LA pièce d’Aziz Chouaki, Une virée, ne sera jouée au Centre dramatique régional que du 1er au 3 décembre.
Les trois acteurs - Amou Graïa, Zakariya Gouram et Mounir Margoum - et le metteur en scène Jean-Louis Martinelli, ont fait le voyage jusqu’à nous, d’abord parce qu’ils s’y étaient engagés auprès d’Ahmed Madani ; et aussi pour faire acte militant contre le chikungunya, en faisant reculer les peurs. Il fallait le souligner.
Une virée semble prendre place dans une Algérie déchiquetée par les peurs, le crime, la corruption. Trois jeunes gens s’efforcent cependant d’y mettre du sens, de la vie et surtout de la fête. Plus que de la fête : de la démesure, de la folie, du désespoir. « Unis dans la dérive, ils se montreront leurs fantasmes, leur Algérie ».
Aziz Chouaki décrit trois jeunes gens en errance : Lakhdar (Amou Graïa), Rachid (Zakariya Gouram) et Mokhtar (Mounir Margoum), qui malmènent dans leurs rêves sans lendemain des éléments disloqués du drame de l’Algérie d’aujourd’hui. En apparence du moins.
Derrière la métaphore d’un pays qui se décompose en entraînant sa jeunesse dans un naufrage, Une virée est prétexte à une histoire qui pourrait se jouer ailleurs : partout où le désœuvrement, l’envie de “fête” étourdissante, le désir de “décoller” par tous les moyens (dans la vie, dans sa tête... par la drogue) suscite, malgré l’engluement du quotidien, un vrai désir de s’en sortir.
Ceux qui connaissent l’auteur ou qui ont vu ses pièces, soulignent la qualité de sa langue - « une langue incisive et brute », commente le metteur en scène.
« Beaucoup de gens ont du mal avec mes textes parce qu’ils sont bourrés de gros mots mais moi je les revendique comme une langue. Celle du désir. Contre la purification ethnique, je revendique une langue impure, sexuée, bâtarde, mêlée comme le créole » exprime pour sa part l’auteur, un Algérien « qui a perdu la Nation comme on perd la foi », qui se considère comme écrivain avant d’être Algérien et qui donne la parole « à ceux qui ne l’ont jamais, aux exclus de tout ».
Et quelle parole ! Son écriture protéiforme cisèle une « langue créole » - faite de tous les mélanges de l’Algérie - propice à la métaphore, « et surtout langue éminemment poétique, elle fluctue entre la violence des échanges, la dureté de la rue et une parole de l’intime, où se téléscopent les images et les idées, comme dans un rêve éveillé ».
La mise en scène de Jean-Louis Martinelli approfondit la réflexion sur le rapport à la fiction « comme résistance face au monde ». Il y interpelle ce qui met le “rien” au centre de la pièce, comme dans En attendant Godot et la scénographie de Gilles Taschet met en lumière une réflexion sur le quotidien et le vide, celui intérieur/extérieur, où évoluent les trois personnages.
P. David
Les trois acteurs - Amou Graïa, Zakariya Gouram et Mounir Margoum - et le metteur en scène Jean-Louis Martinelli, ont fait le voyage jusqu’à nous, d’abord parce qu’ils s’y étaient engagés auprès d’Ahmed Madani ; et aussi pour faire acte militant contre le chikungunya, en faisant reculer les peurs. Il fallait le souligner.
Une virée semble prendre place dans une Algérie déchiquetée par les peurs, le crime, la corruption. Trois jeunes gens s’efforcent cependant d’y mettre du sens, de la vie et surtout de la fête. Plus que de la fête : de la démesure, de la folie, du désespoir. « Unis dans la dérive, ils se montreront leurs fantasmes, leur Algérie ».
Aziz Chouaki décrit trois jeunes gens en errance : Lakhdar (Amou Graïa), Rachid (Zakariya Gouram) et Mokhtar (Mounir Margoum), qui malmènent dans leurs rêves sans lendemain des éléments disloqués du drame de l’Algérie d’aujourd’hui. En apparence du moins.
Derrière la métaphore d’un pays qui se décompose en entraînant sa jeunesse dans un naufrage, Une virée est prétexte à une histoire qui pourrait se jouer ailleurs : partout où le désœuvrement, l’envie de “fête” étourdissante, le désir de “décoller” par tous les moyens (dans la vie, dans sa tête... par la drogue) suscite, malgré l’engluement du quotidien, un vrai désir de s’en sortir.
Ceux qui connaissent l’auteur ou qui ont vu ses pièces, soulignent la qualité de sa langue - « une langue incisive et brute », commente le metteur en scène.
« Beaucoup de gens ont du mal avec mes textes parce qu’ils sont bourrés de gros mots mais moi je les revendique comme une langue. Celle du désir. Contre la purification ethnique, je revendique une langue impure, sexuée, bâtarde, mêlée comme le créole » exprime pour sa part l’auteur, un Algérien « qui a perdu la Nation comme on perd la foi », qui se considère comme écrivain avant d’être Algérien et qui donne la parole « à ceux qui ne l’ont jamais, aux exclus de tout ».
Et quelle parole ! Son écriture protéiforme cisèle une « langue créole » - faite de tous les mélanges de l’Algérie - propice à la métaphore, « et surtout langue éminemment poétique, elle fluctue entre la violence des échanges, la dureté de la rue et une parole de l’intime, où se téléscopent les images et les idées, comme dans un rêve éveillé ».
La mise en scène de Jean-Louis Martinelli approfondit la réflexion sur le rapport à la fiction « comme résistance face au monde ». Il y interpelle ce qui met le “rien” au centre de la pièce, comme dans En attendant Godot et la scénographie de Gilles Taschet met en lumière une réflexion sur le quotidien et le vide, celui intérieur/extérieur, où évoluent les trois personnages.
P. David
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