Paulo Coelho est un écrivain brésilien. Il est surtout connu par son livre L'Alchimiste, l'une des meilleures ventes de tous les temps. Publié dans 100 pays et en 56 langues, l'ensemble des livres de Paulo Coelho s'est vendu à plus de 37 millions dans le monde.
SUR LE BORD DE LA RIVIERE PIEDRA
Paulo Coelho
"Au bout d'une petite demi-heure de trajet, nous arrivons à la chapelle. Un viel homme est assis sur les marches. C'est la première personne que nous nous sommes mise en route
- Bonjour, dit-il au vieillard
- Bonjour.
- Comment s'appelle ce village ?
- San Martin de Unx.
- Unx? dis-je. On dirait un de gnome!
Le vieux ne comprend pas la plaisanterie. Plutôt embarassée, je m'avance jusqu'à la porte de la chapelle.
- Vous ne pouvez pas entrer, dit le vieux. On ferme à midi. Si vous voulez, vous pouvez revenir à quatres heures.
La porte est ouverte. Je distingue mal l'intérieur, à cause de la pénombre.
- Rien qu'une minute. Je voudrais dire une prière.
- Je regrette beaucoup, mais c'est fermé
- Bon, d'accord, on s'on va, dis-je. Pas la peine de continuer à discuter.
Il garde les yeux fixés sur moi, mais son regard est vide, lointain.
- Tu ne voulias pas voir la chapelle ? demande-t-il
Le vieux nous regard, impassible. Il doit être content parce qu'il se passe quelque chose, là sous ses yeux, dans un endroit où les matins, les après-midi, les soirs sont identiques.
- La porte de l'église est ouverte, dit-il, s'addressant au vieux. Si vous voulez de l'argent, on peut vous en donner un peu. Mais elle veut voir cette église.
- Ce n'est pas l'heure.
- Tant pis, on entre quand même
Mon coeur bat plus vite. Le vieux bonhomme pourrait se fâcher, appeler la police, gâcher notre promenade.
- Pourquoi fais-tu cela ?
- Parce que tu as envie d'aller voir cette chapelle.
- On peut y aller, dis-je, au bout de ce que je me figure être la durée d'un "Je vous salue Marie".
- N'ai pas peur, Pilar. Tu n'es pas là pour faire de la figuration
- Je ne vois pas ce que tu veux dire
- Certaines personnes sont brouillées avec quelqu'un, brouillées avec elles-mêmes, brouillées avec la vie. Alors, elles jouent une pièce de théâtre et en écrivent le canevas d'après leurs frustrations.
- Je connais beaucoup de gens comme ça. Je sais de quoi tu parles.
- Mais le malheur est que ces gens-là ne peuvent pas jouer la pièce tout seuls, poursuit-il.Ils se mettent donc à convoquer d'autres acteurs.
-C'est exactement ce qu'a fait ce type là-dehors. Il voulait prendre sa revanche, et il nous a choisis pour cela. Si nous avions plié devant son interdiction, maintenant nous le regretterions, nous aurions accepté de faire partie de son existence mesquine et de ses frustrations.
- L'agressivité de cet homme était évidente, il nous a donc été facile de ne pas entrer dans son jeu. Mais d'autres, parfois, nous demandent d'être figurants lorsqu'ils se comportent en victimes et se plaignent des injustices de la vie. Ils exigent que nous les approuvions, que nous prenions parti.
Il me regarde droit dans les yeux.
- Attention! Quand on entre dans ce jeu, on en sort toujours perdant."
SUR LE BORD DE LA RIVIERE PIEDRA
Paulo Coelho
"Au bout d'une petite demi-heure de trajet, nous arrivons à la chapelle. Un viel homme est assis sur les marches. C'est la première personne que nous nous sommes mise en route
- Bonjour, dit-il au vieillard
- Bonjour.
- Comment s'appelle ce village ?
- San Martin de Unx.
- Unx? dis-je. On dirait un de gnome!
Le vieux ne comprend pas la plaisanterie. Plutôt embarassée, je m'avance jusqu'à la porte de la chapelle.
- Vous ne pouvez pas entrer, dit le vieux. On ferme à midi. Si vous voulez, vous pouvez revenir à quatres heures.
La porte est ouverte. Je distingue mal l'intérieur, à cause de la pénombre.
- Rien qu'une minute. Je voudrais dire une prière.
- Je regrette beaucoup, mais c'est fermé
- Bon, d'accord, on s'on va, dis-je. Pas la peine de continuer à discuter.
Il garde les yeux fixés sur moi, mais son regard est vide, lointain.
- Tu ne voulias pas voir la chapelle ? demande-t-il
Le vieux nous regard, impassible. Il doit être content parce qu'il se passe quelque chose, là sous ses yeux, dans un endroit où les matins, les après-midi, les soirs sont identiques.
- La porte de l'église est ouverte, dit-il, s'addressant au vieux. Si vous voulez de l'argent, on peut vous en donner un peu. Mais elle veut voir cette église.
- Ce n'est pas l'heure.
- Tant pis, on entre quand même
Mon coeur bat plus vite. Le vieux bonhomme pourrait se fâcher, appeler la police, gâcher notre promenade.
- Pourquoi fais-tu cela ?
- Parce que tu as envie d'aller voir cette chapelle.
- On peut y aller, dis-je, au bout de ce que je me figure être la durée d'un "Je vous salue Marie".
- N'ai pas peur, Pilar. Tu n'es pas là pour faire de la figuration
- Je ne vois pas ce que tu veux dire
- Certaines personnes sont brouillées avec quelqu'un, brouillées avec elles-mêmes, brouillées avec la vie. Alors, elles jouent une pièce de théâtre et en écrivent le canevas d'après leurs frustrations.
- Je connais beaucoup de gens comme ça. Je sais de quoi tu parles.
- Mais le malheur est que ces gens-là ne peuvent pas jouer la pièce tout seuls, poursuit-il.Ils se mettent donc à convoquer d'autres acteurs.
-C'est exactement ce qu'a fait ce type là-dehors. Il voulait prendre sa revanche, et il nous a choisis pour cela. Si nous avions plié devant son interdiction, maintenant nous le regretterions, nous aurions accepté de faire partie de son existence mesquine et de ses frustrations.
- L'agressivité de cet homme était évidente, il nous a donc été facile de ne pas entrer dans son jeu. Mais d'autres, parfois, nous demandent d'être figurants lorsqu'ils se comportent en victimes et se plaignent des injustices de la vie. Ils exigent que nous les approuvions, que nous prenions parti.
Il me regarde droit dans les yeux.
- Attention! Quand on entre dans ce jeu, on en sort toujours perdant."
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