« Cela a été le match de football le plus grotesque qu’il m’a été donné de vivre. Un vrai théâtre de l’absurde. » Voici les mots de Carlos Caszely, attaquant de la sélection chilienne ce fameux 21 novembre 1973. Pourquoi une telle réaction ? Parce que le football et ses valeurs ont été bafoués ce jour là. Au fil du temps, football et politique sont de plus en plus liés. Le sport fait partie intégrante des relations entre États, encore plus lorsque ceux-ci sont opposés. Le football est donc soumis aux contextes internationaux. Tel fut le cas de la confrontation entre le Chili et l’URSS qui durent se rencontrer en barrages pour gagner leur participation à la Coupe du monde 1974.
La phase de qualification pour la Coupe du monde 1974 propose, en cette édition, un format un peu particulier quant à la répartition des équipes. Pour l’Europe, celles-ci sont réparties en neuf groupes de trois ou quatre. Les vainqueurs de chaque groupe sont directement qualifiés, excepté le vainqueur du groupe 9, qui doit disputer un barrage face à une équipe sud-américaine. C’est l’URSS qui hérite de ce fameux groupe 9, en compagnie de l’Irlande et de la France. Une poule que les récents finalistes de l’Euro 1972 survolent, puisqu’ils remportent trois de leurs quatre confrontations.
Dans son groupe, le Chili retrouve le Pérou et le Venezuela. Venezuela qui déclare finalement forfait avant même le début de la compétition. Cela offre une petite « finale » entre Chiliens et Péruviens. Malgré une défaite 2-0 à Lima, le Chili parvient à remonter cet handicap et s’impose sur le même score à Santiago. Le ticket pour le barrage intercontinental se joue alors sur un match d’appui, en terrain neutre, à Montevideo. Le Chili l’emporte 2-1 et retrouvera l’URSS pour une place au mondial allemand ; mais un évènement va bousculer le pays.
L’autre 11 septembre
Le 11 septembre 1973 au Chili, une junte militaire met fin au régime socialiste de Salvador Allende, alors président du Chili depuis son élection en 1970. Celui-ci se retrouve assiégé dans son palais présidentiel par les troupes de l’armée dirigées par le général Pinochet. Ce coup d’Etat est le point de départ d’une dictature qui tiendra en place dix-sept années. Ainsi, le pays change de sphère d’influence et se range du côté étasunien, alors qu’il était allié, sous Allende, à l’URSS.
Lorsque le coup d’Etat éclate, la sélection chilienne se prépare pour son voyage en Europe. C’est dans ce contexte que se profile la double rencontre sportive face à l’URSS. Prévue seulement deux semaines après le coup d’État, cette confrontation prend alors une dimension politique et symbolique dépassant le cadre sportif.
Deux semaines à peine après le coup d’Etat, le 26 septembre, les Chiliens s’envolent pour l’Union Soviétique. Le contexte et l’atmosphère sont tendus, d’autant plus que certains joueurs de la sélection chilienne ne cachent pas leur affinité avec le régime d’Allende. Léonardo Véliz ou encore Carlos Caszely sont de ceux-là et ont rapidement craint pour leur sécurité et celle de leurs familles.
La sélection n’est d’abord pas certaine de pouvoir décoller pour se rendre en Europe. La junte a, en effet, interdit tout départ du pays. Toutefois, le Docteur Helo, soigneur de la sélection et également le médecin personnel du général Gustavo Leigh, l’un des leaders du coup d’Etat, réussit à convaincre le général de laisser partir l’équipe, en lui montrant à quel point la sélection nationale pourrait servir de vitrine à l’international. L’URSS, qui n’est plus du tout allié avec le nouveau régime chilien, rompt de son côté ses relations diplomatiques, en plein contexte de Guerre Froide. Les joueurs de la Roja, en plein trouble, se retrouvent envoyé en terre hostile.
La délégation chilienne qui s’envole pour Moscou est alors considérée comme représentante d’un pays ennemi. L’accueil qu’elle reçoit est glacial. A son arrivée, la douane soviétique retient d’ailleurs les deux joueurs majeurs de l’équipe, l’attaquant Carlos Caszely et le défenseur Elias Figueroa, pendant un long moment, prétextant qu’ils ne correspondent pas aux photos de leur passeport. « Lorsque nous sommes arrivés à Moscou, la police douanière ne nous a pas laissés passer, parce que nous n’étions apparemment pas ceux que nous prétendions être sur nos passeports. Sur la photo de son passeport, Elías avait les cheveux courts alors qu’ils les avaient longs dans la réalité, tandis que je voyageais sans moustache, alors que j’en avais une sur ma photo de passeport. », explique Caszely. Alfredo Asfura, dirigeant de la fédération chilienne à l’époque, rapporte la tension qui agitait cet environnement : « La nourriture était loin de ce que l’on avait demandé, le bus est arrivé en retard et, même le jour où nous devions reconnaître ni le terrain, le stade était fermé. Les joueurs ont dû sauter par-dessus le mur pour pouvoir s’entraîner. »
Le match aller se dispute dans le stade Lénine de Moscou, devant près de 60.000 personnes. Loin d’être favori et malgré ce climat, le Chili parvient à faire match nul sur le score de 0 à 0. Un résultat qui sonne comme un exploit à tel point que le match reste dans les mémoires chiliennes comme étant le « match des courageux », de ceux qui sont allés jouer à l’autre bout de la planète. « Nous avons fait un grand match pour ce qui est de la défense. L’équipe soviétique était à l’époque la championne d’Europe et nous leur avons arraché un match nul, plutôt commode pour le match-retour », se remémore l’ancien attaquant.
La phase de qualification pour la Coupe du monde 1974 propose, en cette édition, un format un peu particulier quant à la répartition des équipes. Pour l’Europe, celles-ci sont réparties en neuf groupes de trois ou quatre. Les vainqueurs de chaque groupe sont directement qualifiés, excepté le vainqueur du groupe 9, qui doit disputer un barrage face à une équipe sud-américaine. C’est l’URSS qui hérite de ce fameux groupe 9, en compagnie de l’Irlande et de la France. Une poule que les récents finalistes de l’Euro 1972 survolent, puisqu’ils remportent trois de leurs quatre confrontations.
Dans son groupe, le Chili retrouve le Pérou et le Venezuela. Venezuela qui déclare finalement forfait avant même le début de la compétition. Cela offre une petite « finale » entre Chiliens et Péruviens. Malgré une défaite 2-0 à Lima, le Chili parvient à remonter cet handicap et s’impose sur le même score à Santiago. Le ticket pour le barrage intercontinental se joue alors sur un match d’appui, en terrain neutre, à Montevideo. Le Chili l’emporte 2-1 et retrouvera l’URSS pour une place au mondial allemand ; mais un évènement va bousculer le pays.
L’autre 11 septembre
Le 11 septembre 1973 au Chili, une junte militaire met fin au régime socialiste de Salvador Allende, alors président du Chili depuis son élection en 1970. Celui-ci se retrouve assiégé dans son palais présidentiel par les troupes de l’armée dirigées par le général Pinochet. Ce coup d’Etat est le point de départ d’une dictature qui tiendra en place dix-sept années. Ainsi, le pays change de sphère d’influence et se range du côté étasunien, alors qu’il était allié, sous Allende, à l’URSS.
Lorsque le coup d’Etat éclate, la sélection chilienne se prépare pour son voyage en Europe. C’est dans ce contexte que se profile la double rencontre sportive face à l’URSS. Prévue seulement deux semaines après le coup d’État, cette confrontation prend alors une dimension politique et symbolique dépassant le cadre sportif.
Deux semaines à peine après le coup d’Etat, le 26 septembre, les Chiliens s’envolent pour l’Union Soviétique. Le contexte et l’atmosphère sont tendus, d’autant plus que certains joueurs de la sélection chilienne ne cachent pas leur affinité avec le régime d’Allende. Léonardo Véliz ou encore Carlos Caszely sont de ceux-là et ont rapidement craint pour leur sécurité et celle de leurs familles.
La sélection n’est d’abord pas certaine de pouvoir décoller pour se rendre en Europe. La junte a, en effet, interdit tout départ du pays. Toutefois, le Docteur Helo, soigneur de la sélection et également le médecin personnel du général Gustavo Leigh, l’un des leaders du coup d’Etat, réussit à convaincre le général de laisser partir l’équipe, en lui montrant à quel point la sélection nationale pourrait servir de vitrine à l’international. L’URSS, qui n’est plus du tout allié avec le nouveau régime chilien, rompt de son côté ses relations diplomatiques, en plein contexte de Guerre Froide. Les joueurs de la Roja, en plein trouble, se retrouvent envoyé en terre hostile.
La délégation chilienne qui s’envole pour Moscou est alors considérée comme représentante d’un pays ennemi. L’accueil qu’elle reçoit est glacial. A son arrivée, la douane soviétique retient d’ailleurs les deux joueurs majeurs de l’équipe, l’attaquant Carlos Caszely et le défenseur Elias Figueroa, pendant un long moment, prétextant qu’ils ne correspondent pas aux photos de leur passeport. « Lorsque nous sommes arrivés à Moscou, la police douanière ne nous a pas laissés passer, parce que nous n’étions apparemment pas ceux que nous prétendions être sur nos passeports. Sur la photo de son passeport, Elías avait les cheveux courts alors qu’ils les avaient longs dans la réalité, tandis que je voyageais sans moustache, alors que j’en avais une sur ma photo de passeport. », explique Caszely. Alfredo Asfura, dirigeant de la fédération chilienne à l’époque, rapporte la tension qui agitait cet environnement : « La nourriture était loin de ce que l’on avait demandé, le bus est arrivé en retard et, même le jour où nous devions reconnaître ni le terrain, le stade était fermé. Les joueurs ont dû sauter par-dessus le mur pour pouvoir s’entraîner. »
Le match aller se dispute dans le stade Lénine de Moscou, devant près de 60.000 personnes. Loin d’être favori et malgré ce climat, le Chili parvient à faire match nul sur le score de 0 à 0. Un résultat qui sonne comme un exploit à tel point que le match reste dans les mémoires chiliennes comme étant le « match des courageux », de ceux qui sont allés jouer à l’autre bout de la planète. « Nous avons fait un grand match pour ce qui est de la défense. L’équipe soviétique était à l’époque la championne d’Europe et nous leur avons arraché un match nul, plutôt commode pour le match-retour », se remémore l’ancien attaquant.
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