Au second et dernier jour, ce jeudi, du colloque international sur le tifinagh, l’essentiel de la thématique abordée avait trait à la problématique de la transcription de tamazight, entre les trois options en concurrence, latiniste, arabiste, et tifinaghiste.
La controverse qui y a prévalue, lors des communications et des débats, a permis de sortir quelque peu, des sentiers à la limite de l’académisme dans lesquels ont tenu à se conformer les séminaristes depuis le début du colloque le mercredi, 21 mars. Ainsi, le Dr Mouloud Lounaouci, sociolinguiste de Tizi-Ouzou, a d’emblée mis les pieds dans le plat, en affichant clairement sa préférence pour les caractères latins quant à la transcription de la langue berbère. Dans sa communication, à forts relents polémiques, "Tifinagh : graphie fonctionnelle ou symbole identitaire", le Dr Lounaouci a estimé que la fonctionnalité d’une langue, tamazight en l’occurrence, est "franchement accessoire", par rapport au choix du caractère dans la mesure où, d’une part, " tout graphème porte en lui une symbolique à charge émotionnelle et identitaire", et d’autre part, où "l’écriture ( …) a toujours été la propriété des décideurs qui en font un instrument efficace de pouvoir…". Le conférencier n’en veut pour preuve de ces affirmations que l’opposition du président du mouvement islamiste Attawhid Wal Islah du Maroc, Ahmed Raïssouni, aux latinistes marocains, ayant considéré que l’adoption de la graphie latine "est un choix qui vise à éloigner les Amazighs de l’Islam et à semer la division entre eux et les Arabes…".
Le Dr Lounaouci n’en justifie pas moins son option pour le support latin du tamazight, par "l’expérience de plus d’une décennie d’enseignement en caractères latins (qui) ne peut être occultée, d’autant que spontanément les producteurs culturels écrivent dans ce graphème". Toutefois, il a recommandé que le tifinagh "soit connu et utilisé comme support identitaire d’autant plus qu’il est esthétique, ce qui ne gâche rien", a-t-il estimé.
Hormis cet engagement franc pour l’option latine, les autres communicateurs, n’ont pas été tranchans, la plupart estimant que le caractère n’importait pas plus que l’adoption consensuelle d’un graphème qui permettrait de véhiculer le tamazight, non seulement " en tant que langue enseignée mais aussi et surtout en tant que langue d’enseignement ".
Concernant les communications de spécialistes étrangers conviés au colloque, à noter celle de Mme Fatima Boukhris, linguiste marocaine autour de "L’aménagement de l’alphabet tifinagh : cas du Maroc", et ce, à travers la présentation de l’action en la matière de l’Institut royal de la culture amazighe ( IRCAM). Nous apprendrons à cette occasion qu’au Maroc, le tifinagh est l’alphabet officiel de la langue amazighe et est depuis quelques années déjà "le code consacré pour la réalisation et l’édition de manuels scolaires de l’Amazigh…".
A retenir également l’intervention du Nigérien Modi Issouf, qui a abordé la question de l’informatisation du tifinagh: "Les caractères tifinagh dans l’Unicode ". Nous apprendrons à ce propos que depuis 1992, le consortium international Unicode élabore une table universelle dans laquelle doivent se trouver les caractères de toutes les langues du monde, dont quelques caractères tifinaghs nigériens classiques s’y trouvent depuis 2005.Il est à signaler la "défection" à ce colloque du très attendu Salem Chaker, "pour raison de santé", selon les organisateurs.
Par La Dépêche de Kabylie
La controverse qui y a prévalue, lors des communications et des débats, a permis de sortir quelque peu, des sentiers à la limite de l’académisme dans lesquels ont tenu à se conformer les séminaristes depuis le début du colloque le mercredi, 21 mars. Ainsi, le Dr Mouloud Lounaouci, sociolinguiste de Tizi-Ouzou, a d’emblée mis les pieds dans le plat, en affichant clairement sa préférence pour les caractères latins quant à la transcription de la langue berbère. Dans sa communication, à forts relents polémiques, "Tifinagh : graphie fonctionnelle ou symbole identitaire", le Dr Lounaouci a estimé que la fonctionnalité d’une langue, tamazight en l’occurrence, est "franchement accessoire", par rapport au choix du caractère dans la mesure où, d’une part, " tout graphème porte en lui une symbolique à charge émotionnelle et identitaire", et d’autre part, où "l’écriture ( …) a toujours été la propriété des décideurs qui en font un instrument efficace de pouvoir…". Le conférencier n’en veut pour preuve de ces affirmations que l’opposition du président du mouvement islamiste Attawhid Wal Islah du Maroc, Ahmed Raïssouni, aux latinistes marocains, ayant considéré que l’adoption de la graphie latine "est un choix qui vise à éloigner les Amazighs de l’Islam et à semer la division entre eux et les Arabes…".
Le Dr Lounaouci n’en justifie pas moins son option pour le support latin du tamazight, par "l’expérience de plus d’une décennie d’enseignement en caractères latins (qui) ne peut être occultée, d’autant que spontanément les producteurs culturels écrivent dans ce graphème". Toutefois, il a recommandé que le tifinagh "soit connu et utilisé comme support identitaire d’autant plus qu’il est esthétique, ce qui ne gâche rien", a-t-il estimé.
Hormis cet engagement franc pour l’option latine, les autres communicateurs, n’ont pas été tranchans, la plupart estimant que le caractère n’importait pas plus que l’adoption consensuelle d’un graphème qui permettrait de véhiculer le tamazight, non seulement " en tant que langue enseignée mais aussi et surtout en tant que langue d’enseignement ".
Concernant les communications de spécialistes étrangers conviés au colloque, à noter celle de Mme Fatima Boukhris, linguiste marocaine autour de "L’aménagement de l’alphabet tifinagh : cas du Maroc", et ce, à travers la présentation de l’action en la matière de l’Institut royal de la culture amazighe ( IRCAM). Nous apprendrons à cette occasion qu’au Maroc, le tifinagh est l’alphabet officiel de la langue amazighe et est depuis quelques années déjà "le code consacré pour la réalisation et l’édition de manuels scolaires de l’Amazigh…".
A retenir également l’intervention du Nigérien Modi Issouf, qui a abordé la question de l’informatisation du tifinagh: "Les caractères tifinagh dans l’Unicode ". Nous apprendrons à ce propos que depuis 1992, le consortium international Unicode élabore une table universelle dans laquelle doivent se trouver les caractères de toutes les langues du monde, dont quelques caractères tifinaghs nigériens classiques s’y trouvent depuis 2005.Il est à signaler la "défection" à ce colloque du très attendu Salem Chaker, "pour raison de santé", selon les organisateurs.
Par La Dépêche de Kabylie
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