, au cours du temps, des modifications importantes, pour aboutir à l’écriture en usage chez les Touareg. L’alphabet tifinagh compte plus de 40 signes, alors que le libyque n’en a fourni que 23, dont l’antiquité est garantie par leur présence dans des inscriptions bilingues. Il paraît hors de doute que le tifinagh est une transformation amplifiée de l’alphabet libyque.

    L’origine du libyque, si elle a été discutée, est évidente, il constitue un dérivé de l’alphabet phénicien. Plusieurs signes se retrouvent sur des monnaies celtibériennes du 1er siècle avant notre ère – donc contemporaines des inscriptions libyques. Les textes libyques sont en général très courts. Ils sont gravés ou peints en lignes horizontales ou en colonnes, le cas échéant, avec double registre, quelquefois aussi en boustrophédon. Dans les rares inscriptions bilingues, les lignes sont horizontales, se lisant de droite à gauche, les mots étant séparés entre eux par des points. Vers 1950, des inscriptions non latines, mais rédigées en caractères latins, ont été découvertes, offrant l’avantage du vocalisme – de la présence de voyelles. Elles paraissent correspondre aux inscriptions libyques de l’Afrique du N. Certains chercheurs ont tenté une traduction de ces inscriptions à l’aide des parlers berbères actuels et ont obtenu quelques résultats ; d’autres ont rejeté toute parenté avec ces mêmes parlers sans avoir rien d’autre à proposer.

    Un manuscrit géomantique hébreu daté du 9e siècle et qui paraît venir du S. de l’Espagne mentionne les noms de 16 figures géomantiques en berbère : elles n’ont pas encore été publiées. Des textes arabes du 12e siècle donnent une quinzaine de phrases dans un parler berbère proche de ceux que nous connaissons. Au 18e siècle, on a signalé les poèmes shlöh d’Al-Awazali transcrits en caractères arabes, très proches de la langue des parlers actuels.

    Les différents parlers berbères de leur séparation depuis une souche commune et leur dispersion n’ont jamais fourni une langue de civilisation, c’est-à-dire une langue commune à un groupe étendu, permettant la communication entre de nombreux individus. Une telle langue, dans la mesure où elle a été nécessaire, a toujours été une langue étrangère : punique, sans doute ou proche dérivé du punique, ce que saint Augustin appelait cananéen ; latin par endroits et par moments, peut-être aussi grec. L’arabe dans son expansion a sans doute bénéficié de son caractère de langue sémitique et de son rapprochement phonétique avec ce qu’il est convenu d’appeler le « sémitique commun », c’est-à-dire la souche de toutes les langues sémitiques. [...] L’unité toute relative du Maghreb, quand elle a été réalisée, l’a été par une influence ou une pression extérieure ; avec, dans tous les cas, domination d’une langue sur les parlers locaux : puniques puis berbère.

    Faute de support écrit et en raison de cette organisation sociale, la langue s’est éparpillée en une multitude de parlers. Ces différences peuvent être minimes d’un village à l’autre, porter sur la modulation de la phrase, une façon de prononcer plus ou moins rapide, plus ou moins traînante, mais elles existent. Les différences s’accroissent avec la distance. Sans doute, l’unité grammaticale de la langue du « Berbère » a été maintes fois reconnue par différents auteurs. Paradoxalement, les mêmes auteurs ont souligné l’existence de ces nombreux parlers – 3 000 selon certains, 4 ou 5 000 parlers selon André Basset. Encore faudrait-il définir le seuil d’intelligibilité entre deux groupes. Les habitants de villages voisins se comprennent tout en étant parfaitement conscients de leur légère différence d’accent ou d’articulation. Les habitants de deux groupes de villages peuvent se comprendre tout en notant leurs mutuelles différences lexicales. Mais déjà, il suffit que ces villages ou ces groupes de villages soient séparés par les frontières invisibles des anciennes confédérations de tribus, qu’ils ne fréquentent pas les mêmes marchés pour que circulent les mêmes racontars sur la langue mystérieuse, inconnue, parlée par les « autres », sur leur cruauté, leurs coutumes étranges, voire même répréhensibles. L’ethnologue-linguiste en sera pour une visite d’information et une courte déception. Il n’aura trouvé, dans le meilleur des cas, que quelques différences phonétiques ou lexicales. Les cartes de géographie linguistique ne font que révéler un enchevêtrement de limites, phonétiques, morphologiques, lexicographiques ou sémantiques avec des îlots et des coupures arabophones qui ont tendance à se rejoindre.


    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      Ne pas oublier surtout que c'est dans cette langue (Tamazight) que chante un certain poète Lounis Aït Menguellat !
      « Même si vous mettiez le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche je n'abandonnerais jamais ma mission". Prophète Mohammed (sws). Algérie unie et indivisible.

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      • #4
        Saladin7757

        ​​​​​​​Tu as lu l'article ?!
        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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        • #5
          L’hypothèse la plus vraisemblable est l’origine orientale des différents parlers berbères ; à l’origine sans doute une langue unique. La dispersion sur un vaste territoire, l’isolement des groupes, l’absence de communication des groupes ont fait le reste.
          le fait que l'origine,a mon avis, des différents langues dialectes, déclinaisons, du parlé berbère est orientale ne fait pas de doute, autant que l'assertion comme quoi l'origine serait une langue unique me déconcerte au plus haut point.
          Il y a un manque de cohérence entre les études sur les autres langues et celle ci qui concerne la langue berbère''parlée'',et les confusions ne sont pas en reste par manque de rigueur sur ses origines plus ou moins précises.
          Toujours selon moi ça demeure globalement une théorie parmi d'autres,le défaut des manuscrits n'aidant pas on ne peut qu'avancer des suppositions très rarement prouvées dans leurs histoires.
          Ça aurait été mieux de commencer par tracer les ''origines'' de la langue''ecrite'' des Berbères

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          • #6
            Origines obscures

            Parce qu'une partie importante de notre mémoire est laissée en jachère, notre Histoire peut subir à la guise des décideurs toute l'influence Arabo-islamique... Nos esprits et ceux de nos enfants sont à la merci de cette idéologie. Comme le fer chauffé à blanc qui subit toutes les contorsions que lui donne le forgeron.

            En jetant une chape de plomb sur notre Histoire, nous ne faisons que nous préparer à nous livrer pieds et poings liés aux magiciens de la pensée qui se chargerons de dire pour nous ce qu'il leur plaira de dire et écrire...

            Beaucoup de choses ont été ensevelies au nom de la culture de l'oubli. Dans cette logique si des faits, des repères ont été occultés c'est dans l'ordre des choses, il est tout à fait normal qu'il en soit ainsi, pour le cas des Berbères d'Algérie...

            Même si les Kabyles tout au long de leur Histoire, ont toujours cherché à se défendre et à défendre leur espace vital souvent par l'implication et le compromis, cependant on retrouve également parmi eux ceux qui ont "collaborés" avec le régime totalitaire de l'arabo-islamisme, il est intéressant de le noter, et ce jusqu'à aujourd'hui.
            Dernière modification par infinite1, 23 avril 2022, 21h08.

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            • #7
              infinite1

              Tu as lu l'article ?
              "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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              • #8
                Tu as lu l'article ?

                Et comment !... sinon je n'aurais pas commenter de la manière si acerbe et incisive...

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                • #9
                  infinite1

                  Et ça situe où exactement la partie en rapport avec les Arabes dans l'article que tu as lu ?
                  "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                  • #10
                    Tu as lu l'article ?!
                    A vrai dire très peu !
                    ​​​​​​​ Mais mon intervention se veut surtout symbolique !
                    « Même si vous mettiez le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche je n'abandonnerais jamais ma mission". Prophète Mohammed (sws). Algérie unie et indivisible.

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                    • #11
                      Saladin7757

                      ... A vrai dire très peu ! ...

                      Je me disais bien, parceque ca parle de tout sauf de musique.

                      ​​​​​​​... Mais mon intervention se veut surtout symbolique ! ...

                      Essayes donc de lire. Ça va te cultiver un peu, et ça te permettra de faire des interventions à la fois plus utiles et plus en rapport avec le sujet ...
                      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                      • #12
                        Et ça situe où exactement la partie en rapport avec les Arabes dans l'article que tu as lu ?

                        Au niveau du titre qui déjà donne le ton... c'est à dire des origines incertaines qui viendraient des ténèbres, des ténèbres voulues et entretenues à ce jour selon ma vision, d'où ma réflexion incisive.

                        Origines obscures
                        Dernière modification par infinite1, 24 avril 2022, 08h20.

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                        • #13
                          infinite1

                          Constat chronologique d'abord : avant de croiser le moindre Arabe, les locuteurs de l'ancêtre commun des langues et parlers berbères actuels avaient vécus deux ou trois millénaires, ce qui est largement suffisant pour développer une base écrite et des normes convenues pour une langue commune. Or, ce ne fut pas le cas pour des raisons qui leurs sont propres, et les Arabes -n'en déplaise à ton racisme primaire- n'y sont absolument pour rien.

                          C'est ce passage de l'article qu'il fallait considérer pour ce point :

                          Les témoignages de cette antiquité sont peu nombreux. Quelques mots dans Corippe – un poète latin du 6e siècle –, 16 noms de figures géomantiques dans un manuscrit hébreu du 9e siècle, et comme le signale André Basset des phrases de Baidoq du 12e siècle. Il reste encore à exploiter la toponymie antique et une inconnue, les inscriptions libyques dont nous parlerons plus loin ; nombreuses, mais pour la plupart très courtes, elles restent indéchiffrées, malgré deux inscriptions bilingues.
                          Éclairage sémantique ensuite : L'obscurité en matière d'histoire (linguistique ou autre) n'est pas un jugement de valeur, mais un simple constat d'absence en informations historiques susceptibles d'eclairer sur comment les choses ont pu se dérouler à telle ou telle période. Beaucoup de langues ont des origines obscures pour les linguistes car, au final très peu de langues humaines ont laissé des traces écrites sur tout le long de leur existence. Mais, même celles qui ont été écrites très tôt, comme le sumérien par exemple, qui a laissé une immense masse de matériaux sur des milliers d'années d'existence ininterrompue, reste totalement insondable quant à son origine, simplement parcequ'il s'agit d'un isolat que les linguistes n'ont pu rattacher à aucune autre langue connue qui aurait pu servir de point d'attache.

                          Dans le cas du berbère, cette "obscurité" est beaucoup moins prononcée que pour le Sumérien (pourtant écrit depuis des âges, parfaitement connu et largement étudié). Mais ça reste peu puisque résumé à cela :

                          Selon une hypothèse rangeant le libyque, puis les parlers berbères, dans les langues chamito-sémitiques, l’origine commune serait une langue parlée, à une époque impossible à situer, quelque part en Afrique ou en Asie. De là, les deux branches de cette langue se seraient développées, chacune selon son génie propre. Quelles que soient les origines du libyque, il a dû rencontrer d’autres langues, qui ont ensuite disparu ou se sont retirées vers leurs sources. Les auteurs anciens, mis à part Hérodote, ne donnent aucune information à ce sujet.
                          Dernière modification par Harrachi78, 24 avril 2022, 12h29.
                          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                          • #14
                            Éclairage sémantique ensuite : L'obscurité en matière d'histoire (linguistique ou autre) n'est pas un jugement de valeur, mais un simple constat d'absence en informations historiques susceptibles d'eclairer sur comment les choses ont pu se dérouler à telle ou telle période.

                            L’insupportable est du coté du silence fait de mille silences, qui reçoit en retour du souvenir qu'il tente d'évoquer une mémoire incertaine, qui s'efface au fur et à mesure qu'elle se constitue. Cette trajectoire du destin est la mémoire, héritage qui doit rester comme trace indélébile...

                            Nulle histoire ne peut être anesthésiée, effacée, gommée. Il nous parait souvent étrange que toutes nos fêtes, tous nos repères religieux se déroulent dans une incroyable tristesse !...Parce que justement, le pouvoir, dans son désir d'imposer par le haut "son" histoire, se retrouve incapable d'en mesurer le contenu. Ce qui est donné comme officiel n'a aucun lien avec la réalité...
                            Dernière modification par infinite1, 24 avril 2022, 21h13.

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                            • #15
                              infinite1

                              Tu restes toujours dans la rhétorique, et très creuse de surcroît.

                              L'arabe s'est répandu dans une aire très vaste à partir du 7e siècle apr. J.-C., et il a supplanté bien des langues dans cet immense espace : araméen, copte, grec, latin, gothique, sud-arabique ... etc . Cela n'a pas pour autant effacé leurs traces ni estompé leur histoires préislamiques respectives. Donc, l'absence de matière propre au berbère qui aurait pu éclairer son histoire des siècles précedant sa rencontre avec l'arabe pour les linguistes n'a rien à voir avec les Arabes.
                              "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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