Chronique livresque. Tahar Zbiri n’est pas que l’homme qui a arrêté Ben Bella et tenté de faire un putsch à Boumediene dont il contestait la manière de gérer le pays, il est surtout un combattant de la première heure qui raconte sa vie au maquis dans un livre épique : « Mémoires du dernier chef historique des Aures »
Livre terrible qui montre l’âpreté de la vie des maquis, ses attaques contre l’ennemi, mais aussi les déchirements et les luttes intestines entre les chefs des maquis. Les affrontements sont tels qu’on ne répugne pas à exécuter, sans jugement et sans état d’âme, des moudjahidine au-dessus de tout soupçon. Juste par jalousie, par orgueil, les deux marchant souvent ensemble, ou par appétit de leadership, les trois se mêlant dans un inextricable écheveau. Tout cela au nom de la pureté révolutionnaire.
Le mérite de l’auteur de ce livre, c’est qu’il ne cache rien des petitesses des uns et de la grandeur des autres tout en prenant la distance nécessaire avec lui-même pour ne pas donner l’impression d’une hagiographie à sa gloire. Le propos est d’autant plus convaincant que Zbiri est un moudjahid de la première heure.
Le prisonnier Zbiri frappe un gendarme
Zbiri c’est d’abord un physique de dur, un courage et une intelligence de pragmatique. C’est ce qui lui a permis, à chaque fois, de s’imposer comme leader et d’échapper aux complots. Regardons sa vie à la lumière de ses mémoires. Avant même le déclenchement de la Révolution, il devait se cacher pendant 4 jours dans un cimetière pour échapper aux forces d’occupation. Il était suspect comme le sont tous ceux qui collectaient les armes pour les pointer, le moment venu, sur la soldatesque française. Certains Algériens rechignaient à vendre ou à céder leurs armes au moudjahidine qui n’avaient d’autres choix alors que d’employer la force comme ce fut le cas contre un homme qui possédait une arme automatique italienne de type Stasi. Ils frappent à sa porte. L’homme jura qu’il n’avait aucune arme. On le menaça, il continua à nier, un moudjahid le mit par terre et posa son pied sur sa tête et lança : « Passez-moi le couteau ! ». Pour autant, l’homme ne céda pas. Il continua à nier. C’est l’épouse du propriétaire qui sortit derrière la porte et cria à son mari : « Donne-leur l’arme, est-ce que tu veux mourir à cause d’elle ? » C’est vrai qu’à l’époque, céder son arme, c’est céder les attributs de la virilité qui repose sur le triptyque : ma femme, mon arme, mon cheval.
Gravement blessé à la suite d’un accrochage avec l’armée française au djebel Sidi Ahmed le 3 janvier 1955, il est arrêté, soigné et jeté en prison. Qu’on se comprenne : soigné non pas par charité humaine, mais pour lui soutirer un maximum d’informations. À la prison de Guelma un gendarme le gifla jusqu’à le faire chanceler. Pauvre Zbiri ? Plaignons plutôt le gendarme qui reçut, en riposte, un très fort coup au bas ventre qu’il en perdit sa casquette qui roula par terre. De rage, Zbiri l’écrasa avec son pied ! Il faut le faire, hein, et le futur chef d’état-major l’a fait ! À la suite de quoi on le transfère à la prison de la Casbah de Constantine.
Comparution devant le juge. Zbiri osera dire : « Nous sommes l’armée de libération… Nous nous battons pour notre indépendance comme la Tunisie, le Maroc et l’Indochine… ». Colère du juge et condamnation à mort à la clé. Direction : la sinistre prison Koudiat de Constantine. Il pensa se suicider tellement il était désespéré. Mais la pensée que l’islam prohibait le suicide lui fit chasser de la tête cette funeste idée.
À la prison il rencontre un illustre pensionnaire lui aussi condamné à mort : Mostefa Ben Boulaid qui était en grève de la faim depuis 5 jours en signe de protestation contre les mauvais traitements qu’il subissait. Il informa Zbiri qu’il s’était engagé « devant les chefs de la Révolution à ce que la première région (les Aurès) supporte tout le poids de la Révolution pour une période de six mois, jusqu’à ce que les autres régions la rejoignent. » Admiratif de Ben Boulaid, Zbiri précise que le leader des Aurès a pu convaincre certains « bandits d’honneur » comme Grine Belkacem, de la tribu des Chorfas, Hocine Berrahai et Sadek Chabchoub à rejoindre le maquis.
À l’heure où les armes faisaient cruellement défaut aux maquisards, « les bandits d’honneur » qui avaient pris le maquis bien avant l’indépendance étaient » tous armés de fusils ainsi que leurs épouses ! » Ces insurgés qui n’ont pas attendu le 1er novembre pour déclarer les hostilités à la France se battaient avec leurs femmes à leurs côtés. Au combat, la femme était l’égal des hommes.
Ben Boulaid, Zbiri et six de leurs compagnons se mirent à creuser un tunnel pour s’échapper avec cette consigne du chef des Aurès : silence et prudence. Avant la grande évasion qui fit sensation, Ben Boulaid donna à ses compagnons l’ultime instruction : « Attention ! Cachez-vous dans les champs et les vallées plutôt que dans les montagnes pour éviter de tomber dans les périmètres des opérations militaires » en leur recommandant de prendre des morceaux de sucre pour combattre la faim et de mâcher du tabac pour ensuite l’éparpiller afin que les chiens ne puissent pas suivre leurs traces.
Quand on veut se débarrasser d’un responsable, on l’accuse d’homosexualité !
Livre terrible qui montre l’âpreté de la vie des maquis, ses attaques contre l’ennemi, mais aussi les déchirements et les luttes intestines entre les chefs des maquis. Les affrontements sont tels qu’on ne répugne pas à exécuter, sans jugement et sans état d’âme, des moudjahidine au-dessus de tout soupçon. Juste par jalousie, par orgueil, les deux marchant souvent ensemble, ou par appétit de leadership, les trois se mêlant dans un inextricable écheveau. Tout cela au nom de la pureté révolutionnaire.
Le mérite de l’auteur de ce livre, c’est qu’il ne cache rien des petitesses des uns et de la grandeur des autres tout en prenant la distance nécessaire avec lui-même pour ne pas donner l’impression d’une hagiographie à sa gloire. Le propos est d’autant plus convaincant que Zbiri est un moudjahid de la première heure.
Le prisonnier Zbiri frappe un gendarme
Zbiri c’est d’abord un physique de dur, un courage et une intelligence de pragmatique. C’est ce qui lui a permis, à chaque fois, de s’imposer comme leader et d’échapper aux complots. Regardons sa vie à la lumière de ses mémoires. Avant même le déclenchement de la Révolution, il devait se cacher pendant 4 jours dans un cimetière pour échapper aux forces d’occupation. Il était suspect comme le sont tous ceux qui collectaient les armes pour les pointer, le moment venu, sur la soldatesque française. Certains Algériens rechignaient à vendre ou à céder leurs armes au moudjahidine qui n’avaient d’autres choix alors que d’employer la force comme ce fut le cas contre un homme qui possédait une arme automatique italienne de type Stasi. Ils frappent à sa porte. L’homme jura qu’il n’avait aucune arme. On le menaça, il continua à nier, un moudjahid le mit par terre et posa son pied sur sa tête et lança : « Passez-moi le couteau ! ». Pour autant, l’homme ne céda pas. Il continua à nier. C’est l’épouse du propriétaire qui sortit derrière la porte et cria à son mari : « Donne-leur l’arme, est-ce que tu veux mourir à cause d’elle ? » C’est vrai qu’à l’époque, céder son arme, c’est céder les attributs de la virilité qui repose sur le triptyque : ma femme, mon arme, mon cheval.
Gravement blessé à la suite d’un accrochage avec l’armée française au djebel Sidi Ahmed le 3 janvier 1955, il est arrêté, soigné et jeté en prison. Qu’on se comprenne : soigné non pas par charité humaine, mais pour lui soutirer un maximum d’informations. À la prison de Guelma un gendarme le gifla jusqu’à le faire chanceler. Pauvre Zbiri ? Plaignons plutôt le gendarme qui reçut, en riposte, un très fort coup au bas ventre qu’il en perdit sa casquette qui roula par terre. De rage, Zbiri l’écrasa avec son pied ! Il faut le faire, hein, et le futur chef d’état-major l’a fait ! À la suite de quoi on le transfère à la prison de la Casbah de Constantine.
Comparution devant le juge. Zbiri osera dire : « Nous sommes l’armée de libération… Nous nous battons pour notre indépendance comme la Tunisie, le Maroc et l’Indochine… ». Colère du juge et condamnation à mort à la clé. Direction : la sinistre prison Koudiat de Constantine. Il pensa se suicider tellement il était désespéré. Mais la pensée que l’islam prohibait le suicide lui fit chasser de la tête cette funeste idée.
À la prison il rencontre un illustre pensionnaire lui aussi condamné à mort : Mostefa Ben Boulaid qui était en grève de la faim depuis 5 jours en signe de protestation contre les mauvais traitements qu’il subissait. Il informa Zbiri qu’il s’était engagé « devant les chefs de la Révolution à ce que la première région (les Aurès) supporte tout le poids de la Révolution pour une période de six mois, jusqu’à ce que les autres régions la rejoignent. » Admiratif de Ben Boulaid, Zbiri précise que le leader des Aurès a pu convaincre certains « bandits d’honneur » comme Grine Belkacem, de la tribu des Chorfas, Hocine Berrahai et Sadek Chabchoub à rejoindre le maquis.
À l’heure où les armes faisaient cruellement défaut aux maquisards, « les bandits d’honneur » qui avaient pris le maquis bien avant l’indépendance étaient » tous armés de fusils ainsi que leurs épouses ! » Ces insurgés qui n’ont pas attendu le 1er novembre pour déclarer les hostilités à la France se battaient avec leurs femmes à leurs côtés. Au combat, la femme était l’égal des hommes.
Ben Boulaid, Zbiri et six de leurs compagnons se mirent à creuser un tunnel pour s’échapper avec cette consigne du chef des Aurès : silence et prudence. Avant la grande évasion qui fit sensation, Ben Boulaid donna à ses compagnons l’ultime instruction : « Attention ! Cachez-vous dans les champs et les vallées plutôt que dans les montagnes pour éviter de tomber dans les périmètres des opérations militaires » en leur recommandant de prendre des morceaux de sucre pour combattre la faim et de mâcher du tabac pour ensuite l’éparpiller afin que les chiens ne puissent pas suivre leurs traces.
Quand on veut se débarrasser d’un responsable, on l’accuse d’homosexualité !
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