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Du "nationalisme" et du concept de "nation"

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  • Du "nationalisme" et du concept de "nation"

    Extrait du livre Histoire de la destruction de l'Autriche-Hongrie


    Lorsque nous parlerons désormais du "nationalisme", des sentiments de conscience et d'identité nationaux, nous emploierons ces termes comme des concepts historiques modernes qui ne vinrent à maturité et n'acquirent leur sens actuel qu'au 19e siècle - siècle postrévolutionnaire, siècle du romantisme, siècle où les idées de liberté et la réaction au nationalisme antiautoritaire agirent simultanément. Les nations, dans le sens que nous donnons aujourd'hui à ce terme et qui englobe les peuples entiers, n'existaient pas avant le tournant d'universalisme rationaliste, antitraditionaliste, pris par la culture européenne, vers la fin du 18e siècle, avec Voltaire, Diderot, Rousseau ... etc., et poursuivi par le prosélytisme jacobin et l'hégémonisme napoléonien. Ce sont les historiens de l'âge romantique qui ont créé, par référence au passé de leur peuple, la conscience nationale comme force politique revendicative et subversive. Certes, les peuples italien, roumain, tchèque, magyar ... etc. existaient bien avant le 19e siècle, en tant que communautés de langue, de coutumes, de traditions familiales, de patriotismes locaux fragmentés, mais leur conscience était formulée en termes religieux ou sociaux, voire un mélange des deux. Le terme « nation » était réservé à la noblesse dominante et n'était pas nécessairement lié à l'origine ethnique ou à la communauté de langue. Ainsi, les aristocrates hongrois parlaient, à la Diète, en latin, et, entre eux, généralement en allemand, et même au 19e siècle, le comte Széchenyi écrivait son journal intime en allemand.

    Dès qu'on se propose de donner une définition de la nation, on s'aperçoit qu'on dispose d'une vaste littérature, ce qui n'est pas étonnant lorsqu'on sait les passions diverses, révolutionnaires ou réactionnaires, libérales et antilibérales, qu'éveille ce mot. Le nationalisme, dans l'acception moderne du terme, doit être compris comme l'extension (révolutionnaire ou non) au peuple tout entier du concept nation, réservé jusqu'alors à la noblesse gardienne des traditions de souveraineté. Du fait de la fusion du peuple et de la nation, qui prend aussitôt, sous influence allemande, une dimension linguistique, culturelle, historique, politique, le concept de « droit humain » perd sa place privilégiée. Et la nation, désormais proclamée souveraine, prend en charge, par l'intermédiaire de ses représentants élus, les droits d'indépendance, le contrôle de l'État et même les pulsions expansionnistes et homogénéisantes propres à l'ancien régime monarquo-aristocrattque.

    Ce glissement du terme nation d'un sens à l'autre explique que les historiens, créateurs et gardiens de la conscience nationale moderne, aient projeté le nationalisme sur des époques où, en tant que tel, il n'existait pas encore. Ainsi l'historien tchèque Palacký et, à sa suite, Masaryk interprétaient l'hussitisme, mouvement essentiellement religieux et partiellement social qui s'étendit de la Bohême sur une bonne partie de l'Europe centrale, comme une première manifestation massive du « nationalisme tchèque ». De même l'historiographie romantique hongroise voyait dans les révoltes « nationales » d'un Thököly ou d'un Rákóczi des révolutions nationalistes, alors qu'elles n'avaient été que des révoltes féodales antiabsolutistes, au cours desquelles des Hongrois se battirent côte à côte avec des nobles d'autres peuples de leur Etat. De la même façon, les historiographes roumains ont tendance à considérer le soulèvement paysan de Horia et Closca, en 1784, dont nous avons parlé plus haut, comme une révolution nationale, alors qu'il s'agissait d'une révolte essentiellement antiféodale, que soutenaient aussi certains éléments ethniques magyars. On comprend que le peuple roumain reconnaisse parmi ses traditions cette révolte, dont la majorité des participants étaient des serfs roumains dirigés par des popes. Mais on ne saurait négliger le fait que la grande majorité de ces serfs escomptaient la protection de Vienne, qu'ils attendaient une amélioration de leur situation de la dynastie des Habsbourg et non d'un « Etat national roumain ».

    [...]
    Fin de l'extrait.
    Dernière modification par Harrachi78, 22 janvier 2022, 21h36.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

  • #2
    Extrait du livre Le 20e siècle ideologique et politique

    « On entend par nation un groupement d’hommes réunis par une même erreur sur leur origine et une commune aversion à l’égard de leurs voisins. » Cette plaisanterie d’Albert Mousset, fondateur de la revue Affaires étrangères, qui date de 1933, ne manque pas de pertinence ; elle met en lumière un des ressorts de la conscience nationale, l’identification collective par l’altérité : nous sommes « nous » parce que nous ne sommes pas « eux ».

    Ce Nous, qui l’a fait ? On oppose d’ordinaire deux théories de la nation, la française et l’allemande. Disons tout de suite qu’il vaudrait mieux les qualifier autrement, tant les Français ont contribué à la version dite allemande, et inversement. Le made in France vient de la Révolution ; le made in Germany, de la réaction antifrançaise nourrie de l’œuvre philologique de Herder. À partir de cet affrontement s’imposent et s’affinent la « nation révolutionnaire » et la « nation romantique » ; la « nation-contrat » et la « nation-génie » ; la nation « subjective » ou volontariste et la nation objective ; la nation de la libre adhésion et la nation du Volksgeist (l’« esprit du peuple » ou esprit collectif inconscient).

    [...]

    Si nous en venons maintenant à la célèbre définition de Renan, dans sa conférence de la Sorbonne en 1882, nous pouvons observer que la formule restée la plus fameuse, et selon laquelle la nation est un « plébiscite permanent », ne résume qu’une seule dimension de la théorie renanienne. Après avoir rejeté l’amalgame entre la nation et la dynastie fondatrice, entre la nation et la race, entre la nation et la religion, entre la nation et la langue, Renan en vient à définir positivement la nation par « deux choses », l’une qui est du passé et l’autre du présent : « L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. » Renan procède donc à une synthèse qui concilie l’héritage et le vouloir-vivre ensemble : « Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser. » Et d’ajouter : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera. » L’historicité de la nation ainsi affirmée, la question est de savoir quand elle a commencé, puisque nous ne sommes pas en mesure de dire quand elle finira. Fait majeur : la nation n’existe pas indépendamment d’une conscience nationale.

    Or, la vie des hommes pendant des millénaires a été, pour le plus grand nombre d’entre eux, localisée dans le cadre restreint des petites unités territoriales. Les sujets d’un même monarque ne connaissaient pas nécessairement la notion d’une solidarité, le sentiment d’une appartenance commune. Un certain nombre de facteurs économiques et techniques ont été autant de préalables à la formation de celui-ci et de celle-là. De l’invention de l’imprimerie à la mise en place des premiers chemins de fer, la mobilité des idées, l’unification des modes de pensée, la découverte du territoire, tout le système de communications modernes a concouru peu à peu à constituer un lot de valeurs et de signes communs sur l’ensemble d’un territoire. La guerre, surtout quand elle provoque l’invasion, accélère la formation d’une conscience nationale, par opposition à l’étranger. "Nous" et "Eux", la distinction est un préalable à la naissance des nations, à laquelle participent également – soit en même temps, soit successivement – la réalisation d’un État centralisé et la révolution industrielle.

    Dans les pays d’Europe occidentale, l’État a, en effet, précédé la nation. Contre l’Europe féodale, des dynasties diverses sont parvenues à constituer des États, peu à peu centralisés, qui ont travaillé à l’unification nationale par l’administration, la justice, l’impôt, l’usage d’une langue commune, la conscription militaire, les grandes cérémonies publiques, et, par-dessus tout, l’éducation. Tous les défenseurs du fait national y insistent, sans exception. « C’est ici l’article important, écrit Rousseau dans ses Considérations sur le Gouvernement de Pologne. C’est l’éducation qui doit donner aux âmes la forme nationale, et diriger tellement leurs opinions et leurs goûts, qu’elles soient patriotes par inclination, par passion, par nécessité. » Cette éducation doit être publique, et si possible gratuite. En France, si les révolutionnaires n’ont guère eu le temps de réaliser cette instruction publique, les fondateurs de la 3e République, comme on sait, s’y sont attachés fermement.
    C’est par l’école obligatoire, gratuite et laïque que s’est réalisée l’unification de la langue dans toutes les couches de la population ; c’est par l’école de Jules Ferry que se sont diffusés aux jeunes esprits les idéaux du patriotisme. La conscience nationale n’a jamais été aussi élevée certainement qu’entre la guerre de 1870-1871 et celle de 1914-1918. Le danger extérieur, l’ennemi dit héréditaire, la préparation de la revanche, les exercices scolaires, le nationalisme d’État, ont élevé cette conscience nationale jusqu’à un degré très haut d’intensité, que le nationalisme des nationalistes a porté jusqu’aux outrances qui s’appellent xénophobie, racisme, antisémitisme …

    C’est donc l’État-nation qui est au principe de la nation ; c’est par ses outils d’État centralisé, et notamment par l’éducation, qu’il parvient à forger une société de masse à conscience nationale. Ailleurs, c’est le nationalisme qui produit la nationalité en veine de souveraineté, avant de poursuivre, dans le cadre de l’État-nation, l’œuvre de « nationalisation » inachevée.
    … /…
    Dernière modification par Harrachi78, 22 janvier 2022, 21h38.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      … /…

      Il est cependant des cas où la nation a précédé l’État. Par souci de rigueur sémantique, nous pouvons appeler "nationalité" un groupement d’individus qui ont une forte conscience d’appartenance commune et qui visent à conquérir leur souveraineté. La nationalité serait ainsi la nation avant l’État. Le mouvement des nationalités, qui parcourt le 19e et le 20e siècle, emporte une série de peuples à conscience nationale dans une volonté d’indépendance politique. Leur lutte est le plus souvent dirigée contre des empires auxquels ils sont soumis : les Grecs ou les Serbes contre l’Empire ottoman, les Polonais contre l’Empire des tsars, les Slaves du Sud contre l’Empire austro-hongrois ... etc. Cette réalité, cependant, ne fait que déplacer la question : ces nationalités, d’où viennent-elles ? Par quel processus ont-elles pris conscience d’elles-mêmes ?

      Dans le « printemps des peuples » de 1848 et dans les décennies qui suivent jusqu’en 1914, la conscience nationale s’est exprimée, d’une part, derrière un nationalisme étatique – celui du Piémont et de la Prusse, qui finissent par regrouper, en 1870-1871, les Italiens et les Allemands dans des États unifiés –, et, d’autre part, à travers un processus de libération, résultant d’un refus de la domination exercée par un groupe exogène. L’affirmation d’un "Nous" en révolte contre le dominant s’est nourrie de tous les arguments particularistes, soit la langue (le magyar contre l’allemand, le roumain contre le magyar …), soit la religion (le catholicisme polonais contre l’orthodoxie russe, l’orthodoxie des provinces slaves contre l’Empire ottoman…), soit la mémoire historique. Il est notable, à ce sujet, que divers mouvements de nationalités se soient réclamés de l’existence ancienne d’États anéantis par la conquête : outre les Polonais, qui avaient encore un État au 18e siècle, les Hongrois, les Bulgares, les Serbes, les Norvégiens pouvaient se prévaloir d’une antériorité politique, même si celle-ci n’avait pas survécu au 13e ou au 14e siècle.

      Toutefois, la conscience nationale, la nation ou la nationalité auraient-elles pu prendre forme sans le nationalisme ? Pour Ernest Gellner, auquel nous devons un des livres les plus importants sur la question, la nation, phénomène contingent, n’a pas précédé le nationalisme : c’est le nationalisme – « principe politique qui affirme que l’unité politique et l’unité nationale doivent être congruentes » – qui engendre la nation. L’exemple du nationalisme algérien, même s’il date du 20e siècle, est très démonstratif aux yeux de Gellner : « Il n’y a pas eu, par le passé, de nation algérienne qui ait préexisté au réveil nationaliste de ce siècle, comme le remarquait Fehrat Abbas, un des principaux chefs nationalistes de la première heure. Il y avait l’immense communauté islamique et toute une série de communautés plus réduites, mais rien qui corresponde même vaguement aux habitants de l’actuel territoire. » On peut transposer ce modèle aux mouvements nationalitaires du 19e siècle. Autrement dit, il n’y avait pas, à l’origine, des nations résultant de la nature et désireuses de se constituer en États ; ce sont les mouvements nationalistes, leurs idéologies, leurs luttes, débouchant souvent sur des conflits armés, qui ont forgé une conscience nationale, précédant la création d’un État-nation. Dans cette phase embryonnaire de la nation, c’est moins le peuple qui l’affirme qu’une certaine élite, culturelle, sociale, politique : les masses suivront…

      À vrai dire, c’est même aller trop vite en besogne. L’État, devenu indépendant, n’est souvent encore qu’imparfaitement un État-nation. Il suffit, pour rester dans notre 20e siècle, de se rapporter au cas de l’Afrique noire : les nations qui correspondent aux États issus de l’indépendance sont encore à naître dans la plupart des cas. Si nation il doit y avoir, celle-ci sera la création de l’État.

      [...]
      Fin de l'extrait.
      Dernière modification par Harrachi78, 22 janvier 2022, 21h39.
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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      • #4
        Extrait du livre History of Nationalism (Oxford).

        Ça explique un peu l'origine du système international moderne avec ses divers corollaires (souveraineté nationale, intégrité territoriale, Droit international ... etc.)

        The international Society

        The ancestor of contemporary "international community" emerged from a specific historical context in one part of the world. In the 16th and 17th centuries, the Christian West was shaken by two developments : the rise of several strong centralized states and a religious schism, which created a fault line between Catholic and Protestant Europe and provided a convenient casus belli for the rival Princes. What is today conventionally described as the "Westphalian system" refers to the peace settlement that brought the European wars of religion to an end in 1648. The principles on which the Peace of Westphalia was based were not new, but they were codified in a way that was to lay the foundations for modern international society. By a negotiated consensus it was agreed that henceforth the sovereign would be accepted as the final source of authority within his or her domain. The formula was the ancestor of the modern principle of non-intervention, without which a system of international cooperation could not have developed. It also had the desirable outcome of proscribing wars over religious faith, of raising the role of prudence, rationality, and interest in human affairs, and reducing the role of passion.

        The relative stability in Europe brought about by the Treaty of Westphalia allowed the institutions of international society to take shape. The two most important were international law and the diplomatic system, which increasingly involved the establishment of resident embassies and the codification of diplomatic practice and privilege, the former to allow international negotiations to be conducted in a reasonably orderly fashion, the latter to bring to an end disputes over protocol and precedence amongst those granted plenipotentiary powers by their sovereigns.

        The remaining three institutions commanded less than universal consent. Compared with the hierarchical structure of feudal Europe, the Westphalian system was egalitarian, since sovereigns by definition were all supreme within their own territory. They were not all equal in terms of power, so the question remained as to how the rivalries of the Princes were to be constrained in the interests of order. Religious war had been outlawed but not war itself. Indeed, sovereigns could go to war (and frequently did) for any other reason up to and including territorial conquest. The solution to this problem that was most frequently advanced in the 18th century was the balance of power. This concept has attracted ferocious criticism over the years, but is still accepted by most political theorists and historians as the ordering institution of international society. Since at times it required the Great Powers to partition countries or continents—for example, Poland in the 18th and Africa in the 19th centuries—in the interests of order, unsurprisingly, the principle appealed more to the strong than the weak.

        The institutional status of the Great Powers considered as a collective, with special rights to correspond to their responsibilities for managing the balance of power, was also never wholeheartedly endorsed by the smaller and weaker states—the involuntary consumers of Great Power order—although it has lived on into the contemporary period in terms of the veto-wielding Permanent Five members of the UN Security Council. Finally, war itself was not considered to be a breakdown of international society, which is how we would tend to see it today, but as an institution, the mechanism to be employed for bringing about change after all legal and diplomatic efforts had been exhausted. The theoretical justification for this view is to be found in the logic of sovereignty. In most societies there are legal and customary ways of settling disputes, but where existential interests are involved, which affect the honour of the disputants, the law will not suffice. In such cases the duel, a trial of physical strength, was originally used within European society to settle the matter, the right going to the victor. And since sovereigns were originally individuals, even though they could command armies, the same logic applied within international society.


        The impact of Nationalism

        The speread of nationalism after the French and American revolutions challenged this traditional conception of international society in three respects. First, the nationalists challenged the hierarchical notion that had supported both absolute monarchy and the right of a privileged aristocratic class to rule. The idea of popular sovereignty implied that the state belonged to the people, even if most early nationalist intellectuals had a fairly restricted idea of who they meant by people. Second, it followed that nationalists opposed the special privileges that the Great Powers arrogated to themselves. Dynasticism, the governing principle in most European states before the revolutions, might accidentally reflect national identity but it often did not. Third, the idea that territory, which nationalists regarded as the sacred national patrimony, could be traded or regarded as one of the legitimate spoils of war, was anathema to the nationalist spirit. But these early challenges were largely defeated after the fall of Napoleon. At the Congress of Vienna in 1815 the old order was restored. The nationalist challenge went underground for a time, resurfaced in the form of revolts against the Ottoman Empire from the 1820s, was taken over by the ancien régime at the time of Italian and German unification ending in 1871, and finally returned to centre stage in the form of demands for a fundamental makeover of international society at the Versailles Conference following the 1st World War.

        [...]
        Fin de l'extrait.
        Dernière modification par Harrachi78, 23 janvier 2022, 12h47.
        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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        • #5
          Les français disent "que périsse l'ethnie pour que vive la nation". Le concept d'état-nation est un concept de kufr qui s'oppose totalement à la Oumma islamique. C'est un concept propre à l'Europe et à son cheminement historique.

          ​​​​​​Et quand il a été appliqué en terre d'islam il a fini au mieux par exclure des populations entières de leurs propres pays, comme les Amazigh au Maghreb. Ou au pire il a conduit au gazage de peuples entiers comme les Kurdes avec des centaines de milliers de morts à la clé. Ne parlons même pas du Soudan, de l'Égypte...


          L'état nation suppose l'existence d'un bouc émissaire, et ce rôle est souvent porté par les minorités.

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          • #6
            Perso, j'ai toujours été réfractaire au nationalisme. Idem à la oumma islamique que je trouve carrément réactionnaire, elle, puisque se basant sur une religion et mettant en second plan toutes les autres.

            Mais je trouve quand même que c'est un peu mieux le nationalisme que l'éthnicisme, voire le tribalisme. Passer de peuples à nation, c'est déjà un progrès.

            Mais il va falloir vite dépasser le nationalisme par quelque chose qui s'étend à toute l'humanité. Les problèmes actuels, problèmes environnementaux notamment, ne sont plus des problèmes nationaux mais planétaires. L'avenir se fera sans les nationalismes sectaires et guerriers ou ne se fera pas.
            Dernière modification par Bachi, 23 janvier 2022, 21h20.
            ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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            • #7
              Bachi

              Les Humains vivent en diverses communautés, de diverses tailles et de diverses natures, selon les époques et les moyens existants. C'est dans leur nature, et ça sera encore et toujours le cas : hier, aujourd'hui et demain ... lol
              "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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              • #8
                oui, bien sûr...
                mais ces humains vivent sur terre et je pense que dans le futur cette évidence prendra le dessus sur le reste et la préservation de la planète sera l'objectif suprême.
                Du moins, je l'espère. On sait jamais avec ces diables !
                ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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                • #9
                  Bachi

                  ​​​​​​​Il n'est pas nécessaire de se mettre tous dans la même tribu pour vivre en bonne intelligence.

                  Sinon, les humains ne sont pas faits que d'intérêts, disons objectifs. Ils vivent aussi (voir surtout) de leur subjectivités : cultures, croyances, convictions, sentiments... etc. Ils ne seront jamais tous en phase sur les mêmes choses dans ces domaines, et ils ne cesseront donc jamais d'être des communautés multiples, quel qu'en soient les formes et les titres. C'est une constante qui ne cessera jamais de l'être.
                  "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                  • #10
                    Bachi

                    La Oumma est un concept fédérateur tandis que le nationalisme est un concept destructeur. Combien de guerres ont étés faites au nom du nationalisme ? L'union européenne est justement née de la volonté de sortir des nationalismes qui ont culminé avec l'horreur nazi.

                    Et on voit bien que l'union européenne n'est qu'une union raciale en réalité, donc bien moins universaliste que notre concept de Oumma.

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                    • #11
                      La oumma a eu aussi ses guerres.

                      Harrachi
                      Je ne crois pas à l'immuabilité mais au progrès.
                      Dernière modification par Bachi, 23 janvier 2022, 22h13.
                      ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

                      Commentaire


                      • #12
                        @Bachi

                        Il ne s'agit de "croire" en l'immobilité, mais tout bonnement de reconnaître les constantes. Certaines choses changent en évoluant, d'autres sont des caractéristiques naturelles qui seront toujours là, quelles que soient les variations autour.

                        Par exemple, le "progrès" que tu escompté dans ce domaine ne saura devenir une réalité sans la disparition de certaines constantes (la nécessité humaine naturelle de vivre en communauté aux contours définie, avec des "in" et des "out"). Or, comme la chose naturelle en question ne pourra jamais disparaître, la situation que tu espère ne saura se réaliser, ni demain ni dans 3000 ans.
                        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                        • #13
                          je ne crois pas aux constantes dans un temps long. Tout .évolue, en bien ou en mal. J'ai espoir au bien.
                          Y a rien d'immuable. Aussi bien l'Algérien tient aujourd'hui à son Algérie, aussi bien dans un demain éloigné il tiendra à autre chose. Les choses ont toujours été ainsi. Tu connais l'histoire mieux que moi et tu sais que toutes les lignes qu'on croyait immuables ont fini par bouger.
                          Dernière modification par Bachi, 23 janvier 2022, 23h15.
                          ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

                          Commentaire


                          • #14
                            Bachi

                            Hier, ceux qui étaient les divers ancêtres des Algériens, s'identifiaient dans les communautés qui étaient les leurs en leur temps. Aujourd'hui, les Algériens sont ce qu'ils sont. Et demain, comme tu le dis, les lointains descendants de ces mêmes Algériens appartiendront peut-être à "autre chose" que ce qui est aujourd'hui. Jusque-là, pas de problème.

                            Par-contre, quel que soit cette "autre chose" que tu évoques dans ce futur, ça sera encore et toujours une communauté, un groupe, grand ou petit, nouveau ou ancien, mais un groupe tout de même, avec un début et une fin, et des lignes de démarcation qui feront que ces descendants d'Algeriens seront "nous" et le reste des humains "eux". Une nation, une tribu, une ethnie, une communauté de foi, de culture ou juste un conglomerat de bons à rien, cela importe peu. Ils seront forcément, nécessairement et fatalement, un truc de ce genre et ils se distingueront d'une manière ou d'une autre des autres groupes humains dont ils seront contemporains. C'est cela la constante dans l'équation.

                            Tu notera, que les "Algériens" (en tant que nation) sont le résultat d'une longue fusion et d'un infini amalgame des peuples et ethnies que les aléas de l'histoire ont amené sur ce territoire. Or, cet amalgame est quasiment le même qui a donné des "Tunisiens", des "Marocains" ou des "Libyens". Donc, si le progrès que tu évoques (qui est effectivement une constante en lui-même) allait systématiquement vers le sens que tu indiques (moins de clivages et plus d'uniformité) le processus n'aurait jamais aboutit à la naissance de 4 nations différentes en partant des mêmes ingrédients. En vérité, la constante humaine est plutôt à l'inverse de ce que tu décris dans ce domaine : dès qu'un groupe X dépasse une certaine taille (qu'elle soit atteinte par croissance ou par agglomération/assimilation) et qu'il dépasse une certaine durée, le fractionnement intervient toujours (particularismes locaux, variations linguistiques, évolutions culturelles propres ... etc.) et voilà de nouveaux groupes qui se créent petit à petit, se différencient en recyclant au passage une partie de l'héritage commun, tout en donnant naissance à de nouveaux cycles, le tout étant alimenté au fil du temps par les intérêts du moment (économie, politique) en plus de l'influence des choses "sentimentales" (fierté, croyances, sympathie/antipathie ... etc.). Ce constat est immuable BACHI, depuis que l'humain existe, et il ne va pas changer tant que les humains sont des humains.

                            En un mot, il n y aura jamais un groupe unique rassemblant tous le genre humain, tout simplement parceque la diversité et la segmentation sont inscrits dans la nature même du genre humain. Il ne peut en être autrement, et il n'est pas nécessaire qu'il en soit autrement pour assurer le bonheur de l'humanité.
                            Dernière modification par Harrachi78, 24 janvier 2022, 01h24.
                            "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                            • #15
                              Sur les rives du lac Titicaca en Bolivie d'aujourd'hui, y a quelques 8 siècles, un groupe d'Incas discutaient de leur futur....
                              Ils n'eurent aucun futur. Les conquistadores ont passé et tout balayé. Adios civilisation inca. Cela prit un siècle.
                              J'imagine un groupe d'Amazighs quelque part du côté de l'actuelle Biskra, discutant eux aussi, y a quelques 14 siecles de leur futur et tablant évidemment sur la constance et l'immuabilité. Patrac !....Oued sidi Zerzour emporta tout et le futur devint arabe et musulman stp.

                              Ainsi à longue échéance, les bouleversements et le changement forment la constance.

                              Difficile de faire de la futurologie, ca virera en science fiction et c'est à tout coup boiteux. La terre pourrait mourir, y a de bonnes probabilité à cette funeste hypothèse, mais si elle reste, on est sûr que tout changera: culture, science, technologie, mode de vie, nations, peuples et peuplades laisseront la place à autre chose.

                              Je vois déjà les nations se constituer en blocs et selon moi, c'est là oû réside le progrès. Effacement doucement des nationalismes et des nations. Les blocs eux-mêmes avec le temps s'intègreront. Je sais, c'est du Nostradamus mais c'est le futur le plus probable pour moi.
                              ,
                              ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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