Dans un texte étonnant de modernité, Yves Guyot rappelle dès 1910 l’importance de la science économique pour comprendre la société et penser une politique plus juste.
Influence des économistes
Le rôle politique des économistes ? Il est nul, s’écrieront en chœur le colbertiste et le socialiste. Pour prouver son affirmation, le colbertiste montrera le protectionnisme maître du Parlement français, les tarifs allemands, le tarif américain Payne-Aldrich, et il évoquera, de l’autre côté de la Manche, l’ombre de M. Chamberlain.
Le socialiste affirmera l’intervention de l’État de plus en plus grande dans le contrat de travail, son ingérence dans les conditions de l’industrie, la politique de confiscation poursuivie, en Angleterre, par M. Lloyd George, en France, par le projet d’impôt sur le revenu que la Chambre des députés a adopté, et les menaces officielles du monopole de l’alcool et des assurances. Dans un éclat de rire sardonique, l’un et l’autre s’écrieront : « L’influence des économistes, la voilà ! Les gouvernements et les peuples approuvent tout ce qu’ils condamnent et rejettent tout ce qu’ils approuvent ! »
Cette assertion serait-elle exacte, qu’elle ne prouverait rien. En 1811, les deux Chambres du Parlement anglais condamnèrent le rapport du Bullion committee, et déclarèrent, en dépit des faits, que les billets n’étaient pas dépréciés. Le rapport du Bullion committee reste comme une œuvre de premier ordre et ces votes du Parlement ont prouvé, une fois de plus, que la vérité ne dépend pas des majorités.
Malgré toutes les aberrations dont sont capables les assemblées politiques, un Parlement anglais renouvellerait-il un pareil vote ? La réponse négative à cette question suffit pour prouver les progrès économiques accomplis depuis un siècle.
Il y a un siècle et demi, une marchandise, pour aller de la Provence en Bretagne ou de la Guyenne en Lorraine, subissait sept ou huit visites, acquittait autant de fois des droits, au nombre de trente-cinq, dont chacun s’élevait à 10 ou 15 pour 100 de sa valeur ; éprouvait des retards et des dommages, résultant de toutes les vérifications auxquelles elle était soumise et courait des risques de saisies et de procès. Les blés qui pourrissaient dans une province ne pouvaient être transportés dans une province voisine, décimée par la disette ; et la défense d’exporter des blés avait pour conséquence d’en restreindre les emblavures.
M. de Mun et M. Cochin abusent de l’ignorance des députés, et tout particulièrement de celle des députés socialistes, quand ils représentent le Livre des métiers d’Étienne Boileau comme la charte des ouvriers. C’était la charte de l’esclavage des apprentis, du servage des « valets », nom que portaient les ouvriers. Les jurandes tyrannisaient la corporation ; et les corporations, au lieu de travailler, étaient occupées à empêcher les autres de faire. Les communautés de Paris, pour leurs procès les unes contre les autres, dépensaient plus d’un million par an2.
Quel langage que celui que Turgot oppose à cet état de choses dans le préambule de l’Édit de 1776 : « Nous devons à tous nos sujets de leur assurer la jouissance pleine et entière de leurs droits ; nous devons surtout cette protection à cette classe d’hommes qui, n’ayant point de propriété que leur travail et leur industrie, ont d’autant plus le besoin et le droit d’employer dans toute leur étendue les seules ressources qu’ils aient pour subsister… Dieu, en donnant à l’homme des besoins, en lui rendant nécessaire la ressource du travail, a fait du droit de travailler la propriété de tout homme, et cette propriété est la première, la plus sacrée, la plus imprescriptible de toutes. »
Les vérités économiques, dégagées par Gournay, Quesnay, Turgot, ne sont pas des conceptions à priori ; elles résultent de la critique des choses existantes ; telle la formule : Laissez faire ! laissez passer ! telles les trois découvertes de Quesnay : 1° il est nécessaire d’établir la législation positive sur les lois naturelles, et les pouvoirs publics n’ont pas pour objet de limiter la liberté des individus, mais de la garantir ; 2° il est nécessaire de garantir la propriété individuelle et d’en assurer la liberté ; 3° il est nécessaire d’assurer la liberté du commerce : « la plus grande concurrence possible » est le facteur du progrès économique.*
De Tocqueville3 a signalé le grand rôle des économistes dans la Révolution française : « Toutes les institutions que la Révolution devait abolir sans retour ont été l’objet particulier de leurs attaques. Toutes celles, au contraire, qui peuvent passer pour son œuvre propre, ont été annoncées par eux à l’avance et préconisées avec ardeur. On trouve dans leurs écrits tout ce qu’il y a de plus substantiel en elles. Ils ont conçu la pensée de toutes les réformes sociales et administratives que la Révolution a faites. »
L’article de la loi du 2 mars 1791, portant : « Il est permis à toute personne de faire tel commerce ou d’exercer telle profession, art ou métier, qui lui convient », est l’œuvre des économistes. L’article 2 du Code rural est la reproduction d’une maxime de Quesnay : « Les propriétaires sont libres de varier à leur gré leurs récoltes et de disposer de toutes les productions de leurs propriétés dans l’intérieur du royaume et en dehors. » M. Paul Janet a dit avec raison : « Les économistes ont fait du droit de propriété entendu de la manière la plus large, la base même de l’ordre social4. » Ils n’ont été étrangers, ni à l’affirmation qu’en a faite la Déclaration des Droits de l’homme, ni à la législation qui l’a constitué dans le Code civil. Ils ont proclamé la liberté et la sécurité des contrats : « La convention fait la loi des parties. » Tout le droit moderne a subi leur influence.
Elle était telle qu’en 1791, l’Assemblée Nationale adopta le tarif des douanes le plus libéral que la France ait eu jusqu’en 1860.
Leur influence s’affirme encore dans le système fiscal de la Révolution ; la contribution commune doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés ; les quatre contributions de 1791 ont été établies sur les principes dégagés par les économistes ; et elles étaient solides puisqu’elles durent encore.
Le système fiscal de l’Assemblée Nationale avait pour principe : égalité des citoyens devant l’impôt, proportionnalité de l’impôt. L’impôt doit être réel et non personnel. L’impôt ne doit pas gêner la liberté du commerce. L’impôt n’est destiné qu’aux services généraux de la nation.
Adam Smith publia son livre Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, en 1776. Buckle n’a pas exagéré en disant : « Il est probablement le livre le plus important qui ait jamais été écrit et il est certainement l’apport de la plus grande valeur qui ait été fait par un seul homme, aux principes sur lesquels doit être fondé un gouvernement5. » Il fut cité pour la première fois au Parlement en 1783. William Pitt s’en inspira, ainsi que de l’essai de D. Hume sur la Jalousie commerciale, quand il conclut le traité de commerce avec la France, de 1786, « monument de sagesse et d’intelligence des affaires », selon Buchanan6. Le 30 juin 1784, William Pitt dégrevait les objets de large consommation, le thé et les alcools, sous l’influence du grand économiste. Quand il présenta le budget de 1793 qui, loin de prévoir la guerre, était un budget de réformes financières et fiscales, il en reportait le mérite à Adam Smith « qui, malheureusement, n’était plus, mais dont les connaissances étendues jusqu’aux détails, et la profondeur des recherches philosophiques fournissent les meilleures solutions aux questions qui se rattachent à l’histoire du commerce ou aux systèmes d’économie politique. »
En 1797, Pulteney, dans un de ses discours sur les finances, se référait à Adam Smith « qui, comme on l’a dit, persuade la génération actuelle et gouvernera la nouvelle ».
Au moment où la guerre faisait rage et où le Blocus Continental opérait son œuvre de ruines et de contrebande, le philosophe Dugald Stewart affirmait sa foi dans la doctrine du libre-échange ; en 1816, Ricardo en constatait les progrès et Buckle pouvait dire en 1856 : « Maintenant, 80 ans après la publication du livre d’Adam Smith, on ne peut trouver un homme d’éducation acceptable, qui ne serait pas honteux de partager les opinions qui, avant Adam Smith, étaient universellement admises. » En 1822, Hutkisson, président du Board of trade, vint en France pour essayer de négocier un traité de commerce. Il échoua ; mais le 26 janvier 1826, fut conclu entre la France et l’Angleterre un traité abolissant tous les droits différentiels prélevés dans les ports de chacun des deux nations afin d’augmenter le prix des marchandises importées dans les navires de l’autre7. Ce traité est toujours en vigueur.
La suppression de la prohibition de l’exportation des laines anglaises en 1824 ; l’autorisation, donnée la même année, aux ouvriers, de sortir de l’Angleterre ; le droit d’exporter des machines reconnu en 1843, l’abrogation des droits sur les blés en 1846 ; l’abrogation de l’acte de navigation en 1849 ; l’épuration du tarif des douanes en 1851, continuée jusqu’en 1862, où tous les droits qui n’étaient pas rigoureusement fiscaux furent supprimés, toute l’œuvre de Hutkisson, de Cobden, de John Bright, de Robert Peel, de Lord Russell, de Gladstone, attestent l’influence décisive que les économistes ont eue sur la politique de la Grande-Bretagne.
Vérités dégagées par les économistes
Depuis Nicole Oresme, Locke, Petty, Harris, Turgot ont appris aux gouvernements et aux peuples les déceptions qui résultaient des variations de valeur données aux monnaies par les pouvoirs publics. Il est vrai qu’ils n’ont pas empêché les assignats, mais cette expérience a prouvé la justesse de leur théorie.
Les économistes ont appris que le prêt à intérêt était le résultat du service rendu. Le fermage était reconnu légitime par l’Église, tandis que le prêt était laissé aux réprouvés, juifs et protestants. Les économistes ont démontré que le louage d’une maison ou le prêt d’un capital-espèces était une opération identique.
On considérait le commerce comme une sorte de brigandage. Turgot constata que l’échange est conclu au moment où chacun attribue à la chose qu’il acquiert une plus grande valeur qu’à la chose qu’il cède. La conclusion de tout marché est un acte de bonne volonté de chacun des contractants. C’est aux économistes qu’est due la réhabilitation du commerce et de l’industrie.
Influence des économistes
Le rôle politique des économistes ? Il est nul, s’écrieront en chœur le colbertiste et le socialiste. Pour prouver son affirmation, le colbertiste montrera le protectionnisme maître du Parlement français, les tarifs allemands, le tarif américain Payne-Aldrich, et il évoquera, de l’autre côté de la Manche, l’ombre de M. Chamberlain.
Le socialiste affirmera l’intervention de l’État de plus en plus grande dans le contrat de travail, son ingérence dans les conditions de l’industrie, la politique de confiscation poursuivie, en Angleterre, par M. Lloyd George, en France, par le projet d’impôt sur le revenu que la Chambre des députés a adopté, et les menaces officielles du monopole de l’alcool et des assurances. Dans un éclat de rire sardonique, l’un et l’autre s’écrieront : « L’influence des économistes, la voilà ! Les gouvernements et les peuples approuvent tout ce qu’ils condamnent et rejettent tout ce qu’ils approuvent ! »
Cette assertion serait-elle exacte, qu’elle ne prouverait rien. En 1811, les deux Chambres du Parlement anglais condamnèrent le rapport du Bullion committee, et déclarèrent, en dépit des faits, que les billets n’étaient pas dépréciés. Le rapport du Bullion committee reste comme une œuvre de premier ordre et ces votes du Parlement ont prouvé, une fois de plus, que la vérité ne dépend pas des majorités.
Malgré toutes les aberrations dont sont capables les assemblées politiques, un Parlement anglais renouvellerait-il un pareil vote ? La réponse négative à cette question suffit pour prouver les progrès économiques accomplis depuis un siècle.
Il y a un siècle et demi, une marchandise, pour aller de la Provence en Bretagne ou de la Guyenne en Lorraine, subissait sept ou huit visites, acquittait autant de fois des droits, au nombre de trente-cinq, dont chacun s’élevait à 10 ou 15 pour 100 de sa valeur ; éprouvait des retards et des dommages, résultant de toutes les vérifications auxquelles elle était soumise et courait des risques de saisies et de procès. Les blés qui pourrissaient dans une province ne pouvaient être transportés dans une province voisine, décimée par la disette ; et la défense d’exporter des blés avait pour conséquence d’en restreindre les emblavures.
M. de Mun et M. Cochin abusent de l’ignorance des députés, et tout particulièrement de celle des députés socialistes, quand ils représentent le Livre des métiers d’Étienne Boileau comme la charte des ouvriers. C’était la charte de l’esclavage des apprentis, du servage des « valets », nom que portaient les ouvriers. Les jurandes tyrannisaient la corporation ; et les corporations, au lieu de travailler, étaient occupées à empêcher les autres de faire. Les communautés de Paris, pour leurs procès les unes contre les autres, dépensaient plus d’un million par an2.
Quel langage que celui que Turgot oppose à cet état de choses dans le préambule de l’Édit de 1776 : « Nous devons à tous nos sujets de leur assurer la jouissance pleine et entière de leurs droits ; nous devons surtout cette protection à cette classe d’hommes qui, n’ayant point de propriété que leur travail et leur industrie, ont d’autant plus le besoin et le droit d’employer dans toute leur étendue les seules ressources qu’ils aient pour subsister… Dieu, en donnant à l’homme des besoins, en lui rendant nécessaire la ressource du travail, a fait du droit de travailler la propriété de tout homme, et cette propriété est la première, la plus sacrée, la plus imprescriptible de toutes. »
Les vérités économiques, dégagées par Gournay, Quesnay, Turgot, ne sont pas des conceptions à priori ; elles résultent de la critique des choses existantes ; telle la formule : Laissez faire ! laissez passer ! telles les trois découvertes de Quesnay : 1° il est nécessaire d’établir la législation positive sur les lois naturelles, et les pouvoirs publics n’ont pas pour objet de limiter la liberté des individus, mais de la garantir ; 2° il est nécessaire de garantir la propriété individuelle et d’en assurer la liberté ; 3° il est nécessaire d’assurer la liberté du commerce : « la plus grande concurrence possible » est le facteur du progrès économique.*
De Tocqueville3 a signalé le grand rôle des économistes dans la Révolution française : « Toutes les institutions que la Révolution devait abolir sans retour ont été l’objet particulier de leurs attaques. Toutes celles, au contraire, qui peuvent passer pour son œuvre propre, ont été annoncées par eux à l’avance et préconisées avec ardeur. On trouve dans leurs écrits tout ce qu’il y a de plus substantiel en elles. Ils ont conçu la pensée de toutes les réformes sociales et administratives que la Révolution a faites. »
L’article de la loi du 2 mars 1791, portant : « Il est permis à toute personne de faire tel commerce ou d’exercer telle profession, art ou métier, qui lui convient », est l’œuvre des économistes. L’article 2 du Code rural est la reproduction d’une maxime de Quesnay : « Les propriétaires sont libres de varier à leur gré leurs récoltes et de disposer de toutes les productions de leurs propriétés dans l’intérieur du royaume et en dehors. » M. Paul Janet a dit avec raison : « Les économistes ont fait du droit de propriété entendu de la manière la plus large, la base même de l’ordre social4. » Ils n’ont été étrangers, ni à l’affirmation qu’en a faite la Déclaration des Droits de l’homme, ni à la législation qui l’a constitué dans le Code civil. Ils ont proclamé la liberté et la sécurité des contrats : « La convention fait la loi des parties. » Tout le droit moderne a subi leur influence.
Elle était telle qu’en 1791, l’Assemblée Nationale adopta le tarif des douanes le plus libéral que la France ait eu jusqu’en 1860.
Leur influence s’affirme encore dans le système fiscal de la Révolution ; la contribution commune doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés ; les quatre contributions de 1791 ont été établies sur les principes dégagés par les économistes ; et elles étaient solides puisqu’elles durent encore.
Le système fiscal de l’Assemblée Nationale avait pour principe : égalité des citoyens devant l’impôt, proportionnalité de l’impôt. L’impôt doit être réel et non personnel. L’impôt ne doit pas gêner la liberté du commerce. L’impôt n’est destiné qu’aux services généraux de la nation.
Adam Smith publia son livre Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, en 1776. Buckle n’a pas exagéré en disant : « Il est probablement le livre le plus important qui ait jamais été écrit et il est certainement l’apport de la plus grande valeur qui ait été fait par un seul homme, aux principes sur lesquels doit être fondé un gouvernement5. » Il fut cité pour la première fois au Parlement en 1783. William Pitt s’en inspira, ainsi que de l’essai de D. Hume sur la Jalousie commerciale, quand il conclut le traité de commerce avec la France, de 1786, « monument de sagesse et d’intelligence des affaires », selon Buchanan6. Le 30 juin 1784, William Pitt dégrevait les objets de large consommation, le thé et les alcools, sous l’influence du grand économiste. Quand il présenta le budget de 1793 qui, loin de prévoir la guerre, était un budget de réformes financières et fiscales, il en reportait le mérite à Adam Smith « qui, malheureusement, n’était plus, mais dont les connaissances étendues jusqu’aux détails, et la profondeur des recherches philosophiques fournissent les meilleures solutions aux questions qui se rattachent à l’histoire du commerce ou aux systèmes d’économie politique. »
En 1797, Pulteney, dans un de ses discours sur les finances, se référait à Adam Smith « qui, comme on l’a dit, persuade la génération actuelle et gouvernera la nouvelle ».
Au moment où la guerre faisait rage et où le Blocus Continental opérait son œuvre de ruines et de contrebande, le philosophe Dugald Stewart affirmait sa foi dans la doctrine du libre-échange ; en 1816, Ricardo en constatait les progrès et Buckle pouvait dire en 1856 : « Maintenant, 80 ans après la publication du livre d’Adam Smith, on ne peut trouver un homme d’éducation acceptable, qui ne serait pas honteux de partager les opinions qui, avant Adam Smith, étaient universellement admises. » En 1822, Hutkisson, président du Board of trade, vint en France pour essayer de négocier un traité de commerce. Il échoua ; mais le 26 janvier 1826, fut conclu entre la France et l’Angleterre un traité abolissant tous les droits différentiels prélevés dans les ports de chacun des deux nations afin d’augmenter le prix des marchandises importées dans les navires de l’autre7. Ce traité est toujours en vigueur.
La suppression de la prohibition de l’exportation des laines anglaises en 1824 ; l’autorisation, donnée la même année, aux ouvriers, de sortir de l’Angleterre ; le droit d’exporter des machines reconnu en 1843, l’abrogation des droits sur les blés en 1846 ; l’abrogation de l’acte de navigation en 1849 ; l’épuration du tarif des douanes en 1851, continuée jusqu’en 1862, où tous les droits qui n’étaient pas rigoureusement fiscaux furent supprimés, toute l’œuvre de Hutkisson, de Cobden, de John Bright, de Robert Peel, de Lord Russell, de Gladstone, attestent l’influence décisive que les économistes ont eue sur la politique de la Grande-Bretagne.
Vérités dégagées par les économistes
Depuis Nicole Oresme, Locke, Petty, Harris, Turgot ont appris aux gouvernements et aux peuples les déceptions qui résultaient des variations de valeur données aux monnaies par les pouvoirs publics. Il est vrai qu’ils n’ont pas empêché les assignats, mais cette expérience a prouvé la justesse de leur théorie.
Les économistes ont appris que le prêt à intérêt était le résultat du service rendu. Le fermage était reconnu légitime par l’Église, tandis que le prêt était laissé aux réprouvés, juifs et protestants. Les économistes ont démontré que le louage d’une maison ou le prêt d’un capital-espèces était une opération identique.
On considérait le commerce comme une sorte de brigandage. Turgot constata que l’échange est conclu au moment où chacun attribue à la chose qu’il acquiert une plus grande valeur qu’à la chose qu’il cède. La conclusion de tout marché est un acte de bonne volonté de chacun des contractants. C’est aux économistes qu’est due la réhabilitation du commerce et de l’industrie.
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