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Karl Polanyi Remettre l'économie à sa place

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  • Karl Polanyi Remettre l'économie à sa place

    À la fois anthropologue et économiste, Karl Polanyi dénonce le mythe d’un marché autorégulateur, émancipé des institutions et des sociétés. L’économie doit être subordonnée aux besoins des hommes, et non l’inverse.
    Dans l’histoire de la pensée contemporaine, les critiques du capitalisme sont légion. De Saint-Simon à Thomas Piketty, en passant par Marx et Weber, nombreux sont les penseurs à avoir souligné les injustices, les contradictions et l’instabilité du système économique dans lequel nous continuons de vivre. Vu sous cet angle, Karl Polanyi (1886-1964) ne serait qu’une voix parmi d’autres dans ce vaste chœur anticapitaliste. L’œuvre de l’économiste d’origine hongroise – et notamment son chef-d’œuvre, La Grande Transformation (1944) – présente toutefois un caractère singulier : plutôt que de critiquer le capitalisme au nom d’une autre conception de l’économie, c’est l’évidence de la notion même d’économie qu’il entend mettre en question. Autrement dit, le péché originel de la société moderne est moins d’avoir inventé l’économie de marché (terme que Polanyi préfère à celui de « capitalisme ») que d’avoir institué l’économie tout court, comme un domaine autonome avec ses règles et sa logique propre. En effet, si l’activité économique est bien une dimension insurpassable de la vie sociale, la notion de l’économie comme une institution affranchie, « désencastrée » des autres formes du lien social, constitue un phénomène – et un problème – résolument moderne. C’est à la compréhension de ce phénomène, ainsi qu’à la résolution de ce problème que Polanyi dévoua sa carrière.

    De « Vienne la rouge » à l’Angleterre libérale

    La pensée de Polanyi représente avant tout un effort pour penser son temps – et, en premier lieu, l’effondrement de la société libérale européenne du 19e siècle dans laquelle il passa ses premières années. Né à Vienne en 1886, il grandit à Budapest, au sein d’une famille bourgeoise. Les Polanyi (le nom est une magyarisation de « Pollacsek ») sont des juifs assimilés qui jouissent de la libéralisation de la monarchie habsbourgeoise dans la seconde moitié du 19e siècle. Le père de Polanyi est ingénieur de chemin de fer, sa mère, originaire de Vilnius (Empire russe) et proche de la communauté russe austro-hongroise, avait croisé Trotski à Vienne. À Budapest, elle fera de sa maison un célèbre salon, où brillera la fine fleur du milieu intellectuel et artistique hongrois ; elle recevra notamment Georg Lukács, encore au début de sa carrière de philosophe, et bien avant sa conversion au marxisme.
    Les premiers pas de la vie intellectuelle du jeune Polanyi se feront aussi sous le signe de la politique. Étudiant à la faculté de droit de l’université de Budapest, il circulera dans les milieux socialistes et de libre-pensée, souvent aux prises avec les étudiants nationalistes : en effet, le consensus libéral de la fin du 19e siècle est en train d’éclater. Survient la guerre, la défaite, et la chute précipitée des Habsbourg, l’éclatement de leur empire, et l’indépendance : à ce moment-là, Polanyi décide de parier sur le radicalisme, soutenant la « République soviétique » établie par Béla Kun en 1919.
    La défaite de cette république, après seulement quelques mois d’existence, contraint Polanyi à faire le premier des multiples exils qu’il connut au cours de sa vie. Il s’installe à Vienne. Ce séjour sera décisif pour sa formation intellectuelle et politique, pour au moins trois raisons. Tout d’abord, il assiste à l’aventure de ce qu’on appelle « Vienne la rouge » : entre 1918 et 1934, la capitale autrichienne est gouvernée par une coalition dominée par les sociaux-démocrates. Cette expérience d’un socialisme à la fois démocratique et pragmatique, à l’écoute des citoyens, démarque Vienne du socialisme soviétique et marquera profondément Polanyi. Dans La Grande Transformation, il ira jusqu’à qualifier cet épisode comme un des plus beaux triomphes de la culture occidentale.

    Ensuite, Polanyi fera la découverte des apôtres autrichiens du libéralisme, notamment Friedrich Hayek (1899-1992) et Ludwig von Mises (1881-1973), qui deviendront ses principales cibles théoriques. Ils sont les architectes de l’édifice intellectuel qu’il tente de faire chanceler. Enfin, c’est à Vienne que Polanyi épouse Ilona Duczynska, une militante d’origine hongroise exilée, elle aussi, du fait de son radicalisme politique. Si le couple Polanyi demeura toujours proche du socialisme, Ilona incarne plus purement un esprit authentiquement révolutionnaire : exilée à Zürich pendant la guerre, elle avait connu Lénine (avec qui elle avait participé au mouvement antimilitariste issu de la conférence de Zimmerwald), elle rejoint ensuite le Parti communiste hongrois, travaille pour le Komintern (l’Internationale communiste) en URSS, avant d’être exclue du mouvement communiste, du fait de son prétendu « luxemburgisme ». Elle participe au soulèvement ouvrier de Vienne de 1934, à laquelle elle consacre une importante étude (1).
    La prise de pouvoir d’Hitler en Allemagne en 1933 ainsi que le virement de l’Autriche vers l’autoritarisme à partir de 1934 contraint Polanyi à prendre de nouveau le chemin de l’exil – vers l’Angleterre, cette fois-ci. Ce pays constitue pour lui une véritable découverte. Pour subvenir à ces besoins, il dispense des cours d’histoire auprès d’une population ouvrière, dans le cadre du Workers Educational Association (Association d’éducation ouvrière) et du service de cours extra-muros de l’université d’Oxford. Voyageant à travers les villages du Kent et du Surrey, il rencontre personnellement des ouvriers qui gardent une mémoire vive, transmise de génération en génération, des dégâts de la révolution industrielle. I. Polanyi rappelle l’étonnement avec lequel ils ont découvert que « les maisons décrites par Engels » dans son célèbre essai sur la classe ouvrière anglaise en 1844 « étaient toujours debout » et que « des gens y habitaient » (2). Cette expérience incita Polanyi à étudier assidûment le processus d’industrialisation en Angleterre, qui marquera de nombreuses pages de La Grande Transformation. Son exil anglais fera de lui un historien de l’économie.

    Fascisme et libéralisme

    L’autre sujet qui le préoccupe profondément pendant ce séjour anglais est la compréhension du fascisme et du national-socialisme. Dans une remarquable conférence, qui n’a malheureusement jamais été republiée, prononcée en 1934 devant un congrès de socialistes chrétiens britanniques (un courant qui l’a beaucoup marqué), il trace la généalogie philosophique du fascisme : au nom d’une dénonciation de l’individualisme capitaliste, le fascisme récuserait avant tout la notion chrétienne de la dignité de la personne, qui constitue, pour Polanyi, la source des valeurs de la civilisation occidentale (3). La question du lien entre le fascisme, le capitalisme et la crise des valeurs occidentales réapparaîtra aussi, bien que dans une configuration différente, dans La Grande Transformation.
    C’est surtout pendant sa période anglaise que Polanyi semble avoir découvert l’anthropologie, notamment l’œuvre de Bronislaw Malinowski et celle de Richard Thurnwald – des travaux qui se révèlent décisifs pour l’évolution de sa pensée. En observant les habitants des îles Trobriand, par exemple, Malinowski constate que l’économie des « sauvages », loin d’être primitive et peu structurée, est en fait réglée par des pratiques extrêmement complexes. La distribution des biens est garantie par des réseaux de parenté et un jeu incessant de dons et de contre-dons. Si l’activité économique est bien un souci primordial des Trobriandais, l’économie n’a aucune existence autonome : elle n’est qu’un fil de l’étoffe sociale, où sont tissés des liens politiques, religieux, familiaux, etc. Le verdict de l’anthropologue est clair : dans la société primitive, l’économie est « encastrée » dans la société.
    L’originalité de Polanyi consistera à insérer ce constat dans une lecture critique de l’histoire économique de l’Europe moderne (et surtout anglaise), avec la volonté d’élucider, par un aperçu historique et philosophique large, la montée du fascisme et la crise de la société européenne. La Grande Transformation, son œuvre la plus aboutie, représente un effort herculéen pour penser le lien qui unit ces phénomènes. Si le livre est le fruit de son séjour anglais, il ne sera terminé que grâce à une bourse américaine, de la Rockefeller Foundation, qui lui permet de s’y consacrer pleinement lors d’un séjour au Bennington College au Vermont (États-Unis) entre 1941 et 1943. Le livre est publié à New York en 1944. Polanyi espère ainsi marquer la vision économique et sociale des dirigeants occidentaux de l’après-guerre (4).

    L’économie « encastrée »

    Quel est donc le propos de La Grande Transformation ? Sa thèse principale est que les rapports économiques ont été historiquement encastrés (« embedded ») dans une matrice dense de relations sociales – codes d’honneur, liens de parenté, formes de solidarité, etc. Le caractère singulier de la société moderne réside dans le fait que la dimension économique des rapports humains est « désencastrée » de ce tissu épais de liens pour devenir une institution à part : ainsi, le trait le plus distinctif de la société moderne pour Polanyi est moins le capitalisme ou l’industrialisme que le marché – entendu comme une fonction économique autonome émancipée des rapports sociaux – intronisé comme institution fondamentale de la société. La théorie libérale – chère notamment aux économistes autrichiens F. Hayek et L. von Mises – du libre marché, du marché autorégulateur, obscurcit ainsi, selon Polanyi, le caractère insolite, voire anormal de la situation contemporaine : le marché devient une instance où règnent les seuls critères économiques, aux dépens de toute autre considération sociale.
    Le libéralisme économique n’est pas non plus à même d’expliquer la genèse de la société de marché. Les libéraux soulignent l’émergence, dans la Grande-Bretagne du 18e siècle, d’un véritable marché de travail, résultant de la déstabilisation de la vie paysanne à la suite du processus d’enclosure des terrains collectifs aux 16e et 17e siècles. Mais selon Polanyi, ce marché du travail n’était en aucune façon libre et autorégulateur. Il n’a pu satisfaire les besoins de main-d’œuvre de la révolution industrielle qu’en s’appuyant sur les formes d’hégémonie rurale traditionnelle (le « squirearchy », c’est-à-dire le pouvoir de la petite noblesse rurale). Polanyi insiste en particulier sur le système dit de « Speenhamland », le dispositif crée en 1795 pour gérer la pauvreté rurale pendant les guerres révolutionnaires et napoléoniennes : une allocation, financée par les propriétaires terriens, versée aux pauvres en complément de leur salaire pour leur assurer un revenu minimum, mais liée à des mesures pour assurer l’ordre social. Le désencastrement de l’économie s’est réalisé par un renforcement des formes traditionnelles de domination, et non en libérant la classe ouvrière des contraintes du monde agricole.
    L’étude de la révolution industrielle, selon Polanyi, rend évidentes les raisons pour lesquelles les sociétés humaines ont toujours empêché, par l’encastrement, l’autonomisation de l’économie. L’Homo œconomicus n’est pas l’animal politique d’Aristote : il devient un animal tout court. Citant A Dissertation on the Poor Laws (« Dissertation sur la loi des pauvres ») (1786) de Joseph Townshend, Polanyi montre comment la peur de la faim est considérée comme la menace nécessaire pour assurer l’obéissance des ouvriers. Pour Thomas Hobbes, l’homme ressemble à une bête ; pour J. Townshend l’homme est effectivement une bête. La société de marché prive l’homme de ce qui le rend humain, elle le renvoie à des bases purement biologiques.

    Le « double mouvement » du marché

    Par conséquent, il est impossible de comprendre le libéralisme économique sans saisir l’effet de contrecoup qu’il déclenche. C’est ce que Polanyi appelle, dans La Grande Transformation, le « double mouvement » : certes le marché cherche à étendre son domaine, mais il doit affronter un mouvement contraire, celui de la société qui cherche à se protéger contre la marchandisation de la vie. Encore une fois, l’exemple britannique est parlant : de 1830 à 1840, le laisser-faire atteint son apogée en Europe occidentale, mais à partir des années 1870 s’amorce un contre-mouvement caractérisé par le protectionnisme, une fiscalité accentuée et une législation sociale (par exemple les pensions en matière de santé de Bismarck). Ce mouvement se poursuit jusqu’à la crise de 1929. C’est la raison pour laquelle Polanyi lie la montée du fascisme à la crise de la société libérale, dont le krach de 1929 n’est que la manifestation la plus éclatante :

  • #2
    suite

    le fascisme au pouvoir serait le symptôme d’une société de marché qui a cessé de fonctionner. Le fait qu’une telle société ne survit qu’à coups de corrections et réactions montre que la régulation par les seuls critères économiques ne peut jamais suffire. C’est un chef d’inculpation supplémentaire.


    En écrivant son livre, Polanyi entend peser sur les débats se déroulant après-guerre dans les pays alliés concernant la reconstruction des sociétés. Quelles leçons tirer de son analyse du désencastrement de l’économie, de la montée de la société du marché, du double mouvement qu’elle déclencha et dont le fascisme et la guerre n’étaient que les effets les plus éclatants ? Dans le dernier chapitre de son livre, il propose une réponse : une société n’est véritablement libre que grâce à l’unité et à la force de ses institutions. Celles-ci sont l’incarnation de l’intention et de la volonté humaine. À travers elles, des droits purement abstraits deviennent effectifs. Les droits sociaux, notamment le droit au travail, constituent, pour Polanyi, le type même des institutions que la société doit désormais bâtir. Les institutions sont le moyen par lequel une société complexe peut « réencastrer » l’économie dans des rapports plus sociaux, plus humains. Surtout, les institutions rappellent la nécessité des choix de la société – et le fait, plus fondamental encore, qu’il y a société. Elles s’opposent ainsi au libéralisme, qui ne voit dans la collectivité qu’un agrégat de volontés individuelles. L’ancien Viennois, qui connaît parfaitement la chanson des F. Hayek et autres L. von Mises, se rend bien compte qu’un certain fanatisme libéral dénoncera un tel tournant institutionnel (qui se réalisera en effet, après 1945, dans l’État providence, les droits sociaux et les politiques keynésiennes) comme une limitation injustifiable de la liberté, et même une continuation subreptice du fascisme. Mais Polanyi leur renvoie la balle : le rejet de la liberté que représente le fascisme n’est que la conséquence logique du rejet des contraintes que représente le libéralisme. Or la liberté, dans une société complexe, doit nécessairement être assortie de contraintes. C’est le rôle des institutions d’encadrer ces libertés et d’ainsi rendre la vie sociale possible et lisible.
    Les thèmes de l’encastrement de l’économie et du fondement institutionnel de la société resteront les leitmotivs de la pensée de Polanyi pour le reste de sa vie. À partir de 1947, il enseigne l’histoire économique à l’université de Columbia à New York (sa femme se voyant refusé, dans l’ambiance maccarthyste régnante, un visa de travail du fait de son passé communiste, elle s’installe à Toronto ; son mari fera régulièrement l’aller-retour entre les deux pays). Il se penchera en particulier sur les économies antiques, notamment celle des empires.

    Polanyi disparaît en 1964. Or un présupposé de son œuvre était que l’économie désencastrée et le libéralisme étaient, depuis la fin de la guerre, en voie de disparition. La « grande transformation » évoquée dans son livre renvoie, en effet, non seulement à la montée de la société de marché mais aussi à la crise entraînant sa dissolution au 20e siècle. Or, depuis les années 1970, la montée de ce qu’il est convenu d’appeler le néolibéralisme va tout à fait à l’encontre de cette thèse. Polyani se serait-il donc trompé ? Sur la prophétie, sans doute. Mais ce serait oublier trop vite l’une des principales leçons du théoricien du « double mouvement » : il n’y a pas de libéralisme sans contrecoup, entraînant des réactions inévitables à un ordre économique qui, pour bien des gens, rend la vie invivable.

    NOTES
    1. Ilona Duczynska, Workers in Arms. The Austrian Schutzbund and the civil war of 1934, trad. angl., Monthly Review Press, 1978.
    2. Ilona Ducyznska, « Karl Polanyi. Notes on his life », in Karl Polanyi, La Subsistance de l’homme. La place de l’économie dans l’histoire et la société, 1977, trad. fr., Flammarion, 2011.
    3. Karl Polanyi, « The essence of fascism », in John Lewis, Karl Polanyi et Donald K. Kitchin, Christianity and Social Revolution, 1935, rééd. Books for Libraries Press, 1972.
    4. Voir Fred Block et Margaret Somers, The Power of Market Fundamentalism. Karl Polanyi’s critique, Harvard University Press, 2014.


    SH

    Karl n’est pas le seul brillant esprit à avoir grandi dans la maison Polanyi à Budapest au tournant du 20e siècle. Certains diront même que le plus talentueux des Polanyi, c’est son frère Michael, de cinq ans son benjamin. Après l’échec de la République soviétique en Hongrie, il part pour l’Allemagne, où il avait déjà commencé des études de chimie. Il excellera dans cette discipline ; mais ses centres d’intérêt variés l’amèneront à s’intéresser à la philosophie, l’épistémologie et la politique. Lors d’un voyage en URSS, il rencontre Nikolaï Boukharine, qui lui explique le fonctionnement de la science en pays socialiste : toute recherche est dictée par les exigences du plan quinquennal. C’est contre ce principe que M. Polanyi s’insurge. Après l’arrivée au pouvoir d’Hitler, il quitte l’Allemagne pour l’Angleterre. Tout en poursuivant ses recherches en chimie, il écrit des essais dans lesquels il insiste sur la centralité de la liberté dans la recherche scientifique : les consensus scientifiques sont le fruit d’une sorte de concurrence entre chercheurs, comparable à la concurrence des acteurs louée par l’économie libérale (ainsi le benjamin se rapprochera des économistes autrichiens que récusait l’aîné).
    Il étudiera aussi à l’épistémologie positiviste et empiriste. Il insiste sur le caractère personnel et fiduciaire de toute connaissance : ce qui motive le savant, ce n’est pas seulement les données, mais ses engagements, une foi qui détermine ce qu’il peut savoir (il influencera notamment Thomas Kuhn, auteur de La Structure des révolutions scientifiques). Enfin, M. Polanyi est surtout connu pour ses idées sur la « connaissance tacite » : ce que nous connaissons repose sur des capacités et des expériences qui sont pour nous implicites, mais qui sont difficilement formalisables dans le langage ou un système de codification. L’enjeu est de récuser l’idée selon laquelle la connaissance réside uniquement dans une méthode, ses règles et son application.

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