L'école maternelle, grande oubliée de l'Education nationale, doit absolument s’intégrer pleinement dans le cadre d’un projet de société affirmé.
L’école maternelle illustre de manière éclatante l’insuffisance de vision globale et sa non inscription dans un projet de société, deux conditions indispensables pour instituer un système éducatif fondé sur le progrès humain. En dépit des déclarations d’intention tentant d’affirmer son rôle essentiel, elle reste la grande oubliée.
La maternelle s’inscrit pleinement dans le processus d’acquisition au long cours des savoirs. Cette étape ne saurait donc être négligée. Il y a pourtant un paradoxe absolu : l’école maternelle ne fait pas partie de la scolarité obligatoire. Ce qui serait important pourrait-il ne pas être obligatoire ? C’est le sens de la proposition de rendre la scolarité obligatoire à partir de l’âge de 3 ans. La maternelle favorise puissamment les conditions de réussite d’une scolarité ultérieure. Les familles doivent pouvoir faire valoir le droit de l’enfant à être accueilli dès l’âge de 3 ans.
Il faut également en finir avec le flou de la scolarisation de ces âges, avec notamment la porosité entre les rôles de l’accueil pré-élémentaire et l’école maternelle. Il en va de même avec les activités périscolaires qui ont brouillé les repères de tous les acteurs avec la réforme des rythmes scolaires des gouvernements précédents. Il s’agira également de favoriser la scolarisation des 2 à 3 ans. La situation est dramatique, plus particulièrement dans les départements les plus populaires là où la scolarisation des enfants de 2 ans aurait le plus de sens.
L’école maternelle doit s’intégrer également pleinement dans le cadre d’un projet de société affirmé. Les enjeux pédagogiques s’y télescopent avec les enjeux sociaux et politiques.
La qualification des personnels non enseignants de la maternelle est une ardente priorité. Il se trouve là une trappe à précarité contre laquelle il faut agir. Il en va également de l’émancipation concrète des femmes. Dans ce but, pour les touts petits, un service public de la petite enfance garantissant la pluralité des choix pour les parents constitue un impératif. Ce service public ne sera pas un accueil pré-école maternelle : chaque âge doit préserver sa spécificité. Le maintien d’un réseau d’écoles maternelles va de pair avec la préservation de la vitalité et de l’attractivité des territoires ruraux : la réforme territoriale allant dans le sens de la métropolisation a tendance à aggraver la situation. C’est un domaine où la marchandisation a pu avancer plus que de raison, avec les sollicitations liées aux projets d’animations dans le cadre scolaire ou les activités périscolaires. C’est ici que commence le combat pour la gratuité absolue du champ scolaire pour les familles.
La maternelle doit faire l’objet d’une réflexion globale en lien avec le projet de société que l’on entend instaurer. C’est ce projet de société qui doit lui assigner ses missions. Elle aura dans ce cadre à prendre toute sa place pour favoriser les principes d’égalité et d’émancipation. La maternelle ne se résume décidément pas à changer les couches comme l’avait indiqué en son temps le ministre Xavier Darcos…
Francis Daspe
Francis Daspe est co-auteur avec Paul Vannier du livre « Manifeste pour l’école de la 6° République » (éditions du Croquant, août 2016). Il est également responsable de la Commission nationale Education du Parti de Gauche et Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée.
Marianne
L’école maternelle illustre de manière éclatante l’insuffisance de vision globale et sa non inscription dans un projet de société, deux conditions indispensables pour instituer un système éducatif fondé sur le progrès humain. En dépit des déclarations d’intention tentant d’affirmer son rôle essentiel, elle reste la grande oubliée.
La maternelle s’inscrit pleinement dans le processus d’acquisition au long cours des savoirs. Cette étape ne saurait donc être négligée. Il y a pourtant un paradoxe absolu : l’école maternelle ne fait pas partie de la scolarité obligatoire. Ce qui serait important pourrait-il ne pas être obligatoire ? C’est le sens de la proposition de rendre la scolarité obligatoire à partir de l’âge de 3 ans. La maternelle favorise puissamment les conditions de réussite d’une scolarité ultérieure. Les familles doivent pouvoir faire valoir le droit de l’enfant à être accueilli dès l’âge de 3 ans.
Il faut également en finir avec le flou de la scolarisation de ces âges, avec notamment la porosité entre les rôles de l’accueil pré-élémentaire et l’école maternelle. Il en va de même avec les activités périscolaires qui ont brouillé les repères de tous les acteurs avec la réforme des rythmes scolaires des gouvernements précédents. Il s’agira également de favoriser la scolarisation des 2 à 3 ans. La situation est dramatique, plus particulièrement dans les départements les plus populaires là où la scolarisation des enfants de 2 ans aurait le plus de sens.
L’école maternelle doit s’intégrer également pleinement dans le cadre d’un projet de société affirmé. Les enjeux pédagogiques s’y télescopent avec les enjeux sociaux et politiques.
La qualification des personnels non enseignants de la maternelle est une ardente priorité. Il se trouve là une trappe à précarité contre laquelle il faut agir. Il en va également de l’émancipation concrète des femmes. Dans ce but, pour les touts petits, un service public de la petite enfance garantissant la pluralité des choix pour les parents constitue un impératif. Ce service public ne sera pas un accueil pré-école maternelle : chaque âge doit préserver sa spécificité. Le maintien d’un réseau d’écoles maternelles va de pair avec la préservation de la vitalité et de l’attractivité des territoires ruraux : la réforme territoriale allant dans le sens de la métropolisation a tendance à aggraver la situation. C’est un domaine où la marchandisation a pu avancer plus que de raison, avec les sollicitations liées aux projets d’animations dans le cadre scolaire ou les activités périscolaires. C’est ici que commence le combat pour la gratuité absolue du champ scolaire pour les familles.
La maternelle doit faire l’objet d’une réflexion globale en lien avec le projet de société que l’on entend instaurer. C’est ce projet de société qui doit lui assigner ses missions. Elle aura dans ce cadre à prendre toute sa place pour favoriser les principes d’égalité et d’émancipation. La maternelle ne se résume décidément pas à changer les couches comme l’avait indiqué en son temps le ministre Xavier Darcos…
Francis Daspe
Francis Daspe est co-auteur avec Paul Vannier du livre « Manifeste pour l’école de la 6° République » (éditions du Croquant, août 2016). Il est également responsable de la Commission nationale Education du Parti de Gauche et Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée.
Marianne