«Déchirement, binarité douloureuse du rapport à la langue, le Maghreb des langues se déclinerait au duel, diglossie, bilinguisme.» J. Dakhlia.
L'histoire parle-t-elle en langues? Trames de langues, Usages et métissages linguistiques dans l'histoire du Maghreb, IRMC, Maisonneuve et Larose, Paris, 2004.
Prime à bord, Il est impératif de traiter les problèmes linguistiques que connait l'enseignement en Algérie.
A cet effet, nous avons pris position en faveur de l'enseignement de la langue parlée au même titre que les recommandations d'un certain nombre d'experts en la matière. Il faut rappeler que depuis l'indépendance, la langue est prise en otage par l'idéologie de l'arabisation qui en terme d'interlocution a fait faillite.
En effet, deux articles parus récemment traitent respectivement de l'échec scolaire (1) et de la langue vernaculaire (2). En effet, A. Elimam comme beaucoup a bien compris le rôle moteur de la langue native dans le processus d'apprentissage des enfants(3). Dans un article qui représente à ses yeux les fondements de la dialectologie maghrébine (4), son extrapolation analytique d'une faible épaisseur, réduit la formation des parlers maghrébins à l'héritage punique qu'il évalue à cinquante pour cent (50 %). Quoiqu'il ne faut jamais refuser l'audacieuse idée de la punicité comme perspective de recherche en linguistique historique du Maghreb qui malheureusement ne prend en compte l'étymologie comparative des mots. Au même titre, S. Chaker (6) fonde toute sa linguistique historique du berbère sur la morphosyntaxe de schèmes. Dans un des articles cités ci-dessous, traitant de quelques exemples puniques- azalim, agadir,tifinay-, il confirme l'influence du berbère sur la langue punique.
A la lecture du texte de 2006, ce dernier nuance sa position datée de 1995 sur l'appartenance du berbère. Au groupe chamito-sémitique Il considère que berbère se caractérise par une continuité de longue durée et que la question du berceau primitif de ce groupe doit être revu. En l'occurrence du point de vue classificatoire des langues, A. Elimam parle de l'aire sémitique et l'autre du groupe chamito-sémitique qui ne sont en définitif que de simples modes d'apparence taxinomique parce qu'ils colportent en eux des idéologies de convenance.
A contrario, Il faut bien reconnaitre que l'histoire des hommes et de la formation des identités ne se réduisent pas à la seule langue.
En l'occurrence, l'exemple nord-africain est à même de donner des arguments en faveur de la variation nominale des individus et des sociétés. Point névralgique de l'aporie de l'histoire, le nominal comme figure du simulacre de l'identité traverse de part en part l'amazighité qui est la seule à répondre aux exigences de la pérennité historique. L'envers du décor proposé par A. Elimam ne change pas l'épistémologie de l'objet historique parce qu'il perpétue des modèles d'intégration de cet Ailleurs (6) qui fait et défait les figures identitaires.
A tout point de vue, il perpétue la malédiction de l'orientalisation comme mode opératoire de la connaissance historique fondé par la linguistique. En Afrique du Nord et au Sahara, les individus et les sociétés en entier se sont définis selon le mode opératoire de l'Ailleurs.
En ce sens ce qu'a repéré J. Berque à intérieur du Maghreb médiéval a déjà eu lieu avec la fondation de Carthage.
1-L'histoire de l'Afrique du Nord et du Sahara ne commence pas avec la fondation de Carthage.
Loin s'en faut de croire à une périodisation courte et agencée selon les influences étrangères, nous avons remarqué que tous les ouvrages qui traitent de l'histoire de l Afrique du Nord et du Sahara, aujourd'hui appelée la Tamazgha par les autochtonistes, répètent la frénésie de la domination étrangère.
Les noms des historiens qui se sont fourvoyés dans le minimalisme historiographique sont nombreux. La monumentale histoire de l'Afrique du Nord de S. Gsell (7) ou le résumé historique de CH. A. Julien (8) ainsi que les origines de la Berbérie, Massinissa ou le début de l'histoire de G. Camps (9) se limitent à des sources gréco-latines et oublient l'apport de la documentation égyptienne qui traite des Berbères (10).
Dans un article paru (11), il y a une vingtaine d'années nous avons indiqué la profondeur historique de l'histoire des Berbères qui au remonte au moins à 3000 ans avant J.C. Un intervalle de plus d'un millénaire nous sépare des peuples de la mer et deux de l'épopée phénicienne en Méditerranée. Quoique l'ancienneté des relations entre les Berbères et les Egyptiens soit de nouveau évoquée par les historiens à la différence des préoccupations raciales de l'anthropologie européenne du XIXème siècle, cela ne doit pas nous conduire à l'incitation originelle comme le fait B. Lugain (12) qui confond l'ethnie et le phylum anthropologique de l'homme moderne.
La consultation des cartes de l'expansion de Carthage donne un aperçu de l'empire de la mer selon la formulation de F. Decret(13). Les ouvrages gréco-latins qui traitent des rapports entre les Numides et les Carthaginois, établissent une inégale répartition territoriale à l'avantage des Numides et des Maures.
Tout au long de son histoire, les Carthaginois se sont contentés de cette parcelle de terre africane imagée par la peau de bœuf attribuée par Hiarbas à Elissa que voulait récupérer Massinissa en s'alliant malencontreusement à Rome.
L'erreur stratégique de Massinissa reste une énigme géopolitique. Peut-être d'après le modèle d'intégration des Carthaginois, Syphax avait raison. Mais ça c'est une autre histoire.
Dire que Massinissa est un punicophile relève de la gageure qui établit une homologie des caractères linguistiques et de l'identité. Il était autant punicophone que helléniste.
Ainsi à la lumière de l'idéologie du nationalisme tunisien contemporain, l'antiquité tunisienne est l'objet de la manipulation généalogique(14).
A telle enseigne que l'histoire générale de la Tunisie (15) traitant de l'Antiquité intègre les Berbères dans l'époque punique comme s'ils n'existaient pas avant la fondation de Carthage.
En somme, rapportés les parlers maghrébins au punique revient à reproduire l'orientalisation des esprits tout en niant des évidences historiques de la transformation historique qui accompagne tous les processus d'acculturation des populations.
De fait, la pénétration de la religion musulmane n'a pas d'équivalent au Maghreb. La religion punique est restée cantonnée dans la cité-Etat tandis que le christianisme avait seulement les faveurs des Berbères romanisés.
Nier l'ordre institué par Abdel Moumen qui décrète l'interdiction du latin et donne à l'almohadisme la force et la vigueur de l'idéologie de domination en institutionnalisant l'arabe comme langue de l'Etat c'est vite aller en besogne pour effacer les enjeux de l'arabisation qui de facto à contribuer à l'émergence dans les villes et plus tard dans les compagnes d'une variante de parlers maghrébins dont on ignore le processus de formation auquel a vraisemblablement beaucoup contribuer la langue berbère.
Dans tous les cas, la langue punique est en soi une transformation linguistique du phénicien sous l'influence du berbère. L'ontologie de l'Etre subit quant à lui les accommodements de la pérennité berbère déclinée par la variabilité identitaire. En somme, Hannibal est berbère dans sa déclinaison punique ou carthaginoise.
L'histoire parle-t-elle en langues? Trames de langues, Usages et métissages linguistiques dans l'histoire du Maghreb, IRMC, Maisonneuve et Larose, Paris, 2004.
Prime à bord, Il est impératif de traiter les problèmes linguistiques que connait l'enseignement en Algérie.
A cet effet, nous avons pris position en faveur de l'enseignement de la langue parlée au même titre que les recommandations d'un certain nombre d'experts en la matière. Il faut rappeler que depuis l'indépendance, la langue est prise en otage par l'idéologie de l'arabisation qui en terme d'interlocution a fait faillite.
En effet, deux articles parus récemment traitent respectivement de l'échec scolaire (1) et de la langue vernaculaire (2). En effet, A. Elimam comme beaucoup a bien compris le rôle moteur de la langue native dans le processus d'apprentissage des enfants(3). Dans un article qui représente à ses yeux les fondements de la dialectologie maghrébine (4), son extrapolation analytique d'une faible épaisseur, réduit la formation des parlers maghrébins à l'héritage punique qu'il évalue à cinquante pour cent (50 %). Quoiqu'il ne faut jamais refuser l'audacieuse idée de la punicité comme perspective de recherche en linguistique historique du Maghreb qui malheureusement ne prend en compte l'étymologie comparative des mots. Au même titre, S. Chaker (6) fonde toute sa linguistique historique du berbère sur la morphosyntaxe de schèmes. Dans un des articles cités ci-dessous, traitant de quelques exemples puniques- azalim, agadir,tifinay-, il confirme l'influence du berbère sur la langue punique.
A la lecture du texte de 2006, ce dernier nuance sa position datée de 1995 sur l'appartenance du berbère. Au groupe chamito-sémitique Il considère que berbère se caractérise par une continuité de longue durée et que la question du berceau primitif de ce groupe doit être revu. En l'occurrence du point de vue classificatoire des langues, A. Elimam parle de l'aire sémitique et l'autre du groupe chamito-sémitique qui ne sont en définitif que de simples modes d'apparence taxinomique parce qu'ils colportent en eux des idéologies de convenance.
A contrario, Il faut bien reconnaitre que l'histoire des hommes et de la formation des identités ne se réduisent pas à la seule langue.
En l'occurrence, l'exemple nord-africain est à même de donner des arguments en faveur de la variation nominale des individus et des sociétés. Point névralgique de l'aporie de l'histoire, le nominal comme figure du simulacre de l'identité traverse de part en part l'amazighité qui est la seule à répondre aux exigences de la pérennité historique. L'envers du décor proposé par A. Elimam ne change pas l'épistémologie de l'objet historique parce qu'il perpétue des modèles d'intégration de cet Ailleurs (6) qui fait et défait les figures identitaires.
A tout point de vue, il perpétue la malédiction de l'orientalisation comme mode opératoire de la connaissance historique fondé par la linguistique. En Afrique du Nord et au Sahara, les individus et les sociétés en entier se sont définis selon le mode opératoire de l'Ailleurs.
En ce sens ce qu'a repéré J. Berque à intérieur du Maghreb médiéval a déjà eu lieu avec la fondation de Carthage.
1-L'histoire de l'Afrique du Nord et du Sahara ne commence pas avec la fondation de Carthage.
Loin s'en faut de croire à une périodisation courte et agencée selon les influences étrangères, nous avons remarqué que tous les ouvrages qui traitent de l'histoire de l Afrique du Nord et du Sahara, aujourd'hui appelée la Tamazgha par les autochtonistes, répètent la frénésie de la domination étrangère.
Les noms des historiens qui se sont fourvoyés dans le minimalisme historiographique sont nombreux. La monumentale histoire de l'Afrique du Nord de S. Gsell (7) ou le résumé historique de CH. A. Julien (8) ainsi que les origines de la Berbérie, Massinissa ou le début de l'histoire de G. Camps (9) se limitent à des sources gréco-latines et oublient l'apport de la documentation égyptienne qui traite des Berbères (10).
Dans un article paru (11), il y a une vingtaine d'années nous avons indiqué la profondeur historique de l'histoire des Berbères qui au remonte au moins à 3000 ans avant J.C. Un intervalle de plus d'un millénaire nous sépare des peuples de la mer et deux de l'épopée phénicienne en Méditerranée. Quoique l'ancienneté des relations entre les Berbères et les Egyptiens soit de nouveau évoquée par les historiens à la différence des préoccupations raciales de l'anthropologie européenne du XIXème siècle, cela ne doit pas nous conduire à l'incitation originelle comme le fait B. Lugain (12) qui confond l'ethnie et le phylum anthropologique de l'homme moderne.
La consultation des cartes de l'expansion de Carthage donne un aperçu de l'empire de la mer selon la formulation de F. Decret(13). Les ouvrages gréco-latins qui traitent des rapports entre les Numides et les Carthaginois, établissent une inégale répartition territoriale à l'avantage des Numides et des Maures.
Tout au long de son histoire, les Carthaginois se sont contentés de cette parcelle de terre africane imagée par la peau de bœuf attribuée par Hiarbas à Elissa que voulait récupérer Massinissa en s'alliant malencontreusement à Rome.
L'erreur stratégique de Massinissa reste une énigme géopolitique. Peut-être d'après le modèle d'intégration des Carthaginois, Syphax avait raison. Mais ça c'est une autre histoire.
Dire que Massinissa est un punicophile relève de la gageure qui établit une homologie des caractères linguistiques et de l'identité. Il était autant punicophone que helléniste.
Ainsi à la lumière de l'idéologie du nationalisme tunisien contemporain, l'antiquité tunisienne est l'objet de la manipulation généalogique(14).
A telle enseigne que l'histoire générale de la Tunisie (15) traitant de l'Antiquité intègre les Berbères dans l'époque punique comme s'ils n'existaient pas avant la fondation de Carthage.
En somme, rapportés les parlers maghrébins au punique revient à reproduire l'orientalisation des esprits tout en niant des évidences historiques de la transformation historique qui accompagne tous les processus d'acculturation des populations.
De fait, la pénétration de la religion musulmane n'a pas d'équivalent au Maghreb. La religion punique est restée cantonnée dans la cité-Etat tandis que le christianisme avait seulement les faveurs des Berbères romanisés.
Nier l'ordre institué par Abdel Moumen qui décrète l'interdiction du latin et donne à l'almohadisme la force et la vigueur de l'idéologie de domination en institutionnalisant l'arabe comme langue de l'Etat c'est vite aller en besogne pour effacer les enjeux de l'arabisation qui de facto à contribuer à l'émergence dans les villes et plus tard dans les compagnes d'une variante de parlers maghrébins dont on ignore le processus de formation auquel a vraisemblablement beaucoup contribuer la langue berbère.
Dans tous les cas, la langue punique est en soi une transformation linguistique du phénicien sous l'influence du berbère. L'ontologie de l'Etre subit quant à lui les accommodements de la pérennité berbère déclinée par la variabilité identitaire. En somme, Hannibal est berbère dans sa déclinaison punique ou carthaginoise.
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