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La logique inversée de Baba Inuba

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  • La logique inversée de Baba Inuba

    C'est une oeuvre qui est sortie au début des années 1970. Et vu le contexte de suspicion de l'époque, cette chanson a été accusée, à tort, de véhiculer un message politique, notamment par ceux qui ne comprennent pas le kabyle. A l'image de Dupin dans "La lettre volée", Ben décide alors d'inverser la logique, et de bien mettre en évidence la chose cachée. En effet, il compose une version de baba inuba en arabe algérien, avec un message politique explicite, et demande à l'un des plus populaires chanteurs de l'époque de l'interpréter. Plus explicite que cela il y'en a pas...

    Paradoxalement, la chanson passe inaperçue.

    Je trouve que ce texte fait écho à la chanson d'Ait Menguellet "ay agu" (vidéo 2). Dans les deux chansons, c'est un exilé qui parle des raisons de son exil, qui ne sont rien d'autre que ceux qui se sont emparés du pouvoir et ont exlu tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

    Récemment, Ait Menguellet a affirmé que le texte "ay agu" était en grande partie inspiré du parcours de feu Abdelhafid Yaha, voire même de Hocine Ait Ahmed. Une chanson qui a causé à Ait Menguellet des ennuis avec les autorités; c'est cet album de 1979 qui l'a mis dans la liste de ceux qui sont surveillés de près. Or, Baba inuba version El Ghazi, semble aussi aller dans le même sens, avec, en sus, des mots on ne peut plus clairs.




    "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
    Socrate.

  • #2
    Merci pour la version arabophone d'El Ghazi, que je ne connaissais pas.


    cette chanson a été accusée, à tort, de véhiculer un message politique, notamment par ceux qui ne comprennent pas le kabyle
    Probable. En tout cas, cela ne pouvait venir que de la part de ceux qui étaient au pouvoir. Je suppose que le passage "Ugadgh lwehc lghaba" (we dhyaba dayrin biya, dans la version arabe) a été jugé subversif, dans le contexte politique de l'époque, alors qu'il s'agirait plutôt d'une espèce de conte du genre "Petit chaperon rouge". Ceci dit, même celui-ci a été interprété de mille et une façons, y compris érotique ! C'est dire...

    Quoi qu'il en soit, les Algériens arabophones n'avaient aucun problème avec la chanson et la fredonnaient volontiers dans sa version kabyle qui, elle, était souvent diffusée à la télé algérienne.
    Dernière modification par fortuna, 21 avril 2016, 06h13.
    Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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    • #3
      salut familia,




      idir est bcp passé à tv après l'arbitrage de boumédiène.
      il a expliqué qu'un homme accompagné est arrivé dans le fond de la salle ibn khaldoun lors de son concert. il a compris après (ou on lui a dit) que c t boumediène himself.

      en fait la politique est un univers paranoïaque dans lequel on colle des casseroles à qui mieux mieux. plus t'en colles plus tu as de l'influence.

      alors tjrs d'après idir, ahmed taleb et sa clique sont allés qawed auprès de boumédiène calomniant idir (élément subversif, réactionnaire selon le vocabulaire de l'époque).. il est venu dans la salle et conclu après que "ce jeune chanteur était totalement algérien" et lui a ouvert les porte de ntv

      y a d'autres anecdotes sur kateb.. l'algerie brassait bcp de paranoïa dans le domaine de la politique culturelle..

      merci pour cette version arabe de ben un monsieur d'un énorme apport

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      • #4
        KATEB YACINE disait de Aït Menguellet:'Il est incontestablement notre plus grand poète.'
        Aït Menguellet (55 ans) est un pur produit du terroir kabyle. Troubadour, chanteur-compositeur, il perpétue cette tradition orale des montagnes kabyles qu'a si bien mise en évidence le grand poète Si Mohand, décédé en 1906, et qu'a chantée Marguerite Taos Amrouche, soeur du poète Jean Amrouche, décédée en exil, en Tunisie.
        Longtemps marginalisée, réduite à un genre mineur, la chanson kabyle, grâce à Menguellet, a renoué avec le fonds traditionnel berbère qu'a chanté avant lui Slimane Azzem, interdit d'antenne dans son pays durant plus de vingt-cinq ans.La puissance de ses chansons réside dans la qualité de ses textes, la force du verbe et des mots.'La paix demande la parole: je suis contrainte de t'abandonner, pays pour qui j'ai l'âme en peine/ Ils m'aiment en me comparant à une perdrix/ Belle quand je leur sers de festin...', dit l'un de ces textes. Ou cet autre, qui clame:'Nous avons chanté les étoiles, elles sont hors de notre portée/ Nous avons chanté la liberté, elle s'avère aussi loin que les étoiles'.
        Le poète refuse l'étiquette de chanteur engagé.'Je préfère jouer mon rôle de chanteur et de compositeur', affirmait-il récemment. En 1986, durant les années de plomb du parti unique en Algérie, Aït Menguellet - dont les chansons ont fait plus que mille discours sur la revendication identitaire berbère - a été mis en prison pour... trafic d'armes! En réalité, comme beaucoup d'Algériens, il possédait un fusil de chasse. La raison était autre. Menguellet dérangeait.
        Pour le pouvoir de l'époque, pour qui les Algériens ne sauraient être que des Arabes, Menguellet, en revendiquant le droit à la différence et à la reconnaissance de l'identité berbère dans des textes exprimés en images et métaphores, ne pouvait être qu'un élément subversif. Car même s'il s'en défend, ses textes contiennent cette dose de subversion nécessaire à la prise de conscience d'un peuple qui revendique son identité.
        dz(0000/1111)dz

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        • #5
          "Ugadgh lwehc lghaba" (we dhyaba dayrin biya, dans la version arabe) a été jugé subversif,
          fortuna,
          Ce n'est qu'après avoir accusé la version originale de subversive (Ben s'est fait questionner par le commissaire de police en personne, dans une atmosphère parat-il détendu, certes, mais cela reste à la police qu'il répondait) qu'il a eu l'idée d'en faire une version en arabe avec un message nettement subversif; à part la musique et le refrain, les paroles ne sont pas du tout les mêmes. Or, cette fois-ci personne n'a trouvé à redire.
          Quand l'ignorance nous fait imaginer l'incroyable, et l'indicible devient plus éloquent que le dicible.

          tawenza,
          Merci pour l'interview avec Ben Mohamed.
          Dernière modification par elfamilia, 06 mai 2016, 00h28.
          "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
          Socrate.

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