suite
[B]Le 2 juillet 1957, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne devant un auditoire de 2000 officiers de réserve et d'actives, en partance pour la désormais " guerre d'Algérie ". Au premier rang desquels se trouve au milieu d'un parterre de généraux, le major général des forces années, le général d'aviation Maurice Challe, (futur commandant du putsch d'avril 1961).[/B]
Le lieutenant-colonel Lacheroy parle pendant une heure et demie, sans la moindre note, de " La guerre révolutionnaire et l'arme psychologique ". L'éditorialiste du " Figaro " écrit alors- " Maintenant je sais qui, un jour, sera le grand chef de l'Armée française !". Ce qu'ignore le journaliste, c'est que de 1955 à 1956 (année où nous nous sommes rencontrés), le colonel Lacheroy a déjà effectué plusieurs missions en Algérie.
Il ne rejoindra cependant l'état-major du commandant en chef, son ami, qu'il connaît depuis quinze années, le général Raoul Salan, qu'en 1957. Ce sera la naissance, au niveau de tous les états-majors de 5ème bureau d'Action psychologique et Guerre subversive et également la création des Centres d'Instruction de la Pacification et de la contre-guerilla, (C.I.P.C.G.), confiée au colonel Marcel Bigeard, à Philippeville dans le Constantinois et à Arzew, en Oranie, dont je fréquenterai régulièrement, O.R.oranien, les stages de 1957 à la fin 1960. Il accueillera, au cours de ces années-là, près de 8000, officiers et sous-officiers, actives et réserves, stagiaires volontaires des trois Armes.
Ce sont les services des colonels Lacheroy, Trinquier, des commandants Faulques et Cogniet, du capitaine Léger qui feront monter les Français musulmans, hommes et femmes de la Casbah et des villages voisins sur le forum devant le G.G, le 13 mai 1958. Salan a promu Lacheroy, responsable des activités d'information et d'action psychologique et également porte-parole du comité de Salut Public d'Alger. Le 16 mai, devant les représentants de la Presse mondiale, il se fait le chantre de l'intégration: " Nous offrons aux musulmans français, le plus beau cadeau que nous puissions leur faire, nous leur disons : Tu seras semblable à nous !".
Au début du mois de juin suivant, il a un accrochage téléphonique avec Chaban-Delmas, nouveau ministre de la Défense nationale. Peu de jours après, il se trouve convoquè à Paris pour un entretien personnel avec le général de Gaulle. Lacheroy pense que De Gaulle veut s'informer de l'atmosphère populaire, là-bas, avant d'entreprendre son périple politique. En réalité ce qui l'intéresse c'est de savoir s'il a été plébiscité, le 13 mai 1958, par tous les Français d'Algérie, de toutes confessions, et par toute l'Armée. En toute franchise, Lacheroy répond qu'au début du mouvement, jamais son nom n'avait été prononcé et qu'il le fut, pour la première fois par le général Salan. Une minute plus tard, l'entretien tournait court. A la vue du regard glacé et du visage fermé de Gaulle, il comprit qu'il avait fait une gaffe : De Gaulle attendait une toute autre réponse, plutôt celle vers un plébiscite qu'il s'était imaginé. S'en entretenant, quelques heures plus tard, avec Jacques Foccart, ce dernier lui confirma que c'était une " bévue " qui mettrait sans doute un lourd frein à sa carrière, étant donné le caractère rancunier de son interlocuteur.
Ce fut le cas ! Lacheroy n'entendra plus parler de ses étoiles de général ! En plus, en décembre 1958, ils seront le général Salan et lui, les premiers rappelés vers des placards à Paris. Raoul Salan sera " enterré " dans le poste honorifique de Gouverneur de Paris. Lacheroy attendra, pendant six mois, une affectation. Le général de Maisonrouge qu'il avait connu en Indochine, lui proposa une chaire de conférencier sur l'action psychologique, à l'Ecole Supérieure de guerre qu'il dirigeait. Sur ordre du général De Gaulle, lui-même, il en fut écarté. Quelques mois après, il est affecté à la direction de l'E.S.O.R.S.E.M., (Ecole supérieur des officiers de réserve d'Etat-major), où il prodigue ses enseignements à l'élite civile de la Nation Cela ne peut toutefois le guérir de sa grande nostalgie de la guerre d'Algérie qui lui tient tant à cœur, et dont il suit les événements au jour le jour, surtout qu'il a parfaitement conscience que le a pouvoir politique, en place, ne lui permettra jamais d'y retourner.
Lorsqu'il entend De Gaulle déclarer à son armée, à propos de l'Algérie: " Comment penser que moi, De Gaulle, je ne puisse pas être pour la solution la plus française? " il bondit, lui, le créateur de l'Action psychologique. Il ne peut tomber dans un tel piège politique car il réalise bien que c'est encore là, un denier mensonge en attendant le suivant. Charles Lacheroy, toujours colonel, a 54 ans, il envisage de démissionner et de quitter l'Armée, pour la vie civile. Le colonel Garde et d'autres amis, officiers toujours présents en Algérie viennent l'en dissuader, disant qu'ils ont besoin de lui, parce que, selon eux, " les dés ne sont pas encore joués et qu'il était encore possible de tenter de renverser la vapeur ! ".
C'est ainsi que va naître l'idée d'un nouveau coup d'Etat à l'image du 13 mai 1958, dont lui, Lacheroy et les et les 5èmes bureaux des E.M. avaient été les premières pierres d'assise de la réussite. Les bâtiments et les salles de conférences de l'E.S.O.R.S.E.M, avec le bureau feutré de son directeur, fréquentés uniquement par des gens en civils, constituent le lieu idéal pour les réunions préparatoires de 21 heures à minuit avec la cartographie nécessaire. Tour à tour, pour le commandement de l'opération des noms vont se succéder, Vanuxem, Faure, Salan, Jouhaud, mais il apparaîtra que la troupe opterait plutôt pour Massu ou Challe. Massu ayant refusé, ce fut donc Challe, que les généraux Jouhaud, Zeller, Gardy et les colonels Argoud, Broizat, Garde, Godard et Lacheroy épauleront. Ils constituent la trame de la conspiration depuis Paris! Le colonel Charles Lacheroy part le premier à Alger pour mettre au point les derniers préparatifs sur place. Le décollage de l'avion du général Maurice Challe ayant été retardé, c'est Lacheroy qui signera, d'ailleurs, en son absence, dans la nuit du 21 avril 1961, l'ordre des opérations prévues.
Tiré du recit d'Yves Henry -Algerianiste et élève du Colonel Lacheroy
[B]Le 2 juillet 1957, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne devant un auditoire de 2000 officiers de réserve et d'actives, en partance pour la désormais " guerre d'Algérie ". Au premier rang desquels se trouve au milieu d'un parterre de généraux, le major général des forces années, le général d'aviation Maurice Challe, (futur commandant du putsch d'avril 1961).[/B]
Le lieutenant-colonel Lacheroy parle pendant une heure et demie, sans la moindre note, de " La guerre révolutionnaire et l'arme psychologique ". L'éditorialiste du " Figaro " écrit alors- " Maintenant je sais qui, un jour, sera le grand chef de l'Armée française !". Ce qu'ignore le journaliste, c'est que de 1955 à 1956 (année où nous nous sommes rencontrés), le colonel Lacheroy a déjà effectué plusieurs missions en Algérie.
Il ne rejoindra cependant l'état-major du commandant en chef, son ami, qu'il connaît depuis quinze années, le général Raoul Salan, qu'en 1957. Ce sera la naissance, au niveau de tous les états-majors de 5ème bureau d'Action psychologique et Guerre subversive et également la création des Centres d'Instruction de la Pacification et de la contre-guerilla, (C.I.P.C.G.), confiée au colonel Marcel Bigeard, à Philippeville dans le Constantinois et à Arzew, en Oranie, dont je fréquenterai régulièrement, O.R.oranien, les stages de 1957 à la fin 1960. Il accueillera, au cours de ces années-là, près de 8000, officiers et sous-officiers, actives et réserves, stagiaires volontaires des trois Armes.
Ce sont les services des colonels Lacheroy, Trinquier, des commandants Faulques et Cogniet, du capitaine Léger qui feront monter les Français musulmans, hommes et femmes de la Casbah et des villages voisins sur le forum devant le G.G, le 13 mai 1958. Salan a promu Lacheroy, responsable des activités d'information et d'action psychologique et également porte-parole du comité de Salut Public d'Alger. Le 16 mai, devant les représentants de la Presse mondiale, il se fait le chantre de l'intégration: " Nous offrons aux musulmans français, le plus beau cadeau que nous puissions leur faire, nous leur disons : Tu seras semblable à nous !".
Au début du mois de juin suivant, il a un accrochage téléphonique avec Chaban-Delmas, nouveau ministre de la Défense nationale. Peu de jours après, il se trouve convoquè à Paris pour un entretien personnel avec le général de Gaulle. Lacheroy pense que De Gaulle veut s'informer de l'atmosphère populaire, là-bas, avant d'entreprendre son périple politique. En réalité ce qui l'intéresse c'est de savoir s'il a été plébiscité, le 13 mai 1958, par tous les Français d'Algérie, de toutes confessions, et par toute l'Armée. En toute franchise, Lacheroy répond qu'au début du mouvement, jamais son nom n'avait été prononcé et qu'il le fut, pour la première fois par le général Salan. Une minute plus tard, l'entretien tournait court. A la vue du regard glacé et du visage fermé de Gaulle, il comprit qu'il avait fait une gaffe : De Gaulle attendait une toute autre réponse, plutôt celle vers un plébiscite qu'il s'était imaginé. S'en entretenant, quelques heures plus tard, avec Jacques Foccart, ce dernier lui confirma que c'était une " bévue " qui mettrait sans doute un lourd frein à sa carrière, étant donné le caractère rancunier de son interlocuteur.
Ce fut le cas ! Lacheroy n'entendra plus parler de ses étoiles de général ! En plus, en décembre 1958, ils seront le général Salan et lui, les premiers rappelés vers des placards à Paris. Raoul Salan sera " enterré " dans le poste honorifique de Gouverneur de Paris. Lacheroy attendra, pendant six mois, une affectation. Le général de Maisonrouge qu'il avait connu en Indochine, lui proposa une chaire de conférencier sur l'action psychologique, à l'Ecole Supérieure de guerre qu'il dirigeait. Sur ordre du général De Gaulle, lui-même, il en fut écarté. Quelques mois après, il est affecté à la direction de l'E.S.O.R.S.E.M., (Ecole supérieur des officiers de réserve d'Etat-major), où il prodigue ses enseignements à l'élite civile de la Nation Cela ne peut toutefois le guérir de sa grande nostalgie de la guerre d'Algérie qui lui tient tant à cœur, et dont il suit les événements au jour le jour, surtout qu'il a parfaitement conscience que le a pouvoir politique, en place, ne lui permettra jamais d'y retourner.
Lorsqu'il entend De Gaulle déclarer à son armée, à propos de l'Algérie: " Comment penser que moi, De Gaulle, je ne puisse pas être pour la solution la plus française? " il bondit, lui, le créateur de l'Action psychologique. Il ne peut tomber dans un tel piège politique car il réalise bien que c'est encore là, un denier mensonge en attendant le suivant. Charles Lacheroy, toujours colonel, a 54 ans, il envisage de démissionner et de quitter l'Armée, pour la vie civile. Le colonel Garde et d'autres amis, officiers toujours présents en Algérie viennent l'en dissuader, disant qu'ils ont besoin de lui, parce que, selon eux, " les dés ne sont pas encore joués et qu'il était encore possible de tenter de renverser la vapeur ! ".
C'est ainsi que va naître l'idée d'un nouveau coup d'Etat à l'image du 13 mai 1958, dont lui, Lacheroy et les et les 5èmes bureaux des E.M. avaient été les premières pierres d'assise de la réussite. Les bâtiments et les salles de conférences de l'E.S.O.R.S.E.M, avec le bureau feutré de son directeur, fréquentés uniquement par des gens en civils, constituent le lieu idéal pour les réunions préparatoires de 21 heures à minuit avec la cartographie nécessaire. Tour à tour, pour le commandement de l'opération des noms vont se succéder, Vanuxem, Faure, Salan, Jouhaud, mais il apparaîtra que la troupe opterait plutôt pour Massu ou Challe. Massu ayant refusé, ce fut donc Challe, que les généraux Jouhaud, Zeller, Gardy et les colonels Argoud, Broizat, Garde, Godard et Lacheroy épauleront. Ils constituent la trame de la conspiration depuis Paris! Le colonel Charles Lacheroy part le premier à Alger pour mettre au point les derniers préparatifs sur place. Le décollage de l'avion du général Maurice Challe ayant été retardé, c'est Lacheroy qui signera, d'ailleurs, en son absence, dans la nuit du 21 avril 1961, l'ordre des opérations prévues.
Tiré du recit d'Yves Henry -Algerianiste et élève du Colonel Lacheroy
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