Si l’on veut apprécier à leur valeur les ouvrages de Frontin, il faut se pénétrer de l’idée qu’il n’a nullement songé à se créer une réputation d’écrivain.
Homme de guerre et d’administra-tion, il a écrit dans l’unique but d’être utile à ceux qui suivraient la même carrière que lui.
Être lu, être consulté avec profit au point de vue pratique des sciences qui ont occupé sa vie, c’est toute la gloire qu’il ambitionne : il le déclare lui-même. Ce qui le recommande surtout, c’est la netteté de ses idées, et l’ordre méthodique auquel il sait les plier toutes. Ainsi, pour commencer par ses Stratagèmes, l’antiquité ne nous a légué aucun monument plus logique dans son ensemble.
Recueillir dans l’histoire un nombre aussi prodigieux de faits ; les réunir selon leurs analogies, et les séparer par leurs différences, abstraction faite des personnages, des temps et des lieux ; en un mot, se former un plan au milieu de ce dédale, et y rester fidèle jusqu’à entier épuisement des matériaux, voilà qui atteste une certaine puissance d’analyse, de la justesse et de la profondeur dans les conceptions.
Quant au style, il a ses mérites et ses dé-fauts.
Quoique Frontin appartienne à l’époque de la décadence, l’expression, chez lui, porte presque toujours le cachet de la bonne latinité.
Habituellement même sa phrase a du nombre et de l’harmonie ; mais elle se présente trop souvent sous la même forme :
il y a de longues séries de faits dont les récits, composés chacun de quelques lignes, commencent et finissent par les mêmes constructions, et très souvent par des termes identiques, ce qui en rend la lecture fastidieuse.
Un autre reproche qu’on peut lui faire, c’est qu’il affecte une brièveté qui va parfois jus-qu’à la sécheresse. Mais, nous le répétons, il n’a point visé à la phrase ; et on lui doit cette justice, que la concision l’a rarement empêche d’être clair.
Une fois qu’il s’est emparé d’un fait, il veut que deux mots suffisent pour que ses lecteurs en saisissent comme lui toute la portée, et qu’ils en fassent leur profit.
Enfin, on trouve dans ce livre de nombreuses erreurs à l’endroit de l’histoire et de la géographie.
Mais la plupart de ces fautes sont si grossières, qu’on ne peut raisonnablement les attribuer qu’à l’ignorance des copistes,
gens qui n’ont épargné à notre auteur ni omissions, ni transpositions, ni interpolations.
C’est ce que n’a pas observé Schoell , quand il a prétendu que l’ouvrage qui nous occupe était
« une compilation faite avec assez de négli-gence, surtout dans la partie historique.»
Homme de guerre et d’administra-tion, il a écrit dans l’unique but d’être utile à ceux qui suivraient la même carrière que lui.
Être lu, être consulté avec profit au point de vue pratique des sciences qui ont occupé sa vie, c’est toute la gloire qu’il ambitionne : il le déclare lui-même. Ce qui le recommande surtout, c’est la netteté de ses idées, et l’ordre méthodique auquel il sait les plier toutes. Ainsi, pour commencer par ses Stratagèmes, l’antiquité ne nous a légué aucun monument plus logique dans son ensemble.
Recueillir dans l’histoire un nombre aussi prodigieux de faits ; les réunir selon leurs analogies, et les séparer par leurs différences, abstraction faite des personnages, des temps et des lieux ; en un mot, se former un plan au milieu de ce dédale, et y rester fidèle jusqu’à entier épuisement des matériaux, voilà qui atteste une certaine puissance d’analyse, de la justesse et de la profondeur dans les conceptions.
Quant au style, il a ses mérites et ses dé-fauts.
Quoique Frontin appartienne à l’époque de la décadence, l’expression, chez lui, porte presque toujours le cachet de la bonne latinité.
Habituellement même sa phrase a du nombre et de l’harmonie ; mais elle se présente trop souvent sous la même forme :
il y a de longues séries de faits dont les récits, composés chacun de quelques lignes, commencent et finissent par les mêmes constructions, et très souvent par des termes identiques, ce qui en rend la lecture fastidieuse.
Un autre reproche qu’on peut lui faire, c’est qu’il affecte une brièveté qui va parfois jus-qu’à la sécheresse. Mais, nous le répétons, il n’a point visé à la phrase ; et on lui doit cette justice, que la concision l’a rarement empêche d’être clair.
Une fois qu’il s’est emparé d’un fait, il veut que deux mots suffisent pour que ses lecteurs en saisissent comme lui toute la portée, et qu’ils en fassent leur profit.
Enfin, on trouve dans ce livre de nombreuses erreurs à l’endroit de l’histoire et de la géographie.
Mais la plupart de ces fautes sont si grossières, qu’on ne peut raisonnablement les attribuer qu’à l’ignorance des copistes,
gens qui n’ont épargné à notre auteur ni omissions, ni transpositions, ni interpolations.
C’est ce que n’a pas observé Schoell , quand il a prétendu que l’ouvrage qui nous occupe était
« une compilation faite avec assez de négli-gence, surtout dans la partie historique.»
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