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Les Rustémides

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  • Les Rustémides

    Histoire de la dynastie (761-909 apr. J.-C.)

    Vers le milieu du 8e siècle, profitant des troubles qui agitaient l’Orient, les kharidjites ibadites d’Ifrîqiya se révoltèrent sous le commandement d’un chef arabe nommé Abû al-Khattâb al-Ma‘âfirî et s’emparèrent de Tripoli et de Kairouan (758), momentanément tenue par des sufrites de la tribu berbère des Warfadjûma. Cette révolte obligea le calife abbasside al-Mansûr (754-775) à réagir, mais les troupes qu’il envoya depuis l’Égypte pour reprendre Kairouan furent défaites (759). Tandis que des querelles commençaient à opposer les tribus berbères Zanâta et Hawwâra, une nouvelle campagne dirigée en 761 par le général abbasside Muhammad b. al-Ash‘at parvint à chasser de la ville le chef des kharidjites qui devait donner son nom à la dynastie, ‘Abd al-Rahmân b. Rustâm. Celui-ci se réfugia à Tâhart dans le Maghreb central et il reçut l’appui des kharidjites de Tripolitaine. Il fut désigné comme imâm vers 777 par plusieurs tribus parmi lesquelles figuraient des Sanhâdja, des Zanâta et des Hawwâra. Il obtint également le soutien des Banû Ifran dont il épousa l’une des femmes.

    L’un des premiers actes de ce chef d’origine persane fut de fonder à proximité immédiate de l’ancienne bourgade de Tâhart une ville connue sous le nom de Tâhart al-Djadîda, « Tâhart la neuve ». Cette cité devint rapidement l’une des villes les plus prospères du Maghreb grâce au commerce actif qu’elle entretenait avec le Bilâd al-Sudân, en particulier avec les royaumes de Ghana et de Gao d’où provenaient de l’or et des esclaves. La ville entretenait également des relations commerciales avec d’autres régions du monde musulman par le biais d’une communauté de marchands juifs dont les activités s’étendaient jusqu’en Inde et en Chine. D’après le chroniqueur Ibn al-Saghîr, la cité comprenait plusieurs quartiers peuplés par des habitants originaires de Kairouan, de Kûfa et de Basra. On y trouvait encore de nombreux éléments berbères, comme les Naffûsa, ainsi qu’une importante communauté chrétienne qui disposait d’une église et d’un marché. À la mort de l’imâm ‘Abd al-Rahmân (785), les chefs des tribus désignèrent comme son fils ‘Abd al-Wahhâb. Des oppositions se manifestèrent très vite à l’encontre du souverain qui échappa même à une tentative d’assassinat vers 813, et la plus grande partie de son règne fut consacrée à la lutte contre les partisans des mu‘tazilites (ou wasilites) qui étaient venus depuis l’Orient s’installer au Maghreb.

    Le long règne de son successeur Abû Sa‘îd Aflah fut marqué par l’opposition grandissante des tribus qui refusaient de voir s’installer un mode de succession héréditaire, contrairement au principe du choix de l’imâm par la communauté. Au sein même de la famille régnante se développèrent des conflits d’intérêt, comme entre le souverain Abû Bakr et son frère Abû al-Yaqdhân, un moment retenu prisonnier Orient. Par la suite, des luttes intestines entre habitants de Tâhart et tribus berbères continuèrent d’affaiblir la dynastie, en particulier à la suite de la bataille de Mânû (883). Ces dernières s’imposèrent progressivement en désignant à leur guise les émirs. Ainsi, au tournant des 9e-10e siècles, l’imâm Abû al-Hâtim, fut contraint de gagner l’appui des Hawwâra pour chasser son oncle Ya‘qûb b. Aflah qui s’était emparé du pouvoir à sa place. Ce succès ne fut que de courte durée puisqu’il périt assassiné par son frère Yaqdhân. Les tensions intérieures qui s’étaient manifestées tout au long du 9e siècle s’amplifièrent au début du siècle suivant sous l’effet de la pression exercée par les shi‘ites d’Ifrîqiya qui défirent une première fois l’émir rustémide en 896.

    En 909, les troupes fatimides s’emparèrent de Tâhart, et exécutèrent l’imâm al-Yaqdhân et sa famille. La ville fut détruite et ses habitants massacrés ou exilés. Les têtes de plusieurs dignitaires furent envoyées à Kairouan où on les promena dans les rues avant de les accrocher à une porte de la ville. Les kharidjites ibadites migrèrent alors vers le S. pour se réfugier auprès de condisciples à Sedrata, une oasis de la région de Ouargla depuis laquelle, à partir du 11e siècle, une partie d’entre eux fonda plusieurs établissements dans la vallée du Mzab.


    Histoire du Maghreb Médiéval
    P. Sénac
    Éditions Armand Collin
    Collection Cursus
    Dernière modification par Harrachi78, 22 avril 2022, 22h47.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

  • #2
    Liste des souverains Rustémides :

    1. Abd al-Rahmân b. Rustam(761-785)
    2. ‘Abd al-Wahhâb b. Abd al-Rahmân (784-824)
    3. Abû-Sa‘îd Aflah b. Abd al-Wahhâb (824-872)
    4. Abû-Bakr b. Aflah (872-?)
    5. Abû-Yaqdhân Muhammad b. Aflah (?-895)
    6. Abû-Hâtim Yûssuf b. Muhammad (895-897)
    7. Ya‘qûb b. Aflah (898-901)
    8. Abû-Hâtim Yûssuf b. Muhammad (901-907) BIS
    9. Yaqdhân b. Muhammad(907-909)
    Dernière modification par Harrachi78, 22 avril 2022, 22h44.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      L'Etat Rustémide

      Les institutions mises en place par les émirs rustémides demeurent mal connues, mais il est possible d’y relever une forte influence orientale. Les chroniqueurs arabes mentionnent l’existence d’un sâhib al-shurta (chef de la police), d’un sâhib bayt al-mâl (chef des finances), ainsi que celle d’un qâdî. Ils mentionnent aussi une garde personnelle et une armée composée de volontaires, de mercenaires et de contingents arabes, persans et surtout berbères issus des tribus Naffûsa. Les souverains rustémides ne semblent pas avoir frappé de monnaies, ni s’être entourés d’une cour fastueuse, sans doute à cause du rigorisme prôné par la doctrine kharidjite. Quelques textes mentionnent en revanche l’existence de gouverneurs de province souvent choisis au sein des élites locales et qui manifestèrent parfois leur autonomie, en particulier dans les régions proches de la Libye.

      Sur le plan extérieur, les émirs rustémides nouèrent des relations amicales avec les Omeyyades d’al-Andalus, sans doute parce qu’ils avaient comme ennemis communs les souverains aghlabides d’Ifrîqiya. Ainsi, dès l’avènement de l’émir ‘Abd al-Rahmân II en 822, l’imâm ‘Abd al-Wahhâb envoya à Cordoue trois de ses fils pour témoigner de son soutien au nouveau prince. Par la suite, des contingents rustémides combattirent aux côtés des troupes omeyyades les envahisseurs Normands qui menaçaient la vallée du Guadalquivir. Parmi les généraux de l'omeyyade ‘Abd al-Rahmân II (822-852) figurait ainsi un certain Muhammad b. Rustâm, l’arrière petit-fils du premier imâm de Tâhart. Un de ses parents, son frère ou son fils, ‘Abd al-Rahmân, fut même l’un des vizirs de l’émir omeyyade. Selon al-Baladhurî, en 854, lorsque l’imâm Abû Sa‘îd Aflah incendia la ville d’al-Abbâsiyya que venait de faire édifier l’émir aghlabide Muhammad Ier, le souverain de Cordoue le récompensa en lui envoyant 100.000 dinars.

      Les émirs Rustémides continuèrent également de nouer d’excellentes relations avec les souverains midrarides de Sidjilmâsa et l’imâm ‘Abd al-Rahmân b. Rustâm aurait même marié sa fille ‘Arwa à l’émir Ibn al-Yasâ
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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