Certains parmi vous, et je l’ai déjà lu sur Facebook, s’interrogent sur la périodisation de la problématique amazighe et le choix de la tranche historique : 1962 :1989. Elle renvoie tout simplement à la période du parti unique marquée par le monopole idéologique, politique, culturel et identitaire et, par conséquent, c’est le début de la structuration de la dictature. Mot clé du développement politique national. C’est également la naissance du jeune Etat algérien, enfin entre les mains des siens, après un intermède de plus quatre siècles entre Ottomans et Français. Auréolé de la gloire du combat libérateur – l’exploit du siècle à mon sens – l’Etat embryonnaire s’appuie sur une rhétorique anti-impérialiste qui le plaçait dans le bon camp, celui du progrès et des damnés de la terre. On est donc entré de plain-pied dans le mouvement de l’histoire. Il était extrêmement difficile de s’opposer à cet Etat à la légitimité historique certes usurpée et dont le régime va se distinguer, dans la pratique politique et institutionnelle, par une répression féroce et un arbitraire despotique. C’est dire la tâche extrêmement ardue à tout point de vue pour les opposants en général et les militants de Timuzgha (berbérité) en particulier.
L’indépendance algérienne acquise de haute lutte est survenue dans une ambiance de déchirement et de violence entre les wilaya intérieures légitimistes (2,3,4, Fédération de France du Fln), soutenant le Gpra, d’une part, et l’armée des frontières, s’appuyant sur les wilaya 1,5 et 6 et en opposition avec une légalité fragilisée, d’autre part. La confrontation entre les deux camps a eu lieu et a failli dégénérer en guerre civile. Ben Bella, qui sort vainqueur de ce face-à-face certes éphémère mais sanglant, s’était distingué auparavant et dès sa sortie de prison par son célèbre slogan en lançant, à Al Ouina en Tunisie, devant la foule venue accueillir les prisonniers politiques: « Nous sommes arabes, nous sommes arabes, nous sommes arabes ! » Trois fois !
A qui s’adresse-t-il ? Aux Berbérophones ? A Bourguiba, dont le pro occidentalisme indisposait Gamal Abdenacer, champion du panarabisme et mentor de Ben Bella ? Avec le recul, il l’a sans doute fait en direction des deux cibles. En tout cas, le décor est planté. Le croquemitaine berbère, assimilé au kabyle, est déjà convoqué pour stigmatiser cette région tradionnellement rebelle au pouvoir central. Il en est ainsi de la dénonciation de la déclaration de Krim Belkacem par Ben Bella parce que faite à Tizi Ouzou, alors que, lui, il n’a pas cessé d’intervenir à partir de Tlemcen. En somme, parler de Tizi Ouzou, c’est une menace contre l’unité nationale, discourir de Tlemcen, c’est raffermir l’unité nationale, selon un discours volontiers outrancier et qui va s’imposer en norme et devenir une référence. Voilà la norme qui va s’installer durant les années 60 et qui aura longue vie tellement le débat est dominé par l’ostracisme. J’illustre cette situation par cet exemple pour révéler la mise en place des mécanismes psycho-politiques du discours dominant.
La structuration de la dictature se fait avec une production idéologique binaire : politiquement, moderne ; culturellement, conservatrice. Ce dernier élément renvoie à la question identitaire. L’arabisme et l’islamisme, même feutré en ses temps du tiers-mondisme triomphant, sacralisent la langue arabe. Ce facteur binaire idéologiquement est décrit pertinemment par Henri Sanson : dans son livre : « Algérie, la laïcité islamique ».
L’indépendance algérienne acquise de haute lutte est survenue dans une ambiance de déchirement et de violence entre les wilaya intérieures légitimistes (2,3,4, Fédération de France du Fln), soutenant le Gpra, d’une part, et l’armée des frontières, s’appuyant sur les wilaya 1,5 et 6 et en opposition avec une légalité fragilisée, d’autre part. La confrontation entre les deux camps a eu lieu et a failli dégénérer en guerre civile. Ben Bella, qui sort vainqueur de ce face-à-face certes éphémère mais sanglant, s’était distingué auparavant et dès sa sortie de prison par son célèbre slogan en lançant, à Al Ouina en Tunisie, devant la foule venue accueillir les prisonniers politiques: « Nous sommes arabes, nous sommes arabes, nous sommes arabes ! » Trois fois !
A qui s’adresse-t-il ? Aux Berbérophones ? A Bourguiba, dont le pro occidentalisme indisposait Gamal Abdenacer, champion du panarabisme et mentor de Ben Bella ? Avec le recul, il l’a sans doute fait en direction des deux cibles. En tout cas, le décor est planté. Le croquemitaine berbère, assimilé au kabyle, est déjà convoqué pour stigmatiser cette région tradionnellement rebelle au pouvoir central. Il en est ainsi de la dénonciation de la déclaration de Krim Belkacem par Ben Bella parce que faite à Tizi Ouzou, alors que, lui, il n’a pas cessé d’intervenir à partir de Tlemcen. En somme, parler de Tizi Ouzou, c’est une menace contre l’unité nationale, discourir de Tlemcen, c’est raffermir l’unité nationale, selon un discours volontiers outrancier et qui va s’imposer en norme et devenir une référence. Voilà la norme qui va s’installer durant les années 60 et qui aura longue vie tellement le débat est dominé par l’ostracisme. J’illustre cette situation par cet exemple pour révéler la mise en place des mécanismes psycho-politiques du discours dominant.
La structuration de la dictature se fait avec une production idéologique binaire : politiquement, moderne ; culturellement, conservatrice. Ce dernier élément renvoie à la question identitaire. L’arabisme et l’islamisme, même feutré en ses temps du tiers-mondisme triomphant, sacralisent la langue arabe. Ce facteur binaire idéologiquement est décrit pertinemment par Henri Sanson : dans son livre : « Algérie, la laïcité islamique ».
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