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L’Arbre de la chance de Mohammed Attaf

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  • L’Arbre de la chance de Mohammed Attaf

    Dans son roman, L’Arbre de la chance(*), Mohammed Attaf évoque une période marquante de son quartier «indigène», situé dans la Haute Ville de Tizi Ouzou, sa ville natale, et caractérisé par la mosquée Lalla Saïda. «La mosquée de Lalla Saïda s’imposait, écrit-il, comme un ange gardien, au plus profond des âmes pour rappeler l’espoir, cette lumière contenue dans la loi divine.» Le ton doux de la narration est ainsi donné d’emblée.

    L’auteur, commissaire aux comptes, aujourd’hui à la retraite, s’est toujours adonné, après les longues et dures journées à faire le point des chiffres, à la littérature et tout particulièrement à ces deux genres: poésie (Fleur sur un cactus) et nouvelle. Je ne sais rien d’autre de sa biographie. La seule indication fournie par son éditeur est que L’Arbre de la chance est son premier roman. Contrairement à ce que le lecteur pourrait penser, il ne s’agit pas d’un roman autobiographique, mais d’une fiction fondée sur des événements réels au temps de la colonisation et animée par des personnages inventés et dirigés par l’auteur.

    C’est l’histoire de la tribu, autrement dit de la «dechra», quartier du haut de la ville, tout de misère et de pauvreté, sur lequel majestueusement veille Lalla Saïda. Las! «Tous les quartiers de la tribu offraient le même aspect. Les maisons ne se jalousaient guère. Elles étaient laides et sans vigueur. Adossées les unes aux autres dans une architecture affligée, certaines limitées dans l’espace, d’autres offrant un semblant de superficie... [...] Toutes ces maisons avaient une histoire et chaque histoire était liée à un engrenage tragique que chaque personne âgée transmettait à sa descendance afin que nul n’oublie.» C’est d’abord l’histoire de l’ancien, Ramdane «qui sortait tôt le matin, avec son minuscule couffin dans lequel il emportait son déjeuner, c’était pour aller s’épuiser dans un monde où l’obéissance était sans faille», celle de sa mère et celle de son épouse Nora et de ses deux enfants Smaïl et Zahia (Ouiza).

    C’est ensuite et surtout l’histoire de Smaïl et sa famille. Le lecteur éprouvera une certaine incohérence dans la présentation des personnages et de leur filiation. On notera, à l’évidence, des influences de lectures des auteurs admirés, des maladresses, des naïvetés d’écriture, des réminiscences narratives, des clichés que contient toute première oeuvre. Or, Mohammed Attaf aurait pu aisément tirer de son propre fonds le caractère et les qualités de ses personnages et creuser plus avant dans la pureté de sa sensibilité...Néanmoins, le récit suit son cours dès lors que la maisonnette, tazegâ, a été réaménagée par Ramdane en chambre à coucher et en cuisine. Restituée dans son contexte, cette initiative relève de l’héroïsme social. Et c’est dans le quartier que les enfants jouent à l’abri de Lalla Saïda et que, tout comme eux, Smaïl «se sentait chez lui tant le corporel et l’incorporel se confondaient». Cependant, à Smaïl, il reste autre chose à connaître, à découvrir pour s’affirmer...

    Tout près de l’aire de jeu, existait un arbre que les habitants du quartier appellent Chadjrat ez-z’har, c’est-à-dire l’arbre «en fleurs», mais le mot ez-z’har signifie aussi «la chance». En fait, c’est le robinier (du nom du botaniste Jean Robin, xviie s.), un faux acacia ou acacia blanc. S’épanouissant de mai à juin, ces fleurs blanches ou rosées, sont odorantes et sucrées; elles sont comestibles. Quel enfant, à l’époque, n’en a-t-il pas mangé des grappes et des grappes pour le nectar si délicieux secrété par les fleurs et si apprécié par les abeilles? Et d’où le fameux «miel d’acacia» dont l’odeur rappelle la fleur d’oranger.

    L’Arbre de la chance se présente comme une image d’une vie d’enfance selon le voeu de l’auteur, une image simple, nourrie d’une pensée spéculative puisqu’elle est destinée à la jeune génération d’aujourd’hui.
    Mohammed Attaf pourrait devenir, si j’ose dire, un auteur qui compte beaucoup.

    (*) L’ARBRE DE LA CHANCE
    de Mohammed Attaf
    Éditions Alpha, Alger.

    Par l'Expression
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