«C’est le devoir de chaque homme de rendre au monde au moins autant qu’il en a reçu… C’est le rôle essentiel du professeur d’éveiller la joie de travailler et de connaître.» Albert Einstein
Comme à l’accoutumée dans un rituel sans flamme ni conviction, le premier novembre sera célébré. L’unique va nous ressortir des anciens films aidée en cela par des chaînes qui, chacune à sa façon exploite ce fonds de commerce pour des raisons, certaines fois aux antipodes les unes des autres.
L’essentiel est d’accaparer de l’espace médiatique et montrer le cas échéant par des messages subliminaux sa capacité de nuisance.
Pendant plusieurs décennies l’histoire de l’Algérie indépendante s’est bornée à celle d’un rituel toujours le même pour commémorer la glorieuse Révolution de Novembre sans participation du peuple et surtout de la jeunesse. Dans cet ordre de la chape de plomb d’un récit politique et non historique, il y eut une méconnaissance de l’apport important des autres Algériens et Algériennes à l’indépendance de l’Algérie. Notre jeunesse en panne d’espérance s’accroche à toutes les bouées lui permettant de garder la tête hors de l’eau.
La Révolution de Novembre qui fut avant tout l’oeuvre des glorieux martyrs a aussi été l’oeuvre de la société algérienne dans son ensemble quelles que soient les confessions d’alors, Ainsi, la notion de militant et de moudjahid devrait de mon point de vue être étendue à toutes celles et ceux qui ont porté haut et fort la voix de l’Algérie et les espérances du peuple pour la liberté et la dignité. Qui se souvient des universitaires et intellectuels qui sont morts pour la patrie? Qui se souvient de ces jeunes filles et jeunes garçons qui ont quitté les bancs du lycée ou de la faculté pour entrer dans la clandestinité ou mourir au maquis?
La révolution fut portée par tout le peuple algérien sans exclusif. A ce titre nous parlerons de cette singularité des élites politiques des pays anciennement colonisés de s’accrocher à la puissance coloniale pour durer. Nous parlerons aussi de l’exode de nos jeunes élites, signe révélateur d’une quête ailleurs d’un mieux-être , de liberté et surtout d’être acteur de son destin et non pas de subir d’une façon résignée un destin écrit des élites politiques à des années lumières des aspirations légitimes de ces jeunes en panne d’espérance et dont leurs ainées jeunes aussi ont montré à la face du monde qu’ils pouvaient faire un destin à l’Algérie coloniale.
La soumission des élites politiques africaines pour garder le pouvoir
Je veux proposer aux lecteurs deux faits qui montrent que l’une des causes du retard de l’Algérie et plus largement des pays africains qui sont sortis du colonialisme est la soumission intellectuelle à la doxa coloniale. Une interview sur la chaine chinoise CCTv du professeur Mehlang Chang économiste chinois qui connait l’Afrique donne le frisson verbatim de quelques passages délicieux: «Prenons l’Afrique francophone, ce vaste pré carré français. Les populations ne sont que l’ombre d’elles-mêmes. C’est malheureux! C’est sans espoir. Tous ses présidents sont déconnectés des réalités de leurs peuples. Plus graves encore, ils ont la double nationalité. Celle de la France et celle de leur pays, au point où l’on ne sait pas s’ils défendent les intérêts de leurs propres pays ou ceux d’un pays étranger. Voilà où l’en est!
C’est absurde, mais c’est comme ça! Et puisque la bêtise africaine n’a pas de limite, ces présidents sont allés jusqu’à conserver une monnaie coloniale nuisible, une monnaie qu’ils ne contrôlent même pas. (…) Un autre exemple: leurs intellectuels, ce sont des Robins des bois à l’envers. Ils sont nuisibles, nuisibles tout à fait. Ils exhibent leurs diplômes obtenus à la Sorbonne comme des trophées; des diplômes bidon qui ne créent pas la richesse, Doctorat en littérature française…! C’est vraiment pathétique. Disons d’emblée que l’agrégation de grammaire française ne changera pas grand-chose dans le régime alimentaire d’un enfant togolais. (…) Je disais donc tout à l’heure que cette monnaie coloniale est inutile.» (1)
La soumission intellectuelle à l’ancienne puissance
Dans le même ordre d’une décolonisation mentale qui reste à faire, une triste image qui fait le tour des médias décrit la cohue de milliers de jeunes Algériens le 29 octobre qui, à la convocation d’une ambassade, se rue sur les guichets pour s’inscrire à un test qui leur permettrait s’ils réussissaient de prétendre à aller étudier dans ce pays. Bien entendu, la maîtrise de la langue est une condition nécessaire, mais non suffisante il faut aussi réussir à des offres d’études dans des domaines arrêtés et en qui entrent dans une stratégie globale du pays d’accueil de faire son body shopping des meilleurs d’entre les meilleurs pour faire tourner ses laboratoires et par la suite être recrutés éventuellement. Un fait symptomatique de l’errance actuelle de nos jeunes est leur désir de fuir à tout prix: «Cette énorme affluence démontre une fois encore que de nombreux jeunes Algériens désirent vivement partir à l’étranger. Des jeunes qui fuient le népotisme, l’absence de perspectives et une piètre qualité de vie dans leur propre pays. Selon les statistiques de l’ambassade de France en Algérie, l’ancien colonisateur est «de très loin» le premier pays d’accueil de nos étudiants poursuivant leur cursus à l’étranger. ´´Ils sont 23.000 aujourd’hui et représentent près de 8% du total des étudiants étrangers´´.» (2)
Nous le voyons, nous avons toujours une addiction de colonisés. Pour avoir vaincu le colonialisme, nos ainés n’auraient jamais pensé que la fine fleur de ce pays se sauverait et trouverait refuge le cas échéant chez l’ancienne puissance coloniale. Ce néocolonialisme qui fait son miel des malheurs des pays du Sud qui perdent leurs sèves, n’a pas d’état d’âme il met en œuvre l’émigration choisie et nous renvoie les harraga par charters. Cette affluence la veille du premier novembre est un signe dangereux. Pour nos jeunes sans boussole c’est le sauve-qui-peut, et pourtant, la Révolution fut une aventure humaine dont l’aura au firmament a été galvaudée.
Il ne faut pas croire cependant que ce qui nous arrive est une singularité. Dans un article paru dans le journal les Echos le professeur Edward Treteau se lamentait du sort peu enviable de l’économie de la France et prenait exemple sur les Etats-Unis, le rêve américain The American Dream nous lisons: «Il était une fois un pays dévasté par les crises économiques à répétition, croulant sous le poids de dettes impossibles à rembourser, détruisant des emplois par centaines de milliers Tout était triste et désespérant dans ce pays: les files d’attente pour des emplois incertains; la violence urbaine; l’image dans le monde d’un pays en plein naufrage économique et moral. Et puis, un beau matin, ce pays décida qu’il allait cesser de se laisser faire. De se laisser «pourrir «, pour reprendre l’un des verbes préférés de la nouvelle génération. Il se releva et, en quatre petites années, enclencha une stupéfiante reconquête de lui-même et de son destin» (3).
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Comme à l’accoutumée dans un rituel sans flamme ni conviction, le premier novembre sera célébré. L’unique va nous ressortir des anciens films aidée en cela par des chaînes qui, chacune à sa façon exploite ce fonds de commerce pour des raisons, certaines fois aux antipodes les unes des autres.
L’essentiel est d’accaparer de l’espace médiatique et montrer le cas échéant par des messages subliminaux sa capacité de nuisance.
Pendant plusieurs décennies l’histoire de l’Algérie indépendante s’est bornée à celle d’un rituel toujours le même pour commémorer la glorieuse Révolution de Novembre sans participation du peuple et surtout de la jeunesse. Dans cet ordre de la chape de plomb d’un récit politique et non historique, il y eut une méconnaissance de l’apport important des autres Algériens et Algériennes à l’indépendance de l’Algérie. Notre jeunesse en panne d’espérance s’accroche à toutes les bouées lui permettant de garder la tête hors de l’eau.
La Révolution de Novembre qui fut avant tout l’oeuvre des glorieux martyrs a aussi été l’oeuvre de la société algérienne dans son ensemble quelles que soient les confessions d’alors, Ainsi, la notion de militant et de moudjahid devrait de mon point de vue être étendue à toutes celles et ceux qui ont porté haut et fort la voix de l’Algérie et les espérances du peuple pour la liberté et la dignité. Qui se souvient des universitaires et intellectuels qui sont morts pour la patrie? Qui se souvient de ces jeunes filles et jeunes garçons qui ont quitté les bancs du lycée ou de la faculté pour entrer dans la clandestinité ou mourir au maquis?
La révolution fut portée par tout le peuple algérien sans exclusif. A ce titre nous parlerons de cette singularité des élites politiques des pays anciennement colonisés de s’accrocher à la puissance coloniale pour durer. Nous parlerons aussi de l’exode de nos jeunes élites, signe révélateur d’une quête ailleurs d’un mieux-être , de liberté et surtout d’être acteur de son destin et non pas de subir d’une façon résignée un destin écrit des élites politiques à des années lumières des aspirations légitimes de ces jeunes en panne d’espérance et dont leurs ainées jeunes aussi ont montré à la face du monde qu’ils pouvaient faire un destin à l’Algérie coloniale.
La soumission des élites politiques africaines pour garder le pouvoir
Je veux proposer aux lecteurs deux faits qui montrent que l’une des causes du retard de l’Algérie et plus largement des pays africains qui sont sortis du colonialisme est la soumission intellectuelle à la doxa coloniale. Une interview sur la chaine chinoise CCTv du professeur Mehlang Chang économiste chinois qui connait l’Afrique donne le frisson verbatim de quelques passages délicieux: «Prenons l’Afrique francophone, ce vaste pré carré français. Les populations ne sont que l’ombre d’elles-mêmes. C’est malheureux! C’est sans espoir. Tous ses présidents sont déconnectés des réalités de leurs peuples. Plus graves encore, ils ont la double nationalité. Celle de la France et celle de leur pays, au point où l’on ne sait pas s’ils défendent les intérêts de leurs propres pays ou ceux d’un pays étranger. Voilà où l’en est!
C’est absurde, mais c’est comme ça! Et puisque la bêtise africaine n’a pas de limite, ces présidents sont allés jusqu’à conserver une monnaie coloniale nuisible, une monnaie qu’ils ne contrôlent même pas. (…) Un autre exemple: leurs intellectuels, ce sont des Robins des bois à l’envers. Ils sont nuisibles, nuisibles tout à fait. Ils exhibent leurs diplômes obtenus à la Sorbonne comme des trophées; des diplômes bidon qui ne créent pas la richesse, Doctorat en littérature française…! C’est vraiment pathétique. Disons d’emblée que l’agrégation de grammaire française ne changera pas grand-chose dans le régime alimentaire d’un enfant togolais. (…) Je disais donc tout à l’heure que cette monnaie coloniale est inutile.» (1)
«En contrepartie de la convertibilité garantie par la France, les Banques Centrales africaines s’engagent à déposer 50% de leurs réserves de changes auprès du Trésor français, (…) Imaginez-vous! 50% des avoirs extérieurs de leurs pays déposés chaque année dans un compte logé à l’étranger…Résultats: les citoyens africains n’ont pas accès aux services publics monétaires. Avec quoi vont-ils développer? Cet argent va en France pour payer les chômeurs français, les assistés, les handicapés. Après, on s’étonne qu’il y a des migrants africains qui ne font que suivre leur argent volé par les Français. (…) L’argent appartient aux Africains et les intérêts sont pour la France. C’est pour cela qu’ils ne vont pas avancer, ne serait-ce que d’un iota. De plus, la France leur ferme la porte. Ils rodent comme des corbeaux autour du consulat de France. Mêmes les cadres supérieurs, les médecins….Ils font la queue devant le consulat de France comme de vulgaires mendiants. C’est clair, ils font pitié. (…) Oui, mais n’oublions pas que contrairement au médecin gabonais, le clochard français n’a pas besoin de visa pour se rendre en Afrique. Il peut prendre son sac à dos et débarquer dans n’importe quelle capitale africaine.» (1)
C’est un fait qu’à côté d’un Aimé Césaire et son discours sans concession sur le colonialisme, il y a Léopold Senghor le grammairien, l’empereur Bokassa et tant d’autres dirigeants africains qui ont mis leur pays en coupe réglée et qui le moment venu, rentrent chez eux au Quartier Latin rive gauche et dans les beaux quartiers du XVIe à Paris. S’agissant de notre pays, ce texte s’applique merveilleusement. C’est un grand malheur du fait que le logiciel de la décolonisation mentale est toujours en action.La soumission intellectuelle à l’ancienne puissance
Dans le même ordre d’une décolonisation mentale qui reste à faire, une triste image qui fait le tour des médias décrit la cohue de milliers de jeunes Algériens le 29 octobre qui, à la convocation d’une ambassade, se rue sur les guichets pour s’inscrire à un test qui leur permettrait s’ils réussissaient de prétendre à aller étudier dans ce pays. Bien entendu, la maîtrise de la langue est une condition nécessaire, mais non suffisante il faut aussi réussir à des offres d’études dans des domaines arrêtés et en qui entrent dans une stratégie globale du pays d’accueil de faire son body shopping des meilleurs d’entre les meilleurs pour faire tourner ses laboratoires et par la suite être recrutés éventuellement. Un fait symptomatique de l’errance actuelle de nos jeunes est leur désir de fuir à tout prix: «Cette énorme affluence démontre une fois encore que de nombreux jeunes Algériens désirent vivement partir à l’étranger. Des jeunes qui fuient le népotisme, l’absence de perspectives et une piètre qualité de vie dans leur propre pays. Selon les statistiques de l’ambassade de France en Algérie, l’ancien colonisateur est «de très loin» le premier pays d’accueil de nos étudiants poursuivant leur cursus à l’étranger. ´´Ils sont 23.000 aujourd’hui et représentent près de 8% du total des étudiants étrangers´´.» (2)
Nous le voyons, nous avons toujours une addiction de colonisés. Pour avoir vaincu le colonialisme, nos ainés n’auraient jamais pensé que la fine fleur de ce pays se sauverait et trouverait refuge le cas échéant chez l’ancienne puissance coloniale. Ce néocolonialisme qui fait son miel des malheurs des pays du Sud qui perdent leurs sèves, n’a pas d’état d’âme il met en œuvre l’émigration choisie et nous renvoie les harraga par charters. Cette affluence la veille du premier novembre est un signe dangereux. Pour nos jeunes sans boussole c’est le sauve-qui-peut, et pourtant, la Révolution fut une aventure humaine dont l’aura au firmament a été galvaudée.
Il ne faut pas croire cependant que ce qui nous arrive est une singularité. Dans un article paru dans le journal les Echos le professeur Edward Treteau se lamentait du sort peu enviable de l’économie de la France et prenait exemple sur les Etats-Unis, le rêve américain The American Dream nous lisons: «Il était une fois un pays dévasté par les crises économiques à répétition, croulant sous le poids de dettes impossibles à rembourser, détruisant des emplois par centaines de milliers Tout était triste et désespérant dans ce pays: les files d’attente pour des emplois incertains; la violence urbaine; l’image dans le monde d’un pays en plein naufrage économique et moral. Et puis, un beau matin, ce pays décida qu’il allait cesser de se laisser faire. De se laisser «pourrir «, pour reprendre l’un des verbes préférés de la nouvelle génération. Il se releva et, en quatre petites années, enclencha une stupéfiante reconquête de lui-même et de son destin» (3).
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