Les conditions générales de la vie en Algérie se sont grandement transformées au cours de ces dernières années. Les différentes crises sociales, politiques et économiques ont accéléré les mutations sociales et familiales. La structure familiale traditionnelle a éclaté sous la poussée de nouveaux modèles familiaux. La grande famille "el aïla" qui était fondée sur l’attachement à l’origine patrilinéaire, la division des rôles, la ségrégation de l’espace, l’indivision et l’entraide familiale, a subi des bouleversements autres que les exigences des conventions traditionnelles. Des habitudes communautaires, est née une individualisation des formes familiales qui a donné au couple des tâches, assurées autrefois par le groupe familial, notamment la prise en charge des enfants par leurs propres parents et la remise en cause des rôles des deux sexes. Un tel changement donne à la préoccupation de l’éducation une place centrale et nouvelle, d’où l’idée d’étudier le processus éducatif mis en œuvre actuellement par les parents algériens. Nous essayons à travers ce travail de voir ce qui a vraiment changé dans les pratiques éducatives, ce qui n’a pas encore changé et l’effet de quelques caractéristiques socio,démographiques sur les pratiques éducatives parentales du point de vue des parents comme de celui des enfants
Les conditions générales de la vie en Algérie se sont grandement transformées au cours de ces dernières années. Les différentes crises politiques, économiques et sociales ont accéléré les mutations sociales et familiales. L’Algérie d’après guerre offrait l’image d’une société traditionnelle rurale, conservatrice et hiérarchisée. Les distances sociales restaient faibles ; il n’y avait pas ou très peu de disparité1. Juste après 1962, des mutations considérables liées au modèle politique suivi, à l’urbanisation, l’industrialisation, l’exode rural…etc ont donné naissance à de nouvelles structures sociales et familiales. M. Boucebci2 explique que la famille algérienne est longtemps demeurée comme en dehors du temps. Figée dans ses structures anciennes pendant toute la période coloniale, tout cet équilibre s’est brusquement écroulé après l’indépendance ; depuis, tout un ensemble d’éléments convergents bouleverse la société algérienne.
La structure familiale traditionnelle a éclaté sous la poussée de nouveaux modèles familiaux. La grande famille ‘’el aïla’’ qui regroupait plusieurs familles conjugales, et qui était basée sur l’attachement à l’origine patrilignagère, la division des rôles entre les deux sexes, la ségrégation de l’espace, l’indivision du patrimoine et l’entraide familiale, a subi des bouleversements autres que les exigences des conventions traditionnelles. (M. Boutefnouchet 1980; C. Lacoste Dujardin1993 ; H. Addi 1999).
Des habitudes communautaires est née une individualisation des formes familiales3 qui a donné au couple des tâches assurées autrefois par le groupe familial, notamment la prise en charge totale des enfants par leurs propres parents et la remise en cause des rôles des deux sexes.
Beaucoup d’auteurs prennent comme indicateur de ces mutations familiales le changement de statut des femmes : ces dernières renoncent de plus en plus au seul statut traditionnel de mère avant tout pour intégrer de nouveaux rôles qui n’étaient pas les leurs dans la conception traditionnelle, tel que le travail à l’extérieur de la maison (terrible humiliation pour les hommes dans les années 70-80). La scolarisation des femmes, la prolongation de leurs études et leur entrée dans le monde du travail ont poussé la nouvelle génération à être moins encline à accepter le poids de la tradition.
Selon un rapport de l’INED4 publié à Paris en (2002), les femmes en Algérie ont de moins en moins d’enfants. Elles sont passées, en moins de trente ans, de 8 à 2,3 enfants par femme. De ce fait, l’Algérie n'a mis que trois décennies pour parcourir le même chemin que la France en deux siècles. Cette baisse spectaculaire de fécondité est due principalement au recul de l'âge moyen du mariage qui est passé -pour les filles- de 18 ans en 1966 à 28 ans en 2000. Ce changement de comportement est d’autant plus déterminant qu'il se produit dans une société où la procréation n'est pas concevable hors mariage. Ce qui nous pousse à dire qu’il s'agit là de l'une des mutations socioculturelles les plus importantes dans la société algérienne.
Les recherches comme celles de (S. Garnero 1982, F. Benattia 1986, M. Rebzani 1997) montrent que le recul de l'âge du mariage est très directement lié à l'amélioration du niveau d'instruction des femmes. C’est même un facteur essentiel. L’instruction modifie les aspirations des femmes5 et fait que l’ancien statut de femme limité dans l’espace domestique fait l’objet d’une remise en cause plus au moins radicale.
Certes, les mutations dans la famille algérienne ne sont pas dues seulement au changement du statut de la femme, il y a aussi d’autres causes qui l’ont provoqué telles que l’exode rural massif. L’Algérie est passée en trente ans d’environ 3/4 de population rurale à presque 2/5 seulement, ce qui a provoqué la dissolution du groupe familial traditionnel et a donné naissance aux nouvelles structures familiales qui varient entre étendues et conjugales. On trouve aussi le développement du salariat, la rupture de l’indivision du patrimoine familial, la généralisation de l’économie de marché, le développement de la scolarisation et de l’échange des idéologies à travers le déplacement et les multimédias.
Si des liens de cause à effet existent entre ces différentes caractéristiques sociologiques et les mutations du statut de la femme, beaucoup d’autres valeurs sont restées les mêmes. Si elles ont changé dans la forme, elles n’ont pas ou ont très peu bougé dans le quotidien des familles (C. Lacoste Dujardin 1993, H. Addi 1999). La famille est toujours la cellule primordiale de la société, la religion est le dogme intangible, la ségrégation entre les deux sexes, même si elle n’est pas dans l’espace, est encore dans les idées, les symboles, les préjugés et les tabous.
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