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Par Tarek Ezzat
Arrêt sur info — 04 mars 2016
C’était le dimanche 6 février 2016, à l’Institut Français d’Egypte. (IFE), lors d’une conférence organisée par le Centre d’Études et de Documentation Économiques, Juridiques et sociales (CEDEJ), par l’Institut de Recherches pour le Développement (IRD), par l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO) et par l’IFE.
Titre de la conférence : Pour une histoire Laïque du Monde Arabe.
Tout un programme
Le conférencier était Jean-Pierre Filiu, présenté, aux ignares que nous sommes, comme un historien du Moyen-Orient contemporain et arabisant. Avant d’aller au vif du sujet, je dois souligner que je trouve extrêmement choquante l’invitation de Filiu par CEDEJ. En effet, Jean Pierre Filiu est connu pour ses positions hostiles à la révolution égyptienne. On a du mal à comprendre que le CEDEJ ait invité ce soi-disant intellectuel qui ne rate pas une occasion d’insulter l’Egypte. N’a-t-il pas déclaré récemment dans un entretien : « La réalité aujourd’hui, tragique, c’est que la dictature égyptienne actuelle a ramené le pays à un niveau de violence inconnu depuis… Bonaparte en 1798. ».
Jean-Pierre Filiu commence par parler de l’histoire de la laïcité dans le monde arabe, qui débute, selon lui, avec la campagne d’Egypte conduite par Napoléon Bonaparte. Pas un mot, rien sur la pluralité des idées et des religions ni sous les Omeyades, ni les Abbassides, et encore moins les Omeyades d’Andalousie.
Au bout d’environ 30 minutes de revue chronologique de l’histoire du Moyen Orient, Jean-Pierre Filiu se laisse emporter par son aversion notoirement connue pour le gouvernement de l’Etat syrien. Il nous explique que c’est « l’armée de Bachar » – abus de langage : il s’agit de l’armée de l’Etat syrien qu’il appelle vulgairement de son prénom à l’instar de l’ancien chef de la diplomatie Fabius – qui a, insiste-t-il, frappé des civils à l’arme chimique en 2013 [faisant l’impasse sur le rapport dit du MIT qui a établi que les tirs provenaient d’une zone terroriste, ndlr].
Je m’abstiens d’intervenir.
Après, c’est le tour des questions. Une dame dans l’assistance demande à Jean Pierre Filiu si finalement la France n’a pas misé sur le mauvais cheval, en soutenant « Al-Nosra » ; et si la vraie raison pour ceux qui veulent renverser Assad ne réside pas dans le fait que son gouvernement n’est pas inféodé à l’Occident.
Jean-Pierre Filiu, piqué au vif, commence par prendre cela de très haut ; ridiculise la dame en affirmant qu’apparemment elle vit sur une autre planète… et continue de répéter que Bachar‑qui‑Tue‑son‑peuple a « noyé dans le sang une révolution populaire pacifique ».
C’est là que je l’interromps en lui disant » Vous êtes un menteur » et qu’une altercation a eu lieu.
Je tiens à dire ici, amicalement mais fermement, au CEDEJ qu’un intervenant qui, comme Filiu, ne fait que de calquer son discours sur la propagande du Quai d’Orsay est une provocation qui frise l’incident diplomatique [1]. Il faut savoir que les quatre instituts qui sont associés à l’organisation de cette conférence dépendent du ministère français des affaires étrangères qui place l’Egypte parmi les pays « d’importance stratégique » au Moyen-Orient. Cela fait déjà longtemps que sa diplomatie pousse sournoisement ses pions en invitant des conférenciers qui ont un agenda précis à l’instar de Jean-Pierre Filiu ou Gilles Kepel.
Depuis le début des troubles en Syrie, le gouvernement français a tout fait pour conduire au renversement de son gouvernement légitime. Rappel de quelques éléments d’observation.
Est-ce une révolution ?
En Tunisie et en Egypte, le peuple a renversé le gouvernement du pays sans faire appel à une quelconque intervention étrangère. Je ne connais aucune révolution qui a eu besoin de faire venir une armée de l’étranger pour faire triompher sa cause. Une vraie révolution populaire est conduite par le peuple, et le peuple seul. On a vu cela lors des révolutions française, russe, chinoise, indonésienne, égyptienne, vietnamienne, cubaine, et bien d’autres encore.
En Syrie, dès le début, on a vu que, sans l’aide de l’étranger, la soi-disant « révolution » aurait rapidement été écrasée dans l’œuf.
La tactique était celle des révolutions « colorées » où des mercenaires et des agents de pays étrangers descendent dans la rue pour simuler un soulèvement populaire ; et quand ce soulèvement est réprimé, on accuse le gouvernement légitime de tirer sur son peuple, ce qui fournit le prétexte d’une intervention de l’Occident pour la mise en place d’un gouvernement « démocratique ».
En Syrie, il y a eu deux obstacles qui ont empêché le fonctionnement de ce scénario
1/ La position de la Russie et de la Chine
Après la destruction de la Libye, la Russie et la Chine ont refusé l’intervention militaire par leur véto au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Toute intervention des puissances occidentales devenait donc illégale en droit international.
2/ Le soutien massif du peuple syrien à son gouvernement.
Sur ce point, les journalistes Georges Malbrunot, et Christian Chesnot relatent dans leur livre la « bagarre » qui a eu lieu au ministère des affaires étrangères [2]. Ils affirment qu’une violente querelle s’est produite dans un bureau du ministère des Affaires étrangères, à Paris au printemps 2011. A cette époque, Alain Juppé était le ministre des Affaires étrangères. La bagarre a eu lieu dans le bureau d’Hervé Ladsous, le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères, entre Eric Chevallier, l’ambassadeur de France à Damas et Nicolas Galey, le conseiller du président (Nicolas Sarkozy à l’époque) pour le Moyen-Orient. Etaient aussi présents Patrice Paoli, directeur du département du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et Joseph Maila, directeur de la prospective au ministère des Affaires étrangères, ainsi que des diplomates en charge des affaires syriennes.
La conviction de M. Chevallier était la suivante : « Le régime d’Assad ne tombera pas, Assad est fort » et il se maintiendra au pouvoir. C’est ce qu’il avait écrit dans ses dépêches diplomatiques, depuis Damas, raison pour laquelle il avait été rappelé à Paris. Chevallier a redit aux personnes présentes à cette réunion qu’il avait « visité diverses régions de la Syrie et qu’il n’avait pas le sentiment que le régime en place était en train de s’effondrer ».
« Arrêtez de dire des bêtises ! », l’a interrompu Galey, le représentant de Sarkozy. « Il ne faut pas s’en tenir aux faits, il faut voir plus loin que le bout de son nez », a-t-il ajouté. La remarque de Galey était d’une « hostilité sans précédent », selon une des personnes présentes. Même Ladsous « a été choqué de la détermination de Galey », quand il est apparu que Galey « n’était pas venu pour prendre part aux délibérations, mais pour remplir une mission spécifique : imposer l’idée que la chute d’Assad était inévitable », et faire comprendre à tout le monde qu’aucune opinion divergente ne serait tolérée dans le corps diplomatique français.
Mais M. Chevallier a défendu sa position qui différait de celle que l’Élysée voulait imposer. Il a rappelé qu’il avait rencontré l’opposition syrienne régulièrement, « mais qu’il continuait à penser que le régime avait la capacité de survivre et qu’il avait des soutiens étrangers ».
« On se moque de vos informations ! », a réitéré Galey, ce à quoi l’ambassadeur a répondu : « Vous voulez que j’écrive autre chose, mais mon travail comme ambassadeur est de continuer à dire ce que j’ai écrit, c’est-à-dire ce qui est réellement arrivé ».
« Vos informations ne nous intéressent pas. Bachar al-Assad doit tomber et il tombera », a rétorqué Galey d’une voix coupante. La querelle s’est alors envenimée, ce qui a forcé Ladsous à intervenir plusieurs fois pour mettre fin à cette bataille verbale.
Il n’y a donc pas eu de révolution en Syrie, mais une action subversive organisée et financée depuis l’étranger, les Etats hostiles, France en tête, ne pouvant intervenir directement.
On verra ensuite que face à l’échec de cette tentative, il a été décidé de mener une guerre d’agression contre le peuple syrien, en s’appuyant sur des armées de djihadistes, en s’alliant avec des organisations terroristes comme al-Nosra, en les armant, et en les finançant.
Le vocabulaire de l’intoxication
Il y a un vocabulaire bien choisi et convenu à l’appui de cette opération d’intoxication. Il convient de le dénoncer, parce que les mots servent à conditionner les esprits. Les mots utilisés :
« Le régime ». Non, ce n’est pas le régime, mais le gouvernement légitime de Syrie.
« L’armée de Bachar ». Non, ce n’est pas l’armée de « Bachar », c’est l’Armée Arabe Syrienne de défense du peuple syrien. C’est l’Armée Arabe Syrienne. Bachar el-Assad n’est pas un chef de bande. C’est le Président de l’Etat syrien.
« L’Armée syrienne libre» (ASL). Non, cette armée n’est pas libre. C’est un ramassis de mercenaires financés au départ par le Qatar et ensuite par l’Arabie saoudite, soutenus par la Turquie qui servait de base arrière et par des puissances occidentales. L’objectif : détruire un Etat qui ne se soumet pas à leurs volontés.
« Les insurgés ». Non, ce ne sont pas des insurgés, mais des agresseurs qui veulent détruire l’Etat syrien, des terroristes.
« L’opposition modérée ». Ce sont plus de cent groupes djihadistes violents. Ce n’est pas une « opposition » démocratique modérée. Ce sont les bras armés des agresseurs de la Syrie.
La soi-disant révolution n’était pas pacifique
Jean-Pierre Filiu, ainsi que d’autres chiens de garde de la presse, comme Natalie Nougayrède du journal « Le Monde », continuent de répéter qu’en Syrie la « révolution » était pacifique, que le méchant Bachar el-Assad assassine son peuple, et que le « régime tirait sur une foule pacifique».
François BELIOT, dans son livre « Guerre en Syrie : le mensonge organisé des médias et des politiques français [3] rappelle les événements de 2011 concernant les manifestations « spontanées » et « pacifiques » selon l’enfumage de Jean-Pierre Filiu, « Le Monde », « Libération » et bien d’autres ;
– le 17 avril, huit membres des forces de sécurité sont égorgés dans une petite commune de la banlieue de Deraa
– le 8 mai, dix policiers sont froidement égorgés à leur tour à Homs
– le 19 Avril, plusieurs officiers sont sauvagement massacrés. Trois enfants d’un General syrien sont achevés au sabre
– le 7 juin, 120 militaires et policiers sont attaqués dans leur caserne a Jisr el-Choughour à la frontière turco-syrienne et décapités après avoir été tués »
– le 21 juillet, 13 soldats ont été tués et 100 autres blessés lors des affrontements avec des groupes armés dans la ville de Homs
Selon des sources gouvernementales syriennes l’armée régulière aurait perdu 60 000 hommes; selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) [officine tenue par un Frère musulman financée également par l’UE, ndlr], proche des groupes armés, en août 2015, le bilan de la guerre en Syrie était le suivant :
250000 morts, dont 94000 du côté de l’armée loyaliste (37%), 84000 djihadistes (33%), 72000 civils (28%)
En clair : une victime sur trois a trouvé la mort en défendant son peuple et son pays contre une invasion terroriste venue de l’étranger.
L’attaque à l’arme chimique
Lors de sa conférence au Caire, Jean-Pierre Filiu a annoncé, imperturbable, que « l’armée de Bachar » avait utilisé l’arme chimique, commis un crime de guerre en attaquant des innocents. La diplomatie française se sert de ce genre de personnage ayant quelques titres universitaires pour répandre sa position belliciste.
Un rapport l’a démenti.
La Russie a fourni aux Nations Unies les images satellites, irréfutables, montrant que les deux obus chargés de produits chimiques qui se sont abattus sur Al Ghouta avaient été lancés depuis la région de Douma en Syrie sous contrôle des rebelles.
Une étude balistique du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publiée en août 2013, a confirmé cela. Richard Lloyd, ancien inspecteur de l’ONU et spécialiste des missiles, et Theodore Postol, professeur au MIT, ont prouvé que les attaques chimiques ont été lancées depuis une zone tenue par les « rebelles ».
Cette analyse est partagée par Ake Sellström, l’inspecteur en chef de l’ONU en Syrie. En décembre 2013, un rapport des inspecteurs des Nations Unies confirme que ce seraient les « rebelles » qui ont utilisé l’arme chimique.
En janvier 2016, un rapport des inspecteurs de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques a dénoncé la responsabilité des « rebelles » et confirmé ce que le gouvernement de Syrie avait indiqué au moment du massacre d’Al-Ghouta.
Hollande et Fabius voulaient nous conduire dans une nouvelle guerre, illégale au regard du Droit International. Les avions de l’armée de l’air avaient déjà décollé, quand les USA ont sifflé la fin de la partie…
Par Tarek Ezzat
Arrêt sur info — 04 mars 2016
C’était le dimanche 6 février 2016, à l’Institut Français d’Egypte. (IFE), lors d’une conférence organisée par le Centre d’Études et de Documentation Économiques, Juridiques et sociales (CEDEJ), par l’Institut de Recherches pour le Développement (IRD), par l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO) et par l’IFE.
Titre de la conférence : Pour une histoire Laïque du Monde Arabe.
Tout un programme
Le conférencier était Jean-Pierre Filiu, présenté, aux ignares que nous sommes, comme un historien du Moyen-Orient contemporain et arabisant. Avant d’aller au vif du sujet, je dois souligner que je trouve extrêmement choquante l’invitation de Filiu par CEDEJ. En effet, Jean Pierre Filiu est connu pour ses positions hostiles à la révolution égyptienne. On a du mal à comprendre que le CEDEJ ait invité ce soi-disant intellectuel qui ne rate pas une occasion d’insulter l’Egypte. N’a-t-il pas déclaré récemment dans un entretien : « La réalité aujourd’hui, tragique, c’est que la dictature égyptienne actuelle a ramené le pays à un niveau de violence inconnu depuis… Bonaparte en 1798. ».
Jean-Pierre Filiu commence par parler de l’histoire de la laïcité dans le monde arabe, qui débute, selon lui, avec la campagne d’Egypte conduite par Napoléon Bonaparte. Pas un mot, rien sur la pluralité des idées et des religions ni sous les Omeyades, ni les Abbassides, et encore moins les Omeyades d’Andalousie.
Au bout d’environ 30 minutes de revue chronologique de l’histoire du Moyen Orient, Jean-Pierre Filiu se laisse emporter par son aversion notoirement connue pour le gouvernement de l’Etat syrien. Il nous explique que c’est « l’armée de Bachar » – abus de langage : il s’agit de l’armée de l’Etat syrien qu’il appelle vulgairement de son prénom à l’instar de l’ancien chef de la diplomatie Fabius – qui a, insiste-t-il, frappé des civils à l’arme chimique en 2013 [faisant l’impasse sur le rapport dit du MIT qui a établi que les tirs provenaient d’une zone terroriste, ndlr].
Je m’abstiens d’intervenir.
Après, c’est le tour des questions. Une dame dans l’assistance demande à Jean Pierre Filiu si finalement la France n’a pas misé sur le mauvais cheval, en soutenant « Al-Nosra » ; et si la vraie raison pour ceux qui veulent renverser Assad ne réside pas dans le fait que son gouvernement n’est pas inféodé à l’Occident.
Jean-Pierre Filiu, piqué au vif, commence par prendre cela de très haut ; ridiculise la dame en affirmant qu’apparemment elle vit sur une autre planète… et continue de répéter que Bachar‑qui‑Tue‑son‑peuple a « noyé dans le sang une révolution populaire pacifique ».
C’est là que je l’interromps en lui disant » Vous êtes un menteur » et qu’une altercation a eu lieu.
Je tiens à dire ici, amicalement mais fermement, au CEDEJ qu’un intervenant qui, comme Filiu, ne fait que de calquer son discours sur la propagande du Quai d’Orsay est une provocation qui frise l’incident diplomatique [1]. Il faut savoir que les quatre instituts qui sont associés à l’organisation de cette conférence dépendent du ministère français des affaires étrangères qui place l’Egypte parmi les pays « d’importance stratégique » au Moyen-Orient. Cela fait déjà longtemps que sa diplomatie pousse sournoisement ses pions en invitant des conférenciers qui ont un agenda précis à l’instar de Jean-Pierre Filiu ou Gilles Kepel.
Depuis le début des troubles en Syrie, le gouvernement français a tout fait pour conduire au renversement de son gouvernement légitime. Rappel de quelques éléments d’observation.
Est-ce une révolution ?
En Tunisie et en Egypte, le peuple a renversé le gouvernement du pays sans faire appel à une quelconque intervention étrangère. Je ne connais aucune révolution qui a eu besoin de faire venir une armée de l’étranger pour faire triompher sa cause. Une vraie révolution populaire est conduite par le peuple, et le peuple seul. On a vu cela lors des révolutions française, russe, chinoise, indonésienne, égyptienne, vietnamienne, cubaine, et bien d’autres encore.
En Syrie, dès le début, on a vu que, sans l’aide de l’étranger, la soi-disant « révolution » aurait rapidement été écrasée dans l’œuf.
La tactique était celle des révolutions « colorées » où des mercenaires et des agents de pays étrangers descendent dans la rue pour simuler un soulèvement populaire ; et quand ce soulèvement est réprimé, on accuse le gouvernement légitime de tirer sur son peuple, ce qui fournit le prétexte d’une intervention de l’Occident pour la mise en place d’un gouvernement « démocratique ».
En Syrie, il y a eu deux obstacles qui ont empêché le fonctionnement de ce scénario
1/ La position de la Russie et de la Chine
Après la destruction de la Libye, la Russie et la Chine ont refusé l’intervention militaire par leur véto au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Toute intervention des puissances occidentales devenait donc illégale en droit international.
2/ Le soutien massif du peuple syrien à son gouvernement.
Sur ce point, les journalistes Georges Malbrunot, et Christian Chesnot relatent dans leur livre la « bagarre » qui a eu lieu au ministère des affaires étrangères [2]. Ils affirment qu’une violente querelle s’est produite dans un bureau du ministère des Affaires étrangères, à Paris au printemps 2011. A cette époque, Alain Juppé était le ministre des Affaires étrangères. La bagarre a eu lieu dans le bureau d’Hervé Ladsous, le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères, entre Eric Chevallier, l’ambassadeur de France à Damas et Nicolas Galey, le conseiller du président (Nicolas Sarkozy à l’époque) pour le Moyen-Orient. Etaient aussi présents Patrice Paoli, directeur du département du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et Joseph Maila, directeur de la prospective au ministère des Affaires étrangères, ainsi que des diplomates en charge des affaires syriennes.
La conviction de M. Chevallier était la suivante : « Le régime d’Assad ne tombera pas, Assad est fort » et il se maintiendra au pouvoir. C’est ce qu’il avait écrit dans ses dépêches diplomatiques, depuis Damas, raison pour laquelle il avait été rappelé à Paris. Chevallier a redit aux personnes présentes à cette réunion qu’il avait « visité diverses régions de la Syrie et qu’il n’avait pas le sentiment que le régime en place était en train de s’effondrer ».
« Arrêtez de dire des bêtises ! », l’a interrompu Galey, le représentant de Sarkozy. « Il ne faut pas s’en tenir aux faits, il faut voir plus loin que le bout de son nez », a-t-il ajouté. La remarque de Galey était d’une « hostilité sans précédent », selon une des personnes présentes. Même Ladsous « a été choqué de la détermination de Galey », quand il est apparu que Galey « n’était pas venu pour prendre part aux délibérations, mais pour remplir une mission spécifique : imposer l’idée que la chute d’Assad était inévitable », et faire comprendre à tout le monde qu’aucune opinion divergente ne serait tolérée dans le corps diplomatique français.
Mais M. Chevallier a défendu sa position qui différait de celle que l’Élysée voulait imposer. Il a rappelé qu’il avait rencontré l’opposition syrienne régulièrement, « mais qu’il continuait à penser que le régime avait la capacité de survivre et qu’il avait des soutiens étrangers ».
« On se moque de vos informations ! », a réitéré Galey, ce à quoi l’ambassadeur a répondu : « Vous voulez que j’écrive autre chose, mais mon travail comme ambassadeur est de continuer à dire ce que j’ai écrit, c’est-à-dire ce qui est réellement arrivé ».
« Vos informations ne nous intéressent pas. Bachar al-Assad doit tomber et il tombera », a rétorqué Galey d’une voix coupante. La querelle s’est alors envenimée, ce qui a forcé Ladsous à intervenir plusieurs fois pour mettre fin à cette bataille verbale.
Il n’y a donc pas eu de révolution en Syrie, mais une action subversive organisée et financée depuis l’étranger, les Etats hostiles, France en tête, ne pouvant intervenir directement.
On verra ensuite que face à l’échec de cette tentative, il a été décidé de mener une guerre d’agression contre le peuple syrien, en s’appuyant sur des armées de djihadistes, en s’alliant avec des organisations terroristes comme al-Nosra, en les armant, et en les finançant.
Le vocabulaire de l’intoxication
Il y a un vocabulaire bien choisi et convenu à l’appui de cette opération d’intoxication. Il convient de le dénoncer, parce que les mots servent à conditionner les esprits. Les mots utilisés :
« Le régime ». Non, ce n’est pas le régime, mais le gouvernement légitime de Syrie.
« L’armée de Bachar ». Non, ce n’est pas l’armée de « Bachar », c’est l’Armée Arabe Syrienne de défense du peuple syrien. C’est l’Armée Arabe Syrienne. Bachar el-Assad n’est pas un chef de bande. C’est le Président de l’Etat syrien.
« L’Armée syrienne libre» (ASL). Non, cette armée n’est pas libre. C’est un ramassis de mercenaires financés au départ par le Qatar et ensuite par l’Arabie saoudite, soutenus par la Turquie qui servait de base arrière et par des puissances occidentales. L’objectif : détruire un Etat qui ne se soumet pas à leurs volontés.
« Les insurgés ». Non, ce ne sont pas des insurgés, mais des agresseurs qui veulent détruire l’Etat syrien, des terroristes.
« L’opposition modérée ». Ce sont plus de cent groupes djihadistes violents. Ce n’est pas une « opposition » démocratique modérée. Ce sont les bras armés des agresseurs de la Syrie.
La soi-disant révolution n’était pas pacifique
Jean-Pierre Filiu, ainsi que d’autres chiens de garde de la presse, comme Natalie Nougayrède du journal « Le Monde », continuent de répéter qu’en Syrie la « révolution » était pacifique, que le méchant Bachar el-Assad assassine son peuple, et que le « régime tirait sur une foule pacifique».
François BELIOT, dans son livre « Guerre en Syrie : le mensonge organisé des médias et des politiques français [3] rappelle les événements de 2011 concernant les manifestations « spontanées » et « pacifiques » selon l’enfumage de Jean-Pierre Filiu, « Le Monde », « Libération » et bien d’autres ;
– le 17 avril, huit membres des forces de sécurité sont égorgés dans une petite commune de la banlieue de Deraa
– le 8 mai, dix policiers sont froidement égorgés à leur tour à Homs
– le 19 Avril, plusieurs officiers sont sauvagement massacrés. Trois enfants d’un General syrien sont achevés au sabre
– le 7 juin, 120 militaires et policiers sont attaqués dans leur caserne a Jisr el-Choughour à la frontière turco-syrienne et décapités après avoir été tués »
– le 21 juillet, 13 soldats ont été tués et 100 autres blessés lors des affrontements avec des groupes armés dans la ville de Homs
Selon des sources gouvernementales syriennes l’armée régulière aurait perdu 60 000 hommes; selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) [officine tenue par un Frère musulman financée également par l’UE, ndlr], proche des groupes armés, en août 2015, le bilan de la guerre en Syrie était le suivant :
250000 morts, dont 94000 du côté de l’armée loyaliste (37%), 84000 djihadistes (33%), 72000 civils (28%)
En clair : une victime sur trois a trouvé la mort en défendant son peuple et son pays contre une invasion terroriste venue de l’étranger.
L’attaque à l’arme chimique
Lors de sa conférence au Caire, Jean-Pierre Filiu a annoncé, imperturbable, que « l’armée de Bachar » avait utilisé l’arme chimique, commis un crime de guerre en attaquant des innocents. La diplomatie française se sert de ce genre de personnage ayant quelques titres universitaires pour répandre sa position belliciste.
Un rapport l’a démenti.
La Russie a fourni aux Nations Unies les images satellites, irréfutables, montrant que les deux obus chargés de produits chimiques qui se sont abattus sur Al Ghouta avaient été lancés depuis la région de Douma en Syrie sous contrôle des rebelles.
Une étude balistique du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publiée en août 2013, a confirmé cela. Richard Lloyd, ancien inspecteur de l’ONU et spécialiste des missiles, et Theodore Postol, professeur au MIT, ont prouvé que les attaques chimiques ont été lancées depuis une zone tenue par les « rebelles ».
Cette analyse est partagée par Ake Sellström, l’inspecteur en chef de l’ONU en Syrie. En décembre 2013, un rapport des inspecteurs des Nations Unies confirme que ce seraient les « rebelles » qui ont utilisé l’arme chimique.
En janvier 2016, un rapport des inspecteurs de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques a dénoncé la responsabilité des « rebelles » et confirmé ce que le gouvernement de Syrie avait indiqué au moment du massacre d’Al-Ghouta.
Hollande et Fabius voulaient nous conduire dans une nouvelle guerre, illégale au regard du Droit International. Les avions de l’armée de l’air avaient déjà décollé, quand les USA ont sifflé la fin de la partie…
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