L'épidémie de bleuite : Il suffisait d'oser prolonger l'opération des bleus hors de la Casbah; et de réussir. La structure de la Z.A.A. détruite rendait possible sa reconstitution avec Léger à sa tête ...pour quelques mois. Evacuant Alger, les dirigeants F.L.N. partaient pour l'étranger, les autres membres des réseaux s'efforçant de gagner le maquis, en Kabylie notamment. Léger introduit dans une filière vers la Kabylie l'un de ses hommes qui offre au comité de la Willaya III de reconstituer un réseau dans Alger. L'offre est acceptée, et l'agent de Léger revient, doté d'un stock d'armes entreposé dans une cache. Il ne reste qu'à aller récupérer les armes. Le réseau fictif n'aura qu'un temps, la willaya s'inquiétant de l'absence d'attentats, encore que Léger ait réussi à en fabriquer fictivement un ou deux.
Mais s'est établi un circuit de relations entre rebelles et rebelles ralliés, et un circuit d'allers- retours vers le maquis: rebelles libérés, qui ne se savent pas porteurs dans les semelles de leurs chaussures par exemple - d'informations que les chefs rebelles découvriront et qui feront accuser de trahison d'autres rebelles; bleus feignant de s'être évadés et venant dénoncer des traîtres, en rapportant des informations découvertes par hasard pendant leur séjour dans un poste français et compromettant un chef rebelle. La bleuite s'est répandue. Elle fera des ravages, grâce à l'existence dans la rébellion d'un moral de suspicion, d"'espionnite", de bleuite donc. La bleuite prend d'autant mieux que la vie clandestine accentue les rivalités individuelles et sociales - notamment entre les intellectuels et les autres -, que la situation des rebelles est précaire, que la population bascule vers la France, que des cas de double jeu manifestes sont connus, tels que la valse-hésitation d'Azzedine, que dans une même famille algérienne des décalages d'attitudes se produisent entre des hommes restés au maquis et d'autres qui sont déjà ralliés, multipliant les zones naturelles de contacts entre adversaires donc les suspicions.
L'un des atouts majeurs des services français est la parfaite connaissance de l'organigramme rebelle et sa mise à jour en continu: prisonniers désespérés de garder le silence quand ils découvrent les informations déjà connues, sélection facile des objectifs, suspicion systématique entre rebelles qui se soupçonnent l'un l'autre de trahison devant le volume des informations détenues par leurs adversaires. Les résultats sont vite massifs en Willaya III, chez Amirouche; Harbi les reconnaît : Selon le professeur Si Smaïl, responsable du service d'information de la Willaya III, la bleuite a fait près de 2.000 morts. A l'initiative d'Amirouche, l'espionnite se propage dans la Willaya IV puis dans les zones de la Willaya V qui leur sont limitrophes.
Le désastre de la Willaya III sera complété: son chef, Amirouche convoque une réunion des chefs de willayas; Tunis à son tour veut réunir ces responsables de l'intérieur. Se dirigeant donc vers Tunis, Amirouche et Si Haouès, chef de la Willaya VI, "dont l'armée française connaissait l'itinéraire" tombent dans une embuscade en mars 1959. Si M'Hamed, chef de la Willaya IV, sera tué peu après, et Lofti, chef de la Willaya V à son tour.
Entre temps la bleuite a débordé de Willaya III en Willaya IV où son succès militaire a été politiquement moindre du moins pour l'immédiat: la bleuite y fera seulement quelque cinq cents morts. Politiquement l'échec provisoire tient à un hasard : l'homme de la Willaya IV visé par les services français était Omar Oussédik dont l'énergie était l'un des facteurs de cohésion de la Willaya. La procédure d'attaque a consisté à diffuser dans le réseau F.L.N. un faux compromettant un fidèle d'Oussédik, Khaled, responsable de la mintaka 43; aussitôt la willaya entrait en convulsion; les interrogatoires et les aveux extorqués se multipliaient, dans cette willaya que l'affaire Azzedine avait rendue sensible aux risques de ralliement; la purge se répandait; mais Oussédik que son chef direct Si M'Hamed, poussé par Amirouche, allait inculper, est sauvé de cette inculpation, car appelé à Tunis, il s'y trouvait alors et venait d'être... nommé Secrétaire d'Etat par le G.P.R.A. L'impact politique n'était que différé. Les purges aidant, l'état de la willaya sera tel peu après que son nouveau chef Si Salah demandera un cessez-le-feu séparé.
Mais s'est établi un circuit de relations entre rebelles et rebelles ralliés, et un circuit d'allers- retours vers le maquis: rebelles libérés, qui ne se savent pas porteurs dans les semelles de leurs chaussures par exemple - d'informations que les chefs rebelles découvriront et qui feront accuser de trahison d'autres rebelles; bleus feignant de s'être évadés et venant dénoncer des traîtres, en rapportant des informations découvertes par hasard pendant leur séjour dans un poste français et compromettant un chef rebelle. La bleuite s'est répandue. Elle fera des ravages, grâce à l'existence dans la rébellion d'un moral de suspicion, d"'espionnite", de bleuite donc. La bleuite prend d'autant mieux que la vie clandestine accentue les rivalités individuelles et sociales - notamment entre les intellectuels et les autres -, que la situation des rebelles est précaire, que la population bascule vers la France, que des cas de double jeu manifestes sont connus, tels que la valse-hésitation d'Azzedine, que dans une même famille algérienne des décalages d'attitudes se produisent entre des hommes restés au maquis et d'autres qui sont déjà ralliés, multipliant les zones naturelles de contacts entre adversaires donc les suspicions.
L'un des atouts majeurs des services français est la parfaite connaissance de l'organigramme rebelle et sa mise à jour en continu: prisonniers désespérés de garder le silence quand ils découvrent les informations déjà connues, sélection facile des objectifs, suspicion systématique entre rebelles qui se soupçonnent l'un l'autre de trahison devant le volume des informations détenues par leurs adversaires. Les résultats sont vite massifs en Willaya III, chez Amirouche; Harbi les reconnaît : Selon le professeur Si Smaïl, responsable du service d'information de la Willaya III, la bleuite a fait près de 2.000 morts. A l'initiative d'Amirouche, l'espionnite se propage dans la Willaya IV puis dans les zones de la Willaya V qui leur sont limitrophes.
Le désastre de la Willaya III sera complété: son chef, Amirouche convoque une réunion des chefs de willayas; Tunis à son tour veut réunir ces responsables de l'intérieur. Se dirigeant donc vers Tunis, Amirouche et Si Haouès, chef de la Willaya VI, "dont l'armée française connaissait l'itinéraire" tombent dans une embuscade en mars 1959. Si M'Hamed, chef de la Willaya IV, sera tué peu après, et Lofti, chef de la Willaya V à son tour.
Entre temps la bleuite a débordé de Willaya III en Willaya IV où son succès militaire a été politiquement moindre du moins pour l'immédiat: la bleuite y fera seulement quelque cinq cents morts. Politiquement l'échec provisoire tient à un hasard : l'homme de la Willaya IV visé par les services français était Omar Oussédik dont l'énergie était l'un des facteurs de cohésion de la Willaya. La procédure d'attaque a consisté à diffuser dans le réseau F.L.N. un faux compromettant un fidèle d'Oussédik, Khaled, responsable de la mintaka 43; aussitôt la willaya entrait en convulsion; les interrogatoires et les aveux extorqués se multipliaient, dans cette willaya que l'affaire Azzedine avait rendue sensible aux risques de ralliement; la purge se répandait; mais Oussédik que son chef direct Si M'Hamed, poussé par Amirouche, allait inculper, est sauvé de cette inculpation, car appelé à Tunis, il s'y trouvait alors et venait d'être... nommé Secrétaire d'Etat par le G.P.R.A. L'impact politique n'était que différé. Les purges aidant, l'état de la willaya sera tel peu après que son nouveau chef Si Salah demandera un cessez-le-feu séparé.
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